Je voulais partager et échanger un peu avec vous, concernant la lecture de poésie sur le forum. (D’avance, désolé pour le ton lyrico-gnangnan, je n’avais pas l’énergie et la concentration nécessaire pour faire structuré, alors j’ai choisi de me laisser aller.)
Ça fait maintenait deux mois que j’ai découvert JE. J’ai pris des habitudes, me suis égaré ici ou là, posté quelques poèmes. Je suis revenu sur mes pas et j’ai passé beaucoup trop de temps sur la CB... J’ai l’impression de n’avoir fait qu’effleurer la surface du contenu poétique du forum. Et qui grandit, et qui grandit... Sans parler des conséquences qu’il a sur ma pratique de l’écriture, mon rapport à la poésie en général. Ça fait beaucoup, et je voudrais tant que ça soit plus. Beaucoup plus. Et c’est bien plus. Une vie parmi d’autres. Parmi vous. Et c’est bien ainsi.
Chaque lecture a le pouvoir de remettre en perspective tout ça. Chaque lecture peut faire basculer l’heure, l’instant. Demain, je vous lirais encore et tout sera différent. Et tout sera, à nouveau. Grace à nous. Chaque poème, quel qu’il soit, est comme le fragment d’un poème plus grand, plus vaste, dont le forum serait, à l’échelle de nos existences, une expansion, un chapitre.
LA poésie.
(Chaque poème lu modifie le suivant et tous les précédents. Chaque poème contient tous les autres en puissance. Chaque poème découpe sa propre forme dans le bloc immense du langage. Chaque poème est la traversée d’un territoire qui traverse quelque chose d'insaisi en nous.)
Alors je me demandais la façon concrète d’appréhender cette somme, cette multitude grouillante, qui nous relie à l’infinie poème du vivant.
Et vous ? Concrètement. C’est un mystère. Si vous pouviez raconter :
Sur le forum. Est-ce que vous picorez des poèmes, un à un, deux à deux, trois par trois ? Est-ce que vous parcourez tout un recueil, d’un seul trait ? Il vous arrive d’explorer le passé, et peut-être de vous y rencontrer à nouveau, sous ce pseudo ou un autre ? Est-ce qu’il vous arrive de boudez ? Votre plaisir ? Par ambition ? Culpabilisez-vous de lire trop peu, d’aimer trop ci, pas assez ça ? Vous prenez des notes ? Il vous arrive d’oublier, et de relire ? Il vous arrive de confier la lecture à quelqu'un d'autre ? Avez-vous une organisation, un plan de bataille ? Partez-vous à la conquête, cherchez-vous à vous perdre ? Comment vous faites ?
Comment vous faites ? C’est la question. Pour aborder cet océan.
Le forum décompte nos passages mais ne dit pas où nous trouver. Flânant sur le rivage, voguant en haute mer, canotant le long des côtes... Et quel est notre phare ? Il y a tant de phares. Et la nuit n’en est pas moins belle, et profonde.
Tout cela, ce n’est que le rythme, mais j’ignore encore les mots que vous mettez dessus. Merci, pour vos étincelles et vos lumières. Ça je sais.
Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010
Pasiphae/ Truquage geniphasien Lun 19 Oct 2020 - 16:30
Très émue par ce topic. Comme c'est bellement dit, pensé, écrit. J'essaierai de répondre un peu plus tard !
Nombre de messages : 79 Âge : 32 Localisation : Île-de-France Date d'inscription : 04/05/2019
Madame Eléphant/ Pippin le Bref Mar 20 Oct 2020 - 20:55
Bonjour,
Pour ma part, je picore, sans prendre de notes. Parfois, je lis à voix haute, parfois, je fais lire, mais pas seulement la poésie.
Invité/ Invité Mar 20 Oct 2020 - 20:57
Zut j'ai zappé ce topic ! Je prendrais le temps d'y répondre longuement car les questions sont très chouette !
Nombre de messages : 4 Âge : 59 Date d'inscription : 27/10/2020
Apolline65/ Début de partie Ven 6 Nov 2020 - 9:28
Le défi est très élevé ! je m'y mettrais peut-être plus tard !
Invité/ Invité Sam 7 Nov 2020 - 19:57
J'avais zappé de répondre alors que c'est le meilleur topic de l'agora !
Est-ce que vous picorez des poèmes, un à un, deux à deux, trois par trois ? Est-ce que vous parcourez tout un recueil, d’un seul trait ? Cela dépend, la plupart du temps je lis les nouveaux poèmes d'un topic. Si c'est un topic ancien ça dépend vraiment de la nature des poèmes.
Il vous arrive d’explorer le passé, et peut-être de vous y rencontrer à nouveau, sous ce pseudo ou un autre ? J'ai pas mal remanié mes anciens textes, mais en général j'évite de m'y confronter.
Est-ce qu’il vous arrive de boudez ? Votre plaisir ? Par ambition ? Oui, je ne nierai pas que j'ai eu des périodes d'envie quand je voyais des textes exprimer des choses que je trouvais très justes quand moi je bloquais complètement.
Culpabilisez-vous de lire trop peu, d’aimer trop ci, pas assez ça ? J'ai culpabilisé de lire trop peu, maintenant j'ai un peu mieux accepté ça. Je me dis, tant pis ! Notre énergie n'est pas illimitée. Cette acceptation m'aide à mieux cibler mes lectures, et à moins me dire "Tel auteur.rice est très appréciée sur le forum ! je devrais avoir lu une de ses œuvres !" ou "Ce livre est un classique de ce mouvement de penser et tu ne l'as pas lu". Je lis les livres qui me font vraiment envie.
Vous prenez des notes ? En règle général, non, pas pour les romans ou les poèmes. Sauf s'il y a une citation que je trouve absolument wonderful.
Il vous arrive d’oublier, et de relire ? Tout le temps. Never trust your memory. Pour ça qu'en réalité, prendre des notes c'est bien et que j'aimerais dire oui à la question précédente. Maintenant je fais des petits retours de lectures sur le topic "Livre présent", ça permet d'engager avec ce qu'on lit, et de moins lire passivement. Ça fait bien deux mois que je ne l'ai pas fait parce que je n'ai pas fini d’œuvres depuis haha. Je me suis dit qu'il fallait vraiment le faire, même si le retour est court et simple. C'est déjà écrire, c'est déjà poser des mots sur un ressenti ou une réflexion, et c'est déjà communiquer, échanger, avec la littérature.
Il vous arrive de confier la lecture à quelqu'un d'autre ?
Avez-vous une organisation, un plan de bataille ? Partez-vous à la conquête, cherchez-vous à vous perdre ? Si je suis honnête, j'admettrai que bien souvent je suis très passive : je vais voir les nouveaux poèmes et je les lis. Mais il m'arrive parfois de me mettre en quête de certains poèmes, ou des poèmes de certaines personnes, de me mettre en quête de certains phares, d'aller vers des ports connus, pour recharger et retourner vers de nouveaux ports, inconnus ceux-là.
Comment vous faites ? Bonne question.
Comment vous faites ? C’est la question. Pour aborder cet océan.
Seb a écrit:
Le forum décompte nos passages mais ne dit pas où nous trouver. Flânant sur le rivage, voguant en haute mer, canotant le long des côtes... Et quel est notre phare ? Il y a tant de phares. Et la nuit n’en est pas moins belle, et profonde.
