Nombre de messages : 294 Âge : 37 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/06/2012
Aaliah/ Autostoppeur galactique Mer 19 Mar 2014 - 0:25
Il ne s'agit pas de mourir à la tâche pour rédiger son oeuvre, mais bien de mourir dans la souffrance pour permettre à son oeuvre d'être lu...
J'ai regardé un documentaire intéressant sur Marguerite Porète qui a vécu à l'époque du Moyen-Age et qui a écrit le livre: Le miroir des âme simples. Un livre peu apprécié des religieux de l'époque puisqu'il allait à l'encontre des dires de l'Eglise. De plus, ce livre était rédigé en français alors que les livres religieux devait être écrit en latin! Son livre fut brûlé une première fois, mais elle le rédigea une nouvelle fois et en fit même la lecture en cachette à des gens afin de le faire connaître. On lui envoya alors l'Inquisition qui l'accusa d’hérésie, c'était donc la mort qui l'attendait si elle s’obstinait. L'inquisition brûla encore une fois son livre et lui donna un dernier avertissement: arrêter la diffusion de son livre et renier son écriture. Marguerite Porète savait qu'en remettant une copie de son livre en circulation, elle se condamnait à une mort certaine et violente... Pourtant, elle a continué!
Elle fut donc arrêtée, torturée (et on sait que l'Inquisition s'y connaissait dans ce domaine, elle aurait notamment eut droit à la poire d'étouffement, torture réservée aux blasphémateurs et hérétiques et qui devait écarté progressivement les mâchoires de la victime) et brûlée vive avec son livre sur un bûcher. Elle a cependant réussi à faire vivre son livre que l'Eglise n'a pu détruire. Des copies ont été faites et il est encore aujourd'hui possible de l'acheter!
Interrogé, Ken Follet a avoué qu'il n'aurait jamais eu le courage de cette dame et que dans la même situation, il aurait certainement arrêter d'écrire plutôt que d'aller droit à une mort certaine...
Et vous? Si on vous ordonnait de brûler votre oeuvre et de renier son existence sous peine de mourir dans d'atroce souffrance que feriez-vous? Mettriez-vous tout en oeuvre pour la faire connaître à vos amis au péril de votre vie ou arrêteriez-vous d'écrire pour continuer de vivre?
Sans oublier qu'à l'époque, on imprimait pas les livres comme aujourd'hui, cela demandait beaucoup de temps. Il fallait obtenir le papier et toutes les copies étaient faites à la main... Pour être brûlées en quelque instant. Donc, en plus du risque de mourir, s'ajoutait à cela beaucoup de temps et de travail. C'est comme si on vous brûlait l'ordinateur et qu'en plus de vous en racheter un, il vous faudrait retranscrire entièrement votre oeuvre.
J'aurais donc voulu savoir combien d'entre vous serait prêts à faire comme Marguerite Porète et surtout, pour quelles raisons? Hésiteriez-vous un peu, beaucoup, pas du tout sans savoir si vous parviendrez à sauver votre oeuvre?
Nombre de messages : 993 Âge : 17 Date d'inscription : 20/12/2011
Elouan/ JE Lambda. (Cuvée 2012.) Mer 19 Mar 2014 - 10:27
Nombre de messages : 3209 Âge : 49 Localisation : Devant le PC Pensée du jour : 50 nuances d'earl grey Date d'inscription : 05/12/2012
Mikaroman/ Jeune et fringant retraité Mer 19 Mar 2014 - 10:35
Elouan
Invité/ Invité Mer 19 Mar 2014 - 13:05
Je ne sais pas ce qui est le plus grave. Le comportement de l'inquisition ou ta complaisance à nous décrire une poire d'étouffement. Limite troll. Pour moi, la question est inepte puisque tu juges au travers de tes yeux du XXIème siècle une décision personnelle prise un demi-millénaire auparavant...
Nombre de messages : 7093 Âge : 43 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012
Nombre de messages : 941 Âge : 30 Date d'inscription : 13/03/2011
Nag/ Bile au trésor Mer 19 Mar 2014 - 13:20
Elouan, tu me coupe l'herbe sous les mots de la bouche
Nombre de messages : 1140 Âge : 37 Date d'inscription : 13/01/2013
Pianitza/ Effleure du mal Mer 19 Mar 2014 - 15:50
La poire d'étouffement... Le mec qui a inventé ça c'était Satan lui-même, c'est pas possible...
