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 [Publier une histoire à la morale ambiguë ?]

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Yaëlle M.
   
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Yaëlle M.  /  Bile au trésor


Hello tout le monde,

Alors que je viens de soumettre mon manuscrit jeunesse-romance-fantasy, j'ai reçu un retour d'une bêta lectrice qui me questionne beaucoup.

Dans mon roman, l'héroïne finit par se marier au perso principal masculin, qui a des côtés sacrément macho (genre qui va lui dire alors qu'elle est sa prisonnière : "tu m'appartiendras") et des comportements pas toujours nickel (aucun viol, hein, mais il a tendance à profiter des situations, disons). Bref, le mec n'a pas un mauvais fond (il reste attentionné, protecteur et pacifique) mais, perso, un mec me parle comme ça je FUIS.

La "romance" entre ces deux personnages a toujours été pensée ainsi, avec des côtés un peu malsains et un prince bad boy. Ça n'avait dérangé aucun lecteur jusqu'ici, ni bêta lecteur d'ailleurs (soit une dizaine de personnes). Au contraire, ça faisait partie du "charme" de l'histoire, d'après les retours que j'ai eus.

Là, ma bêta lectrice, me dit que ça l'a vraiment mise mal-à-l'aise et gênée. Que le fait que l'histoire soit à la première personne empêche une distanciation et une critique de la situation (l’héroïne est sous le charme (l'emprise ?) du mec, donc forcément elle va pas trop trop critiquer, même si elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, loin de là !).

Le principal problème selon ma bêta est qu'il puisse y avoir aux yeux des lecteurs une ambiguïté quant à la moralité / le côté sain de la relation. Comme elle dit, dans Game of Throne quand on lit une scène de viol, on sait que c'est mal. Dans mon texte, le gars dit des trucs pas corrects, mais comme c'est au milieu de l'histoire, et d'une "romance" on peut avoir un doute.

Si je m'adressais à un public adulte, je me poserais moins de questions. Mais là, c'est un texte YA, donc aussi lu par des filles de 13-14 ans potentiellement. Je ne veux pas de véhiculer de mauvais messages à ces ados (genre "c'est normal que mon petit copain veuille que je lui appartienne") et c'est ce qui m'effraie.

Qu'en pensez-vous ? Est-ce qu'un texte doit forcément être clair quand à sa morale/moralité ? Doit-on toujours rendre nos personnages blancs ou noirs, dès lors qu'il s'agit de sujet touchy ?

Et pour mon texte, que faire ?

Changer mon personnage principal, son caractère ou la romance quitte à ce que toute l'histoire s'écroule, que l'atmosphère qui "marchait" se délite ou que mon perso devienne insipide ?
Mettre un avertissement au début du texte ?
Ne rien faire et changer le public cible (sachant que le texte a été pensé comme un YA...) ?
Brûler mon texte et l'année de travail écoulée ?

Merci d'avance pour votre aide. Je désespère silent
 
Tengaar
   
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Tengaar  /  (de Dunkerque)


C'est bizarre d'avoir écrit un perso dont tu dis toi-même que tu l'aurais fuit dans la vraie vie.

De mon point de vue, il y a deux réponses :
1. vu le succès d'After, je ne pense pas que ce soit un problème pour être édité ou avoir du succès.
2. après moi perso, c'est vraiment le genre de truc que je n'aime pas en romance et j'ai juste envie que la fille lui foute une baffe et se taille avec un autre mec Laughing et je serais plus d'avis de ta bêta lectrice, en faisant par exemple, que la fille se barre et que le gars doive changer de comportement pour la récupérer (mais là, ça veut dire réécrire toute la fin) ou avoir des personnages secondaires qui alertent sur la situation, un pote du héros qui lui dit qu'il fait de la merde. Mais c'est assez difficile de te donner des conseils sans avoir lu l'histoire.
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Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


