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 Réflexions sur la diversité et le rôle de l'auteurice

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fabiend
   
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   Pensée du jour  :  Ce canard est trop lourd ou corrompu
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fabiend  /  Effleure du mal


Citation :
je suis privilégiée aussi

Du coup, es-tu plus légitime que Profsamedi pour parler de ces sujets ?
https://fabiendelorme.fr
 
Érème
   
    Masculin
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   Pensée du jour  :  ...
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Érème  /  /quit


Léa ne dit pas qu'elle est plus légitime que Profsamedi, mais estime que l'ignorance de Profsamedi, quant à sa position de privilégiée dans la discussion, pose problème dans la construction de ses raisonnements sur la question. Et, de fait, elle exemplifie sa position en admettant qu'elle est elle-même privilégiée, et montre donc que ce qui compte ce n'est pas tant le privilège en soi, que la conscience qu'on en a. Une telle conscience est le point de départ d'un raisonnement qui, reconnaissant ses limites initiales, peut éviter de dire des bêtises.

Remplace Léa par Socrate et la reconnaissance du privilège initial par la reconnaissance de l'ignorance initiale, et tout devient très clair.
https://aomphalos.wordpress.com/
 
Leasaurus Rex
   
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Leasaurus Rex  /  Terrible terreur


Merci, Aomphalos. 😌
 
Hobbes
   
    Masculin
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Hobbes  /  Attention : chat méchant


Je déterre un vieux message, pardon, ça m'a interpellé.

Nuage Rouge a écrit:
Mais donc, si on vise à faire évoluer certaines représentations, je pense qu'il faut faire feu de tout bois et encourager toute forme d'expression en faveur d'une réduction des inégalités. Donc peu importe qui s'exprime si ce qui est exprimé est juste (et la justesse peut provenir de n'importe qui qui étudie une question, de même que l'erreur peut provenir de n'importe qui qui n'étudie pas son sujet, penser l'inverse confinerait à l'essentialisme qui est bien la racine de ce que ce "camp" est censé combattre). Et ça tombe sous le sens, on ne s'exprime pas en faveur de quelqu'un en lui "coupant" la parole, ou en ignorant sa parole au profit de sa propre parole. Ce n'est pas efficace, c'est contradictoire. De même qu'on ne fait pas avancer une réflexion en refusant la discussion/le débat pour des raisons essentialistes, soit-on une "personne concernée" (les raisons stratégiques/émotionnelles restent entendables).

Je serais moins péremptoire sur la question de l'essentialisme : je crois que c'est un procès qu'on a tendance à faire machinalement sans se poser la question de ce que ça pointe au-delà de la recette de cuisine. À l'heure qu'il est, c'est enfoncer une porte ouverte de dire qu'il n'existe pas d'essence minorisée ou de traits propres à tels ou tels groupements mais ça revient aussi, en supposant qu'on s'arrête à ce constat par ailleurs assez naturel, à faire comme si certaines population n'étaient pas les objets de traitements symboliques qui les replacent toujours déjà dans des situations qui définissent leur ADN social, à la fois dans la manière dont le monde les regarde et dans celle dont elles le regardent à leur tour. Que les différences d'habitus soient construites ne contredit pas le fait qu'elles suivent les gens partout et qu'elles contraignent certaines personnes à une espèce de statut d'exception dont elles ne peuvent pas s'exempter : être homosexuel ou noir ou trans ou peu importe, c'est autre chose sous le rapport presque ontologique qu'être hétéro ou blanc ou cis, pas parce qu'il y a des natures divergentes qui font que vous êtes qui vous êtes mais parce que toute votre trajectoire sociale s'en trouve marquée, même à voix basse, à tout moment et en chaque circonstance. Je crois, même si c'est une idée contre-intuitive qui me regarde et que c'est peut-être illisible pour des gens que ça concerne lointainement, qu'il y a presque un effet de stigmate, évidemment vivable et dilué dans la plupart des cas, pour les représentants de minorité : c'est un truc qu'on porte avec soi à chaque seconde de chaque minute de chaque heure et qui colore 100 % de qui on est.

Il y a une forme d'orthodoxie contemporaine, surtout en France où les discours HSBC s'appuient sur un faisceau de punchlines universalistes répétées à l'envi, qui laisse entendre avec plus ou moins de bienveillance qu'on peut être qui on est au-delà de son orientation sexuelle ou de sa couleur ou de sa religion, le prolongement logique — d'ailleurs très largement assis sur un préjugé xénophobe — étant qu'on puisse avoir  « un peu » d'asiatique ou de juif ou de lesbienne frugivore en soi sans que ça génère d'implication définitive sur qui on est en général. Ça me semble assez clairement douteux. Vous n'arrêtez pas d'être noir parce que vous ne faites pas de « trucs de noir », de la même manière qu'un homosexuel ne l'est pas exclusivement quand il écoute Mylène Farmer ou qu'il roule un patin à Jean-Robert. C'est juste un lot de consolation qu'on vous accorde sous couvert de postmodernisme et qui donne à penser qu'il y a effectivement un truc qui tourne moins rond chez vous mais que ça peut se maquiller pour peu que vous fassiez les efforts requis. Le refus de l'essentialisme, c'est aussi le plus court chemin — je ne dis pas que c'est le cas ici — pour sédater les gens qui sortent un peu du moule et les rappeler, avec une claque dans le dos et un sourire, à une espèce de colorblind dans lequel on attend qu'ils s'étouffent.

Tout ça pour dire que j'ai tendance à croire qu'il y a des variations de nature dans ce qu'on expérimente du monde selon qu'on soit minoritaire ou pas — en fonction des contextes et des contenus, s'entend : sauf cas limite, on est toujours dominant par un coin — et qu'il me semble assez logique que ça entraîne des conséquences au moins éthiques sur la littérature elle-même. Supposons qu'on arrive à répliquer tout un rapport au monde qui ne nous touche que de manière connexe — déjà virtuellement absurde, et je ne parle même pas des auteurs qui ne vivent la minorisation que de manière purement livresque — ; le fait même d'incarner quelqu'un par l'extérieur et de transformer son histoire intime en roman pose tout un tas de questions génétiques et morales pas faciles à trancher. Je pense qu'on peut quand même estimer que les grands discours sur l'art comme moyen de se mettre à la place d'autrui sont soit partiaux soit myopes, et bien souvent du fait de gens qui ne pratiquent la diversité que de très loin, comme militants ou comme fétichiseurs. Pas certain que ça veuille dire qu'on n'est pas légitime à parler de gens dont on diffère au plan social mais le premier pas serait peut-être d'accepter qu'on n'entrera jamais dans leurs chaussures, ou alors très imparfaitement, ce qui n'empêche pas de parler d'eux sans parler à leur place. L'argument politique ne me semble pas très intéressant non plus, à tout le moins en l'état : soit on écrit sur soi et on ne doit rien à personne, soit on écrit sur les autres et ce n'est déjà plus d'eux qu'on parle.
https://premierdegre.com/
 
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Invité  /  Invité


oui, c'est un peu le grand débat de la planète des singes : les singes des zoos sont-ils primitifs parce qu'on les enferme ? il faudrait les libérer pour voir
 

 Réflexions sur la diversité et le rôle de l'auteurice

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