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 Avis critique incipit (Sur le toit)

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Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes


Bonjour Smile

En pleine rédaction d'un nouveau roman, je suis en train de travailler un peu mon incipit, et je serais très curieuse de recueillir vos retours spontanés et bienveillants...

Idée : ce projet de roman est une réécriture moderne de Sur la Route (Jack Kerouac, 1957). C'est un projet très intime, puisque j'ai formulé le vœu de n'utiliser que mon vécu et celui de mon vieux copain Phil (Nicolas Pichard, de son vrai nom) pour en tracer les péripéties. Ce sont donc les aventures à la sauce covid de deux couillons sur un toit...

Ce n'est pas nécessairement un projet que je destine à l'édition, à voir quelle tête il aura, je le considère plutôt comme un exercice de style pour le moment. Après mes 5 premiers romans, je veux travailler davantage sur la plume, sortir un peu de l'écriture """facile""" (avec plein de guillemets, parce que boucler une tétralogie comme le Son de la Baie n'a rien de "facile" ^^')

Les premières lignes de cet incipit sont celles de Sur la Route, que je me suis amusée à inverser (Neal/ Phil, mort/vivant, route/toit, père/mère...) pour coller à ma situation personnelle. L'idée est de faire un clin d'oeil + de jouer sur les contrastes. (sachant qu'un peu plus loin dans le manuscrit, Phil lit l'incipit de Sur la Route...)

Le deuxième paragraphe a pour but de poser l'ambiance. On y devine les grandes lignes de l'intrigue, mais elle sont encore très vaporeuses à ce stade.

J'ai un peu de mal à prendre du recul et je voudrais "connaître votre avis" sur ce début. J'aurais par la suite des question précises par rapport à certaines phrases/constructions, mais je préfère ne rien dire pour le moment, pour ne pas orienter vos réponses.

Je vous remercie pour votre temps !

PS : les habitués verront également un clin d'oeil à De Sueur et de Ciel et au Son de la Baie... Cela me tenait à coeur ;-)


***


J’ai rencontré Phil peu de temps après la mort de ma mère. Je venais de me remettre d’une sale maladie sur laquelle je ne m’éterniserai pas, si ce n’est à dire qu’elle était liée à la mort de ma mère, justement, et à ce sentiment étrange que depuis, tout était vivant. Alors, avec l’arrivée de Phil, a commencé cette partie de ma vie que l’on pourrait appeler ma vie sur le toit.

Le toit, c’est d’ailleurs là que je suis. Debout sur le faîte, bras écartés, je me concentre pour ne pas perdre l’équilibre. Le métal crisse sous mes pieds. Quinze mètres plus bas, il y a le sol. Je lève les yeux. Sur les hauteurs d’une cheminée, des oiseaux semblent me narguer, moi l’humaine qui singe si mal leur démarche. Les mélodies qu’ils fredonnent semblent venir d’un pays lointain, comme s’ils avaient été les chercher de l’autre côté de l’horizon. Je tends un peu plus les bras. Un rayon de soleil vient chasser la brume et les douces couleurs du quartier se réveillent. Les pierres de tuffeau prennent leur teinte dorée, les nuanciers des maisons à pan de bois se dévoilent, les hautes cheminées en briques rougeoient dans le ciel, puis c’est tout le Vieux-Tours qui s’illumine. Sous mes pieds, des kilomètres de routes pavées d’ardoises se dessinent, serpentant de faîtes en faîtes, de gouttières en chéneaux et de noues en rives, rails célestes vers le pays des oiseaux de passage et de ceux qui n’ont pas peur de se trouver trop loin du sol.


L'incipit de Kerouac, pour les curieux et les éventuels Jean-Michel Traduction présents dans la salle :

I first met Neal not long after my father died…I had just gotten over a serious illness that I won’t bother to talk about except that it really had something to do with my father’s death and my awful feeling that everything was dead. With the coming of Neal there really began for me that part of my life that you could call my life on the road


En musique :



Bon, j'ai du taf x)
 
Chimère
   
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Chimère  /  Constamment Fabulous


Salut !
C'est difficile de déjà donner un avis sur si peu de texte, à fortiori un incipit. Le second paragraphe est harmonieux mais un peu trop lyrique, j'ai une légère impression que l'on m'expose un peu trop d'effets de style "jolis tout plein" à escient, presque dans une envie de performance. Au vu de ce que j'ai compris de ton but avec ce texte, et de l'original dont il est inspiré, cela ne me semble pas vraiment coller, mais c'est un avis totalement subjectif.