C'est compliqué...
Quand il s'agit de sujets sensibles ayant lien d'une part aux rapports humains de potentielle domination et d'autre part à la sexualité, le fait de s'adresser à des ados peut être très important !
Je comprends bien ce qui t'inquiète, car dans mon roman, il y a une situation qui m'a très longtemps fait ressentir ce genre de crainte (mais par chance, tous les avis de lecture ont dit que je m'inquiétais trop et qu'en fait ça allait).
Pour un public adulte, on peut se dire que le lecteur réfléchira et puis hop, basta, c'est ses oignons.
Pour un public ado, il y a une part de responsabilisation.
Je ne dis pas que les ados ne réfléchissent pas mais évoque juste le potentiel aspect anti-éducatif
Et on se pose plus la question...
Ceci étant : même un sale bad boy très bad sur une grosse épaisseur d'écorce peut avoir du très bon à l'intérieur et même être par moment conscient de sa grosse enveloppe. Le tout est alors de faire sentir au lecteur ceci ou cela... mais l'emploi de la première personne ne le facilite pas (puisque ce n'est pas lui qui s'exprime).
Quant au personnage de la femme qui regarde ledit bad boy... il y a sûrement beaucoup de travail d'ajustement à faire sur son point de vue, mais sans avoir le texte sous les yeux c'est compliqué de dire si ce travail est déjà avancé ou pas assez...
Et en plus : comme tu l'as déjà constaté, les avis des lecteurs seront différents entre eux.
Le problème Neutral c'est peut-être juste de choisir ce genre de thème (un peu casse-gueule) pour un livre adressé non seulement à des adultes mais aussi à des ados.


Si ton roman n'est pas trop long, je veux bien y jeter un coup d’œil (vraiment juste un œil, pas une lecture détaillée)
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Yaëlle M.
   
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Yaëlle M.  /  Bile au trésor


Tu as tout fait bien cerner mon problème... :'(

Je n'ai pas ''choisi'' le sujet. J'ai juste écrit comme j'en avais envie (c'était un texte ''détente''). Pour une fois que je ne me prenais pas la tête avec le réalisme et bla bla bla... Faut-il que je me retrouve avec ce genre de souci éthique. Pffft.

C'est gentil ! Je t'envoie un mp Smile
 
Sixte
   
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Sixte  /  Autostoppeur galactique


Coucou,

Pour le coup, comme tu le décris, je pense que ton livre me poserait vraiment problème.
J'ai beaucoup de mal avec la romantisation de cet aspect malsain, toxique. Je milite pas mal contre, même. Alors attention, je ne dis pas que les personnages doivent être manichéens et que tu ne peux pas représenter un personnage du type que tu décris dans ton roman : par contre, l'absence de remise en question, le fait que ça puisse donner l'impression que tu cautionnes le comportement de cet homme (alors que visiblement non, puisque tu dis que tu fuirais), ça coince... C'est pas question de rendre les personnages tout noirs ou tout blancs, mais le fait qu'il n'y ait pas d'ambiguïté je trouve ça gênant.  
Après, les romantisations de relations toxiques, de comportements problématiques, ça ne manque pas en littérature, au cinéma (notamment parce qu'on a longtemps intégré ce genre de comportements, et que c'est pas facile de les déconstruire). Pour moi, c'est un problème, ça me donne envie de tout casser quand je lis ce genre de passages : encore une fois, pas parce que tu n'as pas le droit d'avoir un personnage problématique, ambigu, ou même mauvais. Bon nombre de très bons romans ont des personnages dont la morale est catastrophique même... Mais comme tu le dis, quand on sait, quand c'est clair que c'est pas acceptable, ça change tout.

Et effectivement, t'adressant un public YA, si les problèmes de cette relation sont pas assez clairs, je trouve ça très compliqué et tu as raison de te questionner suite aux remarques de ta lectrice !

Si tu veux en parler plus précisément, c'est avec plaisir qu'on peut en discuter en MP, sans même que je lise ton texte si tu n'en as pas envie, mais si tu veux donner plus d'élements ou de détails, c'est avec plaisir.

Bon courage en tout cas, c'est sain de remettre en question ses écrits, mais c'est pas évident.
 
Yaëlle M.
   
