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 [Oeuvre] Rois du monde de J-P Jaworski

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Rois du monde



Résumé :

Je m'appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s'’agit de rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu'il n'est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s'est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.


Extraits :

Le reste de la troupe dévale déjà le coteau, une centaine de pas devant nous, en direction des berges inondées de l'Autura. Dans ce matin morose, les eaux somnolentes se couvrent d'une laitance de fumerolles, qui vont épaississant au-dessus du lit de la rivière. Au loin sur l'autre rive, derrière l'écharpe de brouillard, se dressent les frondaisons touffues de la forêt. Je respire un grand coup. Ce paysage sent le danger, la liberté et la course. Malgré la fatigue, malgré le désastre, malgré la dangereuse faiblesse de nos effectifs, une pointe d'allégresse se remet à papillonner au fond de ma poitrine. C'est reparti ! Galoper à travers les royaumes, franchir les rivières, filer par monts et par vaux ! Voici le premier jour de l'été, et le grand jeu des armes s'offre à nous ! Comme si l'important n'était pas le péril, mais le territoire immense, semé de forêts, de fleuves, de plaines et de forteresses, que la guerre nous jette en pâture.


Au bout du harassement, on accédait à des éblouissements. À force de douleur, le corps s’effaçait, se transformait en pur mouvement. Soudain l’acharnement se faisait facile, nous devenions bourrasque dansant sur les pâtures, flux dévalant les cluses. L’air se précipitait dans nos poitrines dilatées, et nous inspirions plus que des hommes, saveur du vent, tanin des arbres, bleu du ciel. Alors, quand venait le soir, avec nos masques blanchis de bave, avec nos braies croûtées de boue et nos pieds saignants, nous étions presque déçus de devoir bivouaquer. Courir à mort aurait mené à l’extase ; la souffrance, elle, ne revenait qu’à l’arrêt, et avec elle toute notre humanité.



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