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 Différence entre histoire et intrigue.

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Chmike
   
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Chmike  /  Autostoppeur galactique


Dans le livre "invisible ink" j'ai trouvé cet exemple mnémotechnique amusant pour comprendre la différence entre une histoire et une intrigue.

"Le roi meurt. La reine meurt peu de temps après" est une histoire.

"Le roi meurt. La reine meurt peu de temps après de remords" est une intrigue.
 
Hausmarder
   
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Hausmarder  /  Pippin le Bref


Je ne suis pas tout à fait d'accord avec cet exemple. La première version expose des faits, la seconde y appose une justification partielle. Mais il ne s'agit ni d'une histoire ni d'une intrigue. Simplement de faits.

Pour moi, l'intrigue est l'interconnexion des enjeux liés aux protagonistes, l'histoire est le sens qui s'en dégage.

On pourrait tenter de transposer ça ainsi :

Intrigue : Désirant le pouvoir absolu, la reine tue le roi qui souhaitait la destituer. Mais prise de remords après avoir tué l'homme qu'elle aimait, elle se suicide.

Histoire : Le pouvoir aliénant de l'ambition

Bien sûr, c'est mon approche, constituée avec mes biais.

Mais justement, l'ami François aborde le sujet de façon intéressante dans sa dernière vidéo (vers le milieu, à peu près) :
 
Nakyh
   
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Nakyh  /  Petit chose


Mmh personnellement cet exemple ne me parle pas, donne juste des précisions mais ça reste toujours de l'ordre de l'histoire.
 
Chmike
   
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Chmike  /  Autostoppeur galactique


La différence entre ces deux phrases est que dans la seconde, le lecteur se demande (en principe) « Pourquoi ces remords ? ».

Cette petite information supplémentaire fait toute la différence, car elle intrigue le lecteur. Il va être en attente de la réponse et lire la suite en conséquence.
 
Hausmarder
   
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Hausmarder  /  Pippin le Bref


Je ne suis toujours pas tout à fait d'accord Smile
Pour qu'il y ait intrigue, il faut que des enjeux soient posés. Une intrigue doit répondre aux questions : Pourquoi le Roi est mort ? Pourquoi la reine ressent-elle des remords ? Pourquoi ces derniers entraînent sa mort ?

Dans la phrase : "Le roi meurt. La reine meurt peu de temps après de remords" Il n'y a aucun enjeu, juste des faits. L'intrigue est une mécanique, aussi doit-elle avoir un ( ou plusieurs !) moteurs. Après, libre à chacun de recouvrir ou non ce moteur d'une carrosserie (l'histoire) comme il l'entend. (comment ça, cette métaphore est pas terrible ?)

Ensuite, l'écrivain peut tout à fait décider de ne pas dévoiler entièrement l'intrigue au lecteur, pour des raisons de cohérence de point de vue d'un personnage, par exemple, et effectivement écrire la phrase précédente. Mais elle ne constitue pas l'intrigue. Seulement la perception qu'en a un personnage à un instant T d'une histoire.

En tant que lecteur, cette phrase pourrait effectivement m'intriguer (dans le sens "éveiller ma curiosité"), mais elle ne constitue pas (toujours pour moi, hein, bien sûr) une intrigue au sens narratif du terme.
 
Valatha
   
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Valatha  /  Autostoppeur galactique


Bonjour,
Pour tuer un peu le temps, je tombe ici et par curiosité, je google ça « la différence entre une histoire et une intrigue ».
Et j’ai : « L’histoire est le sujet de votre livre, l’intrigue est la séquence d’événements qui vous aide à raconter l’histoire » ou « L’histoire nous raconte ce qui s’est passé. L'intrigue nous explique pourquoi. »

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, je trouve cela très explicite. Aurais-je ignoré quelque chose ?




En espérant donner une information pertinente sans insulte ou préjugés. Merci beaucoup.
 
