Le logique des verbes selon
« Le Bon Usage », 8e édition, 1964, par Maurice Grevisse.
Maurice Grevisse a passé sa vie à décortiquer le français sous tous ses aspects. C'était un homme d'une grande intelligence dont les travaux servent de référence pour l'élaboration des règles de français. Personnellement, je trouve que l'une de ses études les plus importantes est celle portant sur le temps de verbe, ce pourquoi je les partage avec vous, ici. La logique des temps de verbe peut paraître complexe à comprendre, mais est importante et mérite d'être étudié pour qui veut écrire. C'est aussi en vue de l'absence de cet enseignement dans les programmes généralisés des écoles que je me sens de droit de vous donner ces informations. Notez cependant que mes transcriptions ne vont qu'à l'essentiel et qu'il vous faudra peut-être vous procurer ladite grammaire pour une meilleure compréhension.
Indicatif
L'indicatif est le mode de l'action considérée objectivement et constatée ; il place un fait sur le plan de la réalité affirmée.
Présent
Dans le sens strict, le présent indique que le fait a lieu au moment même de la parole : c'est le présent momentané.
Imparfait
En général, l'imparfait indique, sous l'aspect de continuité (comme une action-ligne), un fait qui était encore inachevé (lat. imperfectum) au moment du passé auquel se reporte le sujet parlant ; il montre ce fait en train de se dérouler, mais sans en faire voir la phase initiale ni la phase finale.
Passé simple
Le passé simple (ou passé défini) exprime un fait complètement achevé à un moment déterminé du passé, sans considération du contact que ce fait, en lui-même ou par ses conséquences, peut avoir avec le présent. Il n'implique en soi ni l'idée de continuité ni celle de simultanéité par rapport à un fait passé et marque une « action-point ».
Passé composé
Le passé composé (passé indéfini) indique un fait achevé à une époque déterminée ou indéterminée du passé et que l'on considère comme étant en contact avec le présent, soit que ce fait ait eu lieu dans une période de temps non encore entièrement écoulée ou que ses conséquences soient envisagées dans le présent.
Passé antérieur
Le passé antérieur exprime un fait isolé qui a précédé immédiatement ou à un moment précis un autre fait passé : c'est un « passé du passé ». Il se trouve généralement dans des propositions subordonnées, après une conjonction du temps : quand, lorsque, dès que, aussitôt que, après que, etc. et est en relation, dans la principale, avec un passé simple, parfois avec un présent historique, ou un imparfait, ou un passé composé, ou un plus-que-parfait.
Plus-que-parfait
Le plus-que-parfait indique, comme le passé antérieur, un fait qui a lieu avant un autre fait passé, mais il s'emploie pour marquer une antériorité indéterminée et peut exprimer non seulement un fait isolé, mais encore un fait répété ou habituel.
Futur simple
Le futur simple indique la simple postériorité d'un fait par rapport au moment où l'on parle.
Futur antérieur
Le futur antérieur exprime un fait qui, à tel moment maintenant à venir, sera accompli ; c'est un « passé du futur ».
Futur du passé et futur antérieur du passé
a) Le futur du passé est un futur vu d'un point du passé ; il indique la simple postériorité d'un fait par rapport au moment passé où se place en esprit le sujet parlant : Je voyais que le vaisseau SOMBRERAIT. - Solon établit à Athènes que l'on NOMMERAIT par choix à tous les emplois militaires.
b) Le futur antérieur du passé est un futur antérieur vu d'un point du passé ; il indique qu'un fait, vu du point du passé où se place en esprit le sujet parlant, serait, à tel moment alors à venir, accompli : Hier à l'aube, je savais qu'à dix heures, le vaisseau AURAIT SOMBRÉ. - Il peut marquer l'antériorité de ce fait accompli par rapport à un autre fait qui était également à venir : Je savais que le vaisseau AURAIT SOMBRÉ quand le secours arriverait.
Conditionnel
N.B. - D'ordinaire, les grammairiens font soigneusement observer que le conditionnel est à la fois un mode et un temps : comme temps. il sert à exprimer le futur ou le futur antérieur dans le passé. - Ce futur du passé et ce futur antérieur du passé appartiennent en réalité au mode indicatif. - La 2e forme du conditionnel passé (j'eusse aimé) n'est pas proprement un « conditionnel » : c'est une forme du subjonctif.
Le conditionnel proprement dit exprime un fait éventuel ou irréel dont la réalisation est regardée comme la conséquence d'un fait supposé, d'une condition. Ce conditionnel peut donc marquer :
I° Un fait possible dans le futur (sens potentiel) : Si un jour tu me rendais ce service, je t'en AURAIT obligation. Si je gagnais le gros lot, je le PARTAGERAIS avec vous.
II° Un fait irréel dans le présent ou dans le passé : Oh ! si j'avais encor cette armée immortelle (...), Je la FERAIS régner sur les rois ennemis.
Impératif
L'impératif est, d'une façon générale, le mode du commandement, de l'exhortation, de la prière : ACHÈVE et PRENDS ma vie après un tel affront.
Subjonctif
Le subjonctif exprime, dans sa valeur fondamentale, un procès simplement envisagé dans la pensée, un fait que l'on considère comme non existant ou non encore existant, ce fait n'étant pas placé par le sujet parlant sur le plan de la réalité. - Dans certains emplois, il s'explique par l'influence de l'analogie ou par des servitudes grammaticales.
Infinitif
L'infinitif est la forme nominale du verbe : c'est proprement un « nom d'action » ; il exprime simplement, sans acception de personne ni de nombre, l'idée marquée par le verbe.
Outre qu'il s'emploie dans certains cas avec la valeur purement verbale, l'infinitif remplit, dans bien des emplois, les différentes fonctions du nom.