À voir avec plus de texte, mais c'est un chouette projet, en tout cas =)
 
Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes


Coucou Chimère ! (joli pseudo !)

Merci pour ton avis Smile

Les enjeux de l'incipit sont effectivement de donner le ton du texte et l'envie de le lire. C'est vrai que de juger un incipit n'est pas tout à fait le même exercice que de commenter un morceau de texte.

Le côté "lyrique"... Je me questionne. En position de lectrice, je déteste avoir la sentiment que l'auteur me déballe son catalogue de figure de style en mode "eh t'as vu, je gère". Ici, il n'y a pas forcément quantité d'images, mais effectivement, je voudrais quelque chose de suffisamment "travaillé" pour que le lecteur comprenne que ce qui va suivre sera plus une affaire de forme que de fond. Toutefois, si ça sonne "trop lyrique", ça peut aussi vouloir dire que les images et les effets recherchés ne fonctionnent pas, auquel cas il faut que je revois mes constructions.

A voir !

Pour ce qui est de l'oeuvre originale, Kerouac est monumentalement dur à traduire. C'est une plume très spontanée, souvent orale, qui saute sans cesse du très concret au supra poétique. (j'adore, perso, mais c'est vrai que c'est particulier). Là, mon projet est de travailler en "clin d'oeil" autour de l'intrigue de Sur la Route, de créer une sorte de miroir. Cela se présente donc comme une réécriture, mais en vérité, on en est assez loin, je joue au contraire davantage sur les différences, la symétrie. Un genre de Yin Yang Smile


Merci pour ton passage !
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


C'est difficile de commenter. C'est très court, pour le moment c'est surtout lyrique et ça fait référence à une oeuvre littéraire que je ne connais pas.   Avis critique incipit (Sur le toit) 1f62c
ça me semble un challenge de tenir avec cette plume pendant 300 pages, parce qu'il y a un côté très léché, qui fait un peu poème en prose... ce qui est donc parfait pour des exercices courts, mais je ne sais pas sur la longueur ?

Je salue le choix du vocabulaire,  l'usage des figures de style.
Le mot faîte   revient trois fois dans ces deux paragraphes ; c'est un joli mot et la deuxième fois la répétition est déliberée, mais peut-être que ça vaudrait la peine de trouver un synonyme ?

Avec ce paragraphe, tu montres que tu sais écrire. Mais est-ce que sauras "raconter" ? L'extrait est trop court pour nous porter dans une intrigue. Il en faudrait davantage. Smile

Citation :
Le toit, c’est d’ailleurs là que je suis
Cette phrase est surprenamment "parlée", parmi les autres. Ça me laisse un peu perplexe.

Par rapport à notre discussion plus tôt aujourd'hui, ma question est : quel est ton public ? Que va raconter ce texte et à qui il s'adresse ?

Et... qu'est-ce que tu me demandais d'autre ?
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Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes



Merci pour ton avis Elo !

J'ai mis un peu de temps à répondre, je ne m'en démêle vraiment pas avec ce roman...

La plume a quelque chose de lyrique, oui. C'est très "fort" sur le début du texte, puis cela s'ajuste pour donner de la place à des phrases plus concrètes et faire naître l'intrigue. L'idée de cet incipit est vraiment de dire "voilà dans quoi je t'emmène".

Là où je suis embêtée, c'est que je n'ai pas envie que ça sonne "démonstratif" (une ME a utilisé ce mot pour un de mes romans récemment). Si le lecteur hausse le sourcil avec le sentiment que j'essaie de lui faire avaler de grandes envolées, c'est que je me suis loupée.

Et en même temps, je trouve qu'avoir un incipit qui dit "eh, je sais écrire", c'est pas mal quand on sait que les éditeurs jugent un manuscrit sur les premières pages. (voire la première page. Perso, quand je travaille sur un roman de jeune auteur, je me méfie de ma première impression, car c'est souvent la bonne)

Le mot faîte revient souvent, oui. Le champ lexical du toit est assez étroit et il faut tâter de la paraphrase pour ne pas répéter 15 fois les mêmes trucs. Mais ce qui est sympa avec "faîte", c'est que c'est hyper poétique. C'est le sommet d'un toit, déjà, l'arrête, donc il y a plein de trucs à dire. Et le faîte du toit, je m'en sers comme miroir avec le ruban de macadam de Sur la Route. Le truc long qui se déroule sous soi avec un autre truc au bout... Bonus, faîte, ça rime avec fête, défaite, "faites !"... etc.

