Nombre de messages : 801 Âge : 29 Date d'inscription : 11/07/2013 | fleur-de-lyss / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 23 Mar 2018 - 16:12 | |
| Salut! Je suppose que je ne suis pas la seule (et peut-être pas la première, désolée si je crée un doublon) à me demander comment rendre dans un texte une conversation qui passe par un canal écrit. J'ai repéré plusieurs idées, je ne sais pas si vous en avez d'autres. Est-ce que certaines vous gênent à la lecture? -L'italique -Les guillemets (vs tirets dans les dialogues oraux) -La reproduction de bulle -La mention des heures et du destinataire (machin, 14:32) -Différence de langage (abréviations et autres) -Alterner les couleurs, les caractères gras/romans en fonction des protagonistes -Changer de police Dans mon texte, il y a régulièrement des échanges de messages et chaque passage ne fait pas plus de six répliques. Ils apparaissent toujours entre deux espaces typographiques pour les isoler du récit. Aucun signe ne montre qu'il s'agit de langage oral, mais le récit l'explicite. Certains lecteurs ont trouvé que cela manquait tout de même de clarté et surtout qu'on ne le ressentait pas comme tel. Voici un exemple, au cas où vous souhaiteriez visualiser parce que mes explications ne sont pas assez claires - Spoiler:
Chapitre 7
— Allez, je vais te laisser ! — Déjà ? — Ne me dis pas que tu as encore besoin de te plaindre qu’il fait froid à Montréal, que tu ne te fais pas d’amis et que ton réveil sonne trop tôt ! — Non, je voulais juste discuter. — De quoi ? — Je ne sais pas, de rien. — Je suis vraiment fatigué, il est 23 heures chez nous. Bonne soirée. — Bonne nuit. ♥
Le lendemain, trois messages s’étalaient sur l’écran. « Juste pour te souhaiter une belle journée, je t’aime! », « Merci de m’avoir écoutée hier. Je sais que ça doit être pénible de m’entendre me plaindre. Je vais faire des efforts, promis ! », « Au fait, tu en es où dans la recherche d’Avant qu’il ne soit trop tard ? ». Arthur soupira. Il avait besoin d’étreintes et de baisers, pas d’un contact virtuel. Clara était partie depuis deux semaines. Il ne supportait déjà plus les messages intempestifs qui bégayaient au rythme du décalage horaire. « Pas commencé la recherche. Si tu insistes encore, je laisse tomber ». Il coupa son téléphone pour être sûr d’avoir la paix, puis s’habilla rapidement. La sonnette retentit aussitôt. Il ne travaillait pas aujourd’hui et son parrain l’emmenait chiner de nouveaux meubles à Wavre. L’enthousiasme communicatif de Bruno le gagna rapidement et il oublia sa frustration pour se concentrer sur les objets entreposés dans le vaste magasin de dépôt et vente. C’était une véritable salle de trésors, avec vaisselles, tableaux, lampes, causeuses, tapis,... On aurait pu pour meubler une rue entière. La plupart du mobilier semblait bien conservé, mais les deux hommes recherchaient les objets estropiés et démodés. Les yeux rêveurs, Bruno heurtait sans cesse son grand corps dégingandé dans les tables et les chaises, menaçant des bibelots onéreux. Arthur le suivait avec précaution, bras tendus, prêt à rattraper vaisselles ou lampes de chevet. — Alors, ta copine se plaît au pays des caribous ? — Pas vraiment, non. Elle habite seule et peine à faire des rencontres. — Va la voir, ça lui fera plaisir ! Arthur fronça les sourcils. Il n’avait même pas envisagé cette solution. — Bien sûr que non ! C’est loin, c’est cher et nous serons bientôt en hiver. — C’est vrai qu’il y a les appels vidéo, de nos jours… Je suppose que ça vous suffit. — On se contente des messages. C’est plus pratique, avec le décalage horaire. Le jeune homme manipulait le cadre de plâtre d’un miroir tacheté. Son reflet lui renvoya un visage terne et aigri. Il avait pris un kilo ce mois-ci et sa figure paraissait bouffie. Que pensait Clara lorsqu’elle voyait ces joues trop rondes, l’arc irrégulier des sourcils ou cette bouche épaisse ? Il reposa l’objet avec dégoût. — Je pense que ces trois mois à distance seront un test, pour voir si nos sentiments sont assez forts, expliqua-t-il. Si je l’aime vraiment, elle me manquera et je l’attendrai. Son parrain cessa ses pérégrinations et baissa la tête pour transpercer Arthur d’un regard abyssal. Les épis grisonnants dressés sur son front lui conféraient des allures fantasques, mais une lueur d’intelligence vive brillait au fond de ses prunelles. — Tu sais, si l’amour n’est pas entretenu, il finira par s’éteindre. C’est irrémédiable. Si tu n’es pas prêt à tout donner, alors ne donne rien du tout. Cherche-toi autant de prétextes que tu ne le souhaites, tu voues votre relation à l’échec. Les sentiments ne naissent pas du Saint-Esprit. L’attirance, le désir, l’admiration peut-être. Mais pas l’amour. Il s’édifie, ensemble. C’est une relation imparfaite que l’on apprend à aimer. — A quel point peut-on accepter l’imperfection ? Il haussa ses larges épaules pointues. — Je l’ignore. Mais avant de changer de copine, demande-toi si tu ne devrais pas plutôt changer toi-même. Changer. Il avait essayé des dizaines de fois. Ne plus insulter Clara, arriver à l’heure, retrouver son corps svelte, lui préparer une surprise. Sa bonne volonté s’était chaque fois écrasée devant le même mur : l’infinie tristesse d’un regard ou une déception masquée par un sourire. Faut-il changer pour être aimé ? — Regarde ça ! Son parrain indiquait d’un long doigt un accordéon, à la décoration rudimentaire. Ancien professeur de piano, il se passionnait pour les instruments de musique. Ils les aimaient simples, presque bruts. Arthur continua son errance jusqu’à trouver un landau d’osier, surmonté d’un voile poussiéreux. Il étudia l’objet d’un œil expert, notant les défauts dans le tressage, les accros dans le tissu. Il semblait en bon état et se marierait bien au premier berceau, mais quelques transformations s’imposaient. Il fallait un nouveau ciel de lit, réveiller la couleur, quelques paillettes… Iris allait adorer ! Avec des gestes empressés, il sortit son portefeuille et chercha un bout de papier où esquisser son projet. Un rectangle jaune fluo dépassait de la frange des billets. C’était un des nombreux Post-it de Clara. Au début de leur relation, elle en cachait dans toutes ses affaires, variant les formes et les couleurs. « Doubt thou the stars are fire, Doubt that the sun doth move, Doubt truth to be a liar, But never doubt I love. » , alignait l’écriture ronde. Celle-là, il la connaissait. William Shakespeare. Il retourna le Post-it et commença son croquis.
