Ma réponse sera imparfaite car le sujet est trop compliqué pour mes connaissances, mais je vais quand même essayer de poser ce que j'ai retenu de ce temps du point de vue de la grammaire.
Sans aller dans les tréfonds du passé simple — je prends celui-là en particulier, qui est le temps du récit par excellence —, de son historique dans la langue ou de la sensibilité qu'on peut avoir vis-à-vis de ce temps, on peut quand même en dire deux ou trois choses. Par exemple, on l'a beaucoup opposé au passé composé en disant que ce dernier devait évoquer des événements récents, datant de "moins de vingt-quatre heures". Cela rejoint Benveniste qui distinguait l'énonciation de discours et l'énonciation historique. En gros, la première est assumée par son énonciateur, et on peut y trouver les marques de son énonciation. La seconde, elle, se distingue par la distance maximale que le locuteur prend par rapport à son énoncé, qui est alors pris en charge par un narrateur anonyme. Je ne sais pas si ça sera clairement dit, mais c'est un peu cette différence que l'on retrouve entre "hier" et "la veille", ou bien entre "demain" et "le lendemain" : "hier" et "demain" prennent sens quand on les raccroche à l'acte d'énonciation présent, tandis que "la veille" et "le lendemain" en sont totalement décrochés.
Du coup, le passé simple est plus adapté à ce second type d'énonciation où comme le dit Benveniste "personne ne parle ici ; les événements semblent se raconter eux-mêmes." Je ne sais pas ce que vaut cette page, mais elle m'a l'air bien pour démêler tout ça.
Après, encore une fois, je ne sais pas si le récit a créé le passé simple ou si le passé simple a créé le récit, mais voilà en tout cas pourquoi, aujourd'hui, on emploie plus volontiers ce temps qu'un autre dans un récit (et non pas dans un texte ; une pièce de théâtre, par exemple, mêlera tous les temps et se trouvera davantage dans une énonciation de discours où les personnages assument leur énoncé, puisqu'il s'agit exclusivement de dialogue). Quant à l'imparfait, on pourrait en dire à peu près la même chose avec cependant encore plus de nuances dans ses emplois (d'habitude, de description, hypocoristique et tout le reste !).