Séléné : très bien ça les coups bas sur les tâches et détails physiques, et oui il y avait du garum au banquet ! Ils en sont à la fin du banquet, après avoir été allongés dans le triclinium, ils sont maintenant dans le jardin à déguster du vin que les échansons leur versent dans leurs coupes. Comme c'est le soir, des tâches peuvent ne pas avoir été remarquées sauf évidemment par une fille comme Emilia qui est du genre à remarquer toutes les imperfections et à les signaler afin de se mettre en valeur par méchanceté sans en avoir l'air. Sur l'art de tenir une maison, tu me donnes une idée, elles pourraient s'affronter au sujet d'un esclave récalcitrant, l'une étant adepte de la punition au fouet, l'autre plus philanthropique.
Mikaroman: effectivement il y a des règles sociales. C'est un milieu social qui aime l'intelligence dans la rhétorique, donc le sens de la répartie et la culture. Il y avait à l'époque des jeux d'esprit. C'était primordial car la culture et l'esprit étaient les seuls moyens pour les classes supérieures de se singulariser du peuple, on appelait ça la paiedia. Pour ce qui est de l'enjeu, il est le suivant : le garçon à séduire est issu d'une grande famille romaine et pas encore marié, il est appelé à faire une brillante carrière au service de l'empereur, en plus d'être immensément riche. Les jeunes filles font partie d'une classe sociale moindre : filles de curiales, c'est à dire membres du conseil de la cité de Thessalonique qui est tout de même une megalopolis, une des cités les plus importantes de l'empire. Marina est fille d'un marchand syrien, un marchand d'épices et de vin, considéré un peu comme un gueux enrichi. Emilia quant à elle est fille d'un propriétaire terrien de Macédoine, un chevalier romain, moins riche mais sans profession ce qui est plus honorable. Leurs deux familles poussent les jeunes filles à trouver un mari d'une grande famille. Isidore, le jeune homme visé n'est pas le seul de ce rang mais l'autre, Jovius, est antipathique, et Marina ne veut pas de lui.
Ce qui fait des femmes de l'époque des femmes idéales ? Eh bien la beauté, la santé (un mariage dure peu d'années du fait de la mortalité), elles doivent rayonner, et doivent séduire en se distinguant des courtisanes par des attitudes plus guindées comme par exemple le fait de ne pas rire bruyamment ou de prendre délicatement les aliments du bout des doigts...