Bonjour, bonjour !

J'ai de nouveau quelques questions à vous poser, cette fois au sujet du statut du narrateur et des perspectives/focalisations/points de vue.

En gros ce que j'ai compris :

- Il existe d'une part différents types de points de vue : interne, externe et omniscient (ou "focalisation zéro")
- et d'autre part, différents statuts du narrateur : narrateur interne et narrateur anonyme.

Je passe sur toutes les nuances subtiles de Genette ou Rabatel, vous pourrez trouver un article très intéressant à ce sujet en cliquant là.

=> Le narrateur interne se trouve dans votre récit. Il s'agit le plus souvent d'un personnage. A moins qu'il ne s'agisse d'un personnage omniscient, vous êtes contraint d'utiliser un point de vue interne à ce personnage. Plusieurs points de vue internes peuvent être utilisés dans un même récit, ce qui entraine donc plusieurs narrateurs successifs/alternés/simultanés.

=> Le narrateur anonyme est un personnage extérieur à votre récit, le plus souvent l'écrivain lui-même, ce qui engendre ce que l'on nomme "les intrusions de l'auteur dans le récit". Le narrateur anonyme peut employer tout type de point de vue, mais le plus souvent celui de la focalisation zéro, ou ce qu'on nomme le point de vue interne variable. (ou encore "point de vue chorale")

Statuts du narrateur et points de vue s'entremêlent pour créer une narration allant de limpide à bordélique.

Voilà mes questions :

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ? Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ? Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ? Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

Citation :

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ?

Non... pas d'astuce miracle.
Juste me mettre le plus possible dans la peau du personnage pendant que j'écris tel ou tel passage.

Citation :

Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ?

Oui, il m'arrive en relisant mon premier jet de me dire que c'est rudement embrouillé...

Citation :

Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

J'avoue que mes personnages me hantent beaucoup, quand je suis dans une phase intensive d'écriture. Il leur arrive même de s'inviter dans mes rêves (y compris pour venir m'engueuler ou manger une pizza chez moi).

Citation :

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ?

Au contraire. Je focalise au maximum sur les personnages.
La focale change selon les passages du texte, mais le narrateur omniscient n'existe pour ainsi dire pas chez moi.

Citation :

Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?

Ne pas avoir de narrateur omniscient permet de refiler au lecteur des informations fausses ou tronquées (celles dont les personnages disposent) !
Cela peut aider à créer des questionnements...

Citation :

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?

J'emploie le point de vue internet et le externe, toujours à la 3° personne.
Jamais de narrateur omniscient.
Non. Pas d'astuce pour effectuer les transitions.
D'ailleurs, j'ai pu constater que le fait que le point de vue ne soit pas omniscient n'est pas toujours clair pour tous les lecteurs.

Citation :

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?

Sur mon texte en cours (en début) d'écriture, on va enchainer plusieurs narrations à la première personne, sur les premières pages. Aucun narrateur n'est nommé. Je veux que le lecteur les identifie sans qu'ils aient à se présenter ou être présentés par un interlocuteur.

Citation :

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

Puisque j'en écris... oui , j'en tolère aussi.

Mokkimy a écrit:

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ? Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ? Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

Il me semble que ce sont des questions importantes/essentielles à se poser et ça fait partie du travail de l'écriture. Ce n'est pas quelque chose de facile à faire et je ne crois pas du tout que l'instinct soit suffisant pour parvenir à un résultat satisfaisant.
Pour ma part, je suis très attentive à cela et je ne me perds pas dans mon écriture parce que je balise les scènes avant au brouillon (qui voit ? qui raconte ?...). Cela m'arrive aussi de changer en relisant et en corrigeant.

Citation :

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ? Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?  

Je crois qu'il ne faut jamais tout dire en une fois, de toute façon c'est impossible. Plus tu vas travailler les points de vue et montrer les facettes d'une situation, d'un personnage, plus ton histoire sera intéressante (à mon avis).

Citation :

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?  

