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| L'écriture et la vision centaurique de soi | |
| | Nombre de messages : 6087 Âge : 35 Localisation : Liège Pensée du jour : La "recherche d'équilibre" sur JE est interrompue, ça manque de mécènes en temps de crise. Date d'inscription : 11/01/2010 | QuillQueen / Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches Jeu 27 Fév 2014 - 21:50 | |
| Bonsoir, Dans ma formation de psychomotricité, nous avons abordé ce sujet de la "vision centaurique de soi". En gros, nous nous voyons comme des centaures, coupés en deux entre ce qui représente notre esprit, vu comme l'excellence, et le corps, vu comme moins important. Et cela dans la vie de tous les jours. Même dans les sports, on ne court pas juste parce que notre corps a envie de courir, on drille notre corps à le faire quand on a décidé et longtemps si on se l'oblige, même lorsque les signes de fatigue apparaissent. Alors qu'un enfant s'arrêterait en plein course s'il gambade dans les champs, parce qu'il le sent. Même principe pour la cour de récré, qui est là pour "se dépenser" parce que quand on doit réfléchir, on ne doit pas bouger (en classe). Les sportifs de haut niveau n'ont pas besoin d 'être intelligents, les intellectuels ne perdent pas leur temps à faire des exercices ou alors dans un objectif pensé. c'est du gros résumé mais je vous présente l'idée. je ressens en effet ça dans le quotidien, en l'observant. Par contre, dans mes écrits, ce rapport direct entre le corps et l'esprit se maintient. Bien sûr il existe aussi dans la vraie vie hein, juste qu'on en tient pas compte et qu'on se conditionne autrement. Mais dans mes romans, j'avoue bien garder une cohérence entre les gestes et les émotions, l'état corporel avec l'état émotionnel, est-ce parce que nous nous obligeons à être plus à l'écoute de nos sensations ? Est-ce que cela ne ferait pas partie du "show don't tell", que certains auteurs peinent parfois à maîtriser, à acquérir comme réflexe ? Parce qu'on décrit sans émotions, ou qu'on reste dans les émotions du personnage en oubliant de lui donner de la consistance ? Vous trouvez que lors de votre écriture la plus instinctive, vous êtes dans cet écartement du corps et de l'esprit, ou au contraire, plus en symbiose que dans la réalité ? j'espère avoir été assez claire |
| | Nombre de messages : 2944 Âge : 120 Localisation : À l'Ouest mais sans rien de nouveau Pensée du jour : Aller cueillir les escargots nu sur les baobabs Date d'inscription : 12/09/2013 | Shub / Roberto Bel-Agneau Jeu 27 Fév 2014 - 22:11 | |
| Heu, chui pas sûr d'avoir compris: mais si on transcrit dans un discours + style philo ou + psychanalytique (ce qui est + dans mes cordes, sorry!), tu veux dire que la fameuse dualité corps-esprit se ressent dans notre écriture ??????
Par contre ta dernière phrase est une vraie question en effet même si je n'ai pas bien compris tout le reste. Sans vouloir chipoter, cette fameuse schize ou ces fameuses schizes qui nous entourent (nous sommes de satanés (es) dualistes en fait!) se traduit certainement dans l'écriture, une sorte de mouvement ou tentative vers une réconciliation : masculin-féminin, corps-esprit, méditation-action, etc. tout ce qu'on peut imaginer. Peut-être tant qu'on y est, aussi entre la vie et la mort par le biais des philos ou des religions etc./
Mais je suis pas bien sûr d'avoir compris ta question en fait , sorry ! |
| | | Invité / Invité Ven 28 Fév 2014 - 0:02 | |
| Il faut savoir que nos emotions naissent libres et qu'elles sont constamment dans les fers. C'est pourquoi il ya vide. Dans notre for intérieur ou intériorité, nos émotions choisies rationnellement sont à la recherche des sensations fortes.L'admiration?
Il y a un philosophe qui a dit qu'il n'y a pas de vie sans excès.L'écrivain a besoin de solitude comme de vivre son expérience avec les autres en partageant ses émotions ou non.C'est un choix, la vocation d'un homme à devenir écrivain. Il a pour première motivation de lutter contre les contraintes sociales directes ou indirectes.
Je dirais qu'on est plus en symbiose que dans la réalité.Et que notre intériorité est souvent confondu avec la spiritualité. Il y a comme une forte sensation qui nous guide lorsqu'on rédige. Ce qui est recherché, ce sont les sensations fortes. Sport de glisse, raves, aventures de l'extrême, ectasy...Notre époque est celle des vies émotionnelles survoltées. Aucune place n'est laissée à la Poésie, à la rêverie, au plaisir de sentir le bruissement des arbres...
