J’ai beau y être habitué, quand j’entends ce foutu réveil sonner ce matin, je sais que la journée va être longue. J’ai dormi quoi, quatre heures à tout casser ? Ce n’est pas ma pire nuit, mais j’en ai connu des meilleures. Encore l’histoire de samedi soir qui m’a fait me tourner et me retourner dans mon lit, le cerveau en vrac, à chercher ce qui a bien pu clocher chez moi. Bon je ne vais pas reperdre mon temps à tenter encore une fois d’y voir clair. Il faut que je file sous la douche et que j’arrive assez tôt au bureau pour pouvoir bosser un peu au calme sur le budget de l’année prochaine avant de me faire happer par l’effervescence du lundi matin. Oui, enfin, l’effervescence, ce sera à moi de la distiller car j’ai beau être, à quarante-cinq ans, le plus âgé de la société, tous ces jeunots me donnent l’impression d’avoir bien moins d’énergie que moi, en tous cas, pour travailler.
Mais bon, il faut voir où ça me mène de bosser comme un forcené : des insomnies chroniques et maintenant ma toute première panne, samedi soir, avec une femme plus que désirable dont j’ai bien fait de ne pas retenir le prénom mais qui, je l’espère, aura vite oublié le mien après sa fuite... Mon costume enfilé, je jette un dernier regard dans le miroir de l’entrée avant d’attraper mes clés de voiture. Le chef d’entreprise dans le reflet a une bonne tête de déterré ce matin, il ne va pas falloir l’emmerder.