J'utilise un point de vue omniscient et interne, jamais externe. Le point de vue omniscient est  intéressant pour donner une vision d'ensemble. A moment donné, si tu as raconté pas mal de scènes différentes concernant des gens et des lieux divers, ça peut être utile de "ramasser" tout ça en montrant ce que fait chaque personnage à un moment précis. (Imaginons, au moment où un meurtre est découvert : Marie fait du vélo, Paul est en classe, Gilbert sur la route... Il te faut un narrateur omniscient à ce moment-là.)

Citation :

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?  

L'intrusion d'auteur va casser la convention implicite qui lie l'auteur et le lecteur. Le lecteur entre dans un monde et accepte qu'on lui raconte une histoire. Si l'auteur sort de derrière la couverture sans cesse pour dire "Héhé, bien joué, n'est-ce pas, tu y as cru, je t'ai bien roulé dans la farine!" il prend un grand risque. Je ne le fais pas et je déteste lire ça. Mais c'est typique du style picaresque, le faire systématiquement peut alors être un jeu annoncé dès les premières lignes (cf Diderot Jacques le fataliste).

Citation :

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

Les changements de points de vue sont très utiles (voire indispensables) mais ils doivent être fluides et ne pas gêner la compréhension. Par exemple, les récits à la 1ère personne où le narrateur varie au début de chaque chapitre peuvent être difficiles à comprendre. Pour ma part, je ne les aime pas trop.

Salut Mokkimy,
Intéressant ce sujet.

Citation :

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ? Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ? Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

Pour ma part mon point de vu se focalise toujours sur la personne réalisant ou vivant la première action du chapitre. Je pense que cela permet de rendre le point de vue clair d’emblée pour le lecteur. Après bien sur chaque chapitre est susceptible d'apporter un nouveau point de vu.

En général je sais d'avance qui va avoir le point de vue suivant tel ou tel parti. Bien entendu, il faut que ce point de vu apporte quelque chose au lecteur et à l'intrigue.

Citation :

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ? Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?

Pour ma part, je me cantonne à un point de vue interne de peur justement de perdre le lecteur. Peut être que j’essaierais plus tard autre chose.

Citation :

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

Je trouve que c'est plutôt rédhibitoire à moins que ça ne soit TRES bien géré. Le problème de ce procédé c'est qu'il peut avoir tendance à "fatiguer" le lecteur. Il ne faut pas oublier que le rôle de l'écrivain est de faire en sorte que le lecteur est autant de facilité que possible à rentrer dans un récit.

Bonjour

Mokkimy a écrit:

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ? Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ? Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

Avant de te répondre à propos des points de vue, je te répondrai à propos de ma manière d'écrire. Je rédige toujours un plan, je sais qui sont mes personnages car je rédige des fiches très détaillées, ce qui par la suite est un atout (pour moi je précise et je le répète hein, je sais que tout le monde ne fonctionne pas de cette manière) car je n'ai plus qu'à choisir comment rédiger mon récit. Il m'arrive de me perdre au cours de mon premier jet, tout comme au moment de la relecture. Puis au moment de la rédaction, de nouvelles idées arrivent, un peu par surprise, mais grâce à mon plan, je fais vite le tri pour ne conserver que l'essentiel.

Mokkimy a écrit:

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ? Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?

J'explique au lecteur ce qu'il doit savoir au moment où il doit le savoir. C'est ainsi que je gère le "suspens". Dans la romance ce n'est pas primordial certes, mais afin de susciter de l'intérêt dans la tête du lecteur, je n'hésite pas à lui cacher des choses essentielles qu'il découvrira par la suite. Je crois que c'est ainsi que fonctionne l'émotion, en tout cas cela fonctionne avec moi, lorsque je découvre un coup de théâtre, celui-ci créé son petit effet.

Mokkimy a écrit:

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?

Je passe de l'un à l'autre sans problème (changement de chapitre, paragraphe…) mais il est vrai que je n'ai pas encore utilisé la première personne, je conjugue toujours à la troisième, question de facilité pour moi. En revanche pour exemple, je cite le roman d'Agnès Ledig "Pars avec lui" où l'auteure donne la parole à chaque personnage principal tour à tour d'un chapitre sur l'autre. Il est intéressant de constater comment il est facile d'identifier les trois personnages.

Mokkimy a écrit:

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?

