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 [Technique] : Le rappel de scènes

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Mokkimy
   
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Mokkimy  /  Maîtrise en tropes


B'jour à tous,

J'ai encore une question à vous poser. Utilisez-vous dans vos romans la technique du rappel de scène ?

Autrement dit, il s'agit de répéter une scène qui s'est déjà produite à un moment antérieur (dans le récit quelques chapitres plus tôt, ou hors du récit dans le background des personnages), ce pour marquer une progression/régression d'un ou de plusieurs personnages, ou de l'intrigue. En tout cas, le but du rappel de scène est de voir la seconde scène légèrement modifiée afin d'apprendre quelque chose au lecteur.

Par exemple : scène 1, le mec est nul en faisant la cuisine, il explique qu'il est un mauvais père. Scène 66, le mec vous fait un dessert les yeux bandés avec de jolis décors en pâte à sucre, on en déduit qu'il s'est amélioré et que par analogie, il est devenu un meilleur père. Mais tout ça passe en show don't tell.

Si vous utilisez la technique du rappel de scène, j'ai encore d'autres questions à vous poser.

Quels avantages y voyez-vous ? Quels inconvénients ? Dans quels buts l'utilisez-vous ?
Avez-vous des astuces pour que ce rappel de scène soit efficace et ne crée pas une lassitude chez le lecteur (qui risque en définitive d'avoir l'impression de voir deux fois la même chose ?)
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VivianW  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Hey mockingbird,

J'ai utilisé ce que tu appelles le rappel de scène sur mon dernier roman. Chaque rappel (chapitre) commence par la même phrase, avec un développement différent selon l'humeur du narrateur. Cela pour créer un rythme, faussement redondant mais qui, a travers une journée qui se répète met en exergue des bouleversements majeurs de l'histoire.

Le résultat est une familiarité avec le lecteur qui n'est plus dupe d'une situation qui se répète mais au contraire une plus grande proximité avec les personnages. A répéter -ou rappeler- une scène, on lui donne la couleur de la confidence.

Sorti de ce contexte ciblé (journée répétitive) je préfère aborder les changements profonds des personnages par des petites manies, des tics de langage que de rappeler une scène en entier.

Enfin, je crois que pour éviter la redondance flagrante sans faire ressortir l'information nouvelle, il faut soigner son style car plus qu'une scène, l'auteur familiarise le lecteur via un ton, une humeur, éléments essentiels au rappel de scène copié/collé, lorsqu'un mot, une ponctuation divergente change toute la perception de la scène.
 
Mokkimy
   
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Mokkimy  /  Maîtrise en tropes


Hey Vivi ! Ça fait plaisir de voir que tu hantes toujours le fofo. =)

D'accord, je vois. Je crois que j'ai fait à peu près pareil aussi sur mon dernier roman (phrase identique, situation identique mais légèrement modifiée à chaque début de partie pour marquer la progression mentale du protagoniste).

Jusqu'à présent, j'étais plutôt contente de moi, mais après avoir lu le bouquin de Akers qui vante "l'extraordinaire pouvoir des scènes de rappel" dans les scénarios de cinéma et avoir réfléchi aux différents exemples qu'il donne, j'ai l'impression maintenant que mon utilisation des scènes de rappel est maladroite et manque de finesse.

J'ai essayé de me chercher des excuses du style "oui mais les scénars, c'est pas comme les romans", mais en fait, il est tout à fait possible de gérer les scènes de rappel de la même manière, beaucoup plus subtilement.
A l'écran, j'accepterai moyen de revoir quatre fois la même scène d'ouverture, même avec des variations évidentes...

Bref, pas encore trouvé de solution à ça, mais j'y réfléchis.
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C'est pas trop un truc que j'utilise, peut-être parce que mes romans se passent toujours sur des laps de temps assez court (un mois) et du coup je n'aurais pas trop d'intérêt à utiliser ce genre de technique, je pense, parce que ça ne paraîtrait pas crédible (genre le mec qui sait pas battre des œufs et qui un mois plus tard te sort une pièce montée digne d'un mariage ça le fait moyen, quand même je pense xP) ; et peut-être aussi parce que je suis pas trop friande de ça dans le sens où je pense qu'on peut être plus subtil dans la manière de montrer l'évolution/apprentissage d'un personnage. Par exemple ton père pâtissier, plutôt que de le remontrer en train de cuisiner tout seul, tu peux le montrer en train de cuisiner avec ses enfants : s'il leur enseigne c'est que lui-même a pris en compétence, et en même temps la scène ne sert pas juste le rappel puisque tu superposes par-dessus la relation avec les enfants, du coup ça fait une scène plus riche, je pense, qu'avec un "simple" rappel de scène.

