Heu... Si elle écrit les livres qu'elle aimerait lire, c'est donc qu'elle lit non ? Si tu ne lis pas et que tu écris des livres que tu ne lis pas... tu n'écris pas.
C'est clair où faut que je me relise ?
Concernant le sujet, j'ai cru longtemps que justement pour laisser de côté toute influence néfaste sur ma production, il était nécessaire de me concentrer sur l'écriture et de mettre de côté la lecture. Voilà plusieurs années maintenant que je suis convaincu du contraire. D'une part, les influences néfastes, ça n'existe pas. Mais surtout, à part si on veut écrire effectivement des romans jeunesse (et encore), lire les autres, ça permet d'augmenter son niveau d'exigence pour soi-même, comprendre les techniques propres au roman, améliorer son vocabulaire, son expression, remarquer plus facilement chez les autres les erreurs à ne pas commettre ou les tournures qu'on voudrait pour soi éviter (donc affirmer son style), confronter son propre travail avec le travail des autres (c'est tout con, mais si on pond un œuvre qui ignore tout de ce qui la précède, on risque soit de passer pour un original, un grand naïf, un prétentieux, un inculte...), certains aiment d'ailleurs planter toutes sortes de références dans leurs récits (est-ce qu'on pourrait imaginer par exemple un essai philotomatique sur la sclérose du bulbe atrinien en refusant de se nourrir de tout le travail fourni avant ?). Ça permet aussi une sorte d'émulation, voire une saine compétition (voici la montagne, voici l'échelle, montez !). Si on reste à travailler comme un ermite, il y a le risque de s'emmerder ferme, de s'enfermer dans ses idées, dans le confort d'avoir toujours raison au milieu de soi-même pour soi-même (jamais rien ni personne pour vous rappelez ce qu'est une grande œuvre).
Est-ce qu'on imagine un peintre de la Renaissance refuser de se tenir au courant des nouvelles techniques de représentation, de coloration, de vernis, sous prétexte de vouloir s'extraire de toute influence ?
Même chose pour un cinéaste. Des cinéastes non cinéphiles il y en a certainement, mais comme par hasard, ceux qui possèdent un bon baguage culturel sont ceux dont l’exigence est la plus grande. Et il y aura toujours des exceptions bien sûr.
Pour revenir à l'idée d'être un grand lecteur pour écrire, je dirai qu'être un "grand lecteur" n'est pas absolument nécessaire, mais on pourra difficilement renoncer à être au moins un lecteur régulier. Si on me met des exemples sous le nez, je commencerais d'abord par penser à des exceptions avant de changer éventuellement d'avis... (Pis merde, quand on est actrice porno, ça n'interdit pas non plus de niquer pour le plaisir en dehors des heures de travail, c'est pas ça qui va lui supprimer son mojo...)