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 La place des rêves dans l'écriture

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Mâra
   
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Un simple "sondage", ça m'intéresse de savoir comment d'autres voient la chose:

1) Tes personnages rêvent-ils?

2) Si oui, racontes-tu leurs rêves, ou te contentes-tu de les mentionner? (limite qui peut être floue, je sais)

3) Le fais-tu dans le temps du déroulement du rêve lui-même, ou a posteriori?

4) Ces rêves ont-il une influence sur le déroulement de l'histoire (que ce soit primordial ou non)? Ou, autrement formulé, sont-ils une parenthèse par rapport à l'histoire, ou s'y inscrivent-ils aussi logiquement que le reste?

5) T'est-ce facile de décrire un rêve? Rencontres-tu des problèmes, si oui lesquels?

6) Y prends-tu du plaisir?

7) Le rêve est une expérience particulière, avec ses lois propres, quelles sont les règles que tu prends en compte lors de la rédaction (par exemple sur le traitement du temps, des personnages... Ces règles peuvent être inconscientes au moment où on les mets en pratique)

8] Plus personnellement: comment rêves-tu? (cette question est volontairement floue afin de ne pas influencer la richesse des réponses)

9) Une expérience de rêve qui t'a marqué et qui pourrait influencer ta vie d'écrivain?

Mes propres réponses:


Dernière édition par Mâra le Sam 27 Fév 2016 - 3:13, édité 1 fois
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Jana-Ships
   
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1) Tes personnages rêvent-ils? Si maestro, mes personnages rêvent. Certain(e)s devraient d'ailleurs s'abstenir de TROP rêver.

2) Si oui, racontes-tu leurs rêves, ou te contentes-tu de les mentionner? (limite qui peut être floue, je sais) Parfois, je les mentionne, mais en général, je ne trouve pas ça très intéressant, sauf si ça fait avancer sur l'histoire. C'est aussi un moyen de connaître le personnage, mais honnêtement, je ne fais que mentionner. Ils racontent rapidement, et puis on part sur autre chose.

3) Le fais-tu dans le temps du déroulement du rêve lui-même, ou a posteriori? Comprends pas. EDIT: Ca dépend là aussi. Pour les rêves mineurs, c'est a posteriori, sinon, c'est dans le rêve en lui-même. En particulier sur un projet qui nécessite vraiment ce traitement.

4) Ces rêves ont-il une influence sur le déroulement de l'histoire (que ce soit primordial ou non)? Ou, autrement formulé, sont-ils une parenthèse par rapport à l'histoire, ou s'y inscrivent-ils aussi logiquement que le reste? Sur l'un de mes projets (celui de la question3), je sais que je parlerais des rêves, et oui, ça aura une influence sur l'histoire. Ca sera même essentiel pour la communication entre certains personnages.

5) T'est-ce facile de décrire un rêve? Rencontres-tu des problèmes, si oui lesquels? Pas de problème, non. En fait, je me demande même comment ça pourrait être un problème, mais je sais que chaque auteur a une manière différente d'aborder les sujets, et le rêve est parfois dur à écrire pour certains. Courage et soutien à eux Smile

6) Y prends-tu du plaisir? A écrire sur le rêve? Moui, comme je prends plaisir à écrire. Je ne différencie pas les scènes, je prends plaisir à écrire chacune d'entre elles.

7) Le rêve est une expérience particulière, avec ses lois propres, quelles sont les règles que tu prends en compte lors de la rédaction (par exemple sur le traitement du temps, des personnages... Ces règles peuvent être inconscientes au moment où on les mets en pratique) Je ne savais pas qu'il y a avait des lois propres aux rêves...je suppose donc que je ne respecte pas forcément les règles en question? Pour moi, c'est clair, quand un personnage rêve, le temps s'arrête sur lui, et après je repasse au temps normal. Bien sûr, il s'est écoulé un temps, celui que le rêve a pris, mais ce n'est jamais un temps long. Quelques minutes, seulement.

