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| [Univers] Comment écrire dans le monde réel ? | |
| | | Invité / Invité Mar 27 Oct 2020 - 7:58 | |
| Bonjour ! Je ne sais pas trop si ma question entre dans "Univers" mais comme le monde réel est en quelque sorte notre univers on va dire que oui. J'ai un problème un peu bête mais qui est vraiment difficile à résoudre pour moi parce que je n'écris et n'ai jamais écrit depuis 13 ans que de la fantasy et plus globalement je ne lis quasiment que de la fantasy. Du coup, écrire dans le monde réel c'est un peu compliqué Vous allez me dire mais pourquoi diantre est-ce que tout à coup je veux écrire une histoire qui se déroule en France en 2020 ! La mouche qui m'a piquée est celle d'un rêve où une instit' me montre le dessin d'un gosse qui a écrit : - Citation :
- "Ce n'est pas le ... [oui, j'ai oublié, c'est con hein ? va falloir que je rebouche le trou moi-même] qui fait le boulanger. C'est le violon".
Et j'ai trouvé ça tellement farfelu et absurde que je me suis dit qu'il y avait un truc à faire avec. Un truc en Jeunesse, avec un héros de 12 ans dans un collège. Et c'est là que ça coince. Je n'ai jamais écrit dans un collège, je n'ai jamais écrit dans notre XXIème siècle, d'ailleurs, et donc je ne sais pas comment m'y prendre. Par exemple : est-ce que je suis obligée/est-ce que c'est mieux/plus pertinent/attendu/autre que je choisisse une vraie ville avec un vrai collège ? Ou est-ce que je peux tout inventer ? Ou même ne pas le dire du tout, après tout on s'en fiche de la ville et du collège, tous les collèges se ressemblent : y a des classes, des pions, des profs, et surtout des cohortes d'élèves surexcités. J'imagine que ça dépend de ce que je veux dans mon histoire (genre si je veux faire un petit tour touristique de la ville c'est mieux si c'est une vraie ville)... Ou : pour le violon, est-ce qu'il serait légal en France de dire que dans les statuts de l'entreprise c'est celui qui possède le violon qui hérite de la boulangerie ? ou est-ce que ça ne doit être qu'une question officieuse de tradition familiale ? (là on sent que ça commence à être un peu barré...) Comment on fait pour écrire dans la vraie vie ? Est-ce qu'il y a des trucs auxquels on pense jamais et auxquels c'est mieux de penser avant de commencer à écrire ? En fait, c'est relou de devoir respecter des règles qu'on a pas soi-même inventées... Sortez-moi de là, je vous en supplie ! |
| | Nombre de messages : 7665 Âge : 36 Date d'inscription : 10/04/2008 | Flora / Serial Constance killer Mar 27 Oct 2020 - 8:26 | |
| Je pense que tout se négocie. Sur la localisation géographique, j'écris très souvent en France (un peu par esprit de contradiction, marre que les USA concentrent toutes les histoires un peu intéressantes), mais je ne mentionne que les grosses villes et les régions, jamais l'endroit où vivent précisément mes personnages. Dans Funèbres tendresses, tout se passe en Bretagne mais la seule ville que je cite, c'est Rennes, lorsque mon personnage décide d'aller fouiller les archives de la bibliothèque. Quand un événement se passe au pied de chez lui, je dis que ça se passe "dans [sa] commune" ; ça n'a pas semblé rebuter mon éditrice J'y ai installé un lycée imaginaire et pareil, ça n'a pas posé problème. Les questions légales, c'est autre chose J'avoue que j'aime bien essayer d'être un peu réaliste dans ce genre de cas mais soyons honnêtes, beaucoup de gens ne s'en soucient pas. Ce n'est pas comme si tu écrivais un traité sur la transmission des entreprises ! En tout cas, je te rejoins : écrire dans la vraie vie, c'est méga-pénible, tu te poses un million de questions tout le temps. Genre dans Funèbres tendresses, à un moment, il y a une intrusion dans une maison et les occupants appellent... déjà, ils appellent qui ? La gendarmerie ou la police ? Et les policiers ou gendarmes, une fois sur place, ils font quoi ? Ils entrent ? Si oui, à combien ? Si la maison est vide, ils autorisent les gens à rentrer chez eux ? Ils les interrogent sur place ? Et tout ça pour une scène qui dure une page... |
| | | Invité / Invité Mar 27 Oct 2020 - 8:51 | |
