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 Mon expérience de Minuit

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En octobre 2021, j’adressai le manuscrit de mon essai de philosophie aux éditions de Minuit. J’y avais joint une enveloppe de retour affranchie (5,91€) mais je n’avais pas inscrit mon nom et mon adresse dessus, car, pensais-je, si ton manuscrit est retenu, cette enveloppe pourra servir à quelqu’un d’autre et tu auras fait une bonne action. L’économie est un sujet brûlant et comme on le dit volontiers : « il n’y a pas de petites économies. » Je comptais donc, en cas de retour, sur une main secourable qui eût daigné prendre sa plus belle plume pour inscrire mon modeste patronyme et ma malheureuse adresse sur cette enveloppe qui n’attendait plus, hélas, que cela pour mener à bien sa noble mission.

Par un concours de circonstances indépendant de ma volonté, mon manuscrit vient de m’être retourné, non dans l’enveloppe que j’avais affranchie à mes frais, mais dans une enveloppe de La Poste et par La Poste Française elle-même, avec au dos cette inscription :

Cher Client,
Votre envoi n'a pu être distribué par la Poste. Aussi, celui-ci a été transmis
à notre service, seul autorisé à ouvrir les courriers et colis dans le but de retrouver
le destinataire ou l'expéditeur.
A l'issue de nos recherches, nous avons le plaisir de vous l'adresser.
A l'avenir, afin que vos courriers ou colis vous soient retournés rapidement
et sans avoir été ouverts, merci de bien vouloir indiquer l'adresse de l'expéditeur
sur vos envois.
Vous remerciant de votre confiance,
Le Service Client Courrier.

Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir, à l’intérieur, mon manuscrit intact, accompagné de mon enveloppe de retour déchirée et vierge de toute trace (à part le timbre, qui n’aura pas servi) alors que — et c’est encore heureux — mon adresse figurait bien sur le manuscrit ! Et, curieusement, au fond de cette enveloppe, une lettre du service des manuscrits de Minuit, datée du 24 janvier, parfaitement standard, ne comportant ni mon nom ni mon adresse, seulement un « Madame, Monsieur », suivi de ces quelques lignes laconiques :

Nous vous remercions de nous avoir soumis votre manuscrit.
Malheureusement, votre ouvrage ne peut entrer dans le cadre de nos publications actuelles et nous
vous le retournons sous ce pli.
Avec nos regrets, nous vous prions de croire à nos sentiments les meilleurs.
Le service des manuscrits


J’en suis encore tout disloqué.

Mais quel était « ce pli », sous lequel Minuit devait me retourner l’« ouvrage » ; était-ce mon pli ou celui de La Poste ? Ce devait être le mien ; si seulement Minuit me l’avait adressé ! Zut, zut et zut : Minuit m’a effectivement retourné le pli en oubliant de me l’adresser, le cas est trop bête, à moins que ce ne soit l’occasion qui l’était ; bref, j’ai eu beau retourner l’affaire dans tous les sens, il appert que le pli n’en valait pas la peine. Sans la main secourable du facteur, mon retour de manuscrit serait resté lettre morte.

C’est, pour une fois, un travail plus mirobolant que celui du service des manuscrits, mis à part que La Poste n’a pas pris le temps de lire mon manuscrit, encore que sur ce point j’aie un léger doute, puisque la lettre de Minuit est datée du 24 janvier, et l’enveloppe de La Poste du 1er février.

Il s’agit d’une erreur, comme me l’a confirmé à l’instant le service des manuscrits, en prenant soin d’ajouter promptement : « L’essentiel, c’est que vous ayez reçu votre manuscrit… » C’est pourquoi moi aussi je tiens à remercier La Poste, qui a fait le travail formidable d’ouvrir le pli vierge et affranchi, de lire mon adresse sur le manuscrit, de fournir une nouvelle enveloppe, d’y reporter mon adresse et d’y insérer enfin le manuscrit, le pli et la lettre de Minuit.

Le préjugé commun qui veut que la Poste ne fasse pas son travail est cette fois remarquablement démenti. On doit excuser l’opinion courante, car elle est grossière dans ses multiples manifestations mais le plus souvent sincère dans son cœur. Aussi La Poste, cette fois, a-t-elle fait du beau travail, mais pas le service des manuscrits, qui a livré le mien aux quatre vents, par négligence. « Une fois n’est pas coutume. » On peut toutefois en tirer un enseignement : mettez votre adresse, non seulement sur la lettre d’accompagnement, MAIS AUSSI SUR LE MANUSCRIT. Vous aurez tout à y gagner.

Puisque mon manuscrit était très proche, en octobre, de son état actuel, je n’ai aucun regret. Si j’ai achoppé à Minuit, après tout j’irai voir ailleurs. Je ne risque rien. Qui irait voler un si médiocre ouvrage ? Désormais, je le sais. Personne, ça ne fait pas un pli.
 
Lampeverte
   
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Lampeverte  /  Petit chose


Désolé pour cette expérience malheureuse. Je ne sais si c’était là ton premier envoi, mais je sens que cela t’as particulièrement affecté.
Je dois dire que l’on a beau se préparer aux refus, on a beau savoir que cela fait parti de l’exercice, lorsque l’on s’y trouve confronté, c’est extrêmement violent.