8] Plus personnellement: une expérience de rêve qui t'a marqué et qui pourrait influencer ta vie d'écrivain? A part quand je me suis retrouvée dans une marre, avec un sabre laser et un crapaud en face de moi? Et qu'il fallait que j'aille sous l'eau (une eau verte et sale, je m'en rappelle comme si c'était ce matin alors que le rêve date d'au moins deux ans) Ou comme quand j'allais bientôt passer en représentation théâtrale et que deux fois de suite, j'ai rêvé d'être sur scène avec l'équipe? Nope, pas de lien avec ma vie d'auteur...

En vérité, les idées que j'ai, je ne les sors pas de mes rêves. Je les sors au détour d'une pensée consciente, dans le bus ou dans la douche. Je me souviens des rêves, mais je ne trouve aucune belle idée dans tout ce ramassis de conneries façon moi.

En espérant avoir bien répondu Smile


Dernière édition par Jana-Ships le Ven 26 Fév 2016 - 16:18, édité 1 fois
 
Duvodas
   
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1) Tes personnages rêvent-ils? OUI

2) Si oui, racontes-tu leurs rêves, ou te contentes-tu de les mentionner? (limite qui peut être floue, je sais) J les raconte quand ils revêtent un intérêt pour le personnage ou pour le lecteur. Il arrive que el perso oublie, mais que le rêve soit tout de même raconté comme une phase de narration/description pour livrer un indice sur l'histoire (car oui, les rêves ont une importance dans le scénario)

3) Le fais-tu dans le temps du déroulement du rêve lui-même, ou a posteriori? Oui, comme une phase de narration, jamais à posteriori pour une raison très simple : mon récit est au passé, si bien que le raconter rétrospectivement reviendrait à utiliser un temps composé et à voir des auxiliaires partout, chose qui me dérange un peu

4) Ces rêves ont-il une influence sur le déroulement de l'histoire (que ce soit primordial ou non)? Ou, autrement formulé, sont-ils une parenthèse par rapport à l'histoire, ou s'y inscrivent-ils aussi logiquement que le reste? Oui. Les rêves influent parfois sur la manière dont un perso voit les choses, et prend donc des choix en conséquences. Quand le rêve ne fait que l'indisposer (ou inversement) le temps du réveil, il a tout de même une importance pour le lecteur et sert souvent à ménager des effets de suspense. Sinon, ils sont aussi intéressant parce qu'ils permettent de se lâcher un peu sur l'esthétisation du récit, le caractère délirant des choses qui s'y produisent.

5) T'est-ce facile de décrire un rêve? Rencontres-tu des problèmes, si oui lesquels? Il m'est compliqué d'élaborer le rêve, dans le sens ou il a toujours une vocation révélatrice, mais doit être crypté dans son esthétique pour ne pas dévoiler directement et ne revêtir de sens que bien plus tard dans le récit, en se superposant à une phase de révélations qui, elle, est explicite.

6) Y prends-tu du plaisir? Oui

7) Le rêve est une expérience particulière, avec ses lois propres, quelles sont les règles que tu prends en compte lors de la rédaction (par exemple sur le traitement du temps, des personnages... Ces règles peuvent être inconscientes au moment où on les mets en pratique) Ils se caractérisent par une invraisemblance des apparences, un personnage défiguré, voir qui n'a pas du tout de visage, par exemple, ou un décors si peu décrit qu'il en devient anecdotique, que l'on peut s'imaginer le voir disparaître.

8] Plus personnellement: une expérience de rêve qui t'a marqué et qui pourrait influencer ta vie d'écrivain? Aucune idée, je ne me souviens jamais.
 
