Nombre de messages : 178 Âge : 37 Date d'inscription : 18/08/2015 | Billentête / Tycho l'homoncule Ven 21 Aoû 2015 - 19:34 | |
| Bonjour à toutes et à tous, Je viens d'arriver à un point critique de la rédaction de mon roman, la résolution de la première intrigue secondaire qui constituerait, si je venais à décider de réaliser des tomes, la fin du premier. J'écris mon roman comme je regarderais un film, comme beaucoup d'autres auteurs sur le forum d'après ce que j'ai pu en lire. Toutefois, j'éprouve des difficultés dans ce passage qui s'avère primordial pour la suite de mon histoire. Pour vous résumer le contexte, mon héroïne, Eva, a été enlevée et torturée physiquement mais aussi mentalement par le biais de "simulations". Ces dernières sont des sortes de projections mentales dans lesquelles le sujet ne se rend normalement pas compte qu'il n'est pas éveillé, un peu comme un rêve (ou dans le cas d'Eva, les pires de ses cauchemars). Ces simulations font intervenir l'image de personnes qui sont chères au cobaye afin, notamment, de le rendre plus docile et pouvoir en tirer des informations. Il faut savoir qu'Eva a subi les pires atrocités pendant plusieurs semaines avant d'être secourue (je vous passe les détails inutiles comme les ongles arrachés, les brûlures de cigarettes, les coups à répétition etc...) par Aidan, mon héros qui en pince sérieusement pour elle et c'est réciproque. Dans ce passage, Eva se réveille d'un long coma à la suite de son sauvetage. Elle est alors persuadée d'être dans une simulation et qu'Aidan, lorsqu'il intervient, n'est qu'une énième projection et qu'il n'est donc pas réel. Pouvez vous, s'il vous plait, me donner votre avis sur la réaction d'Eva (juste en dessous) ; me dire si vous arrivez facilement à visualiser ses expressions et toutes les émotions qui s'emparent d'elle successivement ainsi que les actions ? Je suis aperçue que décrire les gestes et mimiques d'un personnage d'un point de vue tiers pour tenter d'expliquer ses pensées était un travail vraiment pas simple ! Nota Bene : * Jack Pearson est l'un des gardes qui la retenaient prisonnière sauf que pris de pitié pour elle, il a tout fait pour améliorer ses conditions de détention (lui apportant à manger en cachette, recousant ses doigts lorsqu'ils étaient vraiment trop amochés etc...) sans que ses véritables geôliers ne s'en rendent compte. Il a également aidé Aidan à la sortir de cet enfer. * Cet extrait est tiré d'un chapitre du point de vue d'Aidan (j'alterne régulièrement entre lui, Eva et un autre de mes personnages). * Les lieux : il s'agit d'une immense pièce dans laquelle se situe un cube en verre (une chambre stérile) où se trouve le lit d'Eva. * Eva est dotée d'une force surhumaine. * Eva et Aidan ne se sont jamais dit "je t'aime", ils utilisent une sorte de code (comme idem dans ghost) : "pour toi", que les personnes qui lui faisant subir les simulations ignoraient. - Citation :
- Trois infirmières déboulèrent en trombe dans le couloir depuis leur salle de repos. Elles se dirigèrent immédiatement vers la chambre stérile et je m’empressai de leur emboiter le pas, lâchant mon café d’un même mouvement. Des cris stridents s'élevèrent soudain, déchirant le silence matinal.
