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Machin
   
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Machin  /  Rayon de soleil


J’ai toujours été conscient de ma fin inévitable. Je mourrai un jour, tout comme mes proches, et tout comme l’ensemble de l’humanité. Je pensais être en paix avec cette idée, et que mes doutes et interrogations sur la mortalité avaient été résolus avec l’adolescence.
Mais suite à la perte et la quasi-perte de plusieurs êtres chers sur un court laps de temps, me voici complètement désorienté sur la question. Tous les moments que je traverse depuis sont vécus sous le spectre de la disparition certaine ; chaque instant crie son caractère éphèmère, et devient impossible à vivre pleinement. Seule subsiste l’angoisse.
Ma question sera aussi niaise et naïve qu’elle me paraît essentielle : comment vivre quand on sait que tout meurt, y compris soi-même ?
 
houle
   
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houle  /  Tentatrice chauve


coucou Machin
toutes mes condoléances pour lea.s proche.s que tu as perdu.e.s.

je ne suis pas en mesure de répondre à cette question, mais voici quelques idées qui me traversent 

je lisais quelque part un raisonnement autour de la peur irrationnelle de mourir et certains passages m'ont interpellée. cela disait que la peur de mourir est irrationnelle car la mort est définie comme l'état de non-vie, comme une absence totale d'affects. et, théoriquement, il semble inutile de craindre ce que l'on ne peut vivre, ressentir et connaître.

je crains souvent la mort des autres ou la mienne. mais je me souviens qu'à l'échelle de l'humanité, et plus largement de la vie, nous sommes de minuscules poussières, que la mort est, dans une moindre mesure, contraignante comme la vie, puisque cette dernière n'est pas désirée par celle ou celui qui la reçoit.

dans ces moments je me répète tout bêtement qu' "on a qu'une vie" et j'essaie de limiter les activités que je considère vaines dans la mesure du réalisable. mais ça me bouffe de ne pas savoir comment organiser le temps libre.

sinon, imaginer la vie comme un héritage reçu, qui nous procure le devoir de la transmettre à notre tour, ou d'assurer les meilleures conditions possibles à son déploiement aux générations présentes et à celles futures.


ce sont des généralités assez creuses déso
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Luos
   
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Luos  /  Tapage au bout de la nuit


Salut Machin,

Moi, je me pose plutôt la question inverse : Pourquoi ne pas vivre quand on sait que tout meurt, y compris soi-même ?

Mon raisonnement est contraire à ton ressentis. Comme tout meurt au moins une fois dans sa vie Rolling Eyes :mrgreen: , pourquoi je ne vivrai pas à 100% sans me moquer de la mort ? Surtout de la mienne ? Perso, je n'ai aucunement peur de mourir. Bien sûr, je suis attristé quand je pense que mes proches vont disparaitre, mais je ne m'en fais pas outre mesure. Poussière tu étais, poussière tu retourneras ! La planète n'arrêtera pas de tourner parce que mon père est mort, ou moi-même.

Sinon, penser uniquement à la fatalité et en avoir peur, c'est proche d'un début de trouble d'anxiété. Si cette sombre pensée perturbe ton quotidien, je te conseille d'aller consulter, sans vouloir t'offenser.
 
Urkeuse
   
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Urkeuse  /  Tentatrice chauve


Cette conscience de la mort n'est pas seulement négative, ça peut aussi être un point de départ à partir duquel organiser sa vie. Puisqu'on est assuré de mourir, alors se pose la question de ce qu'on va laisser, et l'art me semble être une manifestation de cette quête de transcendance, une part de nous survit dans ce qu'on a crée. Quelque part la perspective de la mort est un puissant moteur. Plus que la peur de la mort, je dirais la peur de l'agonie qui peut s'accompagner de souffrances, mais plus encore, la peur de ne plus vivre, c'est à dire de retourner au néant (pour ceux qui ne sont pas croyants) et ça suppose une destruction totale de son égo. C'est assez sain finalement de se préparer à la mort, au delà de l'angoisse de ne plus exister, réaliser qu'on est qu'une infime partie de l'univers, qui ne fait que passer, maillon d'une immense chaine qui nous dépasse et dont on fait tout de même partie. Bien sûr notre société hyper matérialiste donne beaucoup d'importance à ce qui finalement, n'en a pas, et s'en détacher ne peut qu'être bénéfique pour éviter de vaines souffrances.
 
s.tupido
   
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s.tupido  /  Gloire de son pair


@Machin : mon grand-père est mort en janvier dernier, à cause du covid je n'ai pas pu le voir avant. En fait cela faisait plusieurs années que je ne l'avais pas vu (j'habite à 1000 km) et j'ai raté plusieurs occasions de le voir (parfois c'est moi qui n'ai pas donné l'impulsion, parfois la situation n'a pas permis le voyage).
Mon grand-père était mon modèle idéal pendant mon enfance, et depuis cet hiver je suis comme un gamin à qui on a supprimé son super-héros. Très clairement, le jour où mes parents partiront je ne suis pas sûr de ressentir un aussi grand vide (et je les aime, pas de doute à ce sujet).
Donc il ne me reste qu'un gros vide et l'immense regret de ne pas avoir vu mon grand-père. J'ai longtemps culpabilisé à ce sujet avant de me remettre la tête à l'endroit.