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Yaëlle M.  /  Bile au trésor


Tengaar : c'est ce que j'aime avec l'écriture, pouvoir écrire des histoires différentes de ce à quoi j'aspire dans la vraie vie... Jouer sur les personnalités etc.

Sixte : C'est bien mon problème. Je n'ai pas du tout envie d'être "nocive" avec ce texte, même si ce n'était pas mon intention première. Je suppose que je finirais par modifier pour rendre tout ça "acceptable" (même si j'avoue que ça attriste une partie de moi de devoir conformer les choses et pas juste de pouvoir dire "c'est une histoire"). Je t'envoie un mp.

 
Sixte
   
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Sixte  /  Autostoppeur galactique


Je suis sûre que tu peux modifier des choses pour qu'il n'y ait plus ce risque, sans pour autant dénaturer ton histoire, ou rendre insipide ton personnage, vraiment, si ça peut te rassurer. Je pense même le contraire !
 
vichyssoise
   
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vichyssoise  /  Autostoppeur galactique


Alors personnellement je pense que ça dépend du point de vue du lecteur. Neutral
Je m'explique.

Comme certains l'ont dit au-dessus moi ce genre de fille qui se marie avec un mec pareil j'ai envie de lui donner une grosse baffe mais j'ai envie de te dire: j'ai déjà eu envie de frapper plein d'héroïnes de livres alors tu sais... Laughing Laughing .
Je peux comprendre que la problématique se soulève du fait que c'est un roman qui va s'adresser à des adolescents. Certains des fois veulent imiter des modèles (pas seulement d'Instagram, mais rêve de relations comme dans les films alors pourquoi pas avec des livres?). Je peux du coup tout à fait comprendre l'interrogation de la bêta lectrice.
Néanmoins: After a eu du succès, 50 shades aussi, beaucoup de romance avec des bad guy ont eu aussi leur succès donc...? scratch
C'est un sujet qui peut prêter à débat je trouve...
Personnellement en fait je n'écris pas les relations que je n'aime pas Laughing J'ai du mal car j'éprouve beaucoup d'empathie pour les personnages que je créé et je ne peux tout simplement pas mettre mon héroïne avec ce type de gars.
Conclusion: j'ai beaucoup blablaté et au final j'en dégage pas grand chose à part un: ça dépend du lecteur. Laughing Laughing
 
Azaby
   
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Azaby  /  Tentatrice chauve


A titre personnel, je suis également hérissée par ce genre de cliché. A moins qu'il ne soit clairement dénoncé et/ou déconstruit.

Tous les personnages n'ont pas à être des exemples de moralité, qu'on s'entende. Mais je pense qu'il est important de caillasser un peu cet archétype de la relation dominant/dominé(e, le plus souvent) dans la romance.

Ce qu'est ou n'est pas ton personnage n'est pas la question. Ce qui va importer, c'est la manière dont tu vas brosser ce tableau-là, cette toxicité, cette relation asymétrique...

Tes personnages n'ont pas à être acceptables. En revanche, leurs failles doivent être traitées avec honnêteté et si toi, en tant qu'autrice, tu es lucide sur la réalité de la toxicité... je comprends mal comment tu peux construire un personnage de cette trempe sans poser sur ses travers un regard critique !

L'idée, je pense, est d'éviter de tomber dans la fétichisation de ce genre de relation. Je pense que les auteurs/autrices ont un rôle-clé à jouer dans cette déconstruction de l'idéal du "bad boy". L'idée n'est pas de détruire des archétypes ou de les censurer, mais effectivement il faut prendre de vraies pincettes car en dépeignant des personnages abusifs sans en faire la critique, tu prends le risque que l'abus soit perçu (même par une minorité) comme normal dans une relation. Ce genre de cliché doit être questionné, de sorte à ce que le lecteur ou la lectrice se pose des questions à ce sujet. Oublier ce travail, ça peut à mon sens se révéler dangereux, même si on est qu'à une "petite" échelle.

Et je m'aligne sur l'opinion de Sixte : il est tout à fait sain de se questionner à ce sujet. C'est la preuve que les choses avancent petit à petit !
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Yaëlle M.
   
