Bonjour à tous,
Dans les lignes qui suivent, je vous mets un petit extrait du texte que j'ai produit. Pourriez-vous me dire, si vous constatez un problème en terme de concordance des temps entre ces 3 paragraphes (évidemment, si je poste cela ici, c'est parce que cet extrait me paraît problématique)
D’habitude, les vendredis après-midi, les enseignants terminent calmement la semaine et consacrent les dernières heures de cours à des activités qui leur valent la sympathie des élèves, comme le dessin et les travaux manuels. N’étant qu’un simple remplaçant, moi, je les fais travailler jusqu’au bout pour qu’on ne mette jamais aucun échec scolaire sur le dos. Alors que je me prépare à terminer la leçon, je me dirige vers l’une de ces cartes en relief et demande à mes élèves si l’un d’eux peut me situer les Alpes. Comme personne ne lève la main, je saisis le gratte-dos qui me sert parfois de baguette, et effleure le relief montagneux pour leur signifier la réponse. « Regardez, regardez, il est en train de gratter la Suisse ! » s’exclame l’un de mes élèves avant que tout le monde ne se mette à rire. La cloche n’ayant toujours pas sonné, je profite de l’occasion pour leur expliquer qu’en raison de la pandémie, les autorités viennent de décider la suspension des cours et que, de ce fait, ils seront débarrassés de nous un certain temps. Pour tempérer ma propre joie, je les préviens toutefois « que ce ne sont pas des vacances et que nous allons leur donner du travail à faire à la maison ».
En entendant cette nouvelle, ils se mirent à sauter dans tous les sens en hurlant de joie comme si les chaînes s’étaient brisées à jamais et, attendant à peine que la cloche sonne, ils dévalèrent les escaliers à toute allure, sans même dire au revoir. Même le petit Viktor dont l’existence ne saute a priori pas aux yeux, est parcouru par un léger frémissement qui en partant des genoux, vient s’échouer sur ses cheveux frisés, écumant un sourire rare sur son visage, qui délimite chez les gens moyens le seuil bas de ce qu’on appelle la joie, mais qui est sur lui le témoin d’un bonheur intense.
Pendant que l’école tremble sous l’effet de mon annonce, je vois mes collègues enseignants me lancer des regards querelleurs, comme si je venais de présager la mort du métier et de son pouvoir arbitraire sur le monde, et qu’ils voulaient, de ce fait, exécuter le messager funeste que je représentais à leurs yeux.
En arrivant dans la salle des maître, je surprends ma collègue Irène, une vieille brindille toute sèche, dénoncer aux autres mon imprudence. Peu importe, les critiques négatives m’indiffèrent car ce métier n’est pas le mien. Mais parce l’embarras me plaît, je salue Irène qui me renvoie la pareille en grimaçant un sourire forcé mais cohérent sur sa dégaine de vicelarde.
Dernière édition par Selamé Noah le Lun 28 Mar 2022 - 23:18, édité 1 fois