Tout cela, ce n’est que le rythme, mais j’ignore encore les mots que vous mettez dessus. Merci, pour vos étincelles et vos lumières. Ça je sais.[/justify]
Nombre de messages : 3776 Âge : 26 Date d'inscription : 15/11/2015
Noxer/ Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Ven 27 Nov 2020 - 16:00
J'adore ce sujet. Ce que tu décris résonne beaucoup en moi, d'autant plus que ce sont des choses qu'on partage beaucoup et qu'on a beaucoup partagé, entre poéètesses, dont on a beaucoup parlé (pas souvent sur le forum en lui-même, mais plutôt IRL, comme si notre expérience du forum ne pouvait pas être racontée dans son lieu même). Il y a néanmoins quelques trucs qui ont été dit sur d'anciens topics comme celui-là http://jeunesecrivains.superforum.fr/t49736-be-au-fond-hein-pourquoi et dans une certaine mesure celui-là http://jeunesecrivains.superforum.fr/t53310-la-critique-en-poesie , même si c'est assez brouillon puisque les gens ont effectivement décrit leur expérience, mais en rapport à un autre sujet de départ. Nos expériences, étant éparses, s'énoncent également de manière éparse. Et cela me semble normal. C'est un flux mouvant qui ne peut pas vraiment se fixer quelque part.
Citation :
(Chaque poème lu modifie le suivant et tous les précédents. Chaque poème contient tous les autres en puissance. Chaque poème découpe sa propre forme dans le bloc immense du langage. Chaque poème est la traversée d’un territoire qui traverse quelque chose d'insaisi en nous.)
Ce passage en particulier me parle beaucoup. C'est quelque chose que j'avais d'ailleurs beaucoup discuté avec Pasiphae, dans le cadre de sa thèse (ou avec art.hrite, Jardin également) : cette idée que nos lectures font écho les une aux autres ; qu'un poème de Pasiphae posté à la suite d'un poème d'Aomphalos semble l'éclairer d'une lumière distante, et pourtant intérieure. Nos manières de lire sont aussi influencées par l'espace dans lequel on lit. Nous avons une section poésie où nous sommes toustes présentes, comme un livre immense que nous partageons, et dont les pages s'ajoutent au fur et à mesure. Nous n'entrons pas dans le livre de chacun.e - nous sommes toustes le livre. Lire les poèmes postés alors qu'on était absent.es, les uns à la suite des autres, c'est former une durée de lecture où les poéètesses se mélangent. Cette durée est uniforme, car c'est une durée. Il n'y a pas de séparation d'expérience, si ce n'est qu'un flux qui évolue à la lecture des différentes voix. Il est d'ailleurs étrange de relire d'anciens poèmes ; dépossédés de la mémoire de cette durée vécue, lae poéètesse apparaît dans sa singularité. La nature éphémère et instantanée de nos relations n'a pas de corps pour en installer l'oubli ; les paroles s'en vont, les écrits restent, ou plutôt :
Acanthe a écrit:
[...] tout passe et s'oublie sauf le fait d'exister c'est-à-dire savoir que l'on tente sans cesse de se souvenir - et porter le souvenir de ces tentatives.
Je pense que ce rapport au souvenir - à son échec - est quelque chose qui est présent, même de manière évanescente, dans nos poésies. Et je crois que c'est à la fois ce qui fait nos relations des relations fortes émotionnellement, mais aussi ce qui fait d'autre part sa douleur. Il y a cette limite qu'on atteint, comme si la terre était un poème et qu'elle était plate. Cette impossibilité se retourne souvent contre nous-mêmes : la solitude qu'on y rencontre, qui n'est pas forcément l'absence des autres, mais la présence de soi. La présence de soi, dans le forum, c'est nos poésies, ce qu'on donne à voir et à lire. Il y a la tentation d'un suicide à se voir présent ainsi, sous cette forme, de ne jamais arriver à toucher nos corps. C'est quelque chose que beaucoup de JE ont partagé.
Spoiler:
givre Ce moment finit toujours par venir Je n'en peux plus de cette farce D'écrire D'être poète De regarder ces poèmes sur ma page Et d'y voir un nom
Le plus pauvre des réels
Celui que je désire par dessus tout Puisqu'il ne contient que moi
et moi est le monde.
Ce moment finit toujours par venir Ce qui console ne peut que donner envie de vomir. Car il n'y a rien à consoler Il n'y a rien à sauver Ou pardonner Mais tout à tuer Tout à sauver de ce monstre qui veut exister qui veut vous faire pleurer qui vous plante le couteau dans le cœur et la chair qui fait saigner la terre et les fleuves qui fait régner la nuit pour instaurer son rêve.
Il devrait être interdit d'écrire Car il devrait être interdit de mentir. Surtout aux personnes qu'on aime. Il devrait être interdit d'écrire tout particulièrement sur un forum Car il n'y a que là nos amis. Les personnes les plus chères et tendres que l'on connaisse dans cette vie.
Je vous demande pardon. Pardon à toutes les personnes à l'intérieur de ces corps Derrière ces écrans Derrière cette toile Derrière l'image. Pas aux poètes Pas à ces noms Ni à ces fleurs que l'on se laisse pour s'aimer. Car parfois je les déteste Et vous, je vous aime d'un amour infini. Je vous serre tous les soirs fort contre mon âme Et je tremble, et respire tranquille Toute la vie Car je suis maintenant endormi.
Toutes les nuits d'insomnie sont les mots que l'on a voulu vainement écrire. Tous les adieux sont notre sincérité que l'on tente de retrouver.
Ne m'en veuillez pas Alors Une dernière fois je vous écrit pour vous le dire Je vous aime et c'est la ma seule vérité Ma seule chose à dire et à répéter.
Adieu et à tout de suite Ce soir Au dîner Mes tendres amis.
Adieux
Aujourd’hui, je n’ai plus rien plus rien à raconter, ou bien alors si peu – un reste de confession et des mouchoirs rouges qui s’entassent depuis ces derniers jours. La fatigue de mon corps et sa chaleur mes paumes, lavées plusieurs fois au savon, la tache de sang sur la manche qui ne veut pas partir le monde qui pèse sous mes yeux et qui dort sans moi moi qui porte son repos. Je ne suis pas grand-chose d’autre aujourd’hui, je n’ai plus rien, plus rien à raconter. Qu’importe ce fantôme que je suis parmi mes proches qu’importe cette présence que je suis parmi mes amis qu’importe cette chose vivante qui respire seule la nuit qu’importe ce que je suis ici dans le poème car vraiment, même ici, je ne suis pas grand-chose. Peut-être pourrais-je encore attendre ces choses de la vie que j’aime et qui me rendent heureuse peut-être pourrais-je raconter encore ce qui éclaire mes jours monotones passés à ne rien faire, toute seule à peine capable de finir un livre ou d’accomplir quelque chose que les gens font quand ils vivent. Je ne suis pas grand-chose dans ma liberté regardez-moi bien je ne suis pas grand-chose. Ce que je suis aujourd’hui est un corps faible avec les doigts qui pèsent sur le clavier ce que je suis ici est un autre corps de mots tout aussi faible et fragile. Que faire de cette force que peuvent avoir mes mots lorsque jamais ils ne pourront m’atteindre moi. Je voulais montrer que l’on pouvait se sortir de la tristesse des poèmes à cet ami qui me disait que rien ne nous en sauvera je voulais lui dire que ce n’est pas grave et lui montrer ce qu’il y a à sauver dans le monde et dans le poème ce qu’il y a à sauver de nous-mêmes. Je ne sais ce qu’il reste de moi et si je parviendrai un jour à relier entre eux les débris de ce que je suis. Ce que je sais aujourd’hui c’est que je n’ai plus rien plus rien à vous dire et que ce que je suis comme ce que je fus ici n’est vraiment, vraiment pas grand-chose à côté de l’amour que je vous porte. Ce que vous saurez en me lisant c’est que mon absence n’est pas importante puisque je suis là bien en vous dans votre tête silencieuse et que je vous aime et que je vous aime dans chacun de ces poèmes.