— J’ai appris une nouvelle expression québécoise aujourd’hui : « tomber en amour ». — C’est mignon ! Mais évite de tomber en amour là-bas. Explique bien que je suis ton… Comment dit-on encore ? — Mon chum ! — Pouah ! C’est moche. — Ne t’en fais pas, j’ai expliqué à tout le monde – c’est-à-dire aux deux personnes qui constituent mon cercle social – que tu avais de gros bras. — Ne dis pas gros… Musclés, je préfère ! — A tes ordres, Hercule !
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Nombre de messages : 3710 Âge : 39 Pensée du jour : /kick lundi Date d'inscription : 19/03/2018 | Mardi / Panda de Bibliothèque Ven 23 Mar 2018 - 16:19 | |
| Le fait de mettre des cadratins porte à confusion en effet. Personnellement je trouve ça plus clair quand c'est en italique, ou dans une autre police évoquant l'écrit, comme Courrier. Éventuellement, ajouter les heures d'envoi ou réception, pourquoi pas. Les guillemets pour quand c'est inclus dans une phrase oui, mais sinon, pour une succession de messages, je trouve que ça fait bizarre... Voilà pour mon avis
| Ta gueule, c'est cosmique. |
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Nombre de messages : 188 Âge : 42 Date d'inscription : 26/01/2018 | Hooah / Tycho l'homoncule Ven 23 Mar 2018 - 16:23 | |
| Je pense qu'il ne faut pas trop se prendre le chou sur ce sujet. La mise en page, c'est aussi le boulot de l'éditeur. Faut juste que ce soit compréhensible pour celui qui lit le manuscrit.
La solution que j'ai retenue pour un chapitre en particulier, c'est entre guillemets-texte à gauche pour l'un des interlocuteurs, et entre guillemets-texte à droite pour l'autre. Une sorte de croisement entre une mise en page classique (les guillemets) et ce que l'on verrait sur l'écran d'un téléphone (le texte à droite ou à gauche selon qui parle). Je crois que ça fonctionne bien.
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Nombre de messages : 479 Âge : 31 Date d'inscription : 21/02/2016 | Livia K. / Pour qui sonne Lestat Ven 23 Mar 2018 - 16:45 | |
| Je trouve que les tirets portent bien trop à confusion. Au-delà du fait que l'éditeur aura peut-être effectivement sa propre démarche, j'ai personnellement opté pour le retrait (davantage que l'espace en début de paragraphe) et les guillemets. Parfois j'ai mis de l'italique et parfois pas xD (ce n'est pas forcément utile, encore que je trouve ça pas mal pour marquer la différence).
Mais je trouve la solution de Suny pas mal : utiliser une autre police (+ l'italique). La solution des textes à droite puis gauche pour marquer les destinataires est aussi une bonne idée je trouve (jamais eu à l'appliquer, moi c'était toujours des messages solitaires). |
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Nombre de messages : 801 Âge : 29 Date d'inscription : 11/07/2013 | fleur-de-lyss / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 23 Mar 2018 - 16:53 | |
| - Citation :
- La solution que j'ai retenue pour un chapitre en particulier, c'est entre guillemets-texte à gauche pour l'un des interlocuteurs, et entre guillemets-texte à droite pour l'autre. Une sorte de croisement entre une mise en page classique (les guillemets) et ce que l'on verrait sur l'écran d'un téléphone (le texte à droite ou à gauche selon qui parle).
J'avais aussi pensé à cette idée, elle m'était sortie de la tête! Elle présente l'intérêt de ne pas trop chipoter sur les polices ou autre, qui peuvent peut-être paraître amateur à l'éditeur... En fait, de base je m'en fiche totalement que les lecteurs comprennent que c'est de l'écrit ou non, j'aime bien laisser de la marge à l'imagination D'autant plus que la distance est posée d'emblée, donc on sait qu'il ne discute pas face à face. Mais ça peut influencer le ressenti à la lecture et j'ai quelques lecteurs qui se sont plaints de manquer d'indications. J'y médite! Par ailleurs, comme toi Livia, j'ai un peu de mal à être régulière! Quand les messages sont mêlés au récit, ils sont entre guillemets |
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