Alors pour revenir à ta question : c'est justement parce que tout est éphémère qu'il faut vivre à fond. Profiter de ce que l'on a, prendre conscience au quotidien de la chance qu'on a. Ca ne nous fait pas vivre plus longtemps, mais ça permet de repousser les idées noires.
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Érème
   
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Érème  /  /quit


Je comprends ce dont tu parles Machin. Je vis aussi en ce moment une période "environnée par la mort" et j'ai longtemps été travaillé par l'angoisse que tu évoques. Je pense aussi avoir relativement réglé la question avec l'adolescence, mais je pense que les choses ne sont jamais si simples et j'ai senti ces derniers jours le vertige dont tu parles.

Dans ces moments d'angoisse et de vanité face à la perspective de la mort (celle de mes proches plus que de la mienne), je relis souvent ce passage de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Dagerman :

« Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l’éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l’éternité ? Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auxquels j’aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ? Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie. Au fond, le temps est un instrument de mesure sans valeur car il n’atteint que les ouvrages avancés de ma vie. »

Quand j'ai lu la première fois ce texte et ce passage précisément, ça m'a bouleversé parce que ça a vraiment modifié mon rapport à la mortalité. J'ai compris qu'en fait la vie n'exigeait de moi aucune performance, que je n'étais pas obligée par elle à remplir un certain nombre de case, que je n'étais pas poursuivi par les aiguilles d'un compte-à-rebours macabre.

Maintenant, j'essaie le plus possible de me détacher de l'exigence de "remplir ma vie" et l'éternité n'est plus le critère qui valide ce que je fais, ce que je produis. Parfois, l'angoisse peut revenir, comme ces derniers jours pour moi, mais alors je ne lutte pas contre elle (j'ai l'impression qu'à un certain degré la lutte contre le sentiment produit ce que je veux éviter), mais j'essaie de me replacer dans la perspective de Dagerman en repensant que la vie "n'est courte que si on la place sur le billot du temps".
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Sklaërenn
   
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Je dirais que pour avoir été entourée par la mort et avoir eu envie de franchir le pas dans mon enfance / adolescence sans vraiment le faire, j'ai compris que je vivais avant tout pour moi. Que la durée de vie qu'on a ne se contrôle pas, mais qu'on contrôle ce que l'on fait de notre vie. À partir de ce moment là, j'ai décider de vivre chaque jour comme le dernier et depuis mon mode de vie est plutôt atypique par rapport a beaucoup de personnes, mais au moins je vis vraiment comparé à avant ou j'étais en pilote automatique à attendre l'heure fatidique sans profiter de ma vie telle qu'elle était. Le fait que ma vie soit courte me donne envie de donner le meilleur de moi-même et de transmettre / partager un maximum de choses avec ma famille. J'essaie de montrer à mon fils à quel point la vie peut-être belle, même si ce n'est pas un long fleuve tranquille ( phrase cliché, mais vrai ). Pas toujours simple, certaines périodes sont moins agréable que d'autres. Mais ça en vaut le coup. Je dirais que j'ai vraiment commencer à vivre quand je suis devenue mère. (cliché là aussi, mais vrai ) Avant, j'étais en apnée. Littéralement et ce malgré la présence de mon homme. Ma vie, qu'elle soit courte ou longue servira à quelqu'un un jour quelque part ( ou pas ) mais j'aurais vécu ma vie du mieux que je peux. C'est bien le meilleur cadeau que je puisse me faire Smile
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Jdoo
   
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Jdoo  /  Maîtrise en tropes


comment vivre quand on sait que tout meurt, y compris soi-même ? => tu ne peux pas en fait, ça va  créer une angoisse, une névrose et un désordre psychotique qui te suivra toute ta vie. Tu vas compenser le mieux que tu peux, si tu te débrouilles bien, tu vas te donner l'illusion de remplir ta vie, alors que tu ne remplis finalement qu'une outre vide qui pourrira dans la tombe sans laisser aucune trace. Des fois tu vas arriver à oublier que la mort est au bout, et tu seras peut-être heureux, mais les angoisses alors reviendront encore plus violemment quand tu te souviendra que tu es mortel.

Voilà, j’espère que j'ai pu un peu t'aider.
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Leah-B
   
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Je te conseille la lecture de Voyage au bout de la nuit Wink
 
Colin LELOUP
   
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N'est-ce pas la fin inéluctable de chaque être, chaque choses qui les rends belles ? Comment pourrions nous à l'inverse apprécié vivre dans un monde ou tout est éternel ? Tout n'a de saveur que parce qu'un jour cela prendra fin. C'est le propre même de la vie. 