Je n'ai pas réussit à m'introduire au sein de mes romans, je narre et je me contente de narrer en variant les dialogues et les descriptions valsant entre les différents point de vue.

Mokkimy a écrit:

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

Si c'est bien fait (comprends par là que je n'ai aucun doute sur "qui pense quoi" remplace pense par : voit, entends, agit… au choix), il y a de fortes chance pour que le roman m'intéresse.


J'espère avoir répondu à tes questions et que tu y verras plus clair dans ta propre manière de travailler. Bien entendu ces réponses n'engagent que moi, c'est à toi d'être à l'aise lorsque tu rédiges et de voir ce qu'il convient le mieux pour ne pas lasser le lecteur et lui donner envie de lire ton livre.
Bonne journée.

Salut Mokkimy,

J'ai écrit mon premier roman en focalisation interne à la 3e personne donc mes réponses vont s'appuyer là-dessus:

Citation :

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ? Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ? Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

Dès les premières lignes du roman, je me place du point de vue de mon personnage principal et j'essaye de ne jamais y déroger. Cela implique:
- De ne jamais avoir de scène où ce personnage n'apparaît pas
- De ne jamais décrire les sentiments, les opinions des autres personnages sauf ce qui est évident. Par exemple, je ne mets jamais "X réfléchissait au meilleur moyen de les sortir de là" mais plutôt "X semblait réfléchir à une solution". J'utilise beaucoup pour les personnages tiers "sembler", "paraître", "devoir" comme "il devait avoir faim", etc.
Je ne me perds pas trop au final car j'essaye vraiment d'incarner mon personnage principal même s'il m'arrive souvent de rectifier en relecture des éléments que le narrateur ne peut connaître. 

Citation :

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ? Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?

Je donne quelques descriptions au départ mais je distille le reste dans le récit. De manière générale je décris peu, j'esquisse des silhouettes et je laisse au lecteur le soin d'imaginer le reste. Je fais aussi quelques flashbacks plus tard dans le récit pour donner des précisions sur un trait de caractère d'un personnage. D'autres traits se devinent au fur et mesure, en fonction des réactions aux événements. 

Citation :

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?

Jamais dans ce récit, je trouve important de garder cette focalisation pour maintenir des zones d'ombre pour le lecteur comme pour le personnage.
J'ai commencé un autre roman à la première personne. C'est un roman polyphonique avec plusieurs narrateurs. Pour faciliter les choses, à chaque changement de voix, j'ouvre un nouveau chapitre avec le prénom du personnage en titre. Ça se fait beaucoup je crois. 

Citation :

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?

Comme dit précédemment, toujours interne. 

Citation :

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

Avant de commencer à écrire, je n'y prêtais jamais attention, je me laissais porter par l'histoire et ça a toujours bien fonctionné. J'ai récemment fini Kafka sur le rivage et dans ce livre, il y a différentes focalisations : interne à la première personne au présent, interne à la troisième personne au passé, parfois même externe il me semble. Je l'ai bien remarqué cette fois mais ça ne m'a pas du tout gênée. Je pense que si c'est fait de façon logique, on n'y voit que du feu

Je n'ai pas trop analysé ma façon d'écrire mais voici quelques éléments pour t'aider.

Mon premier roman est écrit à la première personne et le "JE" est multiple, plusieurs personnages parlent.
Je ne me suis pas perdue dans les différentes voix et j'espère que le lecteur non plus mais j'ai beaucoup orienté le lecteur. Chaque chapitre a un titre : le prénom de celui qui intervient. Ca me paraissait assez naturel de procéder ainsi.

Concernant les descriptions (choses que je n'aime pas trop lire en général en tant que lectrice), chaque personnage apporte des petites touches sur soi ou sur un autre personnage.

Pour mon deuxième roman, j'utilise encore un narrateur interne (mais un seul). Même principe que pour le premier, c'est le narrateur qui donne des informations sur les autres personnages et sur lui-même. Cela ne dresse pas un portrait complet de chacun mais laisse une certaine part d'imagination.

J'utilise aussi les dialogues, ce qui permet aussi d'en savoir plus sur le physique et la personnalité d'un personnage.

