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 Besoin d'aide par rapport au subjonctif/indicatif...

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Suzicou
   
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Suzicou  /  Pippin le Bref


Bonjour à tous Smile

Voilà, je viens d'inscrire un poème il y a quelques mois pour un concours d'écriture pour jeunes, et je commence à avoir des doutes par rapport à mes deux derniers vers...

Je suis loin d'être une experte en ce qui concerne les questions de grammaire, c'est pourquoi je me tourne vers vous pour cela...

Voilà les deux derniers vers :

"Et j'ai du mal à me faire à l'idée
Qu'un été a suffi à t'effacer."


Si j'ai utilisé l'indicatif au lieu du subjonctif sur le coup, c'est parce que ça m'avait paru plus naturel et fluide. Qu'un été ait suffi à t'effacer, ça fait un peu trop "mou", je trouve que ça manque d'impact, et que ça affaiblit le sens du vers avec cette prolongation du "é-ait". Mais bien que cela sonne bien dans le contexte de mon poème, je ne sais pas si c'est grammaticalement juste. Quelle règle devrait s'y appliquer ? Est-ce qu'on peut utiliser tout aussi bien le subjonctif que l'indicatif ?

Tout éclaircissement sur cette question me serait d'une grande aide !
 
Lampeverte
   
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Lampeverte  /  Petit chose


Je ne suis pas un spécialiste de la grammaire, mais en l’espèce j’aurais tendance à dire que les deux propositions n’expriment pas tout à fait la même chose. A l’indicatif, le narrateur a du mal à accepter un fait, il est certain qu’il l’a oublié, au subjonctif, un doute subsiste, au fond il est possible qu’il ne l’ait pas oublié.
 
Suzicou
   
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Suzicou  /  Pippin le Bref


Lampeverte a écrit:
Je ne suis pas un spécialiste de la grammaire, mais en l’espèce j’aurais tendance à dire que les deux propositions n’expriment pas tout à fait la même chose. A l’indicatif, le narrateur a du mal à accepter un fait, il est certain qu’il l’a oublié, au subjonctif, un doute subsiste, au fond il est possible qu’il ne l’ait pas oublié.

Je vois... en fait, le poème parle de la perte d'un être cher. Dans les deux dernières lignes, j'ai voulu surtout exprimer le fait que j'ai du mal à m'habituer à la réalité, et à son départ soudain. L'indicatif m'a tout d'abord paru approprié, mais je ne sais pas de quelle manière il change le sens de ces vers.

Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, si j'utilise l'indicatif, c'est que je suis certaine que cette personne a été "effacée" et qu'elle n'existe plus nulle part, où est-ce que ça pourrait aussi dire que je suis certaine que je ne peux m'habituer à cette réalité ?

Je ne veux pas que mon poème transmette l'idée qu'il n'y a rien après la mort. Au contraire, j'ai mentionné à plusieurs reprises le fait qu'il pourrait se trouver "au-delà du cadre", et vivre en dehors de notre "photo" où je n'arrive plus à le voir. Enfin, l'idée de ce poème, c'est que même si on n'arrive plus à voir nos proches décédés dans notre réalité, cela ne veut pas pour autant dire qu'ils ont tout à fait cessé d'exister. Il se pourrait tout aussi bien qu'ils vivent dans une autre réalité... même si elle nous est inaccessible.

De mon point de vue, il a été "effacé" de notre "photo", mais cela ne veut pas dire qu'il ne peut continuer à vivre en-dehors de celle-ci.

Du coup, si j'utilise l'indicatif dans ces vers ("Et j'ai du mal à me faire à l'idée qu'un été a suffi à t'effacer"), est-ce que cela renforce l'idée qu'il n'existe pas en-dehors de cette existence, ou juste le fait que je ne peux accepter son départ de ma réalité ? Car je n'aimerais en aucun cas transmettre l'idée qu'il n'existe plus du tout.

Voilà, j'espère que tu as compris le contexte et le message de ce poème...

Du coup, la question est : est-ce que l'indicatif transmet l'idée qu'il n'y a plus d'espoir, ou plutôt celle de ma difficulté à accepter cette réalité ? Car lorsque je l'ai écrit, je pensais à la deuxième option, mais cela pourrait aussi être interprété différemment.
 
Hortense
   
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Hortense  /  Tycho l'homoncule


Bonjour,

Je ne suis pas non plus une spécialiste de la grammaire, mais plusieurs temps peuvent s'appliquer, selon le contexte (que nous n'avons pas, donc je te laisserai juger par rapport au reste du poème).

Le présent : il exprime une perte certaine. Un été a suffi à t'effacer : la perte est un fait que je a du mal à accepter. C'est assez brutal, mais c'est à mon avis une bonne clôture.

Le subjonctif : il exprime l'hypothèse d'une perte. Qu'un été ait suffi à t'effacer. On ne sait pas si la perte est réelle ou non, si elle est définitive ou non. C'est une clôture qui exprime le doute, peut-être parce que je ne sait pas à quoi s'en tenir ou qu'il/elle a inventé l'existence de tu. Bref, on est plus dans une situation où le rêve éveillé, l'indécision dominent.

Le futur : il exprime une conclusion. Un été aura suffi à t'effacer, c'est la conclusion de toute une série d'épreuves ou de situations qui font que la perte est certaine, mais également la conséquence de tout ce qui précède. A la différence du présent, le futur va exprimer cette relation causes/conséquence.

