Récemment, j'ai commencé à écrire sur le thème de l'enfance. Ma participation à la Roulette Russe d'il y a 2 semaines est un (probablement mauvais) exemple mais il y en a d'autres... et j'ai rarement l'impression de tomber juste. Pourtant c'est un thème qui me tient à cœur et que j'aimerais traiter. Est-ce que ça vous ait déjà arrivé ? Quels seraient vos conseils ?
Est-il nécessaire d'adapter son vocabulaire/ses tournures de phrase (si le point de vue est externe bien sûr, s'il est interne la réponse est évidemment oui mais bon) ? Peut-on par exemple utiliser des mots originaux et compliqués pour parler de l'enfance ? En se mettant dans la tête d'un enfant ?
Invité/ Invité Mer 30 Juil 2014 - 19:04
Salut !
Une petite question pour commencer ; tu comptes écrire pour un public adulte ou jeunesse ?
Si tu écris pour que les enfants lisent, alors oui, il faudra adapter ton vocabulaire, etc... Sinon, ce n'est pas vraiment nécessaire.
Tu peux très bien parler de l'enfance d'une personne adulte, ton narrateur (omniscient ou non) pourra alors utiliser des mots originaux ou plus compliqués. Tu peux aussi faire "parler" un enfant (en tant que narrateur), à ce moment, tu devras peut-être éviter certains mots. C'est juste pour une question de crédibilité.
Sinon, mon principal conseil c'est : fais toi plaisir en écrivant sur le thème qui te tient à coeur !
Invité/ Invité Mer 30 Juil 2014 - 20:32
Ah oui en effet j'ai oublié de préciser : c'est pour un public adulte (ou adolescent). Donc le fait d'adapter son vocabulaire, c'était pour la crédibilité du truc, pas pour être comprise.
Mais oui en effet si c'est une rétrospective, ça peut passer... Merci de ta réponse !
Nombre de messages : 39 Âge : 26 Localisation : Paris, France Pensée du jour : Epicurienne engagée Date d'inscription : 07/08/2013
Elsareve/ Petit chose Ven 23 Jan 2015 - 7:53
Est ce que je ne suis pas la seule à ressentir une difficulté à adapter le vocabulaire "de mon âme" en le transformant en quelque chose qui pourrait être lu en toute facilité?
Je pense également qu'adopter une posture de retrospection pourrait être plus intéressant pour un lecteur... et aussi pour toi !
Invité/ Invité Ven 23 Jan 2015 - 9:07
J'ai un peu de mal à cerner exactement ce qui t'embête et/ou te bloque. De ce que je comprends je serais tentée de dire qu'il ne s'agit pas d'utiliser ou non, tel ou tel registre de langue, de nécessairement simplifier le langage cela ne me semble pas le plus important ou ce qui fera qui ton récit gagne en crédibilité ou je ne sais quoi.
La matière me semble plus importante, ce qui est caractéristique pour toi de l'enfance et qui peut l'être pour d'autre et faire rappel. Perso je fais toujours passer ça par des sensations, s'agit pas là d'une réponse ou d'une recette, mais l'enfance, le souvenir est toujours accolé à des sensations précises, des premières fois, je pars de là, après tu peux partir dans n'importe quelle direction c'est une thématique vaste.
Je ne suis pas exactement d'accord sur le fait d'employer un langage plus simpliste si le narrateur est un enfant, je crois qu'il faut que se soit nuancé, naïf, espiègle mais sans tomber dans le niaiseux.
Bref, je ne sais pas si ça t'aidera beaucoup, peut-être tu devrais définir tout ce qui pour toi fait appel à l'enfance , t'évoque l'enfance, pour constituer une "base" si ça ne vient pas naturellement, je suis certaine que ça peut aider. Tournicoter les phrases de telle ou telle façon ce n'est pas ce qui fait plus "vrai", je pense.
Nombre de messages : 6087 Âge : 35 Localisation : Liège Pensée du jour : La "recherche d'équilibre" sur JE est interrompue, ça manque de mécènes en temps de crise. Date d'inscription : 11/01/2010
QuillQueen/ Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches Ven 23 Jan 2015 - 19:45
j'ai actuellement des héros de 12 et 13 ans dans mon roman pour adultes, cependant. ce qui rend complexe l'équilibre entre une écriture narrative appliquée et des dialogues et des manières de voir le monde un rien naïf. Mon meilleur conseil est de s'imprégner de ces héros, de se faire un retour en arrière, de se dire "y a des choses que je n'aurais jamais pu déterminer à cet âge, ou comprendre". fais-leur poser des questions sur des éléments qu'ils ne cernent pas même si pour un adulte c'est évident. Rends leurs réactions incompréhensibles pour les adultes autour d'eux, des interrogations philosophiques qu'on ne se pose même plus...