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Yaëlle M.  /  Bile au trésor


Vichyssoise : Ce genre de personnage bad boy pourrait avoir son succès, il n'y a qu'à voir After. Mais... je ne veux pas écrire un truc comme After justement ! Encore moins après avoir écrit une romance entre un SDF et une étudiante, un truc pour lequel on m'a plus taxée d'être trop bienveillante.....)

Azaby : Bien sûr, que j'ai posé un regard critique sur les failles du personnage ! Razz L'héroïne ne lui estpas soumise, répond à ses provocations, et lui sauve la vie à la fin (on inverse un peu les rôles). Elle se marie avec lui en ayant conscience qu'il s'agit du'n mariage arrangé et qu'elle en aime un autre. Mon problème c'est que je ne suis pas sûre que c'est assez... Le mec reste quand même "le héros" et le personnage avec lequel le lecteur veut qu'elle finisse...
 
Profsamedi
   
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Profsamedi  /  Didon de la farce


Bonsoir Yaëlle.

En tant que “mec” (rire), je n’apprécie pas ce genre de personnage à titre personnel.
En tant que romancier, j’écris de trucs très doux et très softs et d’autres illisibles par la plupart des mortels, car vraiment trop “Hard” même si ce n’est jamais gore.  
Un roman, c’est de la fiction, qu’elle soit dite à la première personne ou pas. Ça n’existe pas ailleurs que sur du papier !

Maintenant ATTENTION !

Si ta cible, c’est JA ou jeunesse, il y a des codes dont on ne peut faire abstraction.
J’aurais tendance, sans connaître ton roman, et au vu ce que qui tu en dis, à être de l’avis de ta BL.
Par contre, si tu changes de cible et que tu t’adresses à des adultes, alors, pour moi, il n’y a aucun inconvénient.
Mais pas pour des JA ou jeunesse.

Maintenant, ça n’est que mon opinion de PapyWriter (rire).

En toute amitié Philippe.
 
Flora
   
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Flora  /  Serial Constance killer


Je trouve que la question est très bonne et je me la suis déjà posée à travers un autre de mes écrits (à mon avis, la solution, ça va être de ne pas le publier, ainsi, je sais qu'il ne tombera pas dans des mains innocentes).

Je comprends complètement le plaisir d'écrire quelque chose qu'on trouverait indésirable dans la réalité. J'ai par exemple écrit beaucoup de personnages très jaloux alors que je ne le suis pas et que j'étais toujours énervée que mes copains le soient. Je comprends aussi que ça soit un peu désagréable de se sentir obligé de lisser un personnage ou de supprimer une scène parce que les lecteurs peuvent mal l'interpréter (alors que pour nous, c'est juste une histoire...).

Sauf que comme beaucoup d'intervenants du topic, j'en ai marre que ce genre de choses passe pour sexy dans la "vraie vie" silent Si c'est juste présenté comme romantique, que ce n'est jamais condamné et que c'est destiné à un public assez jeune, oui, je trouverais ça problématique.

Dans le genre, je n'ai pas pu m'empêcher de faire une remarque un peu salée à un copain qui avait acheté à sa petite fille un vêtement 'Un jour, mon prince viendra et mon père le fracassera' : c'était pour rire, c'était pour de faux... sauf que c'est encore trop ancré dans les mentalités qu'une fille doit d'abord demander la permission à son père pour avoir une relation... et du coup, ça ne me fait pas rire. Je trouve ça craignos que de toutes jeunes filles se retrouvent avec ce genre de message imprimé sur leurs fringues.

Bref, je suis partagé : je comprends totalement que tu aies voulu écrire ça et que tu n'aies pas envie de le lisser... mais effectivement, ça pose une question morale.
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Paige_eligia
   
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Paige_eligia  /  Bile au trésor


Pour être en train de te lire, ça fait partie des sujets que j'ai commenté dès le début dans le doc et ça m'a fait tiquer aussi. Disons que le problème du consentement est problématique.
Spoiler:
Ça peut passer si ton héroïne à un moment passe au-dessus de son "sex appael" et lui envoie tout dans la tronche. Je finis la lecture et je te donnerai un avis plus argumenté Wink
https://paigeeligia.com/
 
Florence_C
   
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Florence_C  /  Sang-Chaud Panza


Je pense que cela ne pose problème que si ça TE pose problème. Parce qu'il faudra assumer ce que le texte véhicule et qui semble à présent t'ennuyer.