| Merci pour tes indications, ça me défloute un peu la tête, déjà x)
C'est clair que c'est pas un traité sur la transmission des entreprises, mais si le postulat de départ pouvait être un peu véridique ce serait quand même pas mal (c'est mon côté rigide et précise xD). |
| | Nombre de messages : 5643 Âge : 124 Pensée du jour : Déifier des prunes. Date d'inscription : 12/12/2006 | Mokkimy / Maîtrise en tropes Mar 27 Oct 2020 - 13:19 | |
| Tu n'es pas obligée de dire que l'histoire se passe en France. Ton histoire peut avoir un fondement réaliste, mais partir après en fantastique. (c'est le terme élégant et littéraire pour "partir en couilles", tu l'auras remarqué.) Pour les noms de lieux, rien ne t'empêche de les inventer. Genre Trois-chênes, charmante petite commune située à côté de Charleville les pins... Il existe des bons générateurs aléatoires sur internet qui peuvent donner de l'inspiration. Et tu peux placer tes communes fictives à côté de communes qui existent réellement, si tu veux donner un cadre géographique. Maupassant, lui, optait pour les *** pour remplacer les noms de ville, il me semble. Pour la législation, rien ne t'empêche de balancer deux trois références juridiques. (Te renseigner par exemple sur les conventions collectives, les accords d'entreprise et autres) Et puis ensuite, quand tu sens que la réalité commence à poser trop de problèmes, tu contournes les règles. (Si tu lis les romans-polars, tu verras que très souvent, les personnages ont beau être flics ou juges, ils se mouchent royalement le nez avec le code de procédure civile et le code pénal.) En fait, ce qu'il faut retenir, c'est que peu importe les règles que tu fixes pour ton récit (univers fantasy ou univers réaliste) tu dois après t'y conformer pour le reste de l'histoire, pour éviter de créer des incohérences. Ne précise que ce qui parait important/utile pour ton histoire, aussi. Pas besoin de te mettre des bâtons dans les roues toute seule. C'est tout, après tu verras, c'est très amusant les univers réalistes. |
| | | Invité / Invité Mar 27 Oct 2020 - 13:53 | |
| Haha c'est marrant que tu m'en parles parce que je suis en train d'essayer de trancher pour savoir si le violon doit être magique ou non (le moment où ça part en couille, du coup xD).
OK, contourner les règles quand ça m'arrange (c'est le truc marrant que tu peux difficilement faire dans la vraie vie). Ne préciser que les trucs utiles n'est pas très différent de la fantasy donc je devrais m'en sortir à peu près (si on part du principe que je sais écrire de la fantasy...).
C'est sans doute très amusant mais pour l'instant je trouve ça surtout très stressant ! |
| | Nombre de messages : 561 Âge : 34 Date d'inscription : 26/12/2017 | s.tupido / Gloire de son pair Mar 27 Oct 2020 - 15:12 | |
| On s'en fout. Totalement.
Enfin, pas de tes questions, hein. Mais des réponses. Du pourquoi et du comment. Ton collège peut très bien s'appeler "le collège", éventuellement avec une majuscule pour que ce soit plus impressionnant. Mais les enfants, quand ils parlent du collège, ils parlent du leur et ils ne s'embêtent pas à répéter son nom. Et dans un livre le nom de l'établissement n'a aucun intérêt réel, à moins que ça amène quelque chose d'autre dans l'intrigue.
Quant à l'héritage avec un violon... pourquoi pas ? Déjà, tu veux écrire en jeunesse. Loin de moi l'idée de prendre les enfants pour des abrutis, mais ils vont clairement moins pinailler sur ce détail que des adultes. Ensuite sur les questions d'héritage je t'invite à revoir Les trois frères. Si tu as compris comment fonctionne l'héritage, chapeau, parce que moi je suis toujours bloqué à cette histoire d'usufruit, et ça ne m'empêche pas de me pisser dessus à chaque fois que je vois le film.
Et plus largement sur les questions de réalisme dans un univers bien réel, je t'invite à lire la saga Malaussène de Pennac. Il y a peut-être 3 pages plausibles sur l'ensemble des romans, et pourtant personne ne se pose la moindre question à ce sujet. Ca part en vrille dès les premières pages, mais ça marche quand même car Pennac arrive à emmener le lecteur où il veut.
