Poète je n’ai pas le sérieux requis pour écrire des histoires, mais je crois aux vertus des approches comparatistes. Je vous donne donc mon point de vue, ça peut être intéressant.
Pour déployer un scénario il y a la méthode qui a fait ses preuves de se mettre à la place de ses personnages en les confrontant aux situations. Souvent en parallèle on prépare des « passages obligés », des scènes prévues à l’avance, voire déjà écrites. C’est ce que décris Tengaar dans la première réponse. Parfois une scène est à l’origine d’un roman. Elles peut fonder un personnage. Ce sont d’ailleurs souvent des scènes comportant une intensité, ou une dimension poétique. Pour autant l’auteur peut aussi être surpris de la réaction d’un personnage lors d’une péripétie « Tiens je n’imaginais pas tel perso faire ça, mais c’est logique venant de lui. »
Certains déplient leur univers à partir de concepts et les personnages prennent corps dans cet univers. Ils y occupent une fonction. C’est ce qu’on retrouve dans
La Horde de Contrevent.
Dans le roman à thèse les personnages représentent une position argumentaire et le récit est là pour confronter ces positions face à des situations données. On retrouve ça dans le
Spieltrieb de Juli Zeh.
Cela dépend aussi de la posture de l’auteur et du narrateur. C’est souvent un mélange de tout ça.
Pour ma part bien sûr je n’écris pas de récit. Je peux composer des poèmes intégrant une dimension narrative. Je le fais souvent car je trouve que ça rend le genre plus abordable et ça créer une petite tension, un suspense qui est récompensé par une chute (ou pas.) ^^
Ce qui n’apparait que rarement dans la poésie ce sont justement les personnages. Est-ce que c’est possible de créer des personnages en poésie ? Je pense que oui, mais c’est un autre débat. J’ai déjà eu des univers, des éléments de récits à l'esprit, mais jamais de personnages. C’est ce qui fait que je ne me sens pas romancier.
Ce qui ressemble à des personnages quand je pense à un récit fictionnel, ce sont généralement plutôt des réceptacles vides, des perceptions pures pouvant recueillir les impressions et sensations de mon univers mais pas des personnages caractérisés. Ce sont des présences sensibles et contemplatives. Un peu comme les anges dans
Les Ailes du désir ou certaines voix off dans les films de Terrence Malick.
Bref, mélancoliques sont les témoins silencieux qui peuplent mes territoires intérieurs