Oui j'ai lu jusqu'au tome 11 où ça commence sérieusement à s'étouffer.
L'histoire en elle-même n'est pas nécessairement originale, notamment à cause des histoires de prophéties de la première trilogie, mais le traitement par journal rend le tout dynamique et les personnages très attachants, notamment Toubib que l'auteur peine à remplacer efficacement lors des cycles de Murgen puis de Roupille. De manière général je dirais que la première partie dans le Nord (volumes 1 à 3) est la plus intéressante, là où les frontières sont les plus ambigues (parce qu'ensuite on n'imagine plus vraiment la Compagnie Noire comme les anti-héros qu'on nous vend) et les relations entre personnages sont les plus sympathiques. C'est toujours assez bien quand on va vers le Sud, avec le chapitre sur Madame, le premier volume avec Murgen et le spin-off qui termine l'arc du Nord (et donne une conclusion intéressante à l'histoire de Corbeau qui reste le personnage le plus intéressant de la série), mais dans tous les cas le syndrome "je décris l'action de manière pas claire et je perds mon lecteur" devient absolument insupportable à partir du moment où c'est Murgen qui tient les annales. Voulu par l'auteur? Je pense qu'il écrit peut-être un peu trop vite à partir de là, mais de toute manière l'écriture en journal rendait la chose quasiment inévitable pour les scènes d'action. L'histoire devient elle aussi un peu moins passionante dans le Sud malgré quelques personnages toujours plus ambigus et coriaces (Mogaba, Fumée...). Néanmoins revoir tous les anciens Dark Vador de la série revenir les uns après les autres est assez lassant et désamorce tout le drame des volumes précédents.
On peut diviser la série comme suit:
-L'arc du Nord: les trois premiers volumes, avec la guerre que mènent la compagnie dans l'Empire du Nord aux côtés de la Dame et ses Asservis. Univers peut-être plus cliché que le Sud qui vient plus tard, parce qu'on a des influences des folklores européens assez communes en fantasy, mais l'histoire est très sympathique. Certes, l'histoire se poursuit dans les volumes suivants, mais cette première trilogie constitue une histoire complète qui se termine sur une fin un peu ouverte. On peut ajouter à cela le volume 6, un spin-off sans la compagnie qui achève cet arc en règlant les questions laissées en suspens, notamment concernant certains personnages majeurs qui avaient disparu du scénario après le tome 3 sans savoir ce qu'ils deviennent. Les volumes 2 et 6 sont à mon sens les meilleurs de toute la série car il choisissent le point de vue de l'annaliste et d'un personnage externe et sans grande influence sur l'univers du roman, mais qui a toujours un développement intéressant et poignant.
-L'arc du Sud: on peut le constituer des volumes 4, 5, 7, 8, 9 et 10. Le volume 4 est le dernier avec Toubib comme annaliste, et la compagnie quitte les royaumes du Nord pour aller dans un décor totalement différent, avec des enjeux géopolitiques redéfinis. Le 5 nous présente le premier narrateur féminin, dans une intrigue parallèle au 7 où on installe Murgen, le nouvel analyste. Plus moyen de s'arrêter sur une fin ouverte mais satisfaisante ici: l'histoire prend des accents épiques et on a pas de vraie conclusion. Murgen est un personnage qui a le mérite de ne pas créer la redite du précédent analyste, mais je le trouve moins intéressant. Pareil pour l'histoire en général, qui devient, dans les volumes 9 et 10, confuse. On s'arrête sur un cliffhanger et on change d'annaliste.
-L'arc de Roupille: à partir du volume 11. Je ne peux pas en dire plus là-dessus parce que je ne l'ai jamais terminé. Un nouvel annaliste ne peut pas relancer le scénario qui s'essouffle.