"En tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue" Oui, évidemment puisque j'ai utilisé ce mode d'écriture. Par contre, je n'aime pas me perdre dans les personnages, ne pas savoir qui parle.

Après, chacun, un peu sa façon d'écrire, il semble que le narrateur interne prédomine chez moi, mais le narrateur externe n'a pas dit son dernier mot (je l'ai utilisé dans des nouvelles).

Mokkimy a écrit:

En tant qu'auteur, concrètement, est-ce que vous avez des astuces pour que le statut du narrateur et le point de vue choisi soit clair pour le lecteur ? Est-ce que ça vous arrive de vous perdre dans votre texte ? Quelle importance accordez-vous à ces différents éléments ? Vous y pensez en amont de l'écriture, ou au jour le jour, pendant l'écriture ? Vous y allez à l'instinct ? Rectifiez-vous certains points de vue au moment des corrections ?

Mon astuce c'est de faire simple sur ces questions. Pas de changement de statut du narrateur et se permettre un changement de point de vue si vraiment cela se justifie, d'une façon ponctuelle pour dynamiser un instant du récit particulier.

Je me perds rarement dans mon texte sur ces questions si je fais simple. Et quand c'est le cas, je m'en rends compte et corrige très vite car je considère que c'est de l'inattention. Je n'y vais pas à l'instinct. Je choisis mon parti dès le début du texte et je m'y tiens. On peut être plus ambitieux mais vraiment c'est à ses risques et périls. Et je ne change pas de narrateur en court de route.

Mokkimy a écrit:

Utilisez-vous la focalisation zéro et, le cas échéant, présentez-vous beaucoup d'informations pour chaque personnage de votre récit ? Comment dosez-vous ? Arrivez-vous à laisser des zones obscures, du suspens ? Ou est-ce que vous dites vraiment tout au fur et à mesure ?

J'utilise peu la focalisation zéro. J'ai l'impression que ça aplatit et neutralise mon texte. Si le héros est le narrateur, il sait simplement ce qu'il sait et j'en joue pour faire évoluer mon lecteur (ça ne me semble pas réaliste qu'il sache tout). Si le narrateur est neutre, je joue le rôle du narrateur mais il n'est jamais omniscient. Dans ce dernier cas, je "filtre" les informations que je donne au lecteur, ce qui me permet de créer une dynamique et un suspense qui me ressemble. J'ai une approche cinématographique en quelque sorte (je pense au cinéma quand j'écris). C'est un parti-pris car l'univers affiché est nécessairement moins développé (et le risque est de ne pas "connaître" suffisamment son univers réel) mais ce choix me permet de ne pas perdre de vue mon lecteur, mon récit, mes objectifs.

Mokkimy a écrit:

Est-ce que vous changez de point de vue en cours de récit, en passant d'un point de vue interne à un point de vue omniscient ou externe ? Ou autre configuration ? Pareil, avez-vous des astuces pour gérer les variations de perspectives ?

Je privilégie toujours le point de vue interne. Il me semble qu'il est moins dangereux de passer d'un point de vue omniscient à un point de vue arbitraire que l'inverse ! Cf premières question : je ne change que très rarement et très ponctuellement de point de vue, en général pour accroître l'intensité dramatique.

Mokkimy a écrit:

Utilisez-vous un narrateur interne ou un narrateur anonyme ? Pour le cas du narrateur anonyme, vous permettez-vous des "intrusions d'auteur" ? Jusqu'à quel point ?

Et en tant que lecteur, est-ce que vous tolérez des récits avec des variations de point de vue fréquents ou est-ce rédhibitoire ? Comment percevez-vous ça ?

J'utilise un narrateur qui a une personnalité forte et qui défend quelque chose dans ce qu'il décrit, à sa façon et à ses risques. J'ai du mal à comprendre la notion de narrateur anonyme, j'imagine que ça signifie narrateur omniscient, qui considère que tout doit être dit sans prendre parti ?

En tant que lecteur, je ne tolère pas des récits avec des variations de point de vue fréquents. Ça me perd totalement. Au contraire, je pense que ce procédé doit être très limité et très maîtrisé.