Chmike
   
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Chmike  /  Autostoppeur galactique


La définition du Robert pour intrigue est : Ensemble des évènements principaux (d'un récit, d'un film, etc.).
La définition du Robert pour intriguer est Étonner (qqn) en excitant sa curiosité.
Cela devrait nous mettre d'accord.

Mon exemple initial provient d'une traduction de l'anglais faite par moi même. Intrigue a en anglais un sens différent. Il correspond plus à ce qui intrigue (v. intriguer).  Voir ici

1. "the secret planning of something illicit or detrimental"
2. "a mysterious or fascinating quality"

Je me serais donc fait piéger par un faux ami. Mille excuses.
 
Yunaka
   
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Yunaka  /  Petit chose


En ce moment, je lis "L'anatomie d'un scénario" de John Truby. Je viens de m'arrêter au début du prochain chapitre qui justement parle de l'intrigue, et de sa différence avec l'histoire. Je me permets de citer l'introduction du sujet qui donne son point de vue dessus.

John Truby (2017) "L'anatomie d'un scénario" chez Michel Lafon:
 
Ranish Kadjah
   
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Ranish Kadjah  /  Clochard céleste


Je dis direct que c'est une assez forte incertitude entre moi et moi-même (hihi) mais j'ai un questionnement négatif sur l'intrigue, qui me trotte beaucoup dans la tête. S'il y a des envies de discussions ça m'intéresserait ; en sachant qu'on retombera toujours plus ou moins dans le "chacun ses préférences" : j'explique.

Depuis que j'écris j'ai tendance à préférer les intrigues faibles, voire inexistantes, sans fil rouge précis ; et à travailler au mieux l'histoire comme une chose épaisse, concrète, et même trop concrète, c'est-à-dire faisant obstacle.
Je trouve que l'intrigue, quand elle est trop privilégiée, risque d'effacer la chair du roman, et d'en faire une sorte de voyage sur des rails, un peu comme une attraction, entouré de toiles peintes en trompe l'œil. Parce que, comme il y a une intrigue, des objectifs, un sujet de querelle, des protagonistes, etc., on ne se concentre que là-dessus, et on raconte uniquement ce qui, dans l'histoire, tourne autour de l'intrigue.
Ça me gène, tout simplement parce que, qu'on soit réaliste, ou romanesque, normalement, il se passera forcément des choses qui ne sont pas l'intrigue. Et j'ai l'impression que toutes ces choses-là, parfois, l'auteur les dégage ou les occulte parce que "ça ne sert pas l'intrigue", "ça ne fait pas avancer l'intrigue". Vous avez tous déjà lu ces phrases, qui sont des reproches.

Or, oui ! évidemment, tout ne fait pas avancer l'intrigue ! Parce que l'univers ne s'est pas concerté pour qu'untel vive pleinement sa quête.
D'où, je crois, la différence entre intrigue et histoire : dans une intrigue, "ce qui doit arriver arrive". On a l'impression d'un jeu de marionnettes, de rails qui guident tout ; et si, pendant un chapitre, la ou la protagoniste fait une action en apparence anodine, ça "sert l'intrigue", pour du développement, pour une révélation cachée, ou alors l'ennemi va soudain surgir au milieu de cette scène anodine...
Alors que, dans une histoire, "ce qui arrive, arrive." Et c'est tellement plus fort, plus réel ! (attention : réel =/= réaliste).