Et... bah non, je crois que je sais pas raconter Sad

Dans le Son de la Baie, j'ai su à peu près raconter(en tout cas il y avait un élan), parce que c'étaient des personnages hauts en couleurs dans un pays de l'étrange et du rêve. Dans DS&DC, idem, il est peut-être un peu plus conventionnel dans sa forme, mais l'idée était que je faisais voyager à ma guise des personnages qui n'étaient pas moi. Là, je suis confrontée à la vérité toute crue, et je ne sais plus comment faire... J'en arrive au désir de faire voler la dimension "auto-fiction" et de faire évoluer mon perso comme il me plaît, de lui faire faire des rencontres etc. Mais si je vais dans cette lancée-là, autant écrire une pure fiction, non ? Je n'ai pas de problèmes avec le fait de romancer des faits réels pour les faire coller à une trame narrative, mais je ne veux pas me retrouver avec un truc "à mi-chemin", qui ne prend aucune position et qui ne donnera que le sentiment d'avoir affaire à quelqu'un qui s'invente une vie sur ses 5 à 7.

La phrase parlée a pour but de tronquer avec les premières lignes très "narrées". Il y a aussi une rupture entre passé et présent. le but est de mettre d'un coup beaucoup de spontanéité.

Le public, je ne sais pas :/ Le problème part sans doute de là. Je ne sais pas qui ce livre pourra intéresser. J'ai peur qu'il comporte beaucoup trop de red flags : covid, ambiance pas très feel-good, auto-fiction... Côté éditeurs, je sais de source sûre qu'ils ont les auto-fictions en horreur et que des manuscrits sont parfois évincés sur ce seul critère. J'ai un autre souci de taille : mon cheval, qui a un rôle clé dans l'intrigue. Or, qui, hormis les cavaliers propriétaires (pas la majorité des lecteurs, a priori) pourrait se retrouver dans ce shéma ?

Donc bref, je patine ! Et pourtant, j'y tiens, j'ai mon dénouement avec son plot-twist, j'ai bieeeeen travaillé le parallèle avec Sur la route et je me dis que rien que ça peut déjà séduire un éditeur car l'idée n'est pas banale et que Jack Kerouac (et la contre-culture en général) comptent pas mal d'adorateurs... J'ai déjà matché avec un éditeur sur ce seul aspect, alors pourquoi pas ?

Je ne sais plus ce que je t'avais demandé en particulier ^^



 
Phyrik
   
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Phyrik  /  Blanchisseur de campagnes


Et bien moi j'aime bien.

Si l'on oublie les références cela reste cohérent.

Si l'on est sur un toit, c'est soit que l'on est poète, soit que l'on est dépressif. Et l'on a plus envie de s'envoler avec le poète que de sauter avec le dépressif.

Et puis, il y a aussi les anges, comme dans "Les ailes du désir" de Wim Wenders.

Ça donne envie de lire la suite... car on sait qu'il ne sautera pas,aha?
 
Paige_eligia
   
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Coucou,

Mon avis tout ce qu'il y a de subjectif.
J'aime beaucoup le premier paragraphe car on se sent comme un confident à qui on va raconter une histoire.

Tu perds ça dans le deuxième paragraphe car tu mets de la distance avec le personnage en basculant le point de vue sur du descriptif et non plus du ressenti. Ce paragraphe est beaucoup plus lyrique et j'ai perdu ce statut de confidence.

Je pense que la question du qui est très importante car tu racontes l'histoire d'un personnage, tu confies des secret et tu vas avoir besoin de savoir à quel genre de lecteur tu confies tout ça.

Tout est cependant bien écrit. Je ne t'ai parlé que de mon ressenti personnel, à toi de voir ce que tu en fais ^^

https://paigeeligia.com/
 
Jimilie Croquette
   
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Jimilie Croquette  /  De l'Importance d'être Constamment Là


Je rejoins les collègues en disant que tu sais écrire et tu aimes ça, et en plus tu as beaucoup de tendresse (et de références) en littérature et ça se ressent très fort.
Tout ça sont de très bonnes choses, qui donnent franchement envie.

