PITCHUne victime au comportement absurde…
Un innocent qui s’accuse…
Et un suspect qui prétend détenir le don de percevoir la mort des individus quelques jours avant qu’elle ne se produise…
Qui ment ? Qui manipule qui ? En qui avoir confiance ? Lorsque les faits contredisent la raison, faut-il croire en l’impossible ?
PRIX ET NOMINATIONS : - Prix Littéraire du Pays Boulageois : Salon Bouq'in de Boulay (57)- juin 2014
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EXTRAIT :Les deux tombes étaient éloignées de plus d’une centaine de mètres. Elles n’avaient rien en commun.
L’une était ouverte et attendait qu’un long serpent noir vienne déposer dans sa gueule sa nourriture éternelle. Il rampait lentement à travers les allées fleuries. A sa tête, six anonymes silencieux portaient le cercueil. Derrière, une veuve éplorée, maintenue par deux hommes en costume sombre, gémissait de manière ininterrompue. Elle était suivie par une centaine de personnes qui fixaient le bout de leurs chaussures cirées. La plupart par recueillement. Quelques-unes parce qu’elles étaient accablées par la peine. Et d’autres pour ne pas perturber la solennité ambiante.
La seconde tombe était refermée depuis plus de dix ans. Une simple croix de bois, penchée par les vents septentrionaux, veillait sur un parterre de graviers. L’homme qui se tenait debout face à elle n’était jamais venu auparavant. A quoi bon ? Les morts n’entendent pas les prières. Ils ne voient pas les fleurs qui jonchent leur dernière demeure. Ils se contentent de pourrir et de régaler les vers !
S’il avait décidé, malgré tout, de venir aujourd’hui, c’était pour annoncer une nouvelle à la femme couchée sous la terre. Bien sûr, cet acte n’avait aucune pertinence rationnelle. Mais sans pouvoir en comprendre la raison, il lui faisait un bien fou.
Une salve retentit et brisa la quiétude du lieu. L’homme ne tressaillit pas. Il s’était attendu à ce que le flic qu’on enterrait à l’autre bout du cimetière soit honoré par une pétarade ridicule. La connerie humaine revêtait toujours un uniforme quand il s’agissait de tirer en l’air ou d’offrir une putain de médaille au cadavre drapé d’un linceul bleu-blanc-rouge.
Sa mère n’avait eu droit à la présence d’aucun de ces officiels décorés. Et pourquoi seraient-ils venus ? Ces types-là n’étaient pas du genre à reconnaître leurs erreurs et à demander pardon. Si les flics avaient fait leur boulot et entendu ses appels à l’aide, il ne serait certainement pas ici, les baskets baignant dans une flaque boueuse à parler à un fantôme sourd depuis des années.
Jordan Carnot se retourna et cracha un épais mollard dans l’allée du cimetière.
Tu dois être fier de moi, maman, aujourd’hui. Tu peux dormir en paix à présent.