Donc on revient au grand principe de base : tu fais ce que tu veux, l'essentiel étant "d'embrigader" ton lecteur de façon à ce que les choses paraissent cohérentes dans ton histoire. |
| | | Invité / Invité Mar 27 Oct 2020 - 16:10 | |
| C'est marrant parce que la plupart du temps c'est ce que je réponds (ou pas loin) quand j'interviens sur les sujets x) C'est un juste retour des choses !
Mais c'est une réponse qui m'arrange bien !
Merci à tous pour votre aide, d'ailleurs, je crois pas que je l'ai encore dit ! Chaque réponse m'enlève une épine du pied ! |
| | Nombre de messages : 7665 Âge : 36 Date d'inscription : 10/04/2008 | Flora / Serial Constance killer Mar 27 Oct 2020 - 16:20 | |
| Cette discussion me plaît beaucoup parce que je me mets beaucoup de barrières mentales sur une série pseudo-policière avec des vampires, faute de sources pour écrire les procédures policières de manière précise et réaliste Vous allez finir par me déculpabiliser assez pour que je me lance. |
| | | Invité / Invité Mar 27 Oct 2020 - 19:19 | |
| Oh oui, lance-toi ! |
| | Nombre de messages : 10 Âge : 36 Date d'inscription : 24/10/2020 | Nerolis / Homme invisible Mar 27 Oct 2020 - 20:20 | |
| Selon moi, tu vises un public jeunesse, donc tu peux créer les lois qui régissent les héritages. Et d'ailleurs, en raison de leur complexité, c'est peut-être même mieux pour tes lecteurs. Le plus important est que la règle soit posée et qu'elle apporte quelque chose au récit. A mon sens, pour les romans jeunesse, si les lois sont abordées, les valeurs auxquelles les lois renvoient sont plus importantes que de concorder avec le droit privé. |
| | Nombre de messages : 5643 Âge : 124 Pensée du jour : Déifier des prunes. Date d'inscription : 12/12/2006 | Mokkimy / Maîtrise en tropes Mar 27 Oct 2020 - 21:08 | |
| - Flora a écrit:
- Cette discussion me plaît beaucoup parce que je me mets beaucoup de barrières mentales sur une série pseudo-policière avec des vampires, faute de sources pour écrire les procédures policières de manière précise et réaliste Vous allez finir par me déculpabiliser assez pour que je me lance.
T'as qu'à écrire tout ça et te trouver après un béta-lecteur qui soit du milieu. Au besoin, ça pourra t'aider à discerner le flagrant nawak du nawak acceptable. |
| | Nombre de messages : 2858 Âge : 40 Localisation : Antichambre de Louis XIV Pensée du jour : CI-GÎT TENGAAR QUI SUCCOMBA À UNE SURDOSE DE FANFICTION Elle ne l'a pas volé, on l'avait prévenue, déjà que la fantasy c'est pas de la littérature, alors la FF, bon... enfin, c'est triste quand même Date d'inscription : 21/04/2017 | Tengaar / (de Dunkerque) Jeu 29 Oct 2020 - 16:31 | |
| A mon avis, cela dépend aussi du style d'écriture : si tu commences à avoir un style très détaillé (donc réaliste), on te pardonnera moins facilement que si ton style est plus lyrique. De même, si ton sujet c'est la vie de Kevin perdu face à Pôle Emploi et fiché à la banque de France, on s'attend à plus de précisions que l'histoire de Kevin qui va rencontrer Emma sur une plage et vivre une romance passionnée d'été. Pareil que les autres, ne pas citer la commune ne me choque pas et pour l'histoire du violon, pars sur une tradition familiale plutôt que sur un aspect légal, ça te mettra moins les bâtons dans les roues. Tu peux faire une phrase lapidaire du type "comme il était de coutume dans la famille, les autres héritiers cédèrent leur part de la boulangerie au détenteur du violon" et hop. (Bon cette phrase est moche par contre). EDIT : ah oui et c'est un bouquin pour ado donc osef du légal en fait |
| | Nombre de messages : 68 Âge : 29 Date d'inscription : 11/10/2020 | Suram / Clochard céleste Jeu 29 Oct 2020 - 17:26 | |
| - Enirtourenef a écrit:
- Bonjour !
[...]
