Article inspirateur

Inspirateur est un mot valise. Ou pas.

Bref, tout est dans le titre. J'invite-surtout- les vieux de la vieille, les croulants de la plume, à donner un conseils ou plusieurs, à leur version juvénile qui n'existe plus, ce faisant à tout nouveau qui passerait par-là.

J'écris depuis plus de dix ans. Cela ne veut pas dire que j'écris bien, mais que mes doigts sont tachés d'encre et que je me suis pris des baffes. C'est très important, les baffes.

Oui, le post-it "Comment vaincre la page blanche", c'est pas assez déconne, pas assez libre, pas assez Sancho Panza, pas assez sexy quoi. Ca sent pas le café de 3h du mat' avec les quatrains rebiffés, les cernes devant le cahier aux pages arrachées, la dixième version du chapitre 4. On veut du sang et des larmes dans un paragraphe rauque comme la voix d'Arno. On veut des tripes à la mode barbu désabusé, Cioran comme livre de chevet. On veut le mec qui a brûlé son œuvre avant sa mort.

Pas de méthodes, pas de bla-bla, vous prenez ce cinglé à boutons d'acné qui s'est, un jour, décidé à griffonner, entre quatre yeux, et vous lui dites...

Réponse de Fabre

Mets-toi à poil. Mets-toi en danger. Si tu restes dans le "mécanique", tu feras de jolies pirouettes, de jolies images, mais tu ne seras pas écrivain. Si tu te dis "j'ai une idée" et bam tu l'exécutes, tu es un robot. Word avec un cerveau de singe. Un stylo avec deux neurones. Et tout cela n'a rien à voir avec une légitimation extérieure. (Pour moi, ni Sartre, ni Marc Lévy ne sont des écrivains. Marc Lévy est un bon businessman et producteur, Sartre un philosophe intéressant avec une belle plume pour illustrer son propos)

Tu atteindras deux étapes dans ton voyage, après le point de départ.

Au point de départ, tu vas écrire pour le RESULTAT. Du plus superficiel (mais normal) au moins superficiel: argent, gloire, femmes à poil, léchage de couilles par d'autres écrivains (femmes à poil), exorciser ton mal-être, faire plaisir à maman/papa/oncle Philibert, devenir un homme meilleur, exprimer des vérités dérangeantes, aider ton prochain, répandre la joie, la paix et l'amour. Et les femmes à poil.

Une fois tout cela bazardé à grands coups de revolver dans ton égo, de tentatives moisies (merde il manque quelque chose), de grands écrivains lus et relus (avec un ou deux très mauvais pour comparer) tu atteins la deuxième étape: tu es nu. La falaise de ta vie, l'être nu face à l'océan de ce qui le dépasse.

La deuxième étape c'est quand tu vas sauter du haut de ta falaise et plonger dans l'océan glacé intérieur (j'emprunte cette métaphore aux praticiens de la méditation). D'autres appellent ça l'Ailleurs, l'inconscient etc. Tu vas te dépasser, découvrir, avec comme FIL ROUGE (pas plus) ton idée initiale, tes richesses intérieures.

L'inspiration est en toi, fils. Va la chercher.

Une fois revenu de ce plongeon, le reste c'est du travail d'orfèvre, qui te décevras toujours jusqu'à ce que TU décides de t'arrêter, que "c'est fini" (ça ne l'est jamais).

Nu, c'est laisser ton être de côté, plonger c'est le dépasser et ne pas avoir peur. Tu découvriras peut-être des trucs très déplaisants dans l'océan. Ce sera dégueu. Ce sera douloureux.

Tu écriras enfin pour l'ACTE. Tu n'écriras pas pour l'ETRE (autant se parler sans écrire) ni pour le RESULTAT (totalement séparé de l'acte, totalement imprévisible, totalement contingent).

Tu seras un vrai écrivain. A la société de te donner un sobriquet (riche, célèbre, maudit, du dimanche, inconnu, de tiroir, etc).

Libre à toi d'être optimiste quant à tes plongeons, évidement.

Voilà, au suivant comme dirait Brel!
P.S : Si réaction aux "réponses" à faire en italique avant sa réponse. Sinon c'est un débat. PAS DE DEBAT. Chacun sa vision des choses. La critiquer serait une perte de temps. En donnant la sienne, on aura compris

Inspirateur est un mot valise. Ou pas.

