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 [Nuit 13 septembre] Extraits

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Orcal
   
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   Âge  :  42
   Localisation  :  En confinement dans moi-même.
   Pensée du jour  :  La solitude est la patrie des forts.
   Date d'inscription  :  23/04/2010
    
                         
Orcal  /  Déesse du foyer à la retraite


Vous pouvez - et vous êtes même fortement encouragés à - poster ici des extraits de votre prose écrite pendant la Nuit du 13 septembre.

• Les extraits ne doivent pas dépasser 500 mots.
• Poster un extrait vous engage à commenter ceux des autres.


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Flora
   
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Flora  /  Serial Constance killer


Donner le contexte en quelques mots n'est pas évident, je vais faire de mon mieux. Roland a tenté de soumettre la dragonnette Rutha à une magie qu'il maîtrise mal. Il aurait dû voir apparaître des runes blanches sur ses écailles mais la seule chose qu'il a obtenue dans l'affaire, c'est une sévère brûlure à la main. Valeria, la jeune sorcière qui élève Rutha depuis son éclosion, n'a pas du tout apprécié sa petite expérience. Sa fiancée, Blanche, et ses amis, Grégoire et Guillaume, se sont quant à eux bien gardés d'intervenir...

Citation :
Rutha bascula immédiatement en arrière et roula dans le feu, bousculant une des bûches ainsi que le système qui maintenait la viande au-dessus du brasier. Le tout tomba sur la dragonnette, qui hurla à nouveau et bondit hors du bûcher. Ses écailles rouges disparaissaient à moitié sous la suie et la boue ; distinguer de délicates runes blanches sous tant de crasse aurait été délicat, mais Roland était sûr qu’il n’y avait rien à voir. Il ne s’était rien passé. Frustré, brûlé, furieux, il jura de nouveau, une seconde avant que la main de Valeria ne cueille sa joue, dans un claquement retentissant.

Il recouvrit machinalement la nouvelle zone endolorie de sa main saine, en levant les yeux sur la jeune femme. Elle tremblait et pleurait de rage, les poings serrés, les lèvres tordues dans un rictus qui ne correspondait ni à la colère ni à la tristesse, mais à un mélange des deux. Guillaume la tenait par un bras et tenta d’attraper l’autre, pour l’empêcher d’envoyer une nouvelle gifle à Roland. Elle se débattait comme un beau diable mais il parvint finalement à la maîtriser. Elle se tortilla pour échapper au chevalier, mais ses efforts ne rencontrèrent pas plus de succès que ceux de Rutha. Au lieu de se calmer, elle sanglota plus fort et gratifia le cadet de St-Georges d’insultes bien senties. Elle ne se tut pas avant que sa dragonnette revienne vers elle et fourre une nouvelle fois sa tête sous sa robe.

- Lâchez-moi..., demanda-t-il d’une voix éteinte.

Guillaume n’obéit pas immédiatement mais son étreinte se relâcha un peu. Comme Valeria n’en profitait pas pour se jeter sur Roland, toutes griffes dehors, il la libéra tout à fait ; la sorcière se pencha aussitôt pour récupérer Rutha dans ses bras et s’éloigna du feu, les épaules voutées.

- Paysanne, siffla Blanche entre ses dents.
- Vous comptez la laisser pleurer toute seule dans son coin ? s’enquit Grégoire.
- Elle ne pleurait pas, marmonna Roland.
- C’est vrai, on avait dépassé ce stade : on avait atteint le niveau de la fontaine.
 
Manfred
   
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Manfred  /  Pouyoute (© Birdy)


Six personnages emmerdent l'auteur (nouvelle)

contexte: Albrecht est un écrivain sans succès. Alors qu'il a commencé un nouveau roman, les six personnages principaux débarquent chez lui et s'installent, insatisfaits de la tournure que prend le manuscrit.

Citation :

Le quatrième jour de notre improbable cohabitation, l'odeur familière de pain chaud me tire de ma couche à même le sol. Il me faut en effet préciser que les deux filles se partagent mon lit, avec Lydia dans le rôle de la sultane et Judith en odalisque effacée. Des rires me parviennent par l'entrebâillement de la porte de la cuisine. Seul dans la pièce, je profite du répit pour réfléchir à la situation. Je viens de passer trois jours et deux nuits à dire amen à chaque idée balancée par ces furies, sans protester, sans discuter. Pris de court par l'absurdité de la situation, j'ai agi en sténographe sous la dictée impitoyable de mes propres personnages, et aujourd'hui leurs sacs de couchage tapissent encore mon séjour comme preuve que le cauchemar continue. Les feuillets débordent littéralement du champ de bataille qu'est devenu mon espace d'écriture désacralisé, et leurs ricanements signent ma défaite pour cette première manche. J'attrape quelques pages noircies de ratures, en examine le contenu, comme un ivrogne rassemblent ses souvenirs de la veille, et constate l'horreur: pas une ligne dans ce fourbi n'est de mon cru. Mon propos détourné, mes idées travesties et grimées, ma pensée violée, le bilan me retourne l'estomac. Voilà à quoi ressemble le compromis, la prostitution de tout ce qui fait l'écrivain. Une flétrissure. Je ramasse quelques feuillets tombés à terre, ainsi que ma dignité dans laquelle j'essaie de me draper. Les éclats de joie qui me parviennent font vaciller ma résolution mais je me secoue. Il n'est pas trop tard pour me ressaisir. Et comme en réponse à ma détermination, un à un, ils sortent de ma minuscule cuisine — comment tiennent-ils à six là-dedans? —, chacun tenant à la main une brioche replète, tout juste sortie du four si j'en crois le parfum qui glisse malicieusement dans la pièce. Mon pétrin, mon four, mes brioches. Je puise dans ce dernier outrage la force qui m'a manqué jusque là. Six paires d'yeux convergent vers ma main crispée sur la pomme de discorde, froissée et crissant entre mes doigts.
 

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