Bonjour.

J'aimerais savoir si vous avez déjà eu une idée de roman qui était loin de faire l'unanimité. Si on vous faisait comprendre, subtilement ou non, que cette idée est pourrie, accepteriez-vous de revenir dessus, quitte à vous trahir vous-même, juste pour coller à l'avis des autres ?

Bien sûr, le texte lui-même peut toujours être amélioré, je parle juste de l'idée de départ.

On en revient à "écrire pour soi, c'est-à-dire ce qu'on aime, ou juste pour les lecteurs ?" Est-ce que c'est aux lecteurs de décider de ce que l'auteur doit écrire ?

Je me demande s'il y en a d'autres comme moi, qui accepteraient volontiers de corriger leur texte et même de le retravailler en profondeur, mais qui refuseraient mordicus de renoncer à ce qu'ils ont prévu, la base de leur histoire.

Bonjour Alicia_M.

Le roman est déjà écrit. Mais chaque fois que les lecteurs arrivent à la révélation, leur première réaction est froncer les sourcils. J'ai sans doute exagéré en parlant d'idée pourrie, mais de voir les gens tiquer me donne cette impression. Même quand on me dit que finalement, l'idée est originale (et que donc ça se défend), on a commencé par trouver ça bizarre. Les gens ont souvent un premier mouvement négatif. Je voudrais faire publier cette histoire (après réécriture), seulement, si les éditeurs réagissent aussi comme ça, quelle chance laisseront-ils à ce roman alors qu'ils en reçoivent des dizaines ou des centaines d'autres qui, eux, peuvent leur plaire au premier coup d'œil ?

Si tous tes lecteurs et lectrices ont la même réaction, il est possible aussi que ton idée soit bancale ou faible ou mal fichue... Demande leur une explication franche, et sois prête à en tenir compte. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais si on ne plait "à personne" c'est que quelque chose ne va pas.

Mais clairement, si ton texte est mauvais, non les éditeurs ne vont pas l'accepter...

Hello,

Je dirais que ça peut-être intéressant de voir ce qui dérange dans cette révélation. Est-ce parce que cela bouleverse l'ordre établi auquel cas ce n'est pas si mal et certaines ME en seront peut-être friandes. Est-ce parce qu'iels trouvent cela pas crédible auquel cas il faut peut-être que tu l'amènes mieux. Aucune idée n''est "pourrie" en soi je pense, ça dépend de comment tu l'introduis.

Cela dépend aussi de la place qu'occupe cette idée ou ce twist dans ton roman. Si c'est accessoire, tu peux peut-être t'en passer. Si c'est l'idée centrale du roman, c'est un peu plus compliqué

En étudiant beaucoup le scénario (fac, livre, avis de scénariste), on entend souvent que le problème ne vient pas de l'idée en elle-même, car toutes les idées peuvent être écrites, mais de son traitement.

Donc, j'aurai tendance à dire que si ta révélation (qui fait froncer les sourcils de tes lecteurs) te plait, il faut la garder.
Mais à la limite retravailler en amont ton texte, pour qu'elle paraisse plus naturelle à ton lectorat (presque organique).

Je dirais comme Alicia_M : il faudrait savoir le profil des lecteurs qui ont été dérangés par ton texte. Si ce sont des lecteurs qui te ressemblent beaucoup dans leurs goûts de lecture ou plus globalement culturels, sociaux ou sociétaux, alors il faut en effet prendre leur gêne au sérieux e leur demander clairement à quoi elle est due. Si en revanche tu as fait lire ton texte ici et là a des gens qui ne fonctionnent pas nécessairement comme toi, là il faut relativiser... et très bien sélectionner l'éditeur à qui tu enverras ton manuscrit (quand il sera vraiment prêt), pour justement éviter les éditeurs dont la "cible" de lecteurs correspond à ces personnes qui ne te ressemblent pas vraiment et qui ont été dérangées par ton histoire.
Cela dit, je trouve que TOUTE critique est bonne à entendre, et le boulot d'écriture nous apprend aussi l'humilité. Je te trouve très constructive d'avoir ouvert ce fil.