J’avais envoyé mon manuscrit à un agent littéraire dans l’espoir d’être accompagné dans cette démarche particulière de recherche d’un premier éditeur et j’ai reçu la réponse aujourd’hui, lapidaire et laconique :

Cher Monsieur, bonjour.
Je vous remercie pour votre manuscrit que j'ai, comme vous savez, aussitôt donné en lecture.
Il est hélas apparu que nous ne pouvons pas le prendre en charge. Je vous souhaite néanmoins beaucoup de succès dans votre entreprise.
Bien à vous

Je dois dire que je suis assez affecté par ce retour, les  éditeurs et agents littéraires ont une faculté à détruire vos espoirs d’une façon que ne ne renieraient pas les meilleures agences de recrutement.

Tout cela pour dire que je comprends parfaitement ce que tu peux ressentir en ce moment.

Ce que j’espère à présent, c’est que les suivantes soient moins douloureuses, car sinon franchement, continuer dans cette voie risque de s’avérer difficile.
 
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Invité  /  Invité


dommage pour ton refus
les éditions de minuit publient de très chouettes essais de philosophie
j'espère que tu arriveras à t'y faire publier
il ne faut pas trop se déprecier. des grands auteurs ont été refusés partout
 
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Merci pour vos contributions. Je ne raconte pas l’histoire d’un refus, qui est banal. Je ne laisse pas de m’étonner qu’une enveloppe puisse être postée sans comporter d’adresse. Là, je trouve que c’est édifiant.

En effet, Lamperverte, cela m’affecte. Parce que cet éditeur n’a pas pris soin de mon manuscrit et parce que je sais que je ne lui en confierai, hélas, plus aucun.
 
Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes


Pas vraiment agréable, mais bien bien grave non plus Smile

Comme j'aimerais avoir ce genre de problème ^^
 
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Leah-B a écrit:


Comme j'aimerais avoir ce genre de problème ^^

Pardon ?

Dans le contexte de l’envoi de manuscrits à l’édition, vous trouvez ça confortable.

On a tous des problèmes personnels et les miens me suffisent, pas la peine de les mêler à nos parcours éditoriaux.

J’imagine que si vous avez une œuvre, un ouvrage, vous n’apprécieriez pas non plus qu’elle se promène dans une enveloppe sans aucune adresse, et pourtant dûment affranchie. C’est une question de confiance, et ça, la confiance, ça me semble très important.
 
Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes


C'est une petite taquinerie Smile

Je comprends que cette histoire t'ai embêté et ça m'aurait sans doute fait grimacé aussi. Maintenant, ce n'est probablement qu'une petite erreur du service manuscrit : un stagiaire qui tâtonne, quelqu'un d'un peu étourdi... Ce sont des choses qui arrivent, et promis, ce n'est pas très grave Smile
 
Camille Lafrousse
   
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Camille Lafrousse  /  Autostoppeur galactique


Bonjour !
Je suis navrée pour ce refus, et touchée par cet apparent manque de respect de la part de la maison d'édition. Ou, comme le suggère leash-b, c'est peut-être juste une erreur de leur part qui ne signifie pas qu'ils ont été irrespectueux avec ton travail.
Mais c 'est un peu le seul contact concret, visible, palpable, avec les gens qui ont traité ton manuscrit, et du coup, c'est ce qui en reste.
Tu sais à quoi ça me fait penser ? Aux gosses qui reviennent de colo avec une valise en bordel ou il manque une paire de chaussette ou un savon dermatologique... les gosses ont été bien traités pourtant, enfin je crois, mais on retient que cette colo, ça semblait être le bordel et que le môme est rentré avec des fringues en moins. On imagine facilement qu'il en a été de même pour les enfants que pour les chaussettes, de même pour l'enveloppe que pour le manuscrit.
C'est important, ce contact là, a fortiori parce qu'il est indirect et seul effet visible de la relation entre la maison d'édition et toi. Je le déplore, je suis attachée à ce genre d'attention, aussi. Même si, encore une fois, on ne sait pas ce qu'il s'est vraiment passé. Tu pourrais écrire une vraie petite nouvelle à partir de tes suppositions !

Bon, bref, sinon, je dois avouer que ton pst en lui-même m'a fait sourire. Malgré le contenu, j'ai trouvé ta manière de formuler les choses fraîche et fluide, et un peu magique cette recherche de la part de La poste. J'en garde un petit écho à des histoires de lettres d'amour perdues et retrouvée longtemps après.. ça me laisse songeuse sur les histoires de ce genre qu'il est arrivé à plein de gens !
Un gâteau et des chocolats périmés parvenus après DLUO, une lettre d'amour trois mois après une rupture, des cadeaux de Noël reçus en juin, pour peu, ça me donnerait envie d'inventer des histoires !

En tous cas, merci aux agents de la poste, qui accomplissent là une noble mission !

Merci pour ce partage aigre-doux

Camille
 

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