Poète, prend ton luth - Dit Alfred de Musset. |
| | Nombre de messages : 265 Âge : 46 Localisation : le nez dans mon café. Pensée du jour : J'essaie donc j'écris. Date d'inscription : 04/02/2014 | TheCell / Autostoppeur galactique Lun 10 Mar 2014 - 23:05 | |
| Bonjour,
je ne sais pas si dans mes écrits je montre sans le dire mais en tout cas je dirais que je suis plus en symbiose durant l'écriture. Je vois tout à fait ce que tu veux dire et effectivement la notion du corps et de l'esprit en dehors de l'écriture est différente. Après je ne sais pas si c'est du à l'écriture en tant que tel ou la façon dont j'écris. Je ne peux pas écrire si je ne suis pas isolée du monde avec de la musique dans un casque. L'effet sur mon esprit est immédiat (bon il me faut une playlist définit qui aille avec mon écriture) et mon corps suit... Ce lien est il dû donc à la musique ou à l'écriture. Je préfères penser que c'est justement ce tout, la symbiose intégrant donc mon corps et mon esprit. J'arrive ainsi à vivre mon roman tel que des scènes de cinéma. Je plonge totalement et écrit à n'en plus m'arrêter enfin jusqu'à la fin du chapitre.
Bon là je ne sais plus si je suis compréhensible pour les autres. |
| | Nombre de messages : 79 Âge : 28 Pensée du jour : Je ne suis pas infâme, je suis une femme. Date d'inscription : 01/03/2014 | InfameChacal / Pippin le Bref Lun 10 Mar 2014 - 23:57 | |
| Waw, sujet hyper intéressant! Franchement, quand j'écris, j'essaie de vivre les sensations au maximum, mais je ressens moi facilement ce que ressente mes personnages. Je n'essaie pas de vivre mon roman comme des scènes de cinéma, mais, comme ma vie de tout les jours, de rechercher une émotion forte, un regard, une impression, un truc qui va guider tout la scène et auquel je peux me rattacher pour m'immerger dans mon monde. Quand j'y arrive, c'est plutôt tard le soir, quand je suis fatiguée et que je suis sûr le point de tomber de fatigue. Il m'est déjà arrivé de poursuivre une histoire que j'écrivais dans mes rêves. Quand j'écris, je le fais à la mémoire, j'écoute mes sensations, puis je les éteins (enfin, je les ignore), et là, j'écris à la mémoire. Moi en tout cas je me coupe de réalité pour me mieux la vivre, la recréer. Comme dans un rêve. Je sais pas si ce que je raconte fait avancer le débat |
| | Nombre de messages : 2944 Âge : 120 Localisation : À l'Ouest mais sans rien de nouveau Pensée du jour : Aller cueillir les escargots nu sur les baobabs Date d'inscription : 12/09/2013 | Shub / Roberto Bel-Agneau Mar 11 Mar 2014 - 11:23 | |
| Pour moi le centaure est un hybride mi-homme mi-cheval qui enlève les femmes, ce qui aurait pur effet de positionner phantasmatiquement et culturellement le cheval dans la mythologie grecque comme un être masculin ou affublé de la "masculinité": je re m'excuse mais je comprends pas ce qu'est "la vision centaurique des choses". Conflit entre la raison et la passion ? Entre le Ça et le Surmoi ? Qu'est-ce que ça apporte ou rajoute à la schize bien connue corps-esprit ? Je vois pas assez de choses ou de spécificité dans cette créature mythique (combattue par Héraclès d'ailleurs) pour fonder une sorte de vision philosophique des choses. Peut-être cela provient du "développement personnel" ?
Une étymologie ancienne fait dériver leur nom de deux mots grecs : κεντειν / kentein, « piquer », et ταυρος / tauros, « taureau ».
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Centaur_skeleton.jpg |
| | Nombre de messages : 344 Âge : 43 Localisation : Entre la chaise et mon écran Pensée du jour : Ϸú ert dóttirin af ljósinu, ljósit fylg ! Date d'inscription : 10/11/2012 | Manduleen / Tapage au bout de la nuit Mar 11 Mar 2014 - 11:59 | |
| J'avoue ne pas non plus avoir saisi exactement la question, même si par contre j'ai saisi le concept corp / esprit.