Mâra
   
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@Jana: pour la question 3, je voulais demander si tu racontais ces rêves en disant "Machin s'endormit. Il rêva qu'il était dans une grande maison..." ou si c'est plus "Machin se réveilla. Il avait rêvé qu'il était dans une grande maison..." ou encore "Hé, Truc, tu devineras jamais ce dont j'ai rêvé! J'étais dans une grande maison..." Bref, si tu les racontes au moment où ils se déroulent, ou a posteriori Wink 
Pour la 7, oui je crois qu'il y a des règles différentes dans la réalité et dans le rêve, en plus du temps qui s'arrête, par exemple: difficulté de courir ou de faire une action rapide, etc... Mais peut-être n'en as-tu pas conscience au moment d'écrire, ce qui ne veut pas dire que tu ne les connais pas!
Je serais curieuse de savoir ce que tu entends par "ce sera essentiel pour la communication entre personnages" Smile
Sinon oui, tu as bien répondu, il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise réponse de toute manière ^^

@Duvodas
Citation :
Quand le rêve ne fait que l'indisposer (ou inversement) le temps du réveil, il a tout de même une importance pour le lecteur et sert souvent à ménager des effets de suspense. Sinon, ils sont aussi intéressant parce qu'ils permettent de se lâcher un peu sur l'esthétisation du récit, le caractère délirant des choses qui s'y produisent.
Tout à fait d'accord avec ces deux remarques!
C'est bien vu pour le décor (question 7)
Sinon, je serais curieuse de savoir sur quoi tu te bases pour écrire des rêves si tu ne te souviens jamais des tiens: est-ce que c'était une affirmation exagérée, ou est-ce que tu écoutes des gens parler des leurs, etc...?
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Jana-Ships
   
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Han d'accord Smile Le pire, c'est que si j'avais bien lu la phrase, j'aurais pu comprendre...pardon, je n'étais pas très réveillée. Alors...je vais éditer mon post de ce pas pour répondre à c'te question 3 convenablement! Les règles, je n'en suis sans doute pas consciente quand j'écris, en effet. Je ne me pose pas la question de savoir si ça marche ou pas.

Eheh, curieux Smile Je n'ai pas encore écrit sur ce projet, mais j'ai déjà les intrigues et les personnages, donc ça pourrait encore changer d'ici là, surtout que je ne prévois pas de l'écrire tout de suite. La communication par rêve serait essentiel parce que l'un des personnages n'a pas de corps physique défini depuis le départ. Il choisit son nouveau corps, et pour ça, communication par les rêves.
 
Duvodas
   
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J'exploite ma propre expérience du rêve dans le caractère indéfini que j'attache à la description des décors, comme dit plus haut?. Dans ce sens là, ca marche. Sinon, je les écrit comme des scène hyper métaphoriques mobilisant des symboles très évocateurs et plus ou moins admis dans l'imaginaire collectif, si bien que je n'ai pas forcément besoin de spécifier qu'il s'agit de rêve. Le lecteur le comprend lui même, de par la mobilisation de cette esthétique qui, dans notre culture, est attribuée au domaine du subconscient et donc, du rêve.
 
Séléné.C
   
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sondage a écrit:

1) Tes personnages rêvent-ils?
Parfois
2) Si oui, racontes-tu leurs rêves, ou te contentes-tu de les mentionner? (limite qui peut être floue, je sais)
En général, si je mentionne le rêve, je le raconte aussi, mais il n'est pas exclu que je parle simplement d'un sommeil agité de rêves, sans donner plus de précision. C'est selon l'utilité.
3) Le fais-tu dans le temps du déroulement du rêve lui-même, ou a posteriori?
Heu... J'ai du mal avec la question.
Jusqu'à présent, je n'ai jamais mis en scène un dialogue dans lequel un personnage raconte son rêve. C'est une phase du récit, un peu.

4) Ces rêves ont-il une influence sur le déroulement de l'histoire (que ce soit primordial ou non)? Ou, autrement formulé, sont-ils une parenthèse par rapport à l'histoire, ou s'y inscrivent-ils aussi logiquement que le reste?
Oui, ils ont une importance. Du moins, ceux qui sont racontés.
5) T'est-ce facile de décrire un rêve? Rencontres-tu des problèmes, si oui lesquels?
Variable...
Ca dépend de ce qu'il faut raconter et de l'ambiance que je veux donner. En fait, ce n'est jamais pareil. De fois oui et des fois non.

6) Y prends-tu du plaisir?
Variable aussi. Ca dépend du rêve à raconter, et du style choisi.
Les rêves de Larry dans les "Errances Galactiques" ont été beaucoup plus agréables à écrire que ceux de Martin dans "le salaud dans le miroir".