L'avantage, c'est que tu peux montrer une évolution sur du long-terme ; l'inconvénient, c'est que ça manque un peu de subtilité donc pour que ça passe il faut que ce soit fait presque à la perfection. Robin Hobb dans les Aventuriers de la mer n'utilise pas le rappel de scène (je crois, j'en ai pas souvenir, en tout cas), et pourtant on suit les personnages sur le long-terme dans toute leur subtilité. Après, c'est aussi une question de point de vue et de construction. Comme on est omniscient, on a les pensées de Ronica sur sa fille Keffria et vice versa donc une ancre dans leur évolution ; et de même Robin Hobb s'appuie sur le regard d'Althéa pour faire ressortir l'évolution de Brashen et vice versa. Dans la première époque de L'Assassin royal, c'est parce qu'on lit le texte d'un homme qui revient sur sa vie qu'on a cette facilité dans l'évolution (même si beaucoup de choses sont montrées, on a cet accompagnement en plus, et le fait qu'on peut sauter plusieurs mois ou années avec facilité grâce au format). Donc ce que je veux dire c'est que le rappel de scène est pas forcément nécessaire pour faire de l'évolution de personnage sur le long-terme, mais ça dépend aussi de ton format, en fait (et aussi de ton public ; je pense que ce genre de rappel de scène est plébiscité dans les livres Jeunesse (voire YA ?) pour aider les jeunes à comprendre).

Et à l'écran, il y a eu Un jour sans fin ! Je l'ai vu au lycée je crois avec la prof d'anglais donc ça date un peu mais je me souviens pas avoir trouvé ça chiant !

En fait je dirais que là s'applique ma devise : un auteur peut faire avaler n'importe quoi au lecteur si c'est bien fait.

Le rappel de scène est un outil comme un autre donc faudrait pas partir sur un "pour ou contre" mais plutôt voir ce qui est pertinent en terme de point de vue, de ton pour ton roman, d'atmosphère, aussi, et de comment tu le mets en place (par exemple comme je disais plus haut : pas juste un rappel pour un rappel mais profiter du rappel pour montrer autre chose et donner du relief).
En fait l'idée ce serait de pas utiliser le rappel de scène comme outil de show don't tell mais de le mélanger à d'autres techniques qui relèvent du show don't tell (est-ce que je suis en train de te dire Yakafokon alors que moi-même j'utilise pas le rappel ? Oui ! Laughing )
 
Mokkimy
   
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Mokkimy  /  Maîtrise en tropes


L'exemple du père cuisinier est tiré du film Kramer contre Kramer (que je n'ai pas vu, mais qui est cité dans le bouquin de Akers, j'ai simplement reformulé ce qu'il disait.)

Dans tous les cas, je suis d'accord, le rappel de scènes n'est pas là pour faire joli, il a un but et s'associe à autre chose, c'est pourquoi il est futé. Cette technique peut être vraiment intéressante.
Et je suis d'accord aussi sur le fait qu'il n'est pas indispensable à un récit, mais étant donné qu'il figure dans la trousse à outils de l'auteur... autant essayer d'apprendre à l'utiliser correctement. =) Je ne cherche pas un débat pour ou contre, en effet, mais je souhaite plutôt voir comment chacun l'utilise à sa manière.

Pour la question du long terme, je pense que le rappel de scènes peut très bien s'utiliser sur une arène temporelle serrée. Dans le cas de mon tintouin, l'intrigue s'étale sur quatre jours. Mais il pourrait s'agir d'un rappel de scènes étalé sur quelques minutes. Par exemple, un personnage attend dans une salle d'attente, une secrétaire arrive mais appelle un autre nom que le sien. Et, ce, plusieurs fois de suite.
Mais s'il s'agit de montrer un étudiant qui devient un jour professeur et revient faire cours dans le même amphi, là, il peut bien y avoir quarante années qui séparent les deux scènes.  

Pour Un jour sans fin, c'est un bon exemple, tiens. Dans ce film se trouvent beaucoup d'ellipses temporelles pour rendre le rappel de scènes moins pénible. Au début, on te montre la journée complète. Jour deux, on te montre juste la première heure identique mais seul le protagoniste se souvient avoir déjà vécu cette journée. Jour trois, tu vas avoir juste la même sonnerie de réveil. Jours suivants, on va te montrer uniquement les détails qui ont changé dans la journée. Tu sais que la même journée se reproduit, cependant, tu n'en vois plus que les différences. Le rappel de scènes devient implicite, le scénariste n'a plus besoin de le rappeler à chaque fois que la journée recommence.
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Mokkimy a écrit:
mais étant donné qu'il figure dans la trousse à outils de l'auteur... autant essayer d'apprendre à l'utiliser correctement. =)
Tout à fait ! Il y est alors utilisons-le ! Very Happy

Surun cours lapse de temps ça a intérêt à être super bien amené…!

Il faudrait chercher dans l'histoire de la littérature mais je me demande si la technique du rappel de scène ne vient pas du ciné, à la base ? (j'ai pas assez de culture en littérature classique pour dire si les Victor Hugo, Flaubert, consort et ancêtres l'utilisaient, j'avoue) Parce que c'est une technique très visuelle, je trouve.
 

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