Mon sang se glaça lorsque j’aperçus le corps frêle d’Eva debout, à l’autre bout de la pièce. D’une main elle tenait l’un des médecins, enserrant son cou tout en le soulevant à plusieurs centimètres du sol. Ce dernier semblait étouffer, la pression qu’elle appliquait sur sa gorge était telle que ses doigts pénétraient sa peau par endroit, laissant s’échapper plusieurs filets de sang. Le second gisait inconscient à quelques mètres, l’arcade ouverte de laquelle s’écoulait abondamment une rivière de rubis mise en exergue par la lumière acide des néons. - EVA ! J’avais hurlé, aussi fort que mes poumons me le permettaient. Elle lâcha immédiatement prise et le corps inerte retomba lourdement le long de la paroi. Elle se tourna vers moi, vive et déterminée. Je n’avais pas réfléchi, ignorant les différents protocoles et les infirmières qui me vociféraient de ne pas entrer, j’avais pénétré la zone stérile. - NON ! Pas lui ! Pas encore ! Eva avait rugi ces mots d’une voix animale, désincarnée. Elle avait fondu sur moi trop vite pour que je sois en mesure de l’éviter. Ses mains pourtant d’apparence fragiles avaient attrapé ma veste aux épaules pour mieux me projeter à travers la chambre, basculant le lit et les perfusions par là même. Mais je n’eus pas le temps de m’interroger sur sa réaction que déjà elle sautait par dessus le sommier et se ruait vers moi. Je réussis à esquiver son attaque en roulant sur le coté, évitant les coups meurtriers qui fendaient l’air. Les deux mains en avant je tentai de la calmer et de garder une distance de sécurité entre elle et moi. - Eva, c’est moi ! C’est Aidan ! Mais mes paroles eurent l’effet contraire et elle enragea davantage encore, projetant le lit dans ma direction avec une facilité déconcertante. J’évitai de justesse le projectile tout en essayant de reprendre mon souffle. - NON ! Tu n’es pas lui ! Il n’est jamais venu me chercher ! Jamais ! Je la regardai sans comprendre, cherchant dans ses yeux fous une once de logique, le fil de son raisonnement. J’étais perdu. - Il m’avait promis, se mit-elle à sangloter. Il m'avait dit qu'il serait toujours là pour moi. La peine prit l’ascendant sur la colère dans sa voix, me submergeant dans le même temps. Mais mes pensées furent de nouveau avortées par Andrews et Pearson qui arrivèrent en courant. Eva ne parut pas les remarquer et poursuivit. - Ils me l’avaient dit... Ils me l’avaient dit que tu ne viendrais pas. Je ne les ai pas crus. Je ne voulais pas les croire... Tu m’avais promis ! Les larmes noyèrent ses prunelles émeraudes desquelles l’angoisse et la souffrance paraissaient suinter. Ses traits n’étaient plus qu’un masque déformé par la peine et la douleur, mélange amère qui m’emplit immédiatement d’un immense sentiment de culpabilité. Je cherchai les mots, ceux qui sauraient la ramener dans notre réalité, la déconnecter des horreurs qu’elle avait traversées. Ceux qui me permettraient de la retrouver. - Je suis venu Eva, comme je te l’avais promis. Pour toi. Elle resta un instant silencieuse, tel le calme avant la tempête. Son expression se déforma soudain, comme si je venais tout juste de la blesser. Je reculai d’un pas devant la fureur qui prenait naissance devant moi. - NON ! Vous n’avez pas le droit ! De nouveau elle avait hurlé, terrifiante et enragée, au paroxysme de la démence. - Vous m’avez déjà tout pris ! Il ne me reste que ça ! Ne me l’enlevez pas ! Vous n’avez pas le droit ! Tout son corps brûlait d'un fureur sans borne, un brasier sans mesure qui consumait tout ce que je reconnaissais en elle. Mais un éclat déconcertant balaya soudain son regard alors que ses traits se détendaient curieusement. Tel un enfant sur le point de commettre un impair, elle m’observai, immobile. Ses mouvements furent trop rapides, implacables. Elle avait avalé la distance qui nous séparait avant même que je ne puisse esquisser le moindre geste, sauvage et furieuse. D’un bond elle était passé à coté de moi. Je fis un demi tour pour la suivre des yeux, alors qu’elle me tournait maintenant le dos ainsi qu’au reste de l’assemblée médusée, les deux mains en avant. Elle paraissait tenir quelque chose qu'elle observait, la tête baissée. - Je sais que même dans les simulations vous pouvez me faire du mal. Sa voix était cassante, glacée ; elle se retourna lentement vers moi, dévoilant ce qu’elle détaillait entre ses doigts. Mon arme de service. Instinctivement je touchai mon fourreau vide, pris de panique. - Alors peut-être que je peux tout arrêter. Elle leva le fusil jusqu’à sa tempe, collant le canon sur sa peau. Mon coeur eut un raté ; j’étais en train de la perdre. - EVA NON ! Mais elle se contenta de sourire, de ceux que l’on offre lorsqu'on ne nous laisse guère la possibilité de choisir, de ceux qui nous avouent vaincus. Elle abdiquait, à sa manière... Je perdais pied, incapable de réagir, abandonné dans une situation où je ne maitrisais absolument plus rien. Je ne pouvais pas l’arrêter, elle était bien