*
La poésie n’apprend rien, et connaître ses échecs ne nous rend pas plus sages. On ne s’en relève pas puisqu’elle refuse de nous faire tomber tout à fait. J’ai écrit bien des joies et bien des tristesses sans vouloir vraiment m’en débarrasser, au contraire. La souffrance que nous exhibons vient de cette exhibition désespérée de vouloir reconnaître dans le regard de l’autre notre douleur puisqu’elle demeure toujours au dehors du corps. La désillusion est pourtant d’atteindre l’autre tout en creusant la distance. Nos amitiés se taisent. On se raccroche à un silence comme on se raccroche aux absences comme les échos des présences. On aimerait se regarder dans les yeux mais on ne sait souvent pas quoi faire de notre amour. On cache nos visages pour moins souffrir de se savoir aveugle. Et rien ne change. Nos incertitudes ne nous confortent pas. Rien ne sert d’y mettre un terme. Sans doute croyons-nous que la fin des choses les achève. Sans doute pensons nous au fond de nous-même qu’elle réalise l’inverse et laisse en suspens ce qu’on ne veut pas quitter. Nos poèmes donnent malgré tout l’espoir qu’un suicide est possible. On s’y prépare. Nous écrivons pour simuler notre propre deuil, et chaque poème est une cérémonie. Nous n’y sommes pas seuls. A la grande table nous rompons le pain de nos souffrances. Nous savons et nous nous pardonnons. Le dernier repas ne semble jamais se finir. Lentement nos corps se consument. Lentement. On sourira sûrement à la fin, sans pleurer, puisque nos départs auront duré toute une vie.
Mais cette tristesse n'empêche pas le sentiment de fraternité, de sororité, d'héritage commun dont on a la certitude de faire partie. Nous avançons ensemble, nous portons une réflexion collective, nous nous répondons. Pas seulement sur le forum ; nous nous rencontrons, nous partageons des intérêts communs, nous faisons l'amour. Nous savons que l'autre existe. On vient discuter sur la Chatbox, comme pour ajouter une instantanéité concrète à la disparition de nos échanges. Pourtant l'autre est toujours là, à notre portée. On se tient à distance ; on se blesse de s'aimer.
Spoiler:
Pasiphae 10/09/18, les courses de rentrée
Avec rodé, c'étaient les courses de rentrée. Bien sûr rodé je l'ai rencontrée sur Senscritique et probablement je ne la connaitrais pas sans le forum. Tout comme Sardanapale ne connaitrait pas Loup Colette qui ne connaitrait pas Lo.mel qui ne connaitrait pas Orties qui ne connaitrait pas Pattrice qui ne connaitrait pas Noxer qui ne connaitrait pas Pangolin qui ne connaitrait pas Kid qui ne connaitrait pas Mâra qui ne connaitrait pas Mahendra Singh Dhoni qui ne connaitrait pas Aomphalos qui ne connaitrait pas Juliette n'avait pas peur qui ne connaitrait pas Roman russe qui ne connaitrait pas Ferreol qui ne connaitrait pas Jean le Baptiste qui ne connaitrait pas Deus ex machina qui ne connaitrait pas Holopherne qui ne connaitrait pas plouf qui ne connaitrait pas Moïra qui ne connaitrait pas art.hrite qui ne connaitrait pas dartyXXXI qui ne connaitrait pas Constantine qui ne connaitrait pas Céphalée1.
*
Et bien sûr, cette gradation de valeur ne doit pas occulter la valeur littéraire propre du poème de vers libres remédiatisable dans une revue, car ce poème, posé sur les tréteaux devant l'église, bénéficie de toute l'agitation de la foule qui l'entoure en permanence : cris d'admiration, bagout du poète, lectures publiques, blagues et mèmes, sans lesquels peut-être le petit poème serait tout appauvri dans sa revue, entouré par des poèmes (franchement mauvais) dont il ne connaît rien et ne veut rien connaître.
*
Pour se positionner dans le champ littéraire de son époque et de son ère géographique, tout·e auteur·ice parcourt l'archive littéraire ; réactive une mémoire des textes ; trace un parcours original, vu par nul·le autre avant ellui ; redistribue les valeurs, réarrange le canon ; définit sa propre trajectoire dans l'intertexte1.
[...]
Bien sûr, tout ça est d'une banalité confondante. Les femmes ne savent pas faire usage du collectif, disaient-ils. Les poétesses des forums le savent, elles qui ont l'expérience des paratopies, des communautés invisibles, des TAZ poétiques. Elles relaient leurs poèmes ; elles se répondent. "Mes amants" / la douceur / ami·es. Les poétesses des forums inventent un positionnement sororal.
Notre rencontre est malgré tout entière. On se rencontre dans la poésie même, on s'interpelle, on se reconnaît. On fait parfois preuve de pudeur, sur FINAMOR. On a peur de se dévoiler entier dans notre amour. On se sait parmi les autres, même dans le poème : on le fait savoir, comme pour éviter d'être coupable de sa solitude ; de ne pas l'avoir affrontée.
Spoiler:
Je n'ai jamais
Je n'ai jamais été seule en tant que poétesse - il est vrai, je n'ai jamais été seule. J'ai toujours joué, comme une enfant avec les figures de ceux et celles que j'aime. Alice, tu es là en moi, je joue avec la force tranquille de tes images. Esther, j'étends les espaces de ta douleur. J'ai appris avec toi, Marie-Anais, le pied sûr, le rythme de la marche intérieure, le repos à l'horizon brumeux d'un lac artificiel. Juliette, je n'ai plus peur. Julien, je t'aime. Quand je doute de ce que j'écris, je vois Rémi qui me dit qu'il faut s'amuser avec l'écriture ; quand j'explore mes souvenirs, Damien est là et fait résonner l'écho de nos âmes. Manon, je regarde le trèfle avec ton regard, oh, hé, hého Mathis, j'ai le cœur léger la musique des mots ; Camille, c'est ta présence qui console ma pudeur, Tibo, c'est grâce à toi que j'écris pour vous. Le lierre qui est en moi pousse sous les soins de Marie, la poche où je range mes secrets fut cousue par Charlotte, Charlotte, es-tu le ciel ou la rivière assise à ton bord, la plénitude paraît une douceur qui vient du plus profond de soi. J'aime parfois écrire avec Louis et profiter de l'instant de mon geste ; j'ai, avec Romain, la plus étroite relation quand j'écris, et que ma pensée déroule son existence et fait le don de soi. Oh non, je ne suis pas seule quand j'écris. Je ne l'ai jamais été. Je préside l'assemblée comme si c'était mon anniversaire. Non, je ne suis pas seule, chaque poème est une fête aux allures de l'univers. Non, je ne suis pas seule, pourtant... Une solitude habite mes poèmes comme les chambres habitent des absences - j'ai de toi, Tedy peut-être, cette solitude, cette absence, et je ne sais pas si je suis seule de n'être pas toi ou si tu es seul de n'être pas moi. Vois, comme cela n'a pas d'importance je sais que nous savons tous deux que nos poèmes se rencontrent d'une solitude entière ; vois, comme cela suffit pour s'aimer. Mes ami.e.s sont tes ami.e.s nous nous retrouvons ici comme pour une grande fête, oui, comme pour une grande fête. Oh hé ! hého Mathis ! Mets la musique plus fort ! C'est l'heure de danser ! Oh hé ! Tedy, hého ! On arrive ! La poésie sera belle, et jaillira de ton cœur.
