Bonjour

Je travaille actuellement sur un ambitieux projet dans lequel j'entends véritablement embarquer le lectorat dans une histoire menée tambour battant. Il y aura des péripéties et moments de tension que j'essaierai de tricoter un peu à la manière d'un Van Vogt.

Ma difficulté est que tout repose sur une légende vieille de trois mille ans, dont on s'aperçoit, durant la première moitié, qu'elle est vraie - toute l'action en découle et y puise son sens. Or, il faut bien que je l'expose, cette légende, mais je sèche un peu sur le comment.

Il y a la possibilité de recourir à ce que j'appellerais le "conteur", un personnage qui, à ce moment-là, aura pour fonction de tout exposer, dans une scène "dialogue au coin du feu" que j'ai toujours trouvée assez artificielle. De surcroît, dans ce contexte, elle est susceptible de casser le rythme de l'histoire.

Mais je peux aussi essayer d'en diluer la révélation au cours, mettons, du premier tiers, par différents personnages, mais j'ai peur que ça reste tout aussi artificiel, et que la dilution de l'information la rende à la fois moins lisible et moins dramatique.

Que me conseilleriez-vous?  Des idées, pistes, témoignages?

Merci par avance!

Et pourquoi pas un chapitre dédié ? Genre, si à la fin du chapitre 14 on a besoin de connaître cette légende, ton chapitre 15 est intégralement consacré à cette légende. Et pas besoin de conteur, tu racontes "directement" (à la troisième personne, avec un narrateur à peu près omniscient) ce qu'il y a à savoir.

Pourquoi pas! Dans ce cas, je vois plutôt la chose en prologue, mais l'idée est simple et élégante, merci.

Me vient aussi à l'instant l'idée d'assortir chaque chapitre d'un "morceau" de la légende, telle que racontée habituellement dans cet univers, à la manière des mémoires de la Princesse Irulan dans "Dune".

Citation :

Me vient aussi à l'instant l'idée d'assortir chaque chapitre d'un "morceau" de la légende, telle que racontée habituellement dans cet univers, à la manière des mémoires de la Princesse Irulan dans "Dune".

Justement ! Je n'ai pas lu le livre dont tu parles, mais tu pourrais faire ça, et écrire un bout de la légende à chaque début de tes chapitres, en italique. Ou je sais pas quoi. Un truc comme ça, bref.

Justement, c'est exactement de cette façon que c'est présenté.

Va falloir que je tranche, mais, ça va, j'ai le temps: je n'ai même pas encore fini mon synopsis!

L'idée de disséminer la légende à chaque chapitre me paraît fort sympathique.
Sinon, les personnages peuvent faire référence à cette légende. Ou bien, dans l'histoire un personnage ancien ou un personnage mystérieux peut lire ou raconter la légende à des enfants. Si le lecteur a besoin de ses informations et les trouve intéressante, il ne trouvera pas forcément le procédé artificiel.
Tu peux commencer par raconter cette légende. Quand tu l'auras écrite, tu essaies différente position : entière en prologue ou dans la bouche d'un personnage ou bien morcelée.

J'aime bien cette idée; cette partie de l'histoire se déroule sur une colonie en majeure partie glaciaire, habitée par une population très restreinte; ça permet d'imaginer et de légitimer des modes d'organisation sociale et de transmission culturelle lorgnant parfois sur le tribal.

Quoi qu'il arrive, je crois essentiel, comme tu le suggères, de la raconter "à part", et de la réinjecter dans un second temps. D'autant qu'elle structure une bonne partie de mon univers, et est appelée à ressurgir si jamais je ponds une autre histoire qui s'y déroule.

Bohr a écrit:

J'aime bien cette idée; cette partie de l'histoire se déroule sur une colonie en majeure partie glaciaire, habitée par une population très restreinte; ça permet d'imaginer et de légitimer des modes d'organisation sociale et de transmission culturelle lorgnant parfois sur le tribal.

Quoi qu'il arrive, je crois essentiel, comme tu le suggères, de la raconter "à part", et de la réinjecter dans un second temps. D'autant qu'elle structure une bonne partie de mon univers, et est appelée à ressurgir si jamais je ponds une autre histoire qui s'y déroule.

Pour toi aussi, ce sera une bonne chose de fixer cette légende.
Quand tu auras fait ton choix définitif, tu nous tiendras au courant ?

Absolument!
JE regorge de moyens pour faire ça bien. Peut-être même soumettrai-je mon synopsis avant de frapper le moindre mot.

Il est vrai que, si les grands axes de cette légende sont clairs pour moi, c'est loin d'être un récit fini et cohérent, et encore moins riche comme peut l'être un mythe fondateur.

Avé Bohr. Afin de répondre à tes questionnements, je viens te proposer une nouvelle réflexion, en plus de tout ce qui a été exposé ci-dessus. Avec tous ces axes, tu arriveras bien à trouver ton bonheur.

Si tu as l'intention de mener ton roman tambour battant, sans imposer une rupture à ton déroulé, pourquoi ne pas noter, sous forme de citations tirées des écrits d'érudits ou des paroles relayées de bouche à oreille, l'exposé de ta légende au fils des chapitres ? En somme, apposer en fin de partie, ou au tout début, quelques petites lignes permettant au lecteur de les mettre bout à bout et de saisir pleinement de quoi il en retourne à la conclusion de ton œuvre.