Moi j'ai envie de lire la suite et envie de voir où tu vas nous emmener.

Mais cet extrait est très court, et il est donc difficile de se faire une idée sur le contenu du livre et la pertinence de la narration.
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Agent Seven
   
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Agent Seven  /  Blanchisseur de campagnes


Même son de cloche pour moi.

Le deuxième paragraphe me laisse une impression de trop lyrique. Oui, c'est bien de laisser savoir à l'éditeur qu'on sait écrire, mais il ne faut pas qu'il ait le sentiment qu'on essaie de trop l'impressionner.  De plus, lyrisme n'équivaut pas nécessairement à savoir écrire. Pour toi, visiblement, c'est le cas, mais tu n'es pas obligée de le montrer dans un long paragraphe, le deuxième du roman, si je ne me méprends pas, qui plus est. Surtout qu'on parle de toit, même si c'est le sujet de ton roman, on peut se poser des questions sur la pertinence de faire des envolées lyriques en plusieurs phrases. Ces envolées se prêtent plus pour des choses abstraites, comme les rêves, les sentiments, ou pour des éléments qui ont déjà une valeur poétique, comme un paysage naturel ou un coucher de soleil. Par exemple, dans mon roman de fantasy, j'ai une envolée lyrique sur l'âme du personnage, qui devient temps et espace. Quand on parle de ces sujets-là, il est même convenu que ce soit un peu plus lyrique et poétique que le reste.

Encore par rapport à la pertinence: Je suis étudiante en littérature à l'université, et dans un atelier de fiction, nous devions écrire sur un lieu. Une fille a décrit les murs beiges de l'entrée d'une maison.... ouf... Alors bon, tes descriptions sont plus pertinentes et tu écris beaucoup mieux qu'elle, mais au bout du compte, qu'on me parle de mur beige avec ou sans envolée lyrique... on me parle toujours de mur beige. Au moins, toi, t'as aussi le ciel de ton côté pour étoffer les descriptions. Ton sujet est la vie sur le toit, est-ce que chaque fois que tu vas en parler, tu vas te lancer dans des envolées lyriques? J'ai l'impression que tu vas vites t'essouffler et redire la même chose. Si j'étais toi, je garderais une image ou deux pour ton incipit, puis je me servirais des autres plus tard, dispersées dans le roman.

Dans le cadre du cours dont j'ai parlé, nous devions lire Thelma, Louise & moi, un roman/essai de Martine Delvaux. L'autrice écrit au sujet de la rédaction de son livre qui parle du film Thelma & Louise. Dit comme ça, ça a l'air compliqué... Bref, quand l'autrice écrit sur le geste d'écriture et des sentiments que cela évoque en elle, elle nous assomme non pas d'envolées lyriques, mais d'images poétiques quand même... pendant un paragraphe de long chaque fois. J'ai eu cette impression qu'elle voulait à tout prix montrer au lecteur qu'elle sait écrire, pourtant elle était déjà reconnue avant la parution de ce roman/essai. Elle n'est pas la seule, les écrivains québécois aiment beaucoup glisser des images poétiques dans leurs textes. C'est d'ailleurs ce que je reprocherais à la littérature québécoise: des fois ça ressemble plus à des empilements d'images toutes jolies, sur fond d'histoires hyper dramatiques. Pourtant, j'aime bien une plume travaillée, dite littéraire, poétique, mais quelquefois il faut dire les choses simplement.
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Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes


Hello !

Merci pour vos réponses Smile

--> Phyrik

Merci pour le retour. Oui, il y a quelque chose de "vertical" dans le thème. On monte, on descend... ou on se contente de regarder le ciel (spoil, ce serait pas intéressant)

--> Paige

Effectivement, il y a une dimension un peu "journal" dans l'incipit qui, je le rappelle, est emprunté à l'œuvre de Kerouac. Personnellement, je ne suis pas fan du ton "confident" dans les romans. Il me paraît très compliqué à manipuler parce je trouve qu'il flirte vite avec le mauvais goût. Notamment quand le narrateur se lance dans du sarcasme, des petites vannes, des phrases entre parenthèses pour s'adresser au lecteur etc. Ici, j'ai fait le choix du présent dans une idée de spontanéité, de transmission "en temps réel". L'effet "journal" se cantonne donc aux toutes premières lignes qui ont alors une pleine fonction d'introduction. On ne retrouve plus du tout ce ton ensuite.