Plop, pour avoir lu, honnêtement, c'est surtout que ça bouleverse ce que les gens s'attendent à lire. Donc forcément, tout dépend des gens et de leur ouverture d'esprit sur le sujet. Perso, tu le sais, j'ai vraiment aimé cette idée, donc je pense franchement que tu ne devrais pas la changer. Retravailler peut-être le truc, mais la garder.

Il n'y a pas de mauvaise idée. Jamais.
En revanche, une bonne idée mal amenée n'a aucun intérêt.
Si tout le monde fronce les sourcils en lisant ta révélation, c'est peut-être que tu n'as pas suffisamment (ou pas suffisamment bien) préparé le terrain en amont dans le récit, en livrant éventuellement des indices qui permettent inconsciemment de se préparer à ce qui arrive.

Imagine par exemple une version de Harry Potter où tu le vois grandir pendant 11 ans de manière normale (en conservant les brimades des Dursley et le placard sous l'escalier), jusqu'au moment où débarque une lettre de Poudlard. Tu passerais d'un roman réaliste à un récit fantastique sans comprendre pourquoi ni comment. Tandis que dans la version qu'on connaît, on a dès les premières pages des éléments surnaturels qui se mêlent à la vie réelle.

C'est juste un exemple vite fait, mais peut-être que ça t'aidera à comprendre ce que je veux dire sur la façon d'amener ses idées. Il y a une chose à éviter à tout prix, c'est le "deus ex machina", c'est-à-dire le truc qui se passe tout à coup sans trop de raisons et qui résout par miracle tous les problèmes. Tout ce qui fait avancer le récit doit pouvoir s'expliquer de manière cohérente. Et si tout se comprend, tu devrais pouvoir éviter les froncements de sourcils des lecteurs (et des éditeurs).

Merci à tous/toutes d'avoir pris le temps de me répondre.  

Grisebouille a écrit:

Si c'est accessoire, tu peux peut-être t'en passer. Si c'est l'idée centrale du roman, c'est un peu plus compliqué

Cette idée traite de la nature même de mon personnage principal, alors elle n'est pas vraiment accessoire.  

Emsi a écrit:

Je dirais comme Alicia_M : il faudrait savoir le profil des lecteurs qui ont été dérangés par ton texte. (…) Cela dit, je trouve que TOUTE critique est bonne à entendre, et le boulot d'écriture nous apprend aussi l'humilité. Je te trouve très constructive d'avoir ouvert ce fil.

Je ne sais pas trop comment répondre à ta première phrase…   Pour l'humilité, j'ai conscience que ce texte n'est pas abouti mais je veux le rendre meilleur. Merci pour tes derniers mots.

Sklaërenn a écrit:

Perso, tu le sais, j'ai vraiment aimé cette idée, donc je pense franchement que tu ne devrais pas la changer. Retravailler peut-être le truc, mais la garder.

Merci Sklaërenn.  


Je vais garder cette idée, parce que sinon ce roman perdra toute sa particularité, c'est ce détail qui, pour moi, le rend unique. En plus, j'ai une raison personnelle d'y tenir. Par contre, oui je vais le retravailler. J'ai eu il y a quelques jours une bêta lecture surprise et je pense que je vais appliquer les conseils donnés pour la réécriture. Ca changera pas mal le texte, mais l'idée de départ, l'intrigue et les personnages resteront les mêmes. Ceci dit, comme je vais être occupée IRL avec, en plus, la correction d'un autre roman en pleine BL et un autre en cours d'écriture, ça ne sera peut-être pas pour tout de suite. Mais c'est prévu.

C'est bien que tu aies trouvé facilement la solution. Les blocages et les doutes font partie du processus d'écriture. Comme me l'a dit un jour un JE qui venait de publier son premier livre, en matière d'écriture, il y a des solutions à tout. Bon courage pour la suite !

Merci, Alicia_M.

Bon courage pour ton projet  J'aimerais beaucoup pouvoir me dégager du temps pour pouvoir en continuer la lecture !

Merci, Grisebouille, ça me fait plaisir ce que tu dis.

je pense qu'un auteur peut en imposer par son style, mais l'auteur, qui, comme auteur, partage ses textes (c'est la définition d'un écrivain) s'infléchira forcément pour satisfaire les lecteurs, si on le menace de les lui en priver
si je n'écris pas en toute déférence pour le lecteur, je n'écris pas non plus pour le bon Dieu. c'est un équilibre, au fond