Nombre de messages : 7925 Âge : 86 Date d'inscription : 21/11/2014 | Pangolin / Très premier degré Mer 24 Fév 2021 - 17:55 | |
| Ton hexagone a été touché par la tempête de sable. La boule à facettes tourne comme une toupie, à toute allure, et projette sur le sable, qui recouvre à mi-hauteur l'hexagone, des couleurs absurdes.- couvert par le sable et les lumières clignotantes:
Première impression : l'odeur, mélange de talc, de poussière et de solvant. Autre chose, aussi - j'y mettrai les mots plus tard. J'ai envie de crier : moins fort ! sans savoir à qui m'adresser. Dernier souvenir... Dernier souvenir... Je me rends compte que je ne me rappelle rien avant - ceci ? Allez, fais un effort. Okay. J'ouvre les yeux : moquette rose au sol ; l'amorce d'étagères remplies de livres, beaucoup de livres. Incongrue, une chaussure traîne à portée de bras. Je suppose, sans certitudes, qu'il s'agit de la mienne. Une sneaker en cuir blanc, avec une semelle d'un vert pomme granny qui jure avec la moquette. Je me retourne sur le dos, le goût du talc, de la poussière et du solvant plein la bouche. Des boules disco pendent du plafond, normal. Pas de musique. Il faudra y remédier. Ah, ça me revient. Un avion. J'étais dans l'avion - et puis ?... Le blanc. Cette odeur, moins prononcée et plus suave, presque entêtante... J'y suis, c'est celle de la corbeille de fruits oubliée dans un recoin de la cuisine. Des crustacés grouillant sur la dépouille d'un cachalot. Quelque chose d'humide dans l'air. Soif. Un deuxième souvenir me revient, alors que je sens l'angoisse ramper et remplir la pièce. "Les bras relâchés le long du corps, votre diaphragme engagé, épaules légèrement ouvertes. On se concentre sur sa respiration - et on n'oublie pas de fixer un point. Un... Deux... Trois..." "Quatre..." sont les premiers mots que je prononce audiblement. Ma voix pue. Je fixe la boule à facettes argentée au-dessus de moi. Légère rotation. Moi et la pièce qui tournons autour du globe. Cinq... ; je m'assois. Il y a beaucoup de livres mais moins qu'espéré. Je suis déçu, soulagé ? Deux fauteuils de tissu rouge, étrangement familiers, se détachent du décor - récupérés à la décharge, Alecyn et Jack sautant comme des puces dessus, le sourire de Déborah et les regards condescendants des enfants, la plage au Pendu et la tortue bicéphale... A côté, un tourne-disques attend sagement d'être nourri, caisse de vinyles qui dégueule ses pochettes sur la moquette moche qui moutonne.
Rester / sortir. Je regarde les livres les yeux fermés, revue rapide qui sent le camphre et l'eau salée, les lieux communs et des terres encore jamais explorées. Que choisir ? Le fauteuil est aussi confortable que dans mon souvenir. Je laisse la musique produire son effet endorphinique. J'ai pris la pochette en haut de la pile.
Okay. Décisions, décisions. Je m'approche d'un livre, me ravise. Je retourne vers la sneaker, non loin de la petite tache sombre que ma bave a laissée sur la moquette. J'examine la chaussure. Pas neuve mais elle a très peu servi, juste quelques marques de frottement sur le cuir blanc et la semelle ne montre aucune trace d'usure. A l'odeur, des traces ténues d'humus et de cette variété de brandy grec appelé metaxa. Pointure : 41. Pied gauche.
Envie de voir l'extérieur. Du hublot de l'avion, le soleil me brûlait le visage, insoutenable - ou était-ce autre chose ? J'agrippais ou tenais quelque chose ou quelqu'un. Je serre la sneaker les yeux fermés. Je les rouvre. Ce sera : partir. Cette décision prise, l'idée de quelqu'un, dehors, se promenant / errant sans chaussure à son pied gauche prend une dimension dramatique.
Je quitte mon hexagone. Entrée libre
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