Par ce concept il se pourrait, si habilement maniées, que le lecteur assimile soudain la trame, l'intrigue, la réflexion, qui fondent ton histoire. De par ce fait, des événements, des conversations qu'il aura lu auparavant lui apparaîtront ex abrupto limpides et révélatrices. Même, ton roman bénéficierait ainsi d'une nouvelle compréhension. Le lecteur, ainsi charmé, se replongerait dans une seconde lecture afin de prendre pleinement connaissance du sens de ton histoire, maintenant que les bouts de la légende lui sont tous connus.

Peut-être est-ce cette idée dont tu parlais en prenant en exemple Dune ?

A toi de juger si cette idée reste compatible avec ton caractère et ton idéal.
Une bonne création à toi Bohr.

Exactement, Orée!
Idée reprise peu ou prou par Cidylee, d'ailleurs. A cette nuance près que j'imaginais une exposition préalable, craignant que, sans ça, le lectorat se retrouve perdu face à une intrigue qui paraîtra peut-être un peu WTF. Mais si le décalage est minime, l'effet peut en être intéressant. Merci à toi, je sous-coude la proposition!

Peut-être aussi les mémoires d'un personnage qui évoquent la légende seraient une manière d'amener celle-ci sans bourrer de coups de coude les flancs du lecteur en lui disant: "Hé pssst, fais gaffe: ce truc est hyper-important, si tu le lis pas, tu vas rien comprendre!"

En somme, quelle que soit la forme que ça va prendre, l'alternative est: soit l'insert en début ou fin de chapitre, soit l'évocation en cours d'histoire. Une combinaison des deux n'est pas à exclure. Question de dosage!

salut Bohr (ton pseudo me rappelle mes cours de chimie, je sais pas pourquoi...).

les propositions faites avant sont intéressantes.
j'en aurai une autre à te proposer: l'intégration d'évocations de cette légende par le biais des protagonistes dans des échanges de dialogues (sans passer par la case "tout d'un bloc au coin du feu").
Georges R.R. Martin fait très bien ça dans "le trône de fer", avec toutes les légendes, contes, et histoires de chevaliers qui truffent son bouquin et qui se révèlent au final très utiles voire incontournable pour la compréhension de l'histoire (je pense notamment aux marcheurs blancs, aux andals, aux valyriens, et également à l'histoire du tournoi d'Harrenhal où Rhaegar Targaryen a courronné Lyanna Stark reine de beauté avant de l'enlever; il y a même la nanny de enfants Stark qui raconte régulièrement des légendes aux gosses pour les effrayer/les endormir et les gamins les évoquent entre eux, et ces légendes se révèlent vraies pour la plupart, pour ne pas dire toutes...).
c'est peut-être pas forcément évident à mettre en place (il faut trouver à chaque fois la situation opportune), mais l'avantage est que tu dissémines l'info tout en l'ancrant dans ton histoire et la mythologie locale puisque les gens y font fréquemment allusion. et c'est donc diablement efficace.

Salut boblafrite.
Ta solution me paraît élégante, même si je ne suis pas George R.R. Martin, loin de là. Il y a de surcroît un "mais" (oui, car, à l'instar d'un cours de chimie, je peux être chiant, aussi ): mon histoire compte peu de personnages. Cela me laisse peu de latitude pour que chacun puisse débiter ses tirades sans passer pour une sorte de prophète allumé.
Je pense que je vais intégrer cette légende dans une sorte de liturgie, où l'évoquer est l'un des "piliers de la foi". Ça paraîtra ainsi relativement naturel. Il me paraît, aussi, intéressant sinon important qu'elle soit présentée sous un jour anodin, comme un simple élément de décor qui ne fait pas saillie.

C'est capital qu'elle soit donc dévoilée avec discrétion, car elle explique deux points de l'histoire; une partie de l'identité de l'héroïne d'une part, et, d'autre part, l'origine des "démons", créatures sans forme clairement identifiable, crochues, griffues, baveuses et, bien entendu mystérieuses.
(Non, elles ne pondent pas leurs œufs dans la poitrine d'un hôte.)

Bohr a écrit:

Salut boblafrite.
Ta solution me paraît élégante, même si je ne suis pas George R.R. Martin, loin de là. Il y a de surcroît un "mais" (oui, car, à l'instar d'un cours de chimie, je peux être chiant, aussi ): mon histoire compte peu de personnages. Cela me laisse peu de latitude pour que chacun puisse débiter ses tirades sans passer pour une sorte de prophète allumé.
Je pense que je vais intégrer cette légende dans une sorte de liturgie, où l'évoquer est l'un des "piliers de la foi". Ça paraîtra ainsi relativement naturel. Il me paraît, aussi, intéressant sinon important qu'elle soit présentée sous un jour anodin, comme un simple élément de décor qui ne fait pas saillie.

C'est capital qu'elle soit donc dévoilée avec discrétion, car elle explique deux points de l'histoire; une partie de l'identité de l'héroïne d'une part, et, d'autre part, l'origine des "démons", créatures sans forme clairement identifiable, crochues, griffues, baveuses et, bien entendu mystérieuses.

je suis tout à fait d'accord avec ton analyse. bon courage, donc, pour la production.

Citation :

(Non, elles ne pondent pas leurs œufs dans la poitrine d'un hôte.)

ah merde, mais alors ça perd toute sorte d'intérêt à mes yeux...

boblafrite a écrit:

Bohr a écrit:

(Non, elles ne pondent pas leurs œufs dans la poitrine d'un hôte.)

ah merde, mais alors ça perd toute sorte d'intérêt à mes yeux...

   

Même si elles sont virtuellement immortelles, régénèrent, et sont capables d'altérer leur structure corporelle pour s'adapter à presque n'importe quel milieu?

Merci pour tes encouragements! Allez, action!