Yop les gens.

Un de mes poèmes ayant été retenu pour publication dans une revue (oui je sais je l'ai déjà beaucoup dit), j'ai demandé à la directrice du comité de lecture s'il me fallait le retirer de mon blog Wordpress (où je poste tous mes textes quasiment à mesure que je les écris). Elle m'a répondu ceci :

Citation :

Merci de votre scrupule, mais non, vraiment, ne vous tracassez pas pour cette "publication" de facto sur Internet ! Votre blog n'étant ni une revue ni une maison d'édition, je considèrerai votre texte comme inédit.
Si je puis néanmoins me permettre ce conseil de longue expérience : évitez de mettre sur internet des textes inédits, i-e. qui n'ont pas auparavant été "publiés papier" voire simplement publiés par une maison d'édition informatique reconnue

La partie qui m'interpelle est en gras. Pourquoi ce conseil ? Quel peut être le "souci", puisque visiblement ce peut en être un d'avoir mes textes sur mon blog, alors que je les envoie par-ci par-là à des éditeurs ?

Si l'un ou l'une d'entre vous a une raison à m'offrir, je lui en serai reconnaissant.

Amicalement,
Silence écrit

Je suppose qu'un éditeur peut y voir un soucis dans le sens où le texte qu'il commercialise et sur lequel il base ses profits est disponible gratuitement et librement ailleurs. Tous les lecteurs qui y auront eu accès avant la publication sont autant d'acheteurs potentiels en moins. Enfin, c'est ce que ça m'évoque, mais peut-être qu'il existe une autre raison, je n'en ai jamais parlé avec un éditeur. Ce que je sais, c'est qu'un éditeur a autant (voire plus, parfois) d'intérêt à voir les textes comme des produits viables ou non que comme des œuvres d'art, puisqu'il s'agit de son gagne-pain.

Ouip, ça je comprends fort bien. C'est pour ça que j'avais proposé de le retirer. Mais elle semblait dire qu'il valait mieux ne pas les poster en amont, c'est-à-dire avant même la publication. J'ai trouvé ça un peu étrange. Les retirer à la demande ne suffit pas ? ^^

Moui, c'est vrai, je ne saurais pas expliquer ça.
Du coup, je serais également intéressé par la réponse d'un autre JE !

J'ai une autre hypothèse, du fait que ça t'est formulé comme un conseil et non une requête: tout simplement, tes textes ne sont sans doute pas déposés avant publication sur internet; dès lors, n'importe qui peut les plagier comme bon lui semble. S'ensuit que, si ton texte est ensuite publié sur papier, le plagiaire pourra éventuellement chercher des noises en faisant valoir qu'il avait posté son plagiat avant ta publication (ce qui peut être aisément constaté) et que sa rédaction est antérieure à ton original - ce dont tu ne pourras pas prouver le contraire faute d'avoir protégé ta création, ce qui pourrait peut-être valoir à ton éditeur de devoir... indemniser le plagiaire et de retirer de la vente ton oeuvre - pourtant légitime - car les preuves lui seraient favorables.

Du coup, ça me paraît simplement être une mesure de sécurisation juridique.

J'ai assez souvent posté mes poèmes sur le net vu que ca ne se vend pas et que si quelqu'un les copie... Je vois mal ce que ça pourrait lui rapporter. :/ Le droit de payer Edilivre ou une autre maison à compte d'auteur à ma place ?

Salut,

Je crois aussi que c'est généralement pour des questions d'exclusivité et de risque de plagiat. Ça semble le plus évident, mais si tu recontactes cette directrice, elle t'expliquera ce qu'elle a voulu dire par ce conseil. ^^

Je vais dans le sens de mes collègues ci-dessus. C'est le principe de précaution. Le but est de se protéger contre le plagiat éventuel, et de garantir à l'éditeur qui le publiera une certaine exclusivité.

