Salut Namandine
Pour te répondre :
1) Quelle est votre implication émotionnelle quand vous écrivez un roman ?L'implication est très grande, mais pas tout à fait dans le même sens que toi, il me semble. Bien sûr, comme tout le monde, il m'arrive de traverser des périodes de galère qui me font trépigner, ou des moments d'enthousiasme où l'écriture paraît facile. Mais quand je parle d'implication émotionnelle, ce n'est pas seulement cette alternance de joies et de peines, selon la réussite ou non de l'écriture.
C'est plutôt que l'histoire, les personnages, me trottent dans la tête toute la journée, et la nuit, 7 jours sur 7, et leur vie déborde dans la mienne. Je me raconte encore et encore des bribes de l'histoire, je refais les dialogues dans ma tête, je pense à un personnage et je m'imagine mille anecdotes à son sujet... Et ces rêveries très présentes influent énormément sur mes humeurs. Parfois, il peut m'arriver d'être vraiment déprimée toute la journée, parce que j'ai imaginé un épisode triste, et je sais que je ne le changerai pas, parce qu'il sonne juste : c'est comme si j'avais appris une mauvaise nouvelle, tu vois ? Au contraire, parfois, je suis euphorique parce que dans ma tête, il s'est passé un truc exaltant !
Donc l'implication émotionnelle, pour moi, c'est avant tout être envahie par des émotions qui ne sont pas les miennes. J'aime ça, mais c'est obsédant, parfois.
2) Parlez vous à vos proches de vos états d'âme ? Oui quand il s'agit de galères éditoriales. A mon copain, qui est le seul à savoir que j'écris, en fait.
Pour l'écriture, beaucoup moins. Je parle souvent à mon copain de mes phases de galère ou d'enthousiasme liées à l'écriture, je lui dis : "ça m'énerve, ce chapitre ne marche pas", ou bien "j'ai trouvé plein d'idées, me dérange pas pendant les 8 prochaines heures!"
Mais je n'entre jamais dans les détails, je partage encore moins l'histoire qui se déroule dans ma tête. Déjà je trouve que quand on formule à haute voix un travail en cours, il a l'air nul, et ça me déprime !
Et puis j'ai lu quelque part que parler trop d'un projet avant sa réalisation diminue nos chances de le mener à bien (car en parler nous procure déjà une part du plaisir de l'accomplissement, et nous incite davantage à laisser tomber, car la satisfaction attendue est déjà un peu là) : pour moi, c'est vrai.
3) Avez vous des trucs pour rester objectif sur votre travail ?
Le temps. Un regard extérieur.
Mais pendant que j'écris, je ne pose pas la question de savoir si c'est bien. C'est ensuite que je me le demande
Alors je laisse passer quelques mois, et je fais lire mon travail par quelqu'un d'autre.
En gros, j'écris parce que j'ai un truc à dire. C'est seulement une fois que c'est fait, que je me demande si ça intéresse quelqu'un d'autre
Par contre, l'écriture à 4 mains, ça me serait très difficile... C'est vraiment une "fermentation" de mon imaginaire sur un long laps de temps, et j'ai l'impression que si j'ouvrais le couvercle avant la fin du processus, ça ferait "pchit", tu vois ?