Mais bien sûr, dans les répliques, il faut adapter son vocabulaire. Parfois même, je fais exprès de laisser dans ma narration des façons de voir très impulsives, des tournures plus simples, des réactions vives. Mais ausi t'inspirer du vécu de ces enfants. Au tout début de mon récit, j'ai des commentateurs qui m'ont dit "ton héros de 13 ans me semble parler comme un enfant de 8, avec sa mère". Mais c'est aussi parce qu'il est aux petits soins pour celle qui s'occupe seule de lui, qui travaille en tombant souvent malade, alors que tous deux subissent le rejet de leur communauté depuis que le père du personnage a été envoyé à la mort, quand le môme avait 2 ans. Tout ce bagage faisait aussi qu'il était attentif à sa mère, en ayant du mal à posséder l'indépendance d'esprit d'un gamin de son âge. Même s'il a aussi des désirs d'exprimer son autonomie. Par contre, quand ils vivent des drames horribles tout le long du récit et que je poste un extrait pour un concours, extrait se situant loin dans le roman, j'ai eu aussi des retours "ils disent des choses graves et trop profondes pour leur âge". Après, quand je demande à des membres de 13/14 ans de lire un bout de mon roman pour me dire "est-ce que je suis crédible sur l'âge ? Est-ce que tu reconnais là des réactions de tes copains ou de toi ?" j'ai de très bons retours !
Je crois qu'en fait, on est parfois dans le bon, mais tout le monde a une telle conception personnelle de "ce que devrait dire/faire/penser un héros de cet âge" que les adultes lisant un récit avec de jeunes héros sont difficiles à contenter. C'est un sacré défi. D'ailleurs sur le concours, j'ai eu des réactions genre "ah mais c'est de la jeunesse, en fait !" Non. Moi j'ai déjà lu des romans avec des jeunes héros et pourtant j'étais adulte. On n'est pas obligé d'avoir des personnages de 18 ans minimum pour être un roman pour adulte... Donc tu vois, ça tient parfois à pas grand chose hein, les idées qu'on se fait sur le sujet...
Invité/ Invité Ven 23 Jan 2015 - 21:16
QuillQueen a écrit:
fais-leur poser des questions sur des éléments qu'ils ne cernent pas même si pour un adulte c'est évident. [...] des interrogations philosophiques qu'on ne se pose même plus...
J'abonde en ton sens ma reine. Ado, on est pas toujours très bien dans sa peau. Du coup, on remet en question ce qui nous entoure, ou nous même, pas forcément de façon pertinente. Bref, de l'introspection, des questions, des conflits intérieurs et parfois un aveuglement/égarement.
Je t'invite à penser tes personnages de façon à ce que leur personnalité soit posée, qu'il soit intelligent, voir en avance, pour qu'un (jeune) adulte y trouve un intérêt. De même que les introspections doivent répondre à des difficultés concrètes, ou qu'elles engagent l'action, comme un monologue délibératif. Sinon, c'est du bavardage gratuit.
Nombre de messages : 1477 Âge : 39 Pensée du jour : Non. Date d'inscription : 18/01/2015
Reka/ Barbare en mousse Ven 23 Jan 2015 - 23:50
Ce sujet tombe à pic, ça m'arrange qu'on l'ait justement déterré !
Je me suis tout récemment posé une question analogue à celle de ce sujet :
Prenons le cas d'un narrateur adolescent : comment rendre ses écrits agréables à lire quand on devient – par focalisation interne – un être erratique et blasé ? Quand je tente d'incarner un adolescent, mes textes sont abrupts, ingrats, désagréables (comme eux ).
Comment se rendre lisible avec des narrateurs comme ceux-là ? Quelles sont les ficelles pour susciter le plaisir d'être lu quand on ne peut tabler ni sur la naïveté ni sur l'espiéglerie (rien grand chose de positif, en fait) ?
Êtes-vous capable de vous souvenir des questionnements et malaises que vous aviez à cet âge? Si je ne m'en souviens plus, est-ce que ça veut forcément dire que je dois m'abstenir de tenter d'en incarner, sous peine d'être incapable de toucher le lecteur?
Invité/ Invité Sam 24 Jan 2015 - 12:15
Citation :
Ce sujet tombe à pic, ça m'arrange qu'on l'ait justement déterré !
ah mince, pas vu.
Mais je trouve le sujet intéressant, aussi parce que je l'exploite pas mal.
Citation :
Prenons le cas d'un narrateur adolescent : comment rendre ses écrits agréables à lire quand on devient – par focalisation interne – un être erratique et blasé ? Quand je tente d'incarner un adolescent, mes textes sont abrupts, ingrats, désagréables (comme eux ).
