La pandémie de Ronge, en 1968, a été un véritable cauchemar. La fièvre hémorragique, hautement contagieuse et mortelle dans plus de 90 pour cent des cas a emporté près de 500 millions d’individus en trois ans, faisant vaciller les sociétés humaines. Mais plus que le traumatisme de l’épidémie, ce qui a réellement changé la face du monde, c’est le traitement Karason, seul remède connu à la maladie. Cette thérapie génique a la particularité de ne pouvoir être administrée que quatre fois, la cinquième étant toujours fatale. Ainsi, l’humain a désormais un nombre fini de vies et c’est tout l’ordre social qui a muté. Dorénavant, le statut sanitaire d’un individu est affiché par la couleur de son masque : blanc, jaune, vert, bleu et noir, mais le système a été perverti et la société s’est stratifiée, les blancs sont devenus l’élite quand tout en bas de la pyramide sanitaire, les noirs sont les « intouchables ».
Du chaos laissé dans le sillage de la pandémie est née l’Union, un état totalitaire construit sur les ruines des démocraties européennes et dirigé d’une main de fer par Edgar Grondin et son Conseil. Ce régime implacable s’est servi de la Ronge pour instaurer un contrôle étouffant et extrêmement liberticide et sa police, la Sani, est là pour réprimer férocement toute dissidence.

Rémi, le personnage principal, est un jaune d’à peine vingt ans. Lui n’a jamais questionné l’ordre établi. Il n’est peut-être pas au sommet de la pyramide sociale, mais son statut privilégié lui assure une vie confortable, un emploi bien rémunéré et un futur stable. Avec son ami Arthur, il profite des relatives libertés qui leur sont accordées, s’autorisant parfois quelques encarts sans grandes conséquences. Pourtant, cette fois-ci, tout va déraper. Arthur qui est toujours dans les coups fourrés a un plan incroyable : il s’est procuré des masques et deux invitations pour une fête blanche. Ne pas porter sa couleur est évidemment strictement interdit par la Sani et mettre en danger des blancs est un crime passible des peines les plus lourdes. Pourtant, les deux jeunes sont insouciants et l’attraction qu’exercent les sphères de l’élite sur eux s’avère plus forte que la raison.

Après quelques préparatifs, et grâce à leur ami Ludovic, portier, ils s’introduisent dans l’hôtel de Saxe, une résidence luxueuse. À l’intérieur, c’est un choc. Les huiles se permettent toutes les largesses avec les règles : on porte le masque sous le nez, on ne respecte pas les distances sanitaires, on danse et on s’embrasse. Mais la vraie révolution arrive avec Garance, l’hôtesse de la fête. Rémi et elle rapprochent quand celle-ci s’ouvre à lui à propos de ses doutes et de son anxiété. Finalement, ils passent la nuit ensemble, ce qui ne manque pas de chambouler le garçon qui n’avait jamais connu l’intimité physique ou émotionnelle.

Au matin, tout le monde a disparu, l’appartement est nettoyé et Rémi se voit obligé de fuir en catimini sans comprendre ce qu’il s’est passé et aucun moyen de contacter Garance. Il cherche alors à communiquer avec la jeune femme ; il se rend chaque soir au pied de son immeuble dans l’espoir de l’apercevoir, mais quatre jours après la fête, et après un étrange accident sur le trottoir, Rémi tombe malade. C’est la Ronge.

Rémi est emporté par la Sani dans un centre de quarantaine et on lui administre le Karason. Il est laissé seul et en silence pendant toute sa convalescence, une vraie torture, mais il finit par guérir. Le voilà donc devenu bleu. À sa libération il découvre, mortifié, l’ampleur des changements que sa transition implique : nouveau logement en banlieue, nouvel emploi avilissant au service d’un patron tyrannique, Arthur, son ami de toujours qui lui tourne le dos et ses parents qui ne lui adressent plus la parole. Il est seul ; il déteste sa vie. Rémi sombre dans une profonde dépression qu’il décide de noyer dans l’alcool bon marché à l’Intenable, le pub local.

Par un jeu de circonstances administratives, il s’avère que Rémi et Ludovic ont été mutés au même endroit et les deux se rencontrent par hasard à l’Intenable. Ils tissent un lien et partage bière, amertume et haine du système soir après soir. Progressivement, Rémi n’est plus animé que par sa rancœur et sa rage que Ludovic ne cesse d’attiser.

Finalement, Ludovic introduit Rémi au Cercle, un groupe souterrain de résistants. Là-bas, on a tôt fait d’instrumentaliser la colère et la tristesse du jeune homme. Lui qui ne remettait jamais le régime en question embrasse dorénavant toutes les théories du complot les plus folles et le processus culmine quand on l’embrigade pour commettre un attentat. Ce sera le 19 décembre, le jour de la grande parade en l’honneur de ceux qui ont combattu la pandémie en 68. On lui confie une arme, on lui apprend à tirer et on lui explique que le bain de sang est légitime et a pour but de renverser le Gouvernement. Pourtant, Rémi doute.