Quand je lis des poètes
Quand je lis des poètes et des poétesses je ne suis pas une femme mais une éponge qui absorbe toutes leurs passions comme les gens qui s'aiment reproduisent les gestes de l'autre pour pouvoir aimer de l'intérieur. Je les porte en moi quand j'écris je les porte en moi quand j'aime je les porte en moi quand je suis triste je les porte en moi quand je souris - et je n'arrive pas à me distinguer d'eux autrement que par l'écho que ma bouche produit en lisant leurs poèmes. Quand j'ai en moi cette même sensation éprouvée cent ans plus tôt par ce jeune homme aux cheveux blonds par cette femme aux yeux noirs par ce mystère au visage grand comme le monde j'ai envie d'écrire à mon tour recueillie sur ma propre feuille comme un poème d'amour à ces hommes à ces femmes dont je porte le deuil. Et s'ils vivent encore à côté de moi, je leur offre mes mots car je n'ai rien d'autre à offrir que le silence de mon amour et de mon amitié.
Les poètes que je lis
Les poètes que je lis souffrent presque tous de ce mal qui est celui d’aimer. Les pages de leur recueil sont gorgées de sanglots enfouis ; on dirait parfois qu’ils ont renoncé aux larmes, par pudeur ou dégoût. Parfois leur amour éblouit un soleil et alors je me dis que l’amour m’est sympathique et je rayonne de lire. Les poètes que je lis croient sûrement qu’écrire c’est se consoler d’être tristes ; et c’est pour cela que beaucoup des poèmes que l’on aime sont tristes - qu’ils me consolent ces poèmes, quand je vois qu’un autre est triste, et que moi je le console silencieusement. La poésie est sans doute pour cela une affaire de consolation ; et j’imagine parfois les poètes qui se succèdent par siècles se consoler tour à tour, et je me plais à me penser au bout de la chaîne à la fois comme une mère embrassant les pleurs de ses fils – et comme une enfant se réfugiant dans les bras de ses pères. Les poètes que je lis sont souvent amoureux et ils sont souvent tristes ; et moi je suis amoureuse de les lire amoureux ; et je suis triste de les lire tristes. Mais quand j’écris je ne sais pas vraiment si je suis amoureuse ou si je suis triste ; quand j’écris je ne suis que moi.
*
Alice, je te dois un poème, mais il fait noir et le paysage est bleu – ciel noir d’encre avec phrases enroulées et mes bras embrassées autour de la fenêtre sont deux îles ou deux vallées sauvages.
Alice, je te dois un poème, mais je n’ai rien à voir et alors, peut-être, rien à te donner : je compte les veines de mon bras, mille au moins et entre mes deux mains coule un ruisseau où pousse des azalées.
Alice, que tu n’aimes pas ma poésie, ce n’est rien car, comme cela, je te dois, comme aux autres, des poèmes qui te plairont.
Si le jour se lève maintenant, j’aurais pour mes yeux deux routes blondes traversées de voitures, fantômes fusant à vive allure (sais-tu comment elles vont ?).
Alice, t’imaginant, je dois dire, que je n’imagine pas ton pays sage, ton pays prudent : peut-être est-il courant le flanc d’une colline peut-être est-il riant les bruines de la forêt échevelé et turbulent.
*
Toutes poésies, tous textes, tous fragments, toutes listes ne parvient qu’à cela : je ne sais pas aimer. Ou, si je sais aimer, ce n’est pas à la manière de l’amour, mais d’une autre manière qui ne porte aucun nom. Aime-t-on jamais à la manière de l’amour ? Comment nommer le sentiment qui vient de vouloir embrasser non seulement les lèvres, mais aussi la surface, mais aussi le décor depuis lequel les lèvres se détachent ? Il me semble qu’un certain état du monde peut nous rendre amoureux de tout et de n’importe qui. Bien sûr, c’est être romantique que d’aimer ainsi, mais peut-on aimer en détachant la chair et son idée ? Peut-être est-ce ce scandale que je refuse et qui me rend incapable d’amour ? J’aime pourtant souvent et je veux souvent être aimé, mais que peut-on faire d’un désir toujours irréalisé ?
En vérité, le fantasme m’épuise et la poésie n’est, je crois, qu’une tricherie pour celui qui veut aimer. Parfois, après avoir vu une amoureuse qui l’ignore, une passante, ou je-ne-sais-quoi, j’écris un poème et je le donne aux autres sans rien dire. Quel détestable abandon que cette manière de vendre son sentiment à une encre qui n’a même pas été imprimée ! Le papier même manque et l’on ne caresse rien en me lisant que des 0 et des 1 transformés en couleurs et en lettres.
Est-ce cela l’amour, cette sorte d’air dont on ne retire rien qu’une vague douleur distendue ? C’est que l’esthétisme des sentiments est l’une des pires maladies de celui qui veut écrire. On peut tourner des heures autour de son angoisse, de sa colère, de sa langueur et y voir mille petites splendeurs : comme l’on retournerait le sable, marée basse, pour désensabler les pierres. Une mémoire est perdue alors, et avec elle la conscience que cette colère, cette angoisse, cette langueur on ne les possédait pas. Les poètes se rendent indument propriétaires de peines qui ne leur appartiennent plus. Il dépossède le monde d’un amour qu’ils ont volé(s). Car l’amour, comme tous les sentiments, nous ne l’avons qu’en prêt.