Invité/ Invité Mer 19 Mar 2014 - 17:06
Ah, j'ai pensé à Brassens de suite, aussi.
Pour revenir à Marguerite Porete. il serait intéressant d'ajouter qu'elle était mystique chrétienne, et qu'en ce sens, elle désirait probablement le martyre (oui c'est étrange, mais des tas de saints ont désiré mourir martyrs). Donc, cela déplace ton propos. Ce n'est pas pour la littérature qu'elle était prête à mourir, mais au nom de Dieu et de la doctrine du Libre-Esprit qu'elle tenait à faire connaître.
Nombre de messages : 72 Âge : 44 Localisation : BXHell Date d'inscription : 02/08/2013
Sebi/ Clochard céleste Mer 19 Mar 2014 - 17:24
J'ai aussi de suite pensé à cette chanson...
Avant l'Inquisition, pour déterminer la culpabilité de quelqu'un, on lui demandait de marcher sur des braises, par exemple, puis sa culpabilité se déterminait au vu de la gravité des blessures... Un coupable était plus blessé qu'un autre... si bien qu'il y avait peu d'innocents...
Le mode inquisitoire est encore utilisé, car il fit s'imposer l'enquête et la considération pour la preuve. C'était peut-être de la boucherie, mais c'était un très net progrès, hein...
Nombre de messages : 1906 Âge : 49 Localisation : Roazhon (Rennes) Pensée du jour : Cthulhu is my best fiend... Date d'inscription : 24/01/2011
Faust Federel/ Journal du posteur Mer 19 Mar 2014 - 17:26
Pianitza a écrit:
La poire d'étouffement... Le mec qui a inventé ça c'était Satan lui-même, c'est pas possible...
« L'hérétique n'est pas celui que le bûcher brûle, mais celui qui l'allume. » Francis Bacon
Nombre de messages : 294 Âge : 37 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/06/2012
Aaliah/ Autostoppeur galactique Jeu 20 Mar 2014 - 10:12
Je sais bien que Marguerite Poréte était chrétienne et de ce fait, peut-être (ou surement) que sa foi était l'une des raisons qui l'a poussée à aller jusqu'au bout. Son livre parlait effectivement de l'amour de Dieu et ce, d'une manière différente de l'Eglise de l'époque. Mais peu importe ce qu'elle a écrit, elle a tout fait pour le faire connaître et ce livre était, d'une certaine manière son oeuvre, son travail. Et c'était l'exemple le plus frais que j'avais également en tête.
Quand à ma soi-disant complaisante de décrire une arme de torture, ce n'était pas juste pour rajouter une ligne (et encore, j'ai juste défini la chose, parce que le documentaire n'a pas fait dans le détail et expliqué les autres utilisations et montrer son fonctionnement, donc bon). L'Inquisition avait toujours comme procédure de montrer et d'expliquer à leur futur victime ce qu'elle encourait si elle persistait dans leur raisonnement. Marguerite de Poréte avait donc pleinement conscience de la torture qui l'attendait, comme du bûcher.
Et ma question n'était pas de juger ce qu'elle a fait, ni même de savoir si tout cela avait un sens, Dieu, l'Inquisition, la torture, je ne suis pas là pour ce débat, c'est une autre histoire. Non, moi, je voulais savoir si un jour vous écriviez un livre dont vous êtes fier et heureux d'avoir pu publier et que ce dernier, par son contenu, choque une haute hiérarchie, que feriez-vous? Imaginez qu'une milice débarque chez vous, détruit tout, brûle votre livre, vous montrer et explique comment ils vont vous torturer si vous recommencez... Que feriez-vous? Obéiriez-vous en arrêtant tout ou prendriez-vous le risque de continuer?