C'est de la bêtise d'éditeur qui n'a pas encore compris comment avait évolué le marché (je le dis cash, hein ? xD). De nombreux éditeurs sont encore comme ça : à croire que, si un texte n'est pas "inédit", il perd en potentiel de vente. Et d'autres ont vu ce qu'il s'est passé pour 50 nuances (ancienne fanfiction), After (idem), Mortal instruments (idem), Journal d'une caissière (ancien blog), Les gens heureux lisent et boivent du café (ancien roman auto-édité), Mémé dans les orties (idem), toutes les histoires issues de fanfictions, toutes les histoires issues de blogs, toutes les histoires issues de Wattpad, de l'auto-édition... et ceux-ci se frottent les mains à l'idée de publier un roman qui a déjà conquis tout seul un lectorat.
Donc bon, ils comprendront (perso, j'ai, dans mes histoires publiées chez éditeur, 3 histoires qui ont été publiées auparavant sur le net). ^^

De la bêtise d'editeur, je ne sais pas, mais en tout cas, dans le domaine de la poésie, même gratuitement , même en auto-edition, même sur un blog, trouver des lecteurs n'est pas simple. J'ai d'abord eu des poèmes publiés dans des revues dont certaines ont fermé, un recueil entier paru à compte d'editeur, des poèmes dans des anthologies collectives, des prix...
Puis je les ai semés sur le net, y compris sur FB parce qu'ils y sont encore plus lus et commentés que dans une revue.

Un auteur peut espérer gagner sa vie en écrivant des romances, des thrillers ou des albums jeunesse, mais avec de la poésie ? Le risque de plagiat ? Même les concours de poésie sont payants : il faut débourser 5 euros pour envoyer un poème... Alors plagier des poèmes trouvés sur le net ?

Oui, lire ton commentaire me fait remarquer que le mot "bêtise" est clairement trop fort. On va corriger en parlant juste de non prise de conscience des changements induits par les "réseaux" (Wattpad, les blogs... En fin de compte, ce sont des réseaux).
Et tu as tout à fait raison, par rapport à la poésie, et c'est même vrai pour les romans, aussi. Je ne pense en tout cas vraiment qu'avoir ses textes publiés sur le net puisse être aujourd'hui un problème vis à vis de l'édition.

Je suis un peu perplexe sur tout cela: des gens qui ont lu gratuitement un bouquin sur internet sont prêts à payer juste pour l'avoir en version papier?

Oui, sauf pour de la poésie, car il y a cette idée que la lecture sur Internet doit être gratuite ou pas chère alors que l'objet-livre fait l'auteur. Ça ne durera peut-être pas... Mais pour l'instant...
On peut offrir une liseuse ou un roman papier (dédicacé) pas un roman numérique.

Alors, il y a plusieurs catégories de lecteurs, on dira :
- ceux qui l'ont lu sur le net et ne le liront pas sur un autre support (voire ne lisent que sur le net de toute façon),
- ceux qui l'ont lu sur le net et ne le liront pas sur un autre support mais auront envie de soutenir l'auteur en en faisant la pub,
- ceux qui l'ont lu sur le net et ont eu un maxi coup de cœur qu'ils auront envie de poursuivre en possédant l'"objet derrière" (avec des bonus, c'est mieux : texte retravaillé, belle couverture, passage additionnel, mots sympa envers les lectrices, séquence inédite, illustration inédite interne... que sais-je ?),
- ceux qui ne l'ont pas lu sur le net et en entendront parler par le biais de cette version publiée sur le net, et auront envie de l'acheter,
- ceux qui ne l'ont pas lu sur le net et en entendront parler ou pas mais n'auront de toute façon pas envie de l'acheter,
- ceux qui, de toute façon, préfèreront le télécharger illégalement.

Bon et après, de toute façon, même sans ça, c'est un bon laboratoire à essais pour les éditeurs : si le roman cartonne sur le net c'est qu'il a de toute façon le potentiel pour cartonner en vente : qu'il a de quoi attirer/intriguer/séduire et plaire derrière.

Convaincant.

D'autant que c'est moins risqué pour l'éditeur, puisqu'il peut se permettre de réduire très substantiellement le budget consacré à la promo, celle-ci ayant été faite sur internet, initialement par l'auteur, puis, à terme, par la communauté.