*
je suis jaloux de jean le baptiste: vendredi et lundi il a posté sur le forum deux textes que j’aurais pu écrire si j’avais eu son style. jean le baptiste écrit comme il faudrait que je le fasse, avec désinvolture et profondeur mélangée et quand je l’ai vu chez marie-anaïs il était pareil, même si je ne lui ai pas beaucoup parlé ça se voyait qu’il était intelligent et qu’il écrivait bien, aussi je veux l’imiter. pour imiter jean le baptiste il faut ne pas mettre de majuscule, je ne sais pas trop pourquoi, je crois que ça montre qu’elles ne sont pas importantes ou quelque chose comme ça et puis il faut ne pas mettre d’espace après ses deux points, comme je le fais ici: ici. il y a un style jean le baptiste que je veux copier, avec des points virgules illogiques, des phrases qui ont l’air d’avoir à peine été portées, des phrases ni crachées ni gardées en bouche, mais juste dans l’entre-deux. il parle aussi de gens qu’il connait dans ses textes, c’est pour ça que j’ai écrit « marie-anaïs » tout à l’heure au lieu d’écrire «quelqu’un», même si c’est un peu impudique ça donne quelque chose de jean le baptiste dans mon texte. quand je le lis j’ai l’impression qu’il voit, qu’il croise beaucoup de monde et je suis jaloux aussi de ça peut-être parce qu’en fait moi je ne croise personne, enfin, je croise des gens, oui, mais peut-être pas des gens sur qui je pourrais écrire, ou alors rarement… en plus les gens qu’il nomme ont des noms de romans sartriens, c’est des valentines, des louises, des louis, etc. moi je n’en connais pas des gens comme ça ou alors ils sont vraiment loin. je m’appelle romain c’est d’une banalité… bref ma jalousie envers lui n’est vraiment pas ironique ni rien, elle est sincère et au premier degré: la littérature devrait avoir l’exacte légèreté de certains de ses textes (je sais je l’imite mal: il n’aurait pas dit ça). il me semble que j’écris au hasard et c’est tout. des gens sont comme ça quand ils écrivent ils donnent l’impression que c’est très hasardeux alors que c’est très pensé, moi je pense que quand j’écris c’est l’inverse. je suis jaloux des hasards de jean le baptiste. moi aussi j’actualise les pages pour attendre ses chefs d’œuvres…
Tous les poèmes que j'ai oubliés sont pourtant là. Il y en a le maigre souvenir dans ceux qui sont là. Et la promesse de ceux à venir
Nombre de messages : 3776 Âge : 26 Date d'inscription : 15/11/2015
Noxer/ Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Ven 27 Nov 2020 - 23:35
Concours poésie 71:
Poème 6 :
Finamor, bon, je ne sais pas trop quoi te dire. Toi tu ne me dis jamais rien, je cherche dans tes pages une voix qui n’apparait jamais, juste un silence. Ça ne m’intéresse pas trop de lire les messages écrits pour d’autres. Peut être que si je ne lis rien pour moi c’est que je ne t’écris pas personnellement ? Bon. Je ne cherche pas vraiment de la tendresse, la tendresse me fait peur. Je cherche peut être un peu d’attention, ou de la persistance dans l’attention - c’est bien facile de s’émerveiller d’une personne une soirée d’ivresse, c’en est une autre de fabriquer avec elle un monde. Je suis prise ces temps-ci dans ce qu’un philosophe a appelé le souvenir et l’attente, le souvenir et l’attente, dans cette conscience je commence à me dire, qu’il sera probablement possible d’aimer à nouveau, sans savoir trop ce que cela veut dire. Cela veut dire un effort, presque d’anthropologue, de décaler son regard afin de rendre possible l’existence d’un autre amour, d’une autre façon. Les prétendants passent sous ma fenêtre, rue d’Italie. Malgré tout mes efforts il n’y a pour l’instant rien à faire ; ils restent vague vision en deux dimensions, rien de transcendant. A ce jour, l’état d’amour est une chose bien périphérique dans cette vie que je mène et pourtant inscrite dans chaque cellule de mon corps, par le souvenir, et par l’attente. Peut être que toi, Finamor, tu pourrais m’apprendre à sortir de la boucle philosophique de l’amour malheureux ? J’attend ton message.
Concours poésie 70:
Poème 4 :
Poème 11 : https://combustion.art.blog/
Concours poésie 69:
Poème 3 :
à FINAMOR
*
qu’est-ce qu’un visage un peu terne recueilli dans la nuit ? ton visage fait pour les nuits perdues ton visage qu’on croit effleurer seulement parce qu’il confond ceux que l’on a aimés
*
j’ai connu des amours que je n’espérais pas
des — voix innommées, des chutes infimes, pour sûr mais les choses infimes sont celles qui vous font le cœur le plus grand
*
au fond FINAMOR nous avons beaucoup en commun la pudeur du geste une quantité excessive de peaux où s’arrêtent tous les jours et en chaque lieu le souffle d’un être qui file, et son rire…
Poème 6 :
Ce que j'ai perdu
Ce que j'ai perdu tient entier Dans la paume ouverte d'un matin. Parfois je le regarde dans l'espoir qu'il Se passe quelque chose dans l'intimité De nos silences. Ce qui nous appartient À tous les deux possède le mutisme De ce qui a trop été habité par le corps Et le regard. Draps défaits, chambre bleue, Livres morts, fenêtre-lumière, tout se passe De commentaires, et chaque jour semble s'ajouter Au poids incommensurable de leurs existences. Ce que j'ai perdu est plus grand que moi Ce sont des petites choses, des petites Pensées dans le jour immense. Ce que j'ai perdu ne se retrouve pas Dans un tiroir, caché parmi nos trésors, Nos après-midi, sur le chaud d'un parquet Ce que j'ai perdu est toujours là Comme posé sur une chaise où S'amoncellent, par dessus, les vêtements usés Comme posé sur un bureau qu'on ne range Plus, et qui installe dans le passé Toute sa mémoire de bois. Ce que j'ai perdu n'est pas un ami, ni Un amant, ni même un inconnu. C'est un Jour où j'existe, comme amie, comme amante Comme une inconnue. Dans cette chambre Où je fus tant et tant de choses, ce que j'ai Perdu étend lentement ses heures, ses matins, Comme une larme coule en silence sur une joue Rouge. Ce que j'ai perdu ne se pardonne pas Ni par le deuil ni par l'oubli. C'est quelque chose qui bat tout près de mon corps C'est quelque chose qui bat si loin de mon coeur C'est quelque chose qui crépite parfois C'est quelque chose qui vit dans les visages De ces gens que je ne connais pas. Mais ce que j'ai perdu... tout ce que J'ai perdu... cela n'est pas triste, car... Tout ce que j'ai perdu vous appartient Dans le souvenir de mes cheveux noirs. Ce que j'ai perdu, vous me l'offrez à chaque instant Dans votre immense Respiration. Ce que j'ai perdu, je le retrouve en vous lisant Chaque jour. C'est une petite chose, C'est un petit instant, c'est un petit regard Dans le désert en moi de ce que j'ai perdu. C'est une petite chose, un petit regard Qui tient entier dans la paume ouverte De mon amour, et de mon amitié.
Poème 8 :
« Il vide la cave, le grenier, l’appartement, l’escalier, le hall, la loge du concierge, les boites aux lettres couleur crème alignées dans l’entrée et arrache l’interphone. Les ampoules, la moquette, le lambris, les sonnettes tombent d’elles-mêmes. Les habitant regroupés sur le sol de terre du rez-de-chaussée le regardent enlever consciencieusement une à une les briques des murs. « Que peut-on faire contre celui-là ? » pensent-ils. Que pourraient-ils faire, oui ? A peine ont-ils imaginés quelque chose que les lieux sont vidés d’eux-mêmes et l’immeuble n’est plus qu’une coquille vide, une boite de béton où ils n’habitent que par habitude. Dehors, dans la cour, leur confort est ramassé en un seul tas où canapés, lits, chaises, tables, éviers, animaux de compagnie s’entremêlent. « Que peut-on faire contre lui ? » pensent-t-ils. Il s’attaque bientôt aux fenêtres qu’il détache et qu’il jette du haut vers le bas pour qu’elles se trouvent brisées. Et elles se brisent. Elles cassent dans la cour une à une et avec elles leurs volets. Elles font des épines sur lesquelles les autres craignent de marcher et les voilà pleins de gestes interrompus qu’ils ramènent à eux par frayeur. Abri, comble, fenil, galetas, grange, hangar, mansarde et débarras. Vidé, comme ça : poisson préparé pour cuisson, lieu fantôme, espace mort. » *
Poème 8 : Sans titre, Enée, 8,68.
pour l’exercice formel : ce n’est pas un échec complet, mais l’usage répété des énumérations et la volonté criante de « faire poème » pose problème – 5ème – LBB
Cette éviscération immobilière m’a parfois fait penser au désespérant des Exilés de Bernardo Soñova. On sent la pierre coulante, nœud lapilleux, rocaille avortée dans son cœur, roche arrachée que l’on retrouve en grumeaux (pâte consistante, trop consistante) dans nos mains dépliées et que l’on transforme en une nostalgie atrabilaire. J’ai trouvé la poussière et je m’y suis baigné. ‘ITT
C’est pas mal; ça ne mange pas de pain (comme les canards), mais c’est pas mal.