Et cette question n'est pas aussi stupide, puisque encore de nos jours, des livres sont brûlés pour hérésie et/ou interdit de diffusion (ce fut notamment le cas pour les livres Harry Potter qui furent accusés d'apprendre la magie noire aux enfants). Bon après, je suis d'accord que très peu d'entre nous risque de voir des gens débarqués chez lui pour le forcer à s'arrêter d'écrire et le menacer. Comme c'est effectivement facile de se dire: l'écriture c'est toute ma vie, je ne me vois pas arrêter... mais est-ce vraiment si simple? D'autant plus s'il n'y a personne pour vous soutenir? Quand je vois que l'écrivain Ken Follett a dit qu'il préférait arrêter d'écrire que de mourir pour son livre, je me dis peut-être qu'après tout la question n'est pas si évidente. Peut-être est-ce nos croyances ou le contenu de notre livre (ou autre chose?) qui va dicter notre choix à ce niveau-là. Pour vous, qu'est-ce qui va faire entrer en ligne de compte pour faire votre choix, pour vous faire dire je continue ou non? De même, si on parle d'autre "oeuvre", il y avait le peintre russe qui a osé peindre Poutine en sous-vêtement et qui, plutôt que de défendre son art, a préféré fuir et vivre loin de son pays.
Invité/ Invité Jeu 20 Mar 2014 - 10:54
Moi je poserais la question en ces termes :
Quels sacrifices REELS avez VOUS faits cette année pour écrire et mener à bien vos rêves ?
Nombre de messages : 3829 Âge : 112 Localisation : Haute-Garonne Pensée du jour : "Toute personne qui aime la musique ne sera jamais vraiment malheureuse"- F. Schubert Date d'inscription : 29/08/2011
Molly/ Sang-Chaud Panza Jeu 20 Mar 2014 - 11:17
Aaliah a écrit:
Et cette question n'est pas aussi stupide, puisque encore de nos jours, des livres sont brûlés pour hérésie et/ou interdit de diffusion (ce fut notamment le cas pour les livres Harry Potter qui furent accusés d'apprendre la magie noire aux enfants).
Heu... je n'ai pas connaissance que les Harry Potter aient été brûlés ou interdits de diffusion. Que quelques illuminés intégristes aient porté un jugement négatif sur l’œuvre et en aient blâmé le contenu ne signifie nullement qu'elle ait été interdite par quelque autorité que ce soit (sauf peut-être dans certains pays dirigés par des extrêmistes). Cela a au contraire contribué à la publicité faite à la série, qui s'est encore mieux vendue ensuite.
Mais récemment, de nombreuses œuvres littéraires ont été interdites. De grands écrivains comme les russes Vassili Grossman (Vie et destin) ou Mikhaïl Boulgakov (Le maître et Marguerite) ont vu leurs œuvres interdites par le régime soviétique, confisquées, brûlées et ne les ont jamais vues publiées de leur vivant. Même chose pour de nombreux auteurs allemands sous le régime nazi. On trouve actuellement des cas similaires dans toutes les dictatures (Syrie, etc.)
Pour ma part, je suis incapable de dire ce que je ferais dans une situation de ce type. Le plus souvent, on n'a pas le choix. Le livre est interdit de sortie ou retiré de la vente, point. Soit tu fuis à l'étranger, tu le fais traduire et tu retentes ta chance, soit tu attends des jours meilleurs en faisant brûler des bâtons d'encens...
Nombre de messages : 7093 Âge : 43 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012
Soit tu fuis à l'étranger, tu le fais traduire et tu retentes ta chance, soit tu attends des jours meilleurs en faisant brûler des bâtons d'encens...
Ce qui est la seule chose d'intelligente à faire, si on en a la possibilité. Pourquoi mourir pour une œuvre, alors que ça prive de la possibilité de la défendre (soit ailleurs, soit plus tard) ou de tout simplement défendre la liberté d'expression en général, ce qu'a fait Salman Rushdie, et qu'il n'aurait pas pu faire s'il était mort pour ses Versets sataniques.
Nombre de messages : 72 Âge : 44 Localisation : BXHell Date d'inscription : 02/08/2013
Sebi/ Clochard céleste Jeu 20 Mar 2014 - 11:42
Cela va dépendre de l'importance de ce que l'on fait et de l'importance de sa propre vie...
Représenter Poutine en sous-vêtements, ce n'est pas aussi important que décrire le goulag et le contexte qui le fait exister, par exemple. Mourir pour pouvoir jouer au con et se faire remarquer, ce n'est pas faire preuve de beaucoup de lucidité.
Et l'on ne peut comparer, par exemple, un célibataire et un(e) (m)père de famille. Jouer au héros quand on n'a que ses couilles à trimbaler, ce peut être de la noblesse, mais il n'en va pas de même si derrière soi on laisse veuf(ve) et orphelin(s) en détresse