7) Le rêve est une expérience particulière, avec ses lois propres, quelles sont les règles que tu prends en compte lors de la rédaction (par exemple sur le traitement du temps, des personnages... Ces règles peuvent être inconscientes au moment où on les mets en pratique)
Certains rêves sont très réalistes, d'autres un peu flottants ou carrément absurdes (du moins les miens).
Pour mes personnages, c'est pareil. Certains rêves que je leur fais faire sont traités de façon réaliste (c'est assez chiant, vu qu'il n'y a pas grande différence avec la narration proprement dite), d'autres pas (ceux-là sont plus cool à traiter, quoique pas forcément faciles).

8] Plus personnellement: une expérience de rêve qui t'a marqué et qui pourrait influencer ta vie d'écrivain?
scratch  Déjà que j'ai l'impression qu'écrire c'est un peu rêver éveillé...

Edit
Erratum sur "Jusqu'à présent, je n'ai jamais mis en scène un dialogue dans lequel un personnage raconte son rêve." >> j'ai un conte qui est bâti justement sur un dialogue dont c'est la base... (un vieux truc mais quand même)


Dernière édition par Séléné.C le Sam 27 Fév 2016 - 2:08, édité 1 fois
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Raven
   
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Les sondages, c'est pas sexy. Alors je réponds en pavé. Rolling Eyes

De mes deux projets — l'un horreur, l'autre hard SF, — le premier est carrément basé sur les rêves (d'où son nom *Inception DUUUUUUM!*). Les rêves de mes personnages, le concept de rêve tel qu'on l'a compris à certaines époques et comme on le comprend maintenant… Et les rêves de l'humanité en général. Du coup, je les “mentionne” beaucoup, oui, vu qu'ils font l'objet de chapitres entiers — toujours infernalement délicats à écrire, parce qu'on a pas tous une super prose comme Nerval pour raconter des rêves. Jamais racontés dans la continuité, parce que je n'ai pas de narrateurs omniscients : ce sont les personnages qui les racontent, à voix haute ou à l'écrit.

Décrire un rêve, ça n'est pas vraiment ça qui est difficile. C'est de transmettre l'onirisme du moment, le fait que tu n'aies pas forcément conscience d'être dans un rêve, et le fait que la réalité soit irréaliste sans être invraisemblable. C'est tout un jeu assez compliqué à faire tenir debout. Tout en posant la question du sens : est-ce que le rêve a du sens pour le personnage ? pour le lecteur ? si oui, est-ce qu'il est bon ? si non, est-ce que la position choisie est claire ?

Donc non, je ne prends pas de plaisir à écrire des rêves — c'est plus délicat que du propergol, ces saloperies. Mais c'est très satisfaisant quand on a réussi à les écrire ! Laughing

Justement, est-ce que le rêve a réellement ses “lois propres” ? Pas vraiment. On peut être soi comme n'être pas soi, se trouver du point de vue d'un personnage de l'autre sexe ou alors n'être qu'un regard flottant dans l'espace, la réalité peut se trouver à différents niveaux de “stabilité”, de “réalisme”, de “vraisemblance”… Ce qui importe n'est pas forcément de retranscrire le rêve véritable, tel qu'on le fait dans la réalité, c'est de le manifester et de l'utiliser comme outil narratif : par exemple, je suis incapable de me souvenir — à de très rares occasions — des noms de mes personnages oniriques, résultat, ça donne des trucs du genre C***, D***, K*** (y a un petit côté XIXème siècle là-dedans) ou alors des désignations plus fonctionnelles comme “La Voleuse”, “L'Assassin”, “Le Patron”…

C'est précisément parce que le rêve n'est pas “logique” (du moins, il ne s'agit pas d'une logique telle que la conscience éveillée peut la comprendre) que je peux pas blairer les fins ce n'était qu'un rêve. Aucune narration ne peut tenir dans un rêve. Un ou deux concepts, au mieux.

