Il y a toutes sortes d'éducations sentimentales. Du Roman de la rose à Aragon, en passant par Laclos, Proust, Gide, Nabokov ou, bien sûr, Flaubert, la littérature ne manque pas d'exemples variés d'éducations des sentiments / par les sentiments.



Edit (ma phrase ne voulait rien dire ...) : Quel roman, selon vous, raconte et analyse le mieux quelle est la nature de cette éducation?

Ne pas me poser la question... Quand j'étais en seconde, le thème de français de l'année était "la rencontre amoureuse". Je crains de n'avoir pas encore récupéré de l'overdose.

Sérieusement...
En fait, ça s'inscrit dans un ensemble. J'aime beaucoup les romans médiévaux et la façon de présenter l'éducation sentimentale aux XII°-XIII° me plaît beaucoup. Mais ça s'inscrit dans un contexte bien précis. En plus, je les lis en VO, ça aide à se mettre dans le bain... La même chose dans un autre contexte passerait sûrement très mal. Ca n'est qu'un exemple. Je n'ai pas, je crois, de préférence quand au style d'éducation sentimentale qu'on me présente... Du moment qu'elle s'intègre bien dans le contexte et dans le récit.
Je crois qu'il faut prendre ça non pas du point de vue "histoire d'amour entre jeunes" (logiquement, s'il y a éducation sentimentale et non simplement histoire d'amour, on peut penser que le personnage est jeune) mais de celui "construction de l'individu" (les sentiments en sont une composante importante)

Puisque nous en parlions l'autre jour :
Pour Tours et détours de la vilaine fille, Vargas Llosa n'a pas caché avoir été inspiré par L'éducation sentimentale de Flaubert.
A recouper aussi avec La tante Julia et le scribouillard du même auteur, autobiographique et bien moins bon.

Une raison en plus pour toi de le lire !

Sinon :
Aurélien de Louis Aragon  (meilleur roman du monde) comme tu l'as déjà (presque) cité.
Je m'avance sur Gilles de Drieu La Rochelle (pas lu), j'aimerais savoir si quelqu'un a lu Aurélien, Gilles et L'éducation sentimentale, pour voir. Faudra que je le fasse, un jour.

Et La femme et le pantin de Pierre Louÿs et Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote font bien la paire (le trio), avec Tours et détours de la vilaine fille, je trouve (même si le roman de Capote s'éloigne de l'éducation sentimentale, il y a une parenté intéressante chez les trois personnages féminins de ces trois romans par rapport au narrateur) .

Après tout dépend comment tu bornes "L'éducation sentimentale". C'est une expression que je cerne assez mal.

En vrac on peut citer Le diable au corps de Radiguet, Le rouge et le noir de Stendhal.

C'est une expression un peu obscure, mais que je trouve très belle (j'crois que Proust a écrit quelque part qu'il trouvait le titre du roman de Flaubert très beau).

J'ai pensé au roman d'apprentissage ou de formation en ouvrant ce sujet: à un itinéraire menant à une découverte de soi et du monde (que ce soit ou non à travers des désillusions), le personnage étant transformé par ses expériences.

J'ai plus de mal à définir le terme de "sentimental". A l'époque de Flaubert, le mot avait encore une connotation péjorative; il est toujours employé à des fins ironiques dans la première version de L'éducation sentimentale. Ce n'est pas le cas dans la deuxième version. Dans le sens où je l'entends, il n'est pas ironique non plus, parce qu'il ne renvoie pas au sentimentalisme, mais à une éducation des sentiments. Ou encore à un apprentissage, non de la vie sociale (ou pas uniquement), mais de la vie affective dans la sphère privée. Bien sûr l'amour est au premier plan dans ce type d'éducations...

Je suis d'accord avec toi, Séléné C. : Il s'agit de la construction de l'individu.

Les exemples que tu cites correspondent pile poile à ce que j'attendais, Lo. mel.   Ils font tous partie de mes projets de lecture.

Je pense que c'est un domaine très vaste, oui! C'est un peu comme demander "quel est votre roman préféré", en somme (ou presque) ! Mais ce qui m'intéresse, c'est aussi de savoir pourquoi ce roman-là, cette éducation-là ...