Arrive le jour fatidique. Les terroristes parviennent à s’introduire sur les Champs Élysées et l’attaque est lancée. C’est un carnage. Sani et civils sont pris pour cible sans distinction. Rémi voit son ami Ludovic se faire sauter à l’aide d’un gilet explosif. Paniqué, il s’apprête à prendre part au massacre, quand, au milieu de la foule, il aperçoit Garance masquée de jaune. Voilà son monde à nouveau retourné. Il abandonne ses armes et les amoureux réunis fuient les combats.

Un confinement national est décrété en réponse au soulèvement ; les deux jeunes vivent une idylle dans le petit studio de Garance. Ils prennent le temps de communiquer et éclaircissent les malentendus. Rémi apprend qu’il a été la victime collatérale d’une purge qui visait certains membres de la jeunesse blanche. Ils font le deuil de leur passé et rêvent leur futur à deux, mais un matin, cinq jours après le début du confinement, la Sani arrête les amoureux chez eux.

Rémi dégringole l’échelle sociale de plus belle, son masque vert devient bleu et on l’envoie loin de Paris pour travailler au kolkhoze. Il arrive de nuit dans la campagne non loin de Lunéville, la peur au ventre, mais raidement, il se rend compte que la vie à la ferme n’est pas aussi horrible qu’il le pensait. Il fait la rencontre de Laura, la directrice de l’exploitation, une femme sage et bienveillante qui lui apprend à naviguer les méandres du système. Ensemble, ils recherchent Garance, sans grand succès.

Le temps passe, mais Rémi ne se décourage pas. Il a beaucoup changé. Au contact de Laura, il s’est forgé un esprit critique. Pour le jeune homme, aider son prochain est désormais un acte de résistance. Il va jusqu’à se porter volontaire au centre noir, le centre de quarantaine pour les intouchables condamnés à mort, une responsabilité que personne d’autre ne veut endosser par peur de tomber malade.

Là-bas, il rencontre médecins et infirmiers et il découvre que le tissu de la résistance bienveillante est plus dense qu’il ne le pensait. Il s’entoure d’amis qui, comme lui, luttent en faisant le bien autour d’eux. Finalement, un jour qu’il travaille aux admissions, il recueille Garance et avec l’aide de son nouveau réseau, la Nébuleuse, le couple parvient à s’enfuir.

Citation :

Les huiles se permettent toutes les largesses avec les règles

Pas compris, c'est quoi les huiles ?

Citation :

Rémi et elle rapprochent quand celle-ci s’ouvre à lui à propos de ses doutes et de son anxiété.

Se rapprochent* ?

Il n'a pas connu "l'intimité émotionnelle" avec ses amis et trouve plus d'intimité dans une personne rencontrée une fois ?

L'étrange accident sur le trottoir n'est jamais rementionné, ça fait bizarre.

Citation :

Le voilà donc devenu bleu.

vert plutôt non ?

Citation :

cinq jours après le début du confinement, la Sani arrête les amoureux chez eux

Pourquoi ? De nouveau la ronge ?

À son apparition, en 68, La Ronge a bien failli faire s’effondrer les sociétés humaines, heureusement, depuis la découverte du traitement Karason, on peut en guérir, mais seulement quatre fois ; le cinquième traitement est toujours fatal. Nous sommes tous responsables de notre santé, il est donc normal que la valeur d’un individu soit définie par son passé sanitaire et affichée à travers la couleur de son masque : blanc, jaune, vert, bleu et enfin, noir, ceux que l’on ne peut plus guérir, les intouchables. Les règles existent pour que survive l’Union et la Sani œuvre pour votre bien.

Rémi, n’a jamais douté de cette vérité que lui sert le Régime, c’est un jaune obéissant et sans histoire, mais quand il est emporté par un complot qui le dépasse et qui va lui faire dégringoler l’échelle sociale, il est contraint de repenser sa vision du monde. Au fil de ses changements de statut, de jaune à vert, puis à bleu, il va apprendre à se forger un esprit critique entre propagande, théorie du complot, terrorisme et résistance bienveillante.

Ceci n’est pas un roman anti-masque ou règles sanitaires, c’est une ode à la jugeote et à l’entraide. Dans une société où l’information est constamment manipulée, où la culpabilité individuelle est utilisée comme outil de contrôle, Rémi doit apprendre à distinguer le vrai du faux, ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Il va découvrir ce que c’est que de réellement prendre soin de son prochain et qu’être bienveillant est une forme de résistance.