Le point de vue ne change pas au deuxième paragraphe, je pense que tu parlais plutôt de l'objet. (ressenti --> cadre spatial). Je pense que j'ai voulu éviter l'écueil, dans une auto-fic, de donner le sentiment que le roman serait concentré sur le personnage principal. En amenant assez tôt le cadre, en mettant vite de la distance avec le perso, c'est aussi une façon de dire "je ne vais pas parler que de moi". J'ai aussi besoin de placer très vite le décor, puisqu'il est essentiel pour les paragraphes suivants. Je pense qu'il permet au lecteur de situer, de visualiser. Sinon, juste "sur le toit", ce serait trop vague. Entre le toit d'un pavillon de banlieue, le toit d'un immeuble haussmannien et les toits d'une vieille ville, il y a beaucoup de différences, cela n'appelle pas les mêmes idées. Si on s'imagine dans un quartier moderne et aéré, l'idée de chemins menant d'un bâtiment à un autre paraîtrait saugrenue, les images sonneraient complètement alambiquées, on se dirait que l'auteure est partie complètement en live et que l'intrigue est fumeuse. J'ai besoin de poser très vite "quel est ce toit".

(Désolée, ce n'est pas pour contredire ce que tu avances, qui a tout à fait du sens, c'est que c'est intéressant pour moi de me poser la question "pourquoi est-ce que j'ai fait comme ça, qu'est-ce qui se joue ici, qu'est-ce qui est intéressant ?) Merci beaucoup de m'avoir invité à réfléchir à tout ça Smile

Sur le "qui", je suis toujours paumée... Sad

J'ai mis une courte suite plus bas, est-ce que tu serais d'accord pour la lire et me dire si dans cet ensemble, le paragraphe sur le cadre te dérange toujours un peu ?


--> Elo

Merci <3 Oui, c'est un projet que je porte depuis un moment, un an et demi environ et il résonne très fort, d'où mon envie de réussir à faire quelque chose de cette idée, mêmes si c'est diablement compliqué.

J'ai mis une courte suite plus bas, si tu veux jeter un oeil Smile


--> Agent

Merci d'avoir pris le temps d'écrire ton avis. Je pense que nous n'avons pas tout à fait la même vision de la chose alors ça vaut peut-être le coup que t'explique mon cheminement :

Déjà, je rebondis, comme plus haut, sur la dimension "démonstrative" qui peut en effet suffire à faire lâcher un bouquin, si on a le sentiment que l'auteur se masturbe sur sa prose tout du long.

J'ai eu une grosse réflexion sur le "lyrisme" tout au long de mon parcours de jeune auteure (deux ans et deux romans publiés, 3 sorties à venir). Pour mon premier, j'ai exclu beaucoup de termes et de tournures, parce que j'avais conscience de ne pas savoir les gérer, et parce j'avais trop lu de romans "masturbatoires" et que je n'avais aucune envie de tomber là dedans. De cette manière, les deux premiers tomes du Son de la Baie sont écrits avec une plume assez concrète, pas dénuée d'images et de jeux de langues, mais avant tout centrée sur l'intrigue. Sur De sueur et de ciel, où le suspense était plus soft, j'ai davantage travaillé sur la plume, sur comment apporter de la poésie à un texte. Résultat des comptes : c'est bien plus complexe que "les envolées ne se prêtent qu'à des choses abstraites". Je ne sais pas quelle est ton expérience avec l'écrit, mais je pense que tu vas ter fermer énormément de portes. Je me permets te partager ma réflexion :