J'ai du mal avec les intrigues trop centrales, parce que tout leur est soumis. Et en plus, c'est doublement un piège : une fois qu'il y a une intrigue forte, même en essayant d'y échapper, de la saper, c'est trop tard, elle est présente et on va la chercher partout.
Et ça me paraît pas top de considérer que, dans un roman, si une scène ne fait pas avancer l'intrigue, c'est alors du "développement de personnage". En gros, on prend 5 minutes pour montrer que Sanchez boit des tisanes au tilleul qui lui rappellent son enfance, et tac il va ensuite repartir traquer Dracula.
Ça impliquerait qu'une existence humaine est toujours tendue vers un but, et qu'en dehors de cette tension, rien n'a vraiment d'importance ? Heureusement, plein de romans échappent très bien à cet écueil, et nous font vivre une intrigue palpitante sans rendre "anecdotique" le reste.
Mais, moi qui me sens encore bien aveugle dans mes choix de structure, j'ai l'impression que, si je mets une intrigue forte, ça y est, les personnages sont tués. Ils deviennent des héros de conte de fée ; on ne peut pas imaginer qu'ils vont accomplir quoi que ce soit qui ne soit pas lié à leurs motivations.
Du coup je tombe dans l'inverse, je pose des situations, des problèmes, des relations ; et ensuite les personnages vivent leurs trucs, mais je sais que le lecteur n'a pas de fil rouge à suivre...


Si des exemples sont nécessaires, je peux penser à La vie devant soi de Gary, par exemple : les seuls fils rouges, sont la maladie de Mme Rosa, et le départ inéluctable de Momo. Mais en fait, cette intrigue est entièrement contenue dans l'histoire du roman : tout ce que le roman nous raconte n'est pas fait pour rappeler que "ça va quelque part". Certes, il y a des enjeux ; mais on n'est pas sur des rails. À la page 150, le roman peut encore mener dans douze directions différentes.
Autre possibilité : les romans comme Mme Bovary, qui suivent une vie. Certes, il y a des fils rouges, des aspirations ; mais c'est avant tout une vie, qui n'est en rien guidée par une intrigue à suivre... Donc on vit avec les personnages, on les suit, on cherche, on réfléchit.

Exemples inverses, où l'intrigue nique l'histoire : Ouragan, de Gaudé. Là, on a l'impression que l'auteur a tout orchestré pour que ça avance comme il veut, et qu'en attendant leur tour, les personnages sont assis en coulisses avec un café. Aucun hasard, aucun réel : juste une logique narrative très directe, et qui a complètement tué l'histoire, pour moi. Un Ouragan aussi organisé...
-Balzac, La Peau de chagrin : ça se sent à dix kilomètres que tout ici est au service de l'intrigue (le talisman) et donc, il y a un schéma narratif hyper visible, aucun hasard, que du A+B=C. Certes, ça exprime la fatalité ; mais, une histoire c'est pas que des relations mathématiques.


Je trouve ça moins vivant et moins beau quand le lecteur part direct du principe qu'il y a un truc à suivre qui vaut la peine de se concentrer parce que ça va avancer vers des crises, et un dénouement. Quand il attend la recette, et que, par exemple, un pay-in a son pay-off. Danaë a appris à manier son katana, elle y a passé des semaines ; on l'attend la scène, on l'attend, et paf voilà un méchant a (par hasard) un katana, ils s'affrontent, c'est le pay-off, chouette. Je caricature, pour bien montrer que je ne suis pas contre l'intrigue ; je suis contre l'intrigue automatique.

Je sais déjà qu'on peut maîtriser l'intrigue et éviter qu'elle circoncise l'histoire. C'est atteignable.
Mais pour l'instant, je trouve ça, d'une part, compliqué ; et, d'autre part, trop factice. C'est un avis perso, hein : les "écoles de scénario", les schémas narratifs, les recettes d'intrigue... ça me repousse.
On dit qu'il faut maîtriser les codes pour s'en affranchir : mais, en attendant de les avoir maîtrisés, il faut un sacré paquet de temps où on va tomber joliment dedans et se faire affadir la vie qu'on peine à introduire dans les romans. Pour ensuite la voir refleurir ? J'espère !


Je finis sur une justification de tout ça : en ce moment j'ai super envie d'écrire un roman bien romanesque, avec des twists, des intrigues, sous-intrigues, et tout... Mais je sens que ça va être chaud, vu comme je débute dans cet art.
Peut-être après tout ne suis-je contre, que parce que je n'y connais pas grand-chose, et ignore ce qui fait la qualité d'une vraie bonne intrigue. Grande question ouverte.
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