Comment on fait pour écrire dans la vraie vie ? Pour moi la réponse est simple : par expérience. Les grands auteurs du réalismes tels Balzac ou Zola par exemple décrivaient un monde qu'ils connaissaient. Ils écrivaient sur leurs époques, sur les quartiers de Paris qu'ils avaient arpentés.... Je pense que la meilleure solution est d'écrire sur ce que tu connais, une époque que tu connais : sur ta propre expérience. Sinon, si tu souhaites traiter d'une réalité que tu ne connais pas, tu peux le faire à travers le regard d'autres auteurs qui ont écrit dessus mais celà risque d'être fade et de ne pas coller à la réalité à moins d'effectuer un travail minutieux d'historien. Je pense comme Céline que pour écrire, il faut mettre sa peau sur la table. Il faut vivre avant de transmettre. C'est ma vision des choses. En espérant t'avoir aidé. |
| | | Invité / Invité Jeu 29 Oct 2020 - 19:50 | |
| Merci à vous deux ! Ça m'aide ! |
| | Nombre de messages : 190 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : La vanité est une sorte d'échasses sur lesquelles montent les médiocres pour s'élever à la hauteur de ceux qui ont une grandeur réelle. Date d'inscription : 02/11/2016 | Javert / Tycho l'homoncule Jeu 5 Nov 2020 - 9:54 | |
| Bonjour ici,
Je me permets d'intervenir sur ton fil, Enirtourenef, car j'ai, depuis quelques temps, le même problème que toi.
Moi qui n'écrivais que du médiéval fantastique, je me suis lancé dans une histoire que se passe de nos jours et en France. J'ai pris en pleine poire, ce souci de réalisme et de véracité et me suis retrouvé confronté à des problèmes qui ne pouvaient pas arriver dans un univers médiéval fantastique. Ma crainte était de me dire que le lecteur serait plus exigeant et plus critique concernant une réalité qu'il connaît...
Alors, ça vaut ce que ça vaut et je ne suis pas toi, mais moi j'ai choisi de faire un mix entre le réel et l'inventé. Par exemple : Tu peux encrer ta ville dans une région existante mais avec un nom bidon qui sonne local. En France, dans certaines régions, les noms de patelins ont des consonances similaires. En Alsace, par exemple, beaucoup de villages ont des noms finissant par "heim" : Molsheim, Schiltigheim etc... En Seine et Marne ils sont souvent terminés en "Y" : Lésigny, Crécy, Rumilly, Coulommiers... Ah zut... En Auvergne c'est "at" : Gerzat, Cébazat, Blanzat... Donc pourquoi pas avoir un patelin imaginaire nommé: Pronzat à 50 km de Clermont- Ferrand et hop, c'est faux mais ça sonne vrai.
Après, pour ce qui est du côté légal, tu peux empaqueter une ineptie dans un fatras de jargon juridique afin de lui donner un côté solennel et authentique : " En vertu de l'article 2738 alinéa B du code de procédure notarial concernant l'usufruit et la transmission de biens dans le cadre d'une succession, en se référant à l'arrêté rendu par la cour de cassation en date du 16 juillet 1957 concernant l'attribution du château de la Pattemolle au dernier possesseur du bahut breton conçu par le fondateur de la lignée et qui a fait jurisprudence, rien ne s'oppose à ce que la boulangerie familiale soit transmise à la personne détenant le violon susnommé."
Bon, là j'ai grossi le trait exprès, mais je suppose que tu mettras ça à ta sauce. Et puis, si tu écris pour la jeunesse, tu peux être moins précise.
Moi ce qui m'avait posé le plus de problèmes était de tenir compte de la technologie. Quand un barbare des steppes furieux, dévaste une taverne à coup de hache double, il y a peu de chance qu'un des convives décroche son smartphone pour appeler la milice ou poste une vidéo sur "Hocus Pocus", le réseau social des nécromants associés...
Après, si tu veux un minimum de réalisme, il suffit d'être logique. Il y a peu de chance qu'on trouve un collège de 600 élèves dans un patelin de 1500 habitants... Dans une petite bourgade, tu trouveras plus facilement des gendarmes ou à la rigueur des policiers municipaux qu'un commissariat de police nationale.
Pour le reste, sers toi de ce que tu connais, après tout, tu vis, toi aussi en France en 2020, cet univers t'es donc familier, il te suffit d'adapter... |
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