Tout est donc une question d'interprétation par rapport à ce qui précède et par rapport à l'idée que tu veux faire passer. Si le sujet est la perte, c'est le présent qui est à mon avis le plus juste. Si le sujet est l'acceptation de la perte, j'utiliserais le subjonctif. Et si le sujet c'est ce qui t'a conduit à cette perte, je propose le futur.
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Emsi
   
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Emsi  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Oui Hortense a raison, ici l'indicatif exprime une perte certaine, alors que le subjectif laisse planer une sorte de doute. Je trouve ce message d'Hortense absolument parfait dans son analyse détaillée de la nuance  J'ajouterai juste, concernant le futur, que pour moi il donne un côté "technique", "constat à froid", peu  poétique, qui casse un peu l'atmosphère, comme quand on dit "il aura suffi d'un rien pour que la voiture redémarre", mais c'est un ressenti tout personnel.
En tout cas rassure-toi, grammaticalement tes deux propositions sont correctes. Smile
 
Lampeverte
   
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Lampeverte  /  Petit chose


Oui, le subjonctif laisse planer le doute sur le fait qu’un été ait suffi à l’effacer, mais il ne précise pas plus avant le sens de ce doute : on peut douter de l’effacement ou de la durée nécessaire à celui-ci, le contexte devant permettre au lecteur d’en préciser l’interprétation.
Mais grammaticalement les deux propositions sont exactes, c’est à toi de voir ce que tu veux mettre en avant : la brutalité de l’effacement si rapide ou le doute sur la réalité et/ou la rapidité de celui-ci.

 
Mariolo
   
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C'est des vers libres ou tu comptes les pieds ?
 
Suzicou
   
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Suzicou  /  Pippin le Bref


Hortense a écrit:
Bonjour,

Je ne suis pas non plus une spécialiste de la grammaire, mais plusieurs temps peuvent s'appliquer, selon le contexte (que nous n'avons pas, donc je te laisserai juger par rapport au reste du poème).

Le présent : il exprime une perte certaine. Un été a suffi à t'effacer : la perte est un fait que je a du mal à accepter. C'est assez brutal, mais c'est à mon avis une bonne clôture.

Le subjonctif : il exprime l'hypothèse d'une perte. Qu'un été ait suffi à t'effacer. On ne sait pas si la perte est réelle ou non, si elle est définitive ou non. C'est une clôture qui exprime le doute, peut-être parce que je ne sait pas à quoi s'en tenir ou qu'il/elle a inventé l'existence de tu. Bref, on est plus dans une situation où le rêve éveillé, l'indécision dominent.

Le futur : il exprime une conclusion. Un été aura suffi à t'effacer, c'est la conclusion de toute une série d'épreuves ou de situations qui font que la perte est certaine, mais également la conséquence de tout ce qui précède. A la différence du présent, le futur va exprimer cette relation causes/conséquence.

Tout est donc une question d'interprétation par rapport à ce qui précède et par rapport à l'idée que tu veux faire passer. Si le sujet est la perte, c'est le présent qui est à mon avis le plus juste. Si le sujet est l'acceptation de la perte, j'utiliserais le subjonctif. Et si le sujet c'est ce qui t'a conduit à cette perte, je propose le futur.

Merci, merci pour cette explication détaillée. Smile

Tu as très bien saisi toutes les nuances du poème et tes explications me sont d'une grande aide. Même si l'indicatif a un effet plus poignant dans le dernier vers, je pense que je vais finalement passer au subjonctif. Car le message le plus important du poème est la possibilité d'une vie après la mort, même si le doute persiste. Et je n'aimerais pas qu'on le lise avec l'impression que tout est fini, qu'il n'y a pas d'autre possibilité, mais qu'au contraire : avec l'impression que cet été ne l'a peut-être pas complètement effacé.
 
Suzicou
   
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Suzicou  /  Pippin le Bref


Mariolo a écrit:
C'est des vers libres ou tu comptes les pieds ?

Des vers libres Smile
 
Mariolo
   
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Mariolo  /  Tapage au bout de la nuit


Ah ok, parce que moi niveau conjugaison , c'est pas top, donc j'étais curieux des réponses aussi. Par contre dans le cas où tu comptais les syllabes, en fonction de la conjugaison je crois que ça aurait changé quelques choses.
Mais là du coup c'est pas la question.
À plus

( Mais en fait je suis complètement à l'ouest, ça n'aurait rien changé du tout, ravi d'avoir été inutile 😅 )
 
Hortense
   
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Suzicou a écrit:
Merci, merci pour cette explication détaillée. Smile

Tu as très bien saisi toutes les nuances du poème et tes explications me sont d'une grande aide. Même si l'indicatif a un effet plus poignant dans le dernier vers, je pense que je vais finalement passer au subjonctif. Car le message le plus important du poème est la possibilité d'une vie après la mort, même si le doute persiste. Et je n'aimerais pas qu'on le lise avec l'impression que tout est fini, qu'il n'y a pas d'autre possibilité, mais qu'au contraire : avec l'impression que cet été ne l'a peut-être pas complètement effacé.

Je t'en prie. La valeur des temps fait partie des classiques que tout écrivain un peu pointilleux doit connaître. Sans être une pro de la grammaire, j'en connais les bases.
Tu devrais regarder, surtout si tu écris de la poésie, ça peut être une aide précieuse pour faire passer des informations incognito Wink
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j'ajoute ici que le subjonctif n'exprime pas tant le doute que l'étonnement. si tu dis "a pu t'effacer", c'est que tu es déjà convaincu et pas choqué par la chose que tu viens d'apprendre (qu'un été puisse l'effacer) ; le choc emporte naturellement le doute. le premier vers stipule ta circonspection
 

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