Déjà, le terme "envolées" est très glissant. Quand on l'utilise, c'est souvent pour dire que l'auteur s'est envolé tout seul. Je doute que chercher à faire des envolées soit le bon élan. --> Poser des petites touches à des moments clés me paraît plus pertinent, y aller très fort quand la scène ou le sujet s'y prête me paraît juste. Et l'objet de cette poésie n'est pas forcément quelque chose d'abstrait. Je me méfie au contraire des envolées sur des thèmes déjà très porteurs. En vrac : les rêves, la souffrance, l'amour, la jeunesse, la beauté, les vastes paysages... On flirte vite avec le kitsch. Là, comme ça, je pense à Rimbaud et à ses "lichens de soleil" et autres "morves d'azur" --> Il joue sur le contraste entre des mots très précieux (azur et soleil, donc) et des termes beaucoup plus prosaïques. C'est ce qui donne de la force à sa poésie. Car au final, enchaîner des mots précieux, nous en sommes tous capables. Qui n'a jamais soupiré devant une description d'un lieu d'un personnage ou d'un sentiment construit uniquement avec des tournures lyriques ? Est-ce que le parfum d'une rose, la silhouette d'une jeune femme ou la profondeur d'un horizon ont vraiment besoin qu'on leur rajoute des fioritures ? Est-ce que ce n'est pas plus intéressant de garder ces termes pour faire naître de la beauté là ou le lecteur ne l'aurait pas vu tout seul ?

Je déconseille par ailleurs d'aller chercher à faire "des envolées" les petits détails : une tasse de café ou la couleur d'un vêtement par ex.. Poétiser, y aller à petites doses, avec de la finesse, oui. Mais poser des emphases sur ce type de sujet, c'est dire au lecteur "je ne sais pas gérer ce qui est important, je met l'accent sur tout et n'importe quoi".

Donc, non, tenter le lyrisme ne signifie pas savoir écrire, nous sommes d'accord. Savoir construire des images et les positionner efficacement, c'est déjà un meilleur début.

Pour revenir sur le toit en tant que sujet lyrique, je ne suis donc pas d'accord avec ce que tu défends. Pour moi au contraire, ce qui est intéressant avec l'objet "toit', c'est que c'est suffisamment porteur d'idées (la limite terre ciel, l'espace hors du temps, l'espace hors de la Cité, l'espace dangereux, la dimension verticale, les références poétiques, l'appel à l'imaginaire...) pour avoir de la matière à écrire, tout en restant suffisamment simpliste pour ne pas sonner d'emblée comme trop ampoulé. Dire "sur le toit", ça ne sonne pas pompeux. On peut ensuite le transformer à petites doses en "sur les chemins du ciel" quand la scène s'y prête.

Je serais très curieuse de lire ton paragraphe avec la description de l'âme de ton perso (en MP si tu veux) pour mieux cerner ce que tu as voulu dire. Je veux bien aussi que tu lises le petit texte en dessous et que tu me dises si, placé dans son contexte, ce deuxième paragraphe "trop lyrique" te dérange autant.

Après, avec ce genre de plume, il y a aussi la dimension "est-ce qu'on aime ou non". Il y a des gens qui ne veulent lire que du très concret, qui ne sont pas du tout sensibles aux jeux de la langue. Je connais plusieurs auteurs qui travaillent avec des plumes assez concrètes, à qui cela convient très bien et qui publient de très bons textes. J'en connais aussi qui écrivent tous leurs romans en "sujet-verbe-complément", pour être bien sûr que rien ne soit trop compliqué. Il y a un équilibre (ou plutôt, des équilibres) à trouver entre une plume plate et un texte alambiqué. J'aime l'idée de se reférer à ce que j'ai défendu plutôt : des images, oui mais pertinentes et bien placées. A ce ompte-là, personnellement, "dire les choses simplement", ça ne m'intéresse plus.

----

La suite, enfin les quelques paragraphes qui suivent les deux premiers présentés plus haut. Je suis preneuse de vos avis sur la place du second paragraphe. (Notamment, toi, Paige) Est-ce qu'avec le retour sur le personnage, le second paragraphe te paraît plus intégré ?


Spoiler:

Un peu plus loin : (le passage qui met sans le plus concrètement "en route" le miroir avec Sur la Route avec l'arrivée de Phil) On y voir aussi, j'espère, que la volonté de travailler la plume ne dévore pas non plus l'intrigue. Dites moi si je trompe complètement... (D'ailleurs, Phil, il adore tout, mais je crois qu'il est juste beaucoup trop content qu'on écrive un roman sur lui ^^) Je vous le mets si éventuellement ça vous intéresse, mais je l'enlèverais assez vite.

Spoiler:

Quelques photos d'illu :

Spoiler:



 
Agent Seven
   
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Agent Seven  /  Blanchisseur de campagnes


Citation :
Résultat des comptes : c'est bien plus complexe que "les envolées ne se prêtent qu'à des choses abstraites". Je ne sais pas quelle est ton expérience avec l'écrit, mais je pense que tu vas ter fermer énormément de portes.