Je me permets de dire tout ça parce que moi même je me pose cette question. Je me suis retrouvé comme toi dans une situation ou je me questionnais sur la valeur de ma vie, de la vie et comment la surmonter. 

Et bien que je ne sois pas tout à fait remis, je crois que tu peux te concentrer sur ce qui a été dit plus tôt, n'y penses pas ! 
Plus facile à dire qu'à faire, mais je crois que nous n'avons que ça. 

Mais il ne faut pas oublier les bons côtés !
 
Kid
   
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Kid  /  Un talent FOU


Si la mort est l'inévitable conclusion de tous nos efforts, notre vie est aussi le fruit d'une multitude de hasards et de caprices du destin. Une loterie cosmique dont le prix est de courte durée. Chaque jour est obtenu, acquis comme un cadeau, et il pourrait être le dernier. N'est-ce pas une chance incroyable que de vivre ?
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Plumerose
   
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Plumerose  /  Roberto Bel-Agneau


Ma seule réponse : vivre pour un au-delà de soi, c'est-à-dire des valeurs qu'on porte, un idéal qui nous dépasse... 

Après, je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire. 

D'autres trouvent des réponses dans des croyances (d'un au-delà, ou alors qu'après il n'y a rien "alors il faut en profiter" (déduction courante de ces croyances), etc... )

Si on n'a pas ce type de croyances (un au-delà, surtout... ), c'est compliqué car chaque engagement vis-à-vis d'une personne soulève la question de celui qui disparaîtra en premier. 
Cela peut créer une impossibilité à s'engager, consciente ou pas. 

En fait, on peut aussi bien frôler (voire tomber dans) le nihilisme qu'au contraire, pousser plus que jamais les valeurs fondamentales au plus haut niveau.
 
Jdoo
   
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Jdoo  /  Maîtrise en tropes


De toute façon, dire que la vie est belle et précieuse sous le prétexte douteux qu'elle serait finie et courte, c'est vraiment du bourrage de crane que nous servent les curés. Quelque part, je ne vois pas pourquoi on devrait se résigner à mourir même sur des âges de 120 ou 130 ans. Ce que je veux dire c'est que l'on devrait traiter la mort comme une maladie et que l'on mette le paquet pour reculer son échéance.

C'est pourquoi je vous demande de signer la pétition contre la mort :

https://www.orlan.eu/petition/

tcho !!


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Chimère
   
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Chimère  /  Constamment Fabulous


Mon angoisse de la mort trahit surtout une peur de laisser des choses inachevées. Parce qu'effectivement, une fois morte, eh bien… Je ne serai plus là pour le constater ! (Ouais, j'ai trouvé ça toute seule).
C'est plus une angoisse de ne pas avoir réalisé ce qui me tient vraiment à cœur, de perdre mes proches, ou de leur causer de la peine si je disparais avant eux. Mais d'un autre côté, je me dis que retourner au néant, ça repose enfin les neurones…
Je n'ai pas spécialement peur de la mort (j'ai bossé avec), je tiens juste à ce qu'elle reste loin de moi autant que possible.
Quand je me laisse aller à ce genre de pensées (assez régulièrement, d'ailleurs), c'est souvent que le moment s'y prête, et je trouve complètement naturel de méditer sur des choses qui nous dépassent complètement. Mais si une véritable angoisse se forme, je me raccroche au quotidien, à ce qui m'est familier et agréable, ce que je ne peux pas concevoir comme temporaire (même si ça l'est complètement). L'humain est très fort pour se voiler la face.
Bref, c'est un chemin à faire seul, malgré les grands discours sur le sujet et le point de vue des autres, finalement la conception de la mort, on est seul avec elle.


Dernière édition par Chimère le Mer 2 Fév 2022 - 23:31, édité 1 fois
 
Dragan
   
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Dragan  /  Magicien d'Oz


Je suis conscient que mon intervention est un peu tardive mais je me permets d'ajouter ma petite contribution à ce sujet. Pour avoir été moi aussi confronté à la mort de proches et pour avoir depuis toujours eu ce questionnement sur le pourquoi de la vie, je peux tenter un début de réponse.

Tout d'abord, je conseille à tous le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort de Sogyal Rimpoché.

Quand tu poses la question "comment vivre quand on sait que tout meurt", tu poses la question de l'impermanence qui est le thème principal du Bouddhisme (je ne cherche pas à te convertir mais juste à tenter de saisir quelque peu une philosophie vieille de 2500 ans et qui aide à comprendre certaines choses).
Il est question de deuil. Ta question signifie : "je suis dans un état de grande tristesse, peut-être de dépression" et c'est une occasion de remise en question, de tentative de comprendre ce qui est important dans sa vie et ainsi de suite. Ce sont des questions qu'il ne faut pas éluder mais affronter.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'aucune réponse définitive ne viendra de l'extérieur. Car ce dont tu as besoin, ce n'est pas d'une réponse toute faite mais tu as besoin de travailler sur ton deuil. C'est un processus lent avec ses hauts et se bas par lequel il faut passer.
 

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