Peut-être parce que cette vision-là (enfin quand je te lis là) c'est trop clichetisé sous un seul angle.
Citation :
Je t'invite à penser tes personnages de façon à ce que leur personnalité soit posée, qu'il soit intelligent, voir en avance, pour qu'un (jeune) adulte y trouve un intérêt. De même que les introspections doivent répondre à des difficultés concrètes, ou qu'elles engagent l'action, comme un monologue délibératif. Sinon, c'est du bavardage gratuit.
ça aussi d'ailleurs à mon sens. On dirait l'élaboration d'une recette qu'il faudrait reproduire. Je veux dire quand tu brosses un personnage adulte, tu ne lui greffes pas un caractère en fonction de l'intérêt du lecteur ( d'autant que c'est quelque chose de tellement aléatoire) et tu ne vas pas reproduire ce personnage à la chaine, sinon ils seraient tous semblables et donc quel intérêt ? je vois pas pourquoi parce qu'on parle d'un ado, d'un enfant, ou qu'on fait parler celui-ci il devrait y avoir un prototype type.
Citation :
Comment se rendre lisible avec des narrateurs comme ceux-là ? Quelles sont les ficelles pour susciter le plaisir d'être lu quand on ne peut tabler ni sur la naïveté ni sur l'espiéglerie (rien grand chose de positif, en fait) ?
Déjà supprimer l'idée de ficelle, si ficelle, ça dépasse toujours donc...
Je suis surprise devant ces pistes de raisonnement, sans doute parce que je ne fonctionne pas comme ça, que je ne réfléchis pas comme ça, les personnages avant de les mettre en action.
Quand je lis malaise, des choses qu'on ne comprend à cet âge là, etc. ça me laisse septique, c'est trop généraliste et pas forcément dans le vrai. Faut déjà sortir du cliché à mon sens de "qui dit ado, dit être profondément torturé etc", c'est tellement réducteur et/ou restreint.
Invité/ Invité Sam 24 Jan 2015 - 14:55
Hel a écrit:
Citation :
Je t'invite à penser tes personnages de façon à ce que leur personnalité soit posée, qu'il soit intelligent, voir en avance, pour qu'un (jeune) adulte y trouve un intérêt. De même que les introspections doivent répondre à des difficultés concrètes, ou qu'elles engagent l'action, comme un monologue délibératif. Sinon, c'est du bavardage gratuit.
ça aussi d'ailleurs à mon sens. On dirait l'élaboration d'une recette qu'il faudrait reproduire. Je veux dire quand tu brosses un personnage adulte, tu ne lui greffes pas un caractère en fonction de l'intérêt du lecteur ( d'autant que c'est quelque chose de tellement aléatoire) et tu ne vas pas reproduire ce personnage à la chaine, sinon ils seraient tous semblables et donc quel intérêt ? je vois pas pourquoi parce qu'on parle d'un ado, d'un enfant, ou qu'on fait parler celui-ci il devrait y avoir un prototype type.
Tu fais un peu braque là, c'est pas absolu ce que je dis. Je me doutais qu'on allait me répondre par cet argument, mais que ce soit toi, nooon ! C'est un peu primaire comme raisonnement. Sur notre bonne vieille terre, tu prends deux individus intelligents, ils auront une personnalité, une éducation, une culture, des expériences différentes. Oui, je pense qu'il faut faire selon l'intérêt qu'on a ou qu'on perçoit pour élaborer un personnage. On va pas reporter systématiquement les caprices, les emportements, la bêtise, les moments de masturbation, les problèmes liés à l'acné ou les complexes sur la forme du corps, les interrogations sur la sexualité, bref... ça peut être marrant, mais de la réalité à la fiction, il faut faire le tri. Selon l'intérêt. Je n'invite pas à se conformer totalement aux attentes du l'éventuel lectorat, hein. Ce n'est pas absolu.
Invité/ Invité Sam 24 Jan 2015 - 15:04
Citation :
C'est un peu primaire comme raisonnement. Sur notre bonne vieille terre, tu prends deux individus intelligents, ils auront une personnalité, une éducation, une culture, des expériences différentes.
C'est exactement ce que j 'ai dit et qui réagissait à ça :
Citation :
Je t'invite à penser tes personnages de façon à ce que leur personnalité soit posée, qu'il soit intelligent, voir en avance, pour qu'un (jeune) adulte y trouve un intérêt.
Qui faisait assez "moule type" et auquel j'avais envie de répondre : "pas nécessairement". Edit: Sous entendu pourquoi nécessairement posé et/ou intelligent, pourquoi pas autre chose, et pourquoi autre chose n'aurait pas tout autant d'intérêt à se mettre en scène, y'a des personnages tout à fait irrationnel en dehors des clous et des normes qui captent l'attention.