Ce n'est pas vraiment ce que j'ai dit, mais bon. Je voulais juste signifier qu'il faut disséminer les images. Moi, je trouvais que tu les agglutinais dans un paragraphe.

Citation :
Et l'objet de cette poésie n'est pas forcément quelque chose d'abstrait. Je me méfie au contraire des envolées sur des thèmes déjà très porteurs. En vrac : les rêves, la souffrance, l'amour, la jeunesse, la beauté, les vastes paysages... On flirte vite avec le kitsch.

Encore une fois, ce n'est pas ce que j'ai dit. Sinon, pour les rêves, la plupart du temps, pas toujours, l'auteur veut y mettre une touche d'onirisme. Dans ce cas-là, la poésie est la bienvenue. Évidemment, ne pas utiliser la poésie serait déconcertant, ce qui peut aussi être un effet recherché. Aussi, faire attention en employant le terme kitsch. Ce qui peut être kitsch peut ne pas l'être pour un autre et vice-versa.

Citation :
Est-ce que ce n'est pas plus intéressant de garder ces termes pour faire naître de la beauté là ou le lecteur ne l'aurait pas vu tout seul ?

Justement, je crois que tu m'as mal comprise. Le personnage de mon roman est la fille d'une docteure, plus précisément d'une cardiologue (mais passionnée par l'orthopédie). Elle s'y connait donc en anatomie. En une phrase, j'ai comparé une carte (pour voyager, avec les routes et les cours d'eau) avec le système lymphatique. Ou encore étrangler une main. Ce sont des images auxquelles on ne pense pas nécessairement. Il y a aussi ce bijou en forme de scaphoïde, qui recèle une signification particulière.

Je ne dis pas qu'on ne pas jouer avec les mots, les contrastes, les images inattendues mais oui, parfois il faut faire simple. J'ai envie de dire, même, si on ne sait pas faire de la poésie avec simplicité, il faut travailler plus fort.

Moi j'aime les plumes poétiques, travaillées, mais des fois, trop c'est comme pas assez.[/quote]


Dernière édition par Agent Seven le Dim 24 Avr 2022 - 14:01, édité 1 fois
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes




Merci de ton avis

 
Paige_eligia
   
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Paige_eligia  /  Bile au trésor


Alors j'ai lu la suite.

Je trouve que ton deuxième paragraphe coule très bien avec les suivants, j'y retrouve ta plume et ton style. J'aime aussi beaucoup la conversation sur le toit à l'arrivée de Phil, c'est fluide, naturel, on s'y croirait sans problème.
En fait je pense que c'est le premier paragraphe qui détonne par rapport au reste.

Je t'explique pourquoi, à toi de choisir ensuite ce que tu en fais ou non, bien évidemment Wink

Comme dit précédemment, dans le premier paragraphe tu adoptes un ton de confident et une façon d'écrire qu'on ne retrouve plus ensuite. Je pense que c'est parce que tu as tenté de coller à la version anglaise, car étant une réécriture d'un ouvrage connu tu as voulu donner le ton. Or tu le dis toi-même, tu ne vas pas garder ce ton par la suite, et au contraire tu poses le cadre dans le deuxième paragraphe pour la suite.

Peut-être devrais tu réécrire ce premier paragraphe à ta manière, avec ton style et tes descriptions. Je sais que tu aimes toujours commencer tes premiers chapitres en posant l'ambiance et le cadre, ce que tu fais d'ailleurs dès le deuxième paragraphe. (et que tu fais très bien)

A voir ensuite ce que ça donnera et tu verras bien ce que tu souhaites garder. Le début d'un roman est toujours difficile, et encore plus les premières phrases. Je crois qu'on se prend tous la tête avec ça ^^
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Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes



Hello, merci pour ta lecture et pour les conseils.

Je note tout ça et je laisse mûrir... Effectivement j'adore les incipit dans lesquels tiennent tout le roman, j'adore jouer avec ça. Sur le tome 4 de LSB, je me suis éclatée à mettre toutes les réponses dans le premier paragraphe ^^

Mais un "Isis ! Sale voleuse !" ça fonctionne bien aussi x)

 

 Avis critique incipit (Sur le toit)

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