J’aime beaucoup « Que peut-on faire contre celui-là ? » parce que les gens se disent souvent ça quand ils me voient arriver quelque part (parce que je suis assez beau et que je leur fais involontairement de l’ombre). (Nauxerre)
Cliché et sans rythme. Soyez fier : tous ici vous aimeront. Perruche.
Mer mer mer algue mer lichen mer crêpes mer mer mer algue mer île mer mer Brest mer lichen. (Aomphalos)
Des fautes…
Poème 11 :
Je trouve, sur mon écran, une image.
Les années passent, sont passées.
J'efface puis recommence l'écriture.
On me lit, on décrit ce que j'écris.
Ce processus est long, lent, mûr.
Noxer, Aquae, ont des lierres noués
Par-delà leur corps. C'est un chien-dent
Tenace, Ferreol où va le vent.
Juliette chante et tisse la toile, de
Fins réseaux, invisibles mais serrés.
Un crabe court dans un texte d'Auf.
De petits objets lumineux font le
Miel d'Aomphalos, sa prose.
Moïra chantonne, plouf est grand.
On regarde le visage de pehache
Ou celui de rodé. Que deviennent
Les poèmes d'Acanthe ? Il y a bien des
Bruyères dans les miettes de Pasiphae.
Trôme confond sa parole avec la fin'
Amor d'un temps ancien, et profond.
On renâcle, pieds nus sur les Orties,
Une plaie salée, cmllrz par-devant.
dartyXXXI, royale, nous fait l'aumône
D'un poème. Shahzhou Lila, souverain,
De dix millions, de cent milliards.
Long fleuve de Jezebeth, fleurs du Bossu.
J'ai longtemps lu la poésie de Constantine,
Je n'oublie pas celle de Roman russe. Ni
Celles de Lo.mel et de Joyeux. Casey
Revient, Qui est là. Gethsémani, grande
Cathédrale, soutient la voûte ; on pense
À This. mirasoleou voyage. Holopherne
A les outils en main, et cisèle une œuvre.
Jean le Baptiste boobaragonise. Tout cela
mène art.hrite à l'extinction. Le Trader,
Un Pèlerin en cape bleue. Sous une robe,
Courvoisier lutine, taquine. Mahendra trie
Les objets de la table basse ; Silence écrit.
Le vin de Keanu, pour une chaleur d''IT.
Il y a la grâce de Mayday et Liam Daläa.
La terre moite des Sardanapale, le balancé
Du Cosmorimeur. Insane., depuis longtemps,
Alimente la pierre à feu. Mélancolie d'une Diva
Ju, caillots d'Eros. Mélodie célestine!
À tous mes Pangolin, je le dis :
L'Hirondelle ne fait pas le printemps.
Anticoncours numéro 3
Spoiler:
Poème avec une première strophe nulle
(la première strophe est pourrie)
J'ai acheté le 20 mars 2017 4 carnets tenant tous dans la poche intérieure d'une veste et deux stylos en aluminium. Les stylos coûtaient chacun 10,60 € ce que j'ignorais. Aucun code barre ne permettait de connaître le prix des stylos en aluminium. La caissière est descendue chercher un stylo en aluminium avec son code barre. En remontan la caissière a perdu le code barre du stylo. La perte du code-barre a agacé la caissière. La caissière a fini par remonter un stylo et son code-barre. L'écran décomptant les articles et leur prix indiquait le prix cumulé des deux stylos. Les deux stylos valaient 21,20e Le ticket de caisse final disait quelque chose comme 40 euros. J'ai payé 40 euros par carte bleue pour 4 carnets et deux stylos en aluminium Les deux stylos en aluminium formaient la moitié des 40e payés par carte bleue . Je ne sais pas s'il faut transcrire les notes de mon carnet sitôt après les avoir écrites Pierre-Adrien Marciset possédait des dizaines de carnets tous noircis d'une écriture plutôt belle Pierre-Adrien Marciset achetait uniquement des carnets Moleskine Aucun carnet dans ses a priori ne pouvait (ne devait?) être autre chose qu'un Moleskine La graphie de Pierre-Adrien Marciset faisait de lui un clerc tout à fait valable Pierre-Adrien Marciset aurait pu être secrétaire en 1900 Pierre-Adrien Marciset ne peut pas être écrivain en 2017 Pierre-Adrien Marciset publie des romans en 2017 Publier des romans ne fait pas de Pierre-Adrien Marciset un auteur Nous avons acheté le roman de Pierre-Adrien Marciset Pierre-Adrien Marciset ne se doutait pas que parmi ses chiffres de vente se glissaient des ricanements Les personnages de Pierre-Adrien Marciset ricanent en permanence Léo a relevé le ricanement permanent des personnages de Pierre-Adrien Marciset Léo est un très bon exégète Léo peut commenter tous les textes Pierre-Adrien Marciset a envoyé son roman à des critiques internet Le terme critique numérique semble avoir les faveurs des esthètes Les critiques internet ont détesté le roman de Pierre-Adrien Marciset Pierre-Adrien Marciset pensait construire un roman à clefs composé de salles très obscures Le sous-texte du roman de Pierre-Adrien Marciset était lisible par tous Le roman de Pierre-Adrien Marciset est illisible La clé des romans de Pierre-Adrien Marciset est une clef universelle Dans le roman de Pierre-Adrien Marciset on trouve ce genre de phrases ""Avant de partir, ouvre le frigo qui est fermé, elle va t'aider, les ténèbres ne peuvent qu'échouer contre elle !"" Cette phrase est publiée sur babelio probablement par Pierre-Adrien Marciset Pierre-Adrien Marciset tire fierté de cette phrase "Avant de partir, ouvre le frigo qui est fermé, elle va t'aider, les ténèbres ne peuvent qu'échouer contre elle !" Cette phrase étant publiée sur babelio probablement par Pierre-Adrien Marciset Pierre-Adrien Marciset tenait un blog Le blog de Pierre-Adrien Marciset s'appelait le Panthéon Inversé Le roman de Pierre-Adrien Marciset s'inscrit dans la continuité du Panthéon Inversé Camille Acristem écrivait les articles du blog Camille Acristem était l'avatar numérique de Pierre-Adrien Marciset Pierre-Adrien Marciset a une chaine youtube Pierre-Adrien Marciset doit se constituer des identités virtuelles Pierre-Adrien Marciset n'existe pas Pierre-Adrien Marciset essaie d'exister Pierre-Adrien Marciset a tenté de se ਖੁਦਕੁਸ਼ੀ 3 fois Pierre-Adrien Marciset a redoublé 4 fois sa L1 Pierre-Adrien Marciset fera 5 fois quelque chose Pierre-Adrien Marciset a beaucoup de mal à être
Si je transcris immédiatement les notes de mon carnet sur l'ordinateur je n'établis pas de séparation entre les deux actions Transcrit immédiatement le carnet et le blog deviennent une simple différence de support Je ne sais trop quoi penser de la transcription immédiate de mes carnets Mon écriture non-lisible risque d'aboutir à l'impossible relecture et à la non-transcription future Une contrainte supplémentaire pèse sur la problématique de la transcription Mes carnets sont transrits le jour-même Mausolée écrit une sorte de carnet de ses pensées dans la section Miscellanées Ses notes sont très bêtes Rémi arth.rite complimente les notes très bêtes de Mausolée Les brèves de Mausolée ressemblent aux pensées de tout le monde au moment de s'endormir Les pensées d'avant le sommeil semblent brillantes à tout le monde J'ai déjà enregistré ces sortes de pensées juste avant de m'endormir Ces sortes de pensées étaient bêtes comme les notes de Mausolée Mausolée enregistre peut-être les pensées précédant de quelques secondes son sommeil Il n'y a pas de barrière entre les enregistrements nocturnes de Mausolée et la transcription de ceux-là dans la section Miscellanées du forum Rémi aime les bribes de Mausolée j'aimerais comprendre comment il fait Rémi éthuin a travaillé sur Ricoeur Rémi éthuin a un point commun avec Emmanuel Macron Rémi éthuin ne sera pas président de la République Il ne le souhaite pas La poésie de Rémi éthuin commence à bouger La poésie de Rémi éthuin a mis des années à bouger Rémi arth.rite vivait dans le confort de la poésie La poésie n'est pas un geste politique Ce qui n'est pas un geste politique ne vaut rien La poésie de Rémi éthuin n'est pas un geste politique