Quant aux expériences, bah, c'est vaste. Il y a l'état de wake en anglais, ou de “dorveille” en français, qui est très particulier à expérimenter. Ou alors tous les jeux avec le regard : c'est le regard qui stabilise la réalité du rêve, dès qu'on ne regarde plus, tout fluctue très vite ; quand on regarde derrière soi, il peut se passer des choses bizarres, par exemple, des inversions de côtés, comme si on regardait dans un miroir…

Tiens, un rêve que j'ai fait y a pas longtemps : des scientifiques avaient réussi à inventer des “téléportails”. C'étaient une bande que tu collais à un cadran de porte, tout autour, puis tu balances du jus dedans et en passant à travers, ça t'emmène à un autre “téléportail” qui a été programmé à la même fréquence. Et dans le rêve, les routes n'étaient plus utilisées et en cours de destruction, et les gares étaient devenus d'énormes hangars souterrains avec des portes partout. (Je fais des rêves très cohérents, parfois.)


Dernière édition par Raven le Ven 26 Fév 2016 - 21:02, édité 1 fois (Raison : Je fais des fautes atroces. Mais je suis malade. *Renifle.*)
 
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C'est marrant comme coïncidence, parce que la scène que j'ai écrite hier c'était justement un rêve. Du coup ça m'a fait sourire. C'était facile, je pense qu'il faudra que je reprenne un peu ici et là pour l'envoler un peu plus, peut-être. ( du coup je comprends très bien certains trucs que tu dis Raven)
je réponds pas aux question parce que.
Mais je trouve quand même ça intéressant et tout.
 
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C'est drôle, ce sondage, ça me fait prendre conscience que je n'ai que très rarement (à dire vrai, je ne me rappelle même pas une occasion où ç'a pu se produire) été convaincu par une scène onirique, que ce soit par écrit, ou au cinéma ou en BD. Peut-être cela tient-il à de mauvais choix, de ma part comme de la part des auteurs.
Toujours est-il que la phase où est décrit un rêve, que ce soit explicite ou implicite, m'a toujours paru une grosse ficelle un peu facile pour l'auteur (en dehors des rêves modifiés par une contingence extérieure significative pour le déroulement de l'histoire).
Cela tient peut-être aussi à la façon dont moi-même je rêve: 80% de mes épisodes oniriques (j'y inclus mes décrochages conscients et les délires dus à la fièvre) sont une bête reformulation de mon vécu plus ou moins récent, ce qui les rend éminemment transparents. 20% sont complètement absurdes et dénués d'affects, et le reste sont des rêves érotiques toujours centrés sur un rapport sexualisé à une femme idéalisée.

Du coup, le rêve étant pour moi relativement "inutile", il l'est aussi pour mes personnages, sauf lorsqu'ils peuvent être modelés pour revêtir une signification particulière (prémonitions, télépathie etc). Ca reste rarissime: deux histoires seulement dans ma besace ont ce genre d'épisodes.
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Mâra
   
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Raven a écrit:
on a pas tous une super prose comme Nerval pour raconter des rêves.
Tout à fait! Quand je pense "Report Trip réussi" je songe tout de suite à "Aurelia". Normalement quelqu'un qui te raconte son rêve / ses hallus / etc c'est chiant car tu ne saisis pas les symboles sous-jacents, les ressentis etc, qui passionnent tant le narrateur. Alors que dans ce texte, le gonz réussi à en faire un récit passionnant, à ma grande surprise. En la matière, c'est un peu le maître!
Raven a écrit:
est-ce que le rêve a réellement ses “lois propres” ?
Je pense, oui. Rien que le fait qu'il n'obéisse pas à celles du réel (par ex narration continue impossible, comme tu l'as souligné) en est une. Ce sont des règles assez souples, on va dire, qui servent plus à circonscrire un espace qu'à le régler Wink
Raven a écrit:
tous les jeux avec le regard
Très intéressant!

Bohr a écrit:
m'a toujours paru une grosse ficelle un peu facile pour l'auteur (en dehors des rêves modifiés par une contingence extérieure significative pour le déroulement de l'histoire).
Pourrais-tu développer ce passage? Smile
Je pense comme toi que la manière dont on rêve doit influencer: je vais ajouter une question à ce sujet, tiens.