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| | Nombre de messages : 6087 Âge : 35 Localisation : Liège Pensée du jour : La "recherche d'équilibre" sur JE est interrompue, ça manque de mécènes en temps de crise. Date d'inscription : 11/01/2010 | QuillQueen / Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches Mar 11 Mar 2014 - 12:08 | |
| c'est pourtant simple, on se voit moitié humain, moitié animal, attachant au corps des valeur médiocres, usuelles, animales, instinctives, et à l'esprit des valeurs sacralisantes, l'intellectuel, ce qui nous fait meilleur que l'autre. Le corps n'est rien d'autre qu'une bête à dompter par notre esprit, même lorsqu'on fait du sport on le fait parce qu'on VEUT réussir à courir dix kilomètres en forçant notre corps à faire ce qu'on a décidé. On oppose la raison aux émotions/sensations. Nous n'adaptons pas nos rythmes de vie aux aléas de notre corps. Alors qu'enfant, lorsqu'on a couru pour le simple fait de courir,(même pas juste pour se défouler) eh bien on s'arrête juste parce qu'on fatigue, on se couche dans l'herbe, qu'importe qu'on ait fait des kilomètres. On peut faire les choses sans raisons mûrement réfléchies, juste au feeling. C'est ça la vision centaurique de soi : se voir comme deux parties morcelées, le corps d'un côté, l'esprit de l'autre. Ce qui au départ est typiquement une vision européenne, en Asie, avec le yin/yang, le bouddhisme, les shakras, on est loin de distinguer aussi formellement corps/esprit, même si l'occidentalisation tend à supplanter cette vision. C'est influencé à la base par le raisonnement scientifique qui aujourd'hui prédomine.
Que dans l'écriture, j'ai l'impression qu'on veille bien plus à se dire "mais là, son corps subit ça, il fait ça, il a tel mouvement et donc suit celui-là" et ce, même si cela chamboule nos plans de départ. Je me sens perso davantage à l'écoute des envies corporelles et émotions de premiers ordres de mes personnages que des miennes dans la vie courante, comme si les freins socio-culturels profonds de la réalité tombaient à presque rien quand j'entamais un nouvel univers. je laisse la plume tracer les douleurs et limites des héros et mon cerveau doit s'adapter à ces obstacles, c'est-à-dire réfléchir à l'inverse de la suprématie de l'esprit du quotidien.
Tu comprends mieux ou... ? je pense que TheCelle et infame chacal, vous avez plutôt bien saisi l'idée. Même si je parlais plus des réflexes internes à l'écriture que des mises en situation pour écrire, c'est lié. Un écrivain qui arrive à "sentir" quand il est le plus prompt à écrire et dans quelles conditions spatiales/kinesthésiques/temporelles il se sent globalement le mieux, de corps comme d'esprit, sera bien plus créatif et en accord avec son style propre que quelqu'un qui se force pour dire de forcer, dans des conditions inadéquates. Si Simenon n'avait pas eu son petit bureau silencieux, en exigeant que nul ne le dérange,s 'il n'avait pas eu ses feuilles jaunes, sa machine à tel emplacement du bureau, il n'aurait pu écrire des livres de qualité. Pareil pour Flaubert qui faisait son Gueuloir car il se savait de nature très auditif. Pour aller plus loin que le topic où on énumère simplement nos habitudes d'écriture, il y a ici la recherche des causes de cela. C'est être à l'écoute de son être, corps+esprit sans distinction. |
| | Nombre de messages : 344 Âge : 43 Localisation : Entre la chaise et mon écran Pensée du jour : Ϸú ert dóttirin af ljósinu, ljósit fylg ! Date d'inscription : 10/11/2012 | Manduleen / Tapage au bout de la nuit Mar 11 Mar 2014 - 14:06 | |
| J'avais saisi le concept mais pas la direction où tu voulais nous mener, voilà qui est fait.
Cette dualité existe bien, je confirme, et c'est d'autant plus palpable lorsque ton esprit est enfermé dans un corps défaillant qui ne t'obéit pas. On adopte donc des réflexes de "négociations" entre corps et esprit car il n'y a pas le choix. Prendre en compte les limites de mes personnages m'est naturel, je vis comme ça, j'écris comme ça, c'est même peut-être le contraire qui s'établit, je me pose moins de questions en écrivant, et je laisse le corps normal de mon personnage lui faire avoir des actions normales sans limitation. |
| | Nombre de messages : 265 Âge : 46 Localisation : le nez dans mon café. Pensée du jour : J'essaie donc j'écris. Date d'inscription : 04/02/2014 | TheCell / Autostoppeur galactique Mar 11 Mar 2014 - 15:01 | |
| C'est tout à fait ça! Si je désire écrire, je dois me mettre en conditions pour et me sentir en conditions aussi. J'ai des choses qui m'importe pour être alaise et me sentir emportée.