Léo-Paul a produit un choc très violent en commentant ma tentative de textualisme-objectivisme Le commentaire très violent de Léo-Paul a été effacé par Léo-Paul Léo-Paul a supprimé son commentaire très violent Ce commentaire ne m'a pas blessé J'ai lu ce commentaire avant sa suppression Ce commentaire à cause du choc produit m'a détourné radicalement Ce commentaire m'a aidé à comprendre Il disait que mon refus du je laissait pourtant voir un je surabondant ce poème en témoigne J'ai réécrit un de mes poèmes en tenant compte de cette remarque Il y avait trente-deux Je sans compter les déclinaisons du je (la forme réflexive et la forme possessive du Je) Il y avait trente-deux Je dans un poème de 402 mots Il y avait presque 10% de Je dans un poème de 402 mots J'ai réécrit le poème en tenant compte de la remarque de Léo-Paul je l'ai réécrit afin de rendre compte du commentaire très violent de Léo Le commentaire de Léo ne m'a pas blessé Le commentaire de Léo a entraîné la réécriture d'un poème Le poème réécrit est celui-ci
Les commentaires de Léo m'aident beaucoup à écrire Je n'arriverai peut-être jamais à écrire plus que ça
L'effacement pronominal de certains poèmes objectivistes m'apparaît comme un artifice la disparition de la première personne du singulier dans certains poèmes objectivistes n'est pas le retrait du Je qui demeure présent mais caché L'élision est un retrait stylistique et grammatical Le lecteur ajoute mentalement le membre retranché L'effacement pronominal de certains poèmes objectivistes est un artifice visant à établir une pseudo-objectivité sans supprimer l'auteur l'énonciateur et le locuteur Je peut être objet du poème tout en assumant ses perceptions l'objectivisme est la mise en forme du réel malgré les percepts Je est un objet du poème objectiviste et doit par conséquent être traité comme tel
Ce poème est la traduction immédiate de mes notes Ce poème ajoute beaucoup à mes notes Ce poème n'ajoute à mes notes que la partie élidée Mes notes forment un plan rédigé ici dans toute son extension
Il y a 23 "je" dans ce poème 24 désormais
ce qui est écrit ici me rend fier fat et satisfait ëtre fier fat et satisfait me fait me détester la lucidité sur son état de médiocrité ne change rien à son état de médiocrité la lucidité équivaut au plaider-coupable Le plaider coupable limite la peine La peine consécutive au plaider coupable est moins grave Le plaider-coupable ne commue pas la peine en innocence Marie-Anaïs, Léo, Louis me sont indispensables sans quoi comprendre limiter interroger sans quoi éviter la caricature et la satisfaction béate seraient impossible Sans interroger questionner échouer il est impossible de sortir de la médiocrité satisfaite Mausolée, Rémi et Pierre-Adrien Marciset ne connaissent pas Marie-Anaïs, Léo et Louis Mausolée, Rémi et Pierre-Adrien Marciset ne peuvent pas échapper à la médiocrité Mausolée, Rémi et Pierre-Adrien Marciset ne connaissent pas Marie-Anais, Léo et Louis pour écrire ce paragraphe tout a été fait afin d'éviter l'emploi de la première personne du singulier
*
Mahendra Singh Dhoni a écrit:
Léo vient de m'écrire sur facebook :
le problème de la France c'est le nominalisme
rendant presque nul ce poème
ou au contraire
pensée
sauvegardée à elle celle justifiant
tout ceci
Je crains la disparition des poèmes de Léo
alors je les recueille
dans un fichier .pages sur
mon disque
dur
La disparition de ces poèmes
recomposés à partir
de bribes déjà existantes
rebouleversés d'éléments neufs ou rénovés
simplement
terrifie ce
que je suis
Léo sauvegarde à peine la poésie qu'il écrit
comme traitant d'une chose sans importance
aussi une façon,
peut-être, si je dois deviner son intention
de dire que la poésie ne sera pas toute sa vie
les années le rongeant lui comme elle
métaphorisant le passage des ans
je le dis sans savoir
nous ne parlons jamais de sa poésie
ou bien avec beaucoup de gêne
comme une chose sans importance
qui compte beaucoup trop
pour moi peut-être plus
qui crains l'érosion
Rémi ou Marie-Anaïs
recueillent aussi les pages déchirées
qui ne sont pas vraiment des pages
mais des pixels agencés selon le code informatique
qui les traite
puis les éparpille
soumis au clic ennuyé
de Léo.
je ne peux imaginer les clics de Léo
autrement qu'ennuyés, prêtant un intérêt
limité à cet enchaînement poignet-doigt-clic
malgré les conséquences
définitives de ce mouvement
mécanique
Aragon jetant dans le feu la défense de l'infini
le faisait avec une rage lyrique
celle qu'on a si éconduit
à vingt ans
cendres
Dans les poèmes de la Puerta del Sol,
publiés je crois, à titre posthume
del Sol sonne
comme une autre façon de dire
Léo
Aragon relate l'épisode
dans des vers terribles et beaux
vibrants comme une orgue
je crois
et pour être sûr qu'ils vibrent comme une orgue
j'écoute
:
occata et Fugue en Ré Mineur BWV 565
Bach en même temps que je lis les poèmes de la Puerta del Sol et que
j'écris ce poème sur la dissolution des poèmes d'un autre que moi
les vers d'Aragon auxquels
je fais précisément
références sont ceux-ci :
Alors j'ai déchiré quatre années de ma vie
De mes tremblantes mains De mes doigts noués durs
d'autres importeraient peut-être au lecteur exhaustif ; moins aux autres :
reste:
A genoux traînant mes jambes les pieds nus
Ferme la fenêtre il souffle une brise coupante Les feuilles
Vont s'envoler
Assis par terre et les jambes traînant à droite
A gauche un visage perdu Lisse au moins semblait-il
De toute pensée
ici les vers importent à nouveau :
Quatre ans les feuilles de quatre ans rameutées
Pour le feu projeté les flammes tout à l'heure
Nous savons que Nancy Cunard tira du feu de nombreux feuillets, entreprise permettant désormais la publication quasi-annuelle d'une édition augmentée de la défense de l'Infini réjouissant sûrement les actionnaires de Gallimard et les lecteurs fortunés d'Aragon.