-> Mes rêves comptent beaucoup pour moi. Ils décrivent souvent des choses dont je n'ai pas conscience, que je refuse de voir, me dévoilent un changement en train de se produire ou contrebalancent mon état du moment. Par exemple, après avoir lu Miller, j'ai fait beaucoup de rêve érotiques, qui m'ont fait prendre conscience que je n'étais pas du tout ouverte à ma propre sensibilité sensuelle. Ou alors, maintenant que je commence à m'habituer à vivre seule, je fais des rêves qui me renvoient à la maison parentale et explorent la nostalgie que je peux garder, ou non, de cet endroit. Egalement, en dehors de ma famille je ne rêve jamais des gens que je connais, sauf quand je les ai rayé de ma vie ou dors à côté d'eux ; ce qui me permet de savoir tout de suite quand je me détache d'une personne. Bref: c'est très riche.
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Oh, il est chouette ce fil !

C'est marrant parce que la semaine dernière, j'ai expérimenté pour la première fois un rêve dans un rêve, en mode Inception. Je veux dire, j'avais rêvé deux nuits plus tôt que je faisais mon compte-rendu à l'oral de JE Bouquine devant un jury de JE indéfinissables. Et, deux nuits plus tard, alors que je rêvais d'un truc impossible à me rappeler, je me suis retrouvé assis à une table sur une plage en pleine nuit, à raconter ce rêve JE Bouquine a une personne que je visualisais comme un(e) ami(e), mais impossible de me figurer son visage.

Tiens, je suis un peu comme toi, Mâra. Depuis que j'ai dépassé le stade de l'enfance (angoisse de perdre ses parents, ses frères et soeurs...), je n'ai pas souvenir d'avoir rêvé de ma famille proche. Pareil pour les amis très proches (bon, il y a bien ce rêve avec une pote...). En fait, beaucoup de personnages de mes rêves sont des amis de l'école, du collège ou lycée, et pour lesquels j'ai encore une image très précise de leur visage, leur caractère.

Quand j'ai commencé à écrire, donc pour l'histoire jeunesse, j'ai expérimenté des micro siestes dans le rer, vraiment des assoupissements pas plus longs de 30 secondes. Vu que j'avais la tablette dans les mains, j'étais directement propulsé dans une nébuleuse où surnageaient des morceaux de scènes, des persos isolés. En peaufinant a l'écriture, ca a donné quelques passages sympas, et surtout ouvert des passerelles pour d'autres aventures.

Dans l'histoire en cours, mon héroïne fait des reves d'un passé tres lointain. Disons qu'elle rêve, parce que tout ca se déroule pendant qu'elle dort, mais ce sont plus des souvenirs d'une tierce personne. Du coup, bien qu'elle soit parfaitement consciente dans ces moments-là, elle n'a aucune prise, c'est juste une spectatrice. Même si ces rêves ne suivent pas forcément un ordre chronologique, le but c'est qu'il y ait une progression, qui aille de paire avec la progression de l'intrigue dans laquelle évolue l'héroïne.
 
Bohr
   
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Pour répondre à la question de Mâra, je dirais que le rêve me paraît une ficelle grosse et facile lorsque celui-ci est employé pour distiller quelque chose de signifiant, comme par exemple des éléments éclairant l'intrigue ou l'identité ou le passé d'un personnage.

A ce titre, et ce malgré tout le brio formel qu'y a mis l'ami Scorcese, les scènes oniriques du film "Shutter Island" relèvent exactement de ça: on délivre des indices plus ou moins cryptés qu'il eût été plus délicat d'introduire durant le temps de veille du héros - alors qu'il est parfaitement concevable de les amener de cette manière, ce qui est peut-être le cas dans le bouquin.
Du coup, même si c'est présenté comme quelque chose de cryptique, ça me paraît aussi facile que l'informateur mystérieux qui lâche une formule nébuleuse pour aiguiller l'enquêteur, avant d'écraser sa Marlboro. On ne sait pas d'où il vient, on ne sait pas trop pourquoi il décide d'aider l'enquêteur, mais c'est quand même bien pratique pour éviter à l'intrigue de caler.