Je n'aime pas ce type de romance, ni ce type de personnages, mais certaines lectrices adorent.

A toi de savoir si tu as envie de défendre ton texte auprès d'une ME en l'état. Changer de public cible est une solution... ou prendre un pseudonyme si tu ne souhaites pas que ce texte soit associé aux autres que tu as écrits.
http://fcochet.wix.com/fcochet
 
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Invité  /  Invité


Je pense que faire des personnages que Noir ou que Blanc pour bien distinguer le bien du mal n'est pas une solution.
Je pense aussi que changer ton personnage n'est pas une solution, parce que ça revient à dire que l'on ne peut pas traiter ces sujets-là, ce qui me semble au mieux bête au pire, dangereux.
Je pense que ta solution serait de voir ce que tu peux introduire dans la narration pour que l'on comprenne mieux le côté "emprise".
Mais comme Florence, j'aurais tendance à dire que c'est dérangeant si ça te dérange toi.

Après, ça dépend aussi des lecteurs. Je veux dire... On ne sait jamais ce qu'ils ont vécu. Admettons un auteur, homme ou femme, on s'en fiche, qui traiterait du viol en étant dans tout le contraire de la culture du viol, en faisant un truc complètement OK : ben tu sais pas qui t'as en face. Donc la lectrice qui a été violée ben... elle va peut-être être choquée.
Je prends un autre exemple plus soft pour montrer que ça marche avec tout : sur Twitter je suis Communauté Auteurs. Un internaute a dit qu'une de ses bêta-lectrices lui avait toujours parlé du cheval "et là, personne le nourrit ? et là, il est où ? ils en font quoi ?" etc. alors que le cheval n'était pas considéré par l'auteur comme un personnage et qu'on s'en fiche un peu. D'ailleurs les autres lecteurs n'avaient pas relevé. Sauf que si ça se trouve, cette lectrice-là, elle aime profondément les animaux, fait du cheval, milite pour la cause animale, etc. et du coup ça la choque que personne soit là pour nourrir ou faire boire la bête alors même que les personnages sont en train de se vider de leur sang (et alors qu'il manquait juste une ligne pour dire "on est dans la forêt, il se débrouille").
Donc parfois, tu sais pas qui t'as en face. La plupart du temps, même.

Après, c'est difficile de juger seulement sur la manière dont tu le présentes. Et même si ça reste une fiction (et qu'on prend du recul sur la fiction (au ciné, si un avion te fonce dessus, t'y crois assez pour baisser la tête, pas pour fuir à toutes jambes)) la distanciation est sans doute plus dure quand on est du point de vue d'un seul personnage.

Je ne suis pas pour mettre un avertissement au début d'un livre, je pense que l'œuvre doit se suffire à elle-même. Par contre, tu peux soit jouer sur le fait qu'un personnage, comme ça a été dit, alerte la fille, ou dit au mec qu'il fait de la merde (après, tes personnages font leurs choix en connaissance de cause, le "bien" ne l'emporte pas toujours, y a qu'à voir la merde dans le monde...) ; soit arranger ta narration pour faire ressortir l'emprise de manière à ce qu'il n'y ait pas doute, justement, que le lecteur se dise "mais WHAAAAAT, d'où elle pense ça dans un moment pareil, c'est vraiment chelou" et comprenne qu'il y a un problème (avant même qu'un personnage ne le dise clairement (du coup : "aaaaah c'est pour çaaaaa !")). Et en fin de compte, le lecteur (même jeune) se dira "cette fille est vraiment trop conne" plutôt que "oooooh le prince charmant, je veux une histoire tout pareil".
 

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