Spoiler:
c'est chose rare de voir s'entendre la culture et la spéculation ; nous ne pouvons que nous féliciter de cette amitié née de cendres aragoniennes
ces deux groupes peuvent très bien n'en constituer qu'un seul.
Ainsi la poésie de Léo meurt dans ce même feu plus mou comme il le dit parfois dont il faut les tirer du feu lui et elle
J'ai très peur de ne pas me souvenir
des choses de ma vie
je serai vieux un jour
ou déjà
passé depuis longtemps
de mode
on dira que je suis jeune
encore
malgré tout
cet effacement
actualise
le trou de mémoire
à venir
la calvitie qui gagnera
un jour
et le souvenir et le front
les poèmes de Léo sont touchants
ils changent de forme au fur et à mesure
des versions comme soumis à
une pression jamais la même
déformant le poème ;
sans le dire il combine de vieilles choses les siennes
à d'autres neuves
les siennes
ce qui est une forme comme une autre de modernité ;
Spoiler:
peut-être la plus moderne
mêlant aux formes du passé
des techniques récentes et
sa vie particulière
qui par nature et nécessité
se vit hic et nunc
Spoiler:
le
je
se glisse
insidieux dans toutes les coupes
le graal n'y buvez pas
Je crois qu'Aragon ment
ou exagère ce qui est
l'une de ses caractéristiques
lorsqu'il rapporte cet événement
survenu dans une chambre d'Espagne
Et qu'au feu ne brula qu'un quasi
rien
Peut-être en va-t-il de même
de la poésie de Léo
intacte quelque part
Il n'y a pas de rossignol chez Léo
ni d'arbres secoués par la brise du soir
Léo parle souvent du cliché qui dans sa bouche
sonne curieusement il "salive" le mot qui nous
parvient ainsi humecté
Spoiler:
de la même façon il prononce
con de la plus adorable façon qui nous fait sourire Marine et moi
plus surprenant le motif de l'appartement revient plus
souvent itération que je n'interpréterai pas
que celui de la chambre et la solitude comblée d'un coup
p a r l ' a m o u r
Spoiler:
ce qui est un peu cliché quoi que très vrai et il ne faut pas craindre la vérité même quand elle passa par tant d'autres avant soi.
la vérité même
C'est une poésie d'errance ponctuée de lieux
pas différente en ceci d'une grande quantité de poésie
et d'individus, rarement nommés, eux
symboles bien davantage ; réels pourtant
au dehors du poème / dans le poème fonction du poème
ce qui se retrouve dans une poésie moins nombreuse
quoi qu'encore très conséquente.
Mais l'idée générale d'un poème n'est jamais à la fin
que la combinaison de mots formant des phrases ou des vers
arrangée sur une feuille ou une page web ce qui revient à peu près au même
on ne pourra donc reprocher à léo d'utiliser comme tout le monde
le support permettant l'écriture ni par extension
d'adopter les thèmes généraux de l'écriture poétique
Spoiler:
ces dernières phrases
je les écris
après une interruption
-le ventre-
dans la rédaction de ce quasi-poème
j'ai donc perdu la tension
qui chez moi produit toujours le sens
je suis incapable de dire de la
poésie de léo autre chose
que de vagues généralités
qui pourtant en moi sont
constituées plus fines
et singulières
particules
Cette poésie bouge très lentement
celle de Léo je veux dire
et le lecteur peut la comparer à la brise du soir dans les branches d'un arbre
ces rapprochements
trop insupportablement lyriques
mais insuffisamment dénoncés
restent permis
je choisirai plutôt
l'aube sans bruit
où j'ai déjà marché
ainsi que vous tous
ce qui est encore un lyrisme
mais celui-ci d'un être véritable
et sa vie réelle
Mais la poésie de Léo s'éteint sous l'action de ce même Léo et
doit être recueillie par moi
et tous ceux que cette action inquiète
peut-être que le ton dramatique du texte excède largement mon sentiment
ou bien non
j'ai la sincère terreur
des choses mortes
qui tombent trop brutales
dans le définitif
silence
comme la nuit finissante
la soirée consumée sans que rien
à la fin de cette fin ne bougea
sinon soi
toujours le même
pourtant
plus fatigué sinon
je ne décris pas ici l'une des nombreuses possibilités de moi abstraction inutile c'est sur Léo sujet de sa poésie que je discoure et le regret je pourrai dire la mélancolie de sa poésie régulièrement énoncés par lui et signifiés en les choses finissantes par moi rapportés dans une langue approximativement la sienne
La poésie de Léo n'est pas à proprement parler lyrique
Comme déjà indiqué, elle combine
des manières modernes
et une prosodie ancienne
lorsqu'elle est en vers, probablement influencée par la lecture
acharnée et subie des poètes renaissants et
du v
e
r
s
LIBRE
Sa prose a le rythme d'un vers régulier "Léa a les cheveux bruns, mais cela importe peu"
"Quand je pense à la vie de Léa, je vois le petit appartement, à Brest(,) qu'elle habite seule"
Spoiler:
où revient le motif de l'appartement
la poésie de Léo spatialise (ou géolocalise) souvent
les événements qu'il relate
ce forme un arrière-plan
sur lequel les sensations
s'impriment et se succèdent
(on trouve une
forme de narrativité
très souterraine
la lenteur n'est pas
l'absence de mouvement)
mais Léo
décolle sa poésie de tous les supports
et sa négligence en toutes choses
la fait mourir partout
Lorsque j'étais plus jeune il m'est arrivé souvent de perdre un de mes textes à cause de ce que l'ordinateur
PLANTAIT
ou pire que maman insupportée par le bruit
du ventilateur l'éteigne brutalement
dans ma mémoire ils sont les plus beaux ils ont le charme des disparus intacts
et
absents
peut-être Léo pense-t-il ainsi
faisant tout disparaître tout
et
nous réduisons à rien
son entreprise de beauté
par notre manie conservatrice
qui est aussi preuve d'amour
L'un des fichiers de mon ordinateur porte le prénom complet de Léo par lequel personne ne l'appelle ou peut-être seulement l'administration et sa directrice de mémoire qui est une administration incarnée ou sa mère si elle fâchée contre lui ce qui encore est une forme administrative et ce prénom sonne comme il faut pour dire sa poésie
Spoiler:
je pense ici à Pound créant du sens par l'association de deux groupes grammaticaux qui n'en possédaient pas chacun une moitié lorsqu'on les prenait séparément ainsi il en va de Léo-Paul