C'est en ce sens que le rêve peut me sembler une astuce scénaristique parfois un poil grossière, voire putassière, car se drapant dans les voiles du subconscient parce que, bah, en fait, ça en jette plus. Razz
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Ha mince je croyais que ça allait parler des rêves comme source d'inspiration, parce qu'une de mes nouvelles c'est quasiment la transposition moment par moment d'un rêve et j'ai rêvé d'une bonne partie de mon second roman avant de l'ecrire.
 
Radischat
   
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Radischat  /  Dr. Danielle Jackson


Citation :
1) Tes personnages rêvent-ils?
Oui, à peu près tous mes personnages, principaux du moins, vont rêver au moins une fois dans l'histoire. Mais plus que le rêve, j'utilise les rêves éveillés, ou les hallucinations, mirages et autres trucs.


Citation :
2) Si oui, racontes-tu leurs rêves, ou te contentes-tu de les mentionner? (limite qui peut être floue, je sais)


Si mes personnages rêvent, ça va prendre une scène complète dans le roman, on va directement "voir" le rêve. Ils pourront par la suite en parler et le mentionner dans le reste de l'histoire mais on va forcément avoir le rêve complet dans l'histoire.


Citation :
3) Le fais-tu dans le temps du déroulement du rêve lui-même, ou a posteriori?


Répondu plus haut, je pense.


Citation :
4) Ces rêves ont-il une influence sur le déroulement de l'histoire (que ce soit primordial ou non)? Ou, autrement formulé, sont-ils une parenthèse par rapport à l'histoire, ou s'y inscrivent-ils aussi logiquement que le reste?
Tout dépend, le rêve peut être un rêve clé pour la trame ou simplement un moyen de développer une autre facette du personnage et un état d'esprit qu'on ne verrait pas forcément dans l'histoire. Mais généralement, ils s'inscrivent quand même dans l'histoire.


Citation :
5) T'est-ce facile de décrire un rêve? Rencontres-tu des problèmes, si oui lesquels?
Facile, je sais pas, mais c'est amusant à écrire. Mon problème, c'est que le rêve, dans les romans, commence à avoir mauvaise presse, c'est un peu cliché, un peu "facile" de mettre un rêve dans un roman (cf. Tv trope, "All Just a Dream"  et tous les articles autour du rêve)


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6) Y prends-tu du plaisir?
Oui Very Happy Puisque généralement, on peut transposer le personnage dans un tout autre monde et dans des situations radicalement différentes de ce qu'il vit au quotidien, donc c'est rafraichissant, on va dire.

Citation :
7) Le rêve est une expérience particulière, avec ses lois propres, quelles sont les règles que tu prends en compte lors de la rédaction (par exemple sur le traitement du temps, des personnages... Ces règles peuvent être inconscientes au moment où on les mets en pratique)
Hum je n'y avais pas vraiment pensé jusque là, mais je sais que dans ma dernière scène de rêve, j'avais délibérément utilisé des termes flous sur le temps et sur le lieu, d'être "dans le présent" et de ne pas trop ancrer le rêve. Aussi, certaines "transitions" sont rapides et


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8] Plus personnellement: comment rêves-tu? (cette question est volontairement floue afin de ne pas influencer la richesse des réponses)

Je rêve en couleurs, avec tous les sens, et avec plusieurs angles de vue ! Il m'arrive de passer d'une vue interne à une vue externe, comme un film, comme une caméra. Aussi, il m'arrive de réfléchir, de penser pendant mon rêve et de pouvoir choisir ce que je vais faire, mais sans pour autant que cela soit un rêve lucide.

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9) Une expérience de rêve qui t'a marqué et qui pourrait influencer ta vie d'écrivain?
Le fait que mes rêves soient des petits films et qu'ils soient nourris par les nombreuses séries que je regarde, tous mes rêves m'influence plus ou moins dans ma façon d'écrire en fait, je me souviens très bien de certains rêves qui m'ont marquée, et du coup, j'utilise les sensations ressenties dans certains rêves pour décrire certaines choses dans mes romans.
 

 La place des rêves dans l'écriture

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