Je rejoins le faite que le soir c'est mieux pour moi que le matin mais le matin après une nuit d'écriture je n'arrivais pas à m'arrêter pourquoi? Parce que j'écrivais alors en Australie. Le matin, le soleil est si radieux au levé du jour! L'esprit et le corps se sentent bien et continuent donc à ne faire qu'un.
QuillQueen : Je pense que dans notre société la place à notre moi intérieur n'existe que très peu. La course à l'argent que se soit pour bosser ou avoir plus ou vouloir plus, nous coupe des choses essentielles. Notre cerveau est d'autant plus mature et ancré dans des carcans limités. Nous sommes conditionnés pour vivre ainsi à cause de la société. Maintenant, l'enfant n'a pas ses limites vu que son cerveau voit des choses que les adultes ne voient plus. Mais l'enfant ne vit pas dans la société (sauf si les adultes lui inculques toujours trop de codes sociétales). Aussi ils vont vivre et agir de façon plus libre que nous adultes.
En revanche et ayant fait l'expérience d'avant-après. Depuis que j'ai quitté mon boulot pour suivre mon mari dans plusieurs pays je retrouve souvent ce côté là de symbiose entre mon corps et mon esprit. Surtout en Australie. Le soleil et la nature joue je pense sur cette symbiose masi pas seulement. A partir du moment ou je me suis retrouvée sans travail et avoir le temps ou le choix de mes journées, j'ai appris à faire ce que je voulais et au final souvent le temps ne nous pressant pas, ou l'emploi du temps non plus la symbiose revient assez facilement d'elle même.
Exemple idiot mais véridique : Je dors même si je n'avais pas sommeil, parfois mon esprit voulait rêver. (rejoint aussi l'écriture). Je me promène et me stoppe pour contempler durant un long moment les nuage qui passe. Sur la plage sentir le vent sur ma peau me fait parfois courir pour rire aux éclats et avoir cette sensation forte de bine être.
Bref, la symbiose est, je pense, plus simple et revient dès que les obligations de la société ne nous emprisonnent plus et que nous acceptons de ne plus vivre dans les règles inculquées. (Temps, argent, obligations)
Grossomodo voilà mon avis. |
| | Nombre de messages : 79 Âge : 28 Pensée du jour : Je ne suis pas infâme, je suis une femme. Date d'inscription : 01/03/2014 | InfameChacal / Pippin le Bref Mar 11 Mar 2014 - 16:13 | |
| Oui , il faut être bien dans son corps pour être bien dans son esprit, si on résume simplement. Et la question avec l'écriture, c'est qu'est ce qu'on va écouter pour écrire, le corps, l'esprit, ou les deux?
C'est un peu le rapport entre le monde sensible et le monde intellectuel de Platon. |
| | Nombre de messages : 2944 Âge : 120 Localisation : À l'Ouest mais sans rien de nouveau Pensée du jour : Aller cueillir les escargots nu sur les baobabs Date d'inscription : 12/09/2013 | Shub / Roberto Bel-Agneau Mar 11 Mar 2014 - 16:25 | |
| Suis pas bien sûr, faudrait que je me replonge dans mes bouquins de mythologies mais les Centaures sont je crois des Chimères, une catégorie spécifique dans la mythologie, créatures mi-homme mi-animal qui ont des pouvoirs supérieurs aux humains sans avoir pour autant les pouvoirs des dieux. Certaines créatures "hybrides" sont des croisements inter-animaux comme le Griffon et d'ailleurs, le thème de l'hybridation est assez fondateur dans les mythologies et très présent dans leurs thèmes. Les dieux de l'Olympe s'affrontent par humains interposés -ou voire même aussi demi-dieux interposés- et le thème de la guerre des sexes est évidemment présent dans la mythologie avec Héra, Minerve ou Athéna etc. Ces Chimères ou l'analogue sont présentes dans beaucoup sinon quasiment toutes les mythologies: il y a je crois une créature mi-femme mi-lionne dans la mythologie sumérienne. Mais en cherchant bien on doit les retrouver partout, de l'Amérique du Sud à l'Asie en passant par l'Afrique et bien sûr l'Europe.Sans compter aussi les Indiens de l'Amérique du Nord bien sûr... Suis pas assez expert pour en parler. Je crois que des combats opposent dans la mythologie les Centaures aux Amazones qui sont elles aussi des créatures semi-divines. Ils les chassent soit pour les tuer soit pour en faire leurs femmes. D'ailleurs la divinité représentant la chasse chez les Grecs est une déesse et non un dieu puisqu'il s'agit de Diane. Pardon s'il y a des erreurs dans ce que je dis, c'est un peu lointain !!! |
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