Bref, tout est dans le titre. J'invite-surtout- les vieux de la vieille, les croulants de la plume, à donner un conseils ou plusieurs, à leur version juvénile qui n'existe plus, ce faisant à tout nouveau qui passerait par-là.

J'écris depuis plus de dix ans. Cela ne veut pas dire que j'écris bien, mais que mes doigts sont tachés d'encre et que je me suis pris des baffes. C'est très important, les baffes.

Oui, le post-it "Comment vaincre la page blanche", c'est pas assez déconne, pas assez libre, pas assez Sancho Panza, pas assez sexy quoi. Ca sent pas le café de 3h du mat' avec les quatrains rebiffés, les cernes devant le cahier aux pages arrachées, la dixième version du chapitre 4. On veut du sang et des larmes dans un paragraphe rauque comme la voix d'Arno. On veut des tripes à la mode barbu désabusé, Cioran comme livre de chevet. On veut le mec qui a brûlé son œuvre avant sa mort.

Pas de méthodes, pas de bla-bla, vous prenez ce cinglé à boutons d'acné qui s'est, un jour, décidé à griffonner, entre quatre yeux, et vous lui dites...

Réponse de Domini-Coll

Continue à vivre.

Evite ces clichés: le fou en robe de chambre qui écrit la nuit à la faible lueur d'une petite lampe, s'arrache les cheveux en hurlant devant chaque mot.

Mais évite aussi, pour ne pas dire fuis les discussions littéraires. C'est un repaire de salonnards à l'ego surdimensionné, qui ont besoin de se mettre en valeur.
De se mettre en valeur en dégommant tes travaux si tu en as publié, parce que dans 99% des cas, ces salonnards n'auront pas ton succès ni ton talent.
De se mettre en valeur en faisant dans le name-dropping, en faisant style je-connais-par-coeur-Dostoievski-et-pas-toi-comment-peux-tu-te-prétendre-écrivain?
De toute façon, dans 99% de ce genre de diners pseudos-intellectualistes, les gens ont besoin de se masturber et de s'écouter parler.

Fais concrètement une barrière entre tes amis, ta vie et ce milieu littéraire.

N'écris pas pour la scène germanopratine ou les bobos. Ecris des histoires dans lesquelles un manutentionnaire, une caissière, peut s'identifier, peut reconnaitre son monde.

Et n'oublie pas que l'écrivain n'est pas un être hors-sol. Que tous les discours du monde ne flottent pas juste dans l'air, comme ça, dans un monde des idées. Mais qu'ils entrainent des conséquences concrètes, sur le terrain. C'est facile de préparer le terrain à la haine raciste, sexiste, homophobe etc. juste avec des romans...

Sors et vois le monde. Ca veut pas forcément dire fais un road-trip, va en Asie... Mais va même au coin de la rue, dans un PMU pouilleux, dans un square, fais un petit tour dans les bars de nuit ou sur l'autoroute, fais la sortie des usines...

Ecris one-shot. Te torture pas sur la belle phrase. La meilleure phrase est celle qui vient spontanément. Quitte à la re-polir après lors de tes relectures, en cas de répétition notamment.

Garde une vie à coté. Garde des amis. Une famille. Un boulot. Des collègues.

Voici les conseils que j'ai pu tirer de mon expérience:

L'inspiration ça existe et c'est nécessaire pour écrire mais il est normal notamment lorsque l'on écrit de longs romans de passer par des phases "à vide". C'est souvent dans ces phases que j'ai stoppé la plupart de mes projets ambitieux. Pour parer ce problème, le meilleur conseil que je pourrais te donner c'est de bien travailler ton histoire en amont, en connaître les principales étapes de manière à ce que, lorsque tu traverses une telle phase, l'envie d'écrire un passage plus lointain ou autre te donne la force d'aller au bout, de ne pas lâcher.

