Bonjour,
En pleine lecture de Proust, Du côté de chez Swann, un passage m’a paru intéressant à vous partager :
"Après cette croyance centrale qui, pendant ma lecture, exécutait d'incessants mouvements du dedans au dehors, vers la découverte de la vérité, venaient les émotions que me donnait l'action à laquelle je prenais part, car ces après-midi-là étaient plus remplis d’événements dramatiques que ne l'est souvent toute une vie. C'était les événements qui survenaient dans le livre que je lisais ; il est vrai que les personnages qu'ils affectaient n'étaient pas "réels", comme disait Françoise. Mais tous les sentiments que nous font éprouver la joie ou l'infortune d'un personnage réel ne se produisent en nous que par l'intermédiaire d'une image de cette joie ou de cette infortune ; l'ingéniosité du premier romancier consista à comprendre que dans l'appareil de nos émotions, l'image étant le seul élément essentiel, la simplification qui consisterait à supprimer purement et simplement les personnages réels serait un perfectionnement décisif. "
Je m'interroge, lorsque vous désirez donner une grande émotion au lecteur, essayez-vous d'écrire une action qui se déplace, comme un film, ou une image fixe, comme une peinture ?
Il me semble que lorsque je suis touché, c'est souvent une image précise de mon passé qui refait surface.
Qu'en pensez-vous ?