Sinon je ne me considère pas comme à l'abris de dire une connerie, je m'y autorise même
Invité/ Invité Sam 24 Jan 2015 - 16:22
Hel a écrit:
Citation :
Je t'invite à penser tes personnages de façon à ce que leur personnalité soit posée, qu'il soit intelligent, voir en avance, pour qu'un (jeune) adulte y trouve un intérêt.
Qui faisait assez "moule type" et auquel j'avais envie de répondre : "pas nécessairement". Edit: Sous entendu pourquoi nécessairement posé et/ou intelligent, pourquoi pas autre chose, et pourquoi autre chose n'aurait pas tout autant d'intérêt à se mettre en scène, y'a des personnages tout à fait irrationnel en dehors des clous et des normes qui captent l'attention.
Tout à fait En dehors des clous et des normes, je crois même qu'on peut l'encourager ! ça n'empêche pas l'intelligence et la faculté de raisonnement. Par contre, un personnage irrationnel, j'aurais l'impression de croiser un personnage inhumain (rien à voir avec jugement Bien/Mal). En fait, j'ai dit ça au sens où je ne suis pas sûr que l'intérêt d'un roman jeunesse soit dans le réalisme des défauts de comportements ou d'attitudes typique des adolescents ou des enfants. A savoir, les choses qui nous paraissent irrationnels. Comme les crises, les caprices, les emportements, les pleurs etc... surtout, avec le même dosage que dans la réalité. Dans cette même logique, je crois qu'il faut faire un peu "grandir" ces personnages, leur donner un comportement un peu plus "adulte" que dans la réalité, sans entièrement gommer ces choses, pour que la majorité y trouve un intérêt. C'est juste une question pratique, une aventure implique de la responsabilité et/ou un raisonnement un peu près correct. Il vaut mieux leur donner les outils pour résoudre les péripéties qu'ils vont rencontrer (et les rendre supportable ^^) Après, on peut toujours faire autrement, mais y a d'autres moyens de faire de l'originalité que de s'opposer à certains idées pratiques.
EDIT : J'avais lu un livre où un ado refusait de sauver le monde. Il refusait toutes les responsabilités. C'était la tendance des anti-héros. Finalement, il s'est retroussé les manche et, le monde, il l'a sauvé quand même
Nombre de messages : 483 Âge : 74 Localisation : 07200 St Julien du Serre Pensée du jour : L'optimiste plante un gland et achète un hamac Date d'inscription : 26/05/2012
Patricia Douce/ Pour qui sonne Lestat Sam 24 Jan 2015 - 17:05
Ah l'enfance... Comme l'a si bien chanté mon poète et néanmoins voisin qui ne se prenait jamais au sérieux, on n'en guérit jamais, enfin pour ceux qui ne la connaîtraient pas je vous la mets... Ecoutez bien les paroles tout y est... Parlez de l'enfance, c'est s'oublier en tant qu'adulte, se réjouir de marmelades, de tartes aux pommes, des goûters et autre déjeuners sur l'herbe, c'est le temps de l'insouciance... L'enfance ! ah l'enfance !
Nombre de messages : 165 Âge : 43 Date d'inscription : 22/01/2015
barish/ Tycho l'homoncule Dim 25 Jan 2015 - 7:38
Je suis sans doute un peu à côté de la plaque, mais ces réflexions m'inspirent deux remarques :
- il a des ados dans mes fictions, mais j'ai beaucoup de mal avec l'idée qu'ils agissent comme des cons égocentriques (ce qui est quand même le propre de cet âge, avouons-le). Mais j'étends cette remarque aussi aux films ou aux romans avec des adultes, qui commettent trop d'erreurs, vont au bout d'une idée qui, on le sait, n'engendrera que du malheur.
- concernant un point plus particulier, les dialogues, la psychologie, d'une manière générale, malgré tout ce qu'on peut faire, la parole de l'enfant qu'on écrit est toujours plus mûre qu'on ne voudrait, et c'est même nécessaire à mon sens. Lire à cet égard Oscar et la dame rose, du voca simple et souvent familier, mais une réflexion qui dépasse celle d'un gamin de 10 ans. Histoire de me faire taper (j'ai un côté maso), c'est ce qu'on a reproché aussi, dans la temps, à la série Dawson : je trouvais les dialogues hyper bien léchés, plutôt intelligents, mais à se rendre à l'évidence, personne de cet âge ne parlait comme ça. Mais je trouve que c'est ce qui nous faisait avancer et élever un peu le débat. J'aimais bien, adolescent, dire d'un texte : "c'est exactement ce que je pense" tout en ayant la certitude que j'aurais été incapable de la formuler ainsi.
[Univers] Parler de l'enfance dans ses écrits
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