Le registre descriptif est l'un des premiers auxquels on se frotte en commençant l'écriture. Au début vient une idée qui se transforme en histoire puis, au moment d'écrire, il est impossible de tracer l'histoire d'un trait, il faut faire des passages descriptifs pour rendre de la profondeur, de la cohérence à la moindre petite chose. L'erreur que j'ai faite au début était de décrire d'un coup les éléments et de ne plus y revenir dessus ensuite, estimant que ça avait été fait. Avec beaaaaucoup de temps et après de nombreux écrits, j'ai compris l'importance d'entre-mêler le descriptif au narratif et tout le rôle bien plus subtile du descriptif que seulement celui d'informer. (ce n'est pas très bien dit mais l'idée est là   )

Si tu te lances vraiment dans un projet ambitieux comme c'est mon cas, une aide, un soutien extérieur est très important (pour moi en tout cas). Je suis à peu près certain que je n'aurais jamais avancé aussi bien et aussi vite dans mon roman (même si j'ai mis près de 4 ans pour faire 1 tome et créer l'univers) sans ma compagne qui me relisait, m'encourageait et qui aime vraiment ce que j'écris.

Certains te conseillerons de ne plus lire lorsque tu écris car tu risques de trop être influencé par tes lectures ou, pire encore, de trouver que ce que tu écris est nul. Ce n'est pas forcément mon cas mais il m'est arrivé de passer par des périodes où, effectivement, je jugeais préférable de ne pas lire pendant ma phase d'écriture. Cela a payé car à présent je ne trouve pas mon histoire nulle au regard de ce que je peux lire alors qu'en l'écrivant ç'aurait très probablement été le cas.

Un dernier conseil issu d'une réflexion personnelle: je trouve normal qu'un auteur n'arrive pas à apprécier ce qu'il vient juste d'écrire. Etant donné que cela sort de nous, nous avons tendance à trouver que c'est peu intéressant, nous n'avons pas de réelle surprise en lisant ce que l'on vient juste d'écrire et nous revoyons exactement le cheminement, la construction qui a mené au résultat. Je pense que cela est normal et que, si en te relisant tu trouves ton texte peu intéressant, il ne faut pas abandonner pour autant, il faut soit poursuivre si tu en as la force, soit le laisser de côté et c'est en le relisant plus tard que tu redécouvriras ton écrit davantage comme n'importe quel lecteur : en faisant abstraction de sa construction, etc. Cela pourra également t'aider à mieux cerner ce qui cloche réellement.

Excellente idée ce topic!

Juste un seul, qui m'aurait évité bien des tourments, des pannes d'inspiration ou des périodes de déprime juste parce que j'avais l'illusion que ce que j'écrivais n'étais pas "à la hauteur" ( quelle bêtise au passage... )

-> arrête de t'inspirer du bouquin des autres pour écrire le tien. Ouvre les yeux : la vie est une merveilleuse source d'inspiration si tu sais où et comment regarder. Le monde réel crée nos envies, nos frustrations, nos espérances et nos fantasmes, des ingrédients nécessaires à l'écriture

Participation beaucoup plus courte que vous, mais je suis encore un peu jeune pour avoir beaucoup de recul sur mon travail d'écriture...

Moi quand je lis des thread comme ça, je me dis qu'il y a en germe une écriture "vraie": véhémente, en colère, un brin désabusé avec aussi de l'humour et de l'ironie, bref intéressante.

Bon pour mon prochain roman, j'irai chercher l'inspiration dedans les posts ici!!

Je crois que j'ai atteint la phase où je serais tout le temps déçu de ce que j'écris... Et tu parles de la troisième étape ?

Trouver la plage après ce plongeon. Trouver la satisfaction et le bien-être dans l'acte sous un cocotier, les doigts de pieds en éventails. ''Surpasser cette déception et avoir une certaine fierté dans ce qu'on écrit.''

Prendre plaisir à écrire.

Mon expérience est quasi inexistante, mais je me dirais de commencer par des textes courts. En écrire encore et encore en essayant plusieurs styles, genres. Aussi, lire, lire beaucoup et en tirer des leçons.

Hé ducon, fais pas ça.

Pourquoi tu t'obstines à perdre ton temps devant un curseur qui clignote ? T'as rien de mieux à foutre ? T'en es à combien, là ? Trois bouteilles pour dix lignes ? C'est pas top comme ratio, tu crois pas ?

Faut te remettre en question, mon petit. Voir plus loin que le bout de ta bite.