trop vive pour que je puisse prétendre la maitriser. Elle tira le chien dans un claquement métallique qui résonna comme le tocsin, un écho funeste. - Eva, arrête ! Pearson était intervenu au micro. Instantanément la jeune femme changea d’attitude, relâchant légèrement sa prise sur le pistolet, tremblante. - Jack ? C’est toi ? L’intéressé pénétra à son tour dans la pièce, les deux mains en l’air. Je l’observai avancer vers elle lentement, avec précaution, alors qu’elle se mettait à frissonner et à pleurer. - Jack... Non... Ils savent ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? demanda-t-elle. - Non Eva, ils n’ont jamais su que je t'avais aidée. Ils n'ont jamais su que j'étais de ton coté. Tu n’es plus dans une simulation Eva, Aidan est venu te chercher, comme tu l’avais espéré. Tu es en sécurité. C’est fini. Son regard vrilla, elle perdait l’équilibre, tanguant d’un pied sur l’autre comme malmenée par un courant invisible. Ses paupières papillonnèrent alors qu’on pouvait lire en elle les vagues de questions qui la submergeaient. Ses yeux ne semblaient plus en mesure de se fixer sur un point, ils balayaient la pièce et les personnes que l’on devinait derrière la paroi vitrée, redécouvrant un monde qu’elle croyait ne jamais revoir. On pouvait presque percevoir le dilemme qui l’agitait, les tourments auxquels elle tentait d’échapper en silence. - Je sais que tu as peur Eva, peur que ce ne soit qu’un autre de leurs stratagèmes. Mais ce n’est pas le cas, c’est terminé. Tu n'as plus besoin de te battre. Elle leva les yeux vers Pearson, emplis d’une reconnaissance stupéfiante. Elle lâcha l’arme maladroitement et observa ses mains, celles là même qui ne portaient déjà plus les stigmates des supplices qu’elle avait endurés, comme si elles l'avait trahie. Elles tremblaient, fébriles. Soudain, elle se tourna vers moi. - Tu es venu me chercher. Ce n’était plus ni une question ni un reproche, mais juste la plus belle façon de dire merci qu’il m’avait été donné d’entendre, la gratitude tel un joyau poli par des larmes de joie. Son corps tout entier se détendit ; elle retomba à genoux, les mains sur ses cuisses. - C’est fini... répéta-t-elle comme si elle voulait graver cette vérité dans l’univers qu’elle s’était façonné. Je m'excuse par avance des fautes qui doivent parcourir cet extrait. Si jamais cette question vous parait déplacée ou mal venue à cet endroit du forum je l'ôterais immédiatement et demanderais, à défaut, s'il existe des guides pour décrire des actions rapides et nombreuses au cours d'un même extrait ou si des personnes peuvent donner leurs avis par mp. D'avance merci pour vos réponses |
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Nombre de messages : 197 Âge : 49 Localisation : Quelque part là-bas Pensée du jour : Vous voyez des choses et vous dites: pourquoi? Moi je rêve de choses qui n'ont jamais existé et je dis: pourquoi pas? George Bernard Shaw Date d'inscription : 22/06/2015 | Imaya / Tycho l'homoncule Ven 21 Aoû 2015 - 22:08 | |
| Personnellement ça me donne envie de lire le reste. Il me semble que tu parviens bien à décrire les différentes phases par lesquelles passent ton héroïne. C'est parfois peut-être un peu rapide, surtout sur la fin, mais ça reste crédible et représentatif du tourbillon émotionnel dans lequel elle est. |
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Nombre de messages : 178 Âge : 37 Date d'inscription : 18/08/2015 | Billentête / Tycho l'homoncule Ven 21 Aoû 2015 - 23:53 | |
| Un grand merci pour ta réponse ! Voici la fin du chapitre pour donner une idée de la suite : - Citation :
- - Tu es venu me chercher.
Ce n’était plus ni une question, ni un reproche, mais juste la plus belle façon de dire merci qu’il m’avait été donné d’entendre ; la gratitude tel un joyau poli par des larmes de joie. Son corps tout entier se détendit et elle retomba à genoux, les mains sur ses cuisses, paume vers le ciel. - C’est fini... répéta-t-elle comme si elle voulait graver cette vérité dans l’univers qu’elle s’était façonné. Des perles cristallines roulèrent sur ses joues, dessinant des sillons humides sur sa peau encore à vif par endroits. Mais ce n’était plus de la peine ou de la douleur qu’elles traduisaient, juste un soulagement dont nous n’étions pas capable d’en mesurer toute l’étendue. L’animal avait laissé place à la poupée de porcelaine que j’avais vue pour la première fois sur ce lit d’hôpital, fragile et vulnérable. Les barrières qu’elles avaient dressées s’effondraient les unes après les autres, me laissant l’approcher doucement. Je m’agenouillai devant elle, tentai de croiser son regard qu’elle avait planté dans le carrelage gris souris. C’est alors que l’émeraude retrouva son ciel d’orage, et que je savourais enfin le sourire de celle qui m’avait tant manquée. Eva me sauta au cou, lovant son visage contre ma poitrine. - C’est fini, répétai-je en la berçant. |
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