Tu t'évertues à poser ton cul devant une page blanche pour y jacter trois bouts de phrase bien tournés. Oh, pour sûr, t'as le sens de la formule. T'es doué, tu le sais, on te l'a tellement répété. Normal que tu t'accroches. Ça t'étonne de galérer autant, pas vrai ?

Y'a pas de secret, blanc-bec. T'as vingt piges et t'entraves que dalle à ce qui se passe autour de toi. Qu'est-ce que tu pourrais bien avoir à raconter ?  

Pourtant ça te bouffe comme une tumeur. Y'a un truc qui te brûle, là, à l'intérieur. Tu sais pas ce que c'est, mais faut que ça sorte. Faut que tu te poses encore devant ton putain de traitement de texte en priant pour que ce soir, ce soit la bonne.

Qu'est-ce que t'espères y trouver, hein ? De la salvation ? Une valeur marchande ? De la reconnaissance ?

Si tu veux être reconnu, va faire l'ENA ou HEC ou le prix Nobel
Si tu veux être publié, compile les recettes de ta grand-mère.
Si tu veux de la rédemption, va à la messe ou aux AA.

Je te parle d'écriture, là. Ça te branche toujours ?

Alors sors, casse-toi, va voir ce qu'il se passe dehors. Chope le SIDA, je sais pas. Confronte tes démons, fais ce qui te fait le plus flipper, pète toi les dents et trahis tes amis. Tombe dans l'escalier, remonte et saute à nouveau.

Y'a le monde qui tourne là, dehors. Et il t'attend pas. T'auras tout le temps de le recracher une fois que tu l'auras digéré. Quand les cicatrices se seront refermées. Mais s'agirait de les ouvrir, d'abord, tu crois pas ? Et de les ouvrir à coups de machette. Et de les laisser suinter, béantes, au soleil.

Oh, ça te plait, ça ? T'en redemande ? Bien, t'es sur la bonne voie.

Tu vas en chier, gamin. Ça sera pas beau à voir. Et quand t'auras touché le fond, quand tu te diras que ça ne pourrait pas être pire, crois-moi, ça le devriendra. Si tu penses qu'on est pas tous devenu cinglés à s'échiner sur ce putain de clavier, tu fais encore fausse route.

Mais un jour, quand t'auras refourgué toutes tes merdes au mont-de-piété pour payer tes dettes et que tu te retrouveras seul dans un 8m² sans chauffage avec un tabouret, une table en bois et du papier, tu seras mûr, fiston. T'auras peut-être quelque chose à raconter.

Quelque chose qui vaille la peine
d'être écouté.

→ Arrête de te calquer sur un autre ! Ecris ce qui te viens, ce que tu pense. Ecrit ce qui coule dans tes veines et ce que tu lis dans tes propres yeux. Ecrits ce que ta main et ton coeur te crient d'écrire et si ça rentre pas dans le moule, alors réécrit le moule.
Et si ça plait pas. Réinvente ce qui plait. Invente toi ton monde, comme il te plait. Puisque c'est là que tu te sens bien.

Brise tes Chaines.

Cette idée est très intéressante.
Je me prête au jeu :

→ Moi, devant mon moi d'il y a 10 ans :

Je ne sais pas si j'ai assez de recul pour me donner un conseil à mon moi de 10 ans avant.
Je pense que là le seule conseil que je pourrais me donner c'est :
→ N'ai pas peur de te lancer, ma cocotte ! Tu as une passion, n'hésite pas, travaille, apprends, écris et ose. Rien à perdre. J'ai dit rien à perdre pas "fais n'importe quoi", quelle andouille!

un conseil qu'on aurait aimé recevoir il y a 10 ans, c'est ça ? de notre propre part ?

Hum... 10 ans c'est un peu court pour se retourner je trouve mais bon pourquoi pas...

En vrac :
- n'arrêtes pas le sport mon vieux !
- prends des cours, tu vas galérer en autodidacte en musique (guitare, batterie) !
- c'est la bonne mec, fonce ! elle te fera 2 magnifiques enfants et un 3ième si t'es sage !
- concentre-toi davantage, ne te laisse pas influencer, ne prête pas attention à tous ceux qui disent que tu n'as aucune chance d'écrire un roman et d'être publier ! f*** them !
- soit patient, tout vient à point à qui sait attendre.