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| | Nombre de messages : 54 Âge : 34 Localisation : Dans une autre saison en enfer Date d'inscription : 17/11/2008 | misia / Clochard céleste Lun 8 Juil - 23:01 | |
| (Ouh la, il y a un p'tit moment que je ne suis pas venue par ici, les catégories ont changé et il me semble y avoir plusieurs nouveautés, j'irai jeter un coup d'oeil !) Bonjour à tous, J'ai un projet de roman que j'aime bien, qui avance très bien aussi et que je compte (enfin !) terminer un de ces jours. C'est un roman polyphonique à plusieurs voix (j'en ai 9, c'est un gros défi, mais bon j'ai une structure sous-terraine et tout et tout ), toutes au JE, et mes bêta-lecteurs m'ont souvent reproché que la plupart des voix se ressemblent ; qu'elles pensent pareil, qu'elles ont le même ton et qu'elles « focusent » sur les mêmes choses. Donc, voilà, je me demandais si vous aviez des conseils ou des trucs pour justement amener une variation dans les voix ; si quelques-uns d'entre-vous aviez déjà réussi un défi semblable haut la main, et que vous aviez des trucs à partager qui vous ont été utiles ? Jusqu'à présent, on m'a suggéré de faire des fiches de personnages pour vraiment bien connaître mes persos et pouvoir parler « comme si j'étais eux », mais encore là, soit mes fiches sont trop courtes ou soit j'arrive pas à vraiment faire sentir les différences des voix, parce que toujours, on sent l'auteure derrière, et bah c'est moins crédible... :3 Merci de vos réponses ! |
| | | Invité / Invité Lun 8 Juil - 23:08 | |
| Eh bien justement, pour le NaNo de juillet, je fais quelque chose d'un peu équivalent, puisque qu'un chapitre sur deux est interne à l'un de mes huit personnages. Les fameuses fiches, c'est certainement très utile, mais à condition de savoir quoi y mettre. Il me semble qu'il peut être plus facile de distinguer les voix en fonction de divers critères : - le sexe des personnages, déjà - en jouant habilement sur les stéréotypes (le gros lourdeau ne pensera pas comme la frêle demoiselle ; et ça peut jouer sur leur réaction face à un même événement) - en travaillant le registre de langue (l'un peu avoir un langage plus châtié, par exemple) - en faisant s'attacher les personnages à des éléments qui leur sont propres, et à ne pas traiter des généralités que n'importe qui pourrait aborder dans n'importe quel chapitre (si tu as un chasseur, fais-le chasser, en gros, pas méditer sur l'avenir : laisse ça au sage ) |
| | Nombre de messages : 16 Âge : 33 Date d'inscription : 06/07/2013 | Tom Elemsis / Homme invisible Lun 8 Juil - 23:11 | |
| Ça peut passer par des détails simples. Le style d'écriture reste le tiens, d'où les similitudes entre personnages, mais on peut leur donner une identité propre pour le lecteur par de nombreux biais, qui sont un peu "de la poudre aux yeux" mais marchent très bien.
Par exemple, des expressions favorites, ou tes tics de mouvements, ou encore un registre différent de langage selon leur milieu. Sers toi aussi du vécu de tes personnages (que le lecteur connaisse leur passé ou non, toi tu l'imagines, et ça t'aide à leur faire prendre de l'ampleur).
J'ai le même style de narration, avec 5 personnages seulement (mais 5 autres pour le tome 2, donc au final ça fait 10, on se rejoint), et selon ceux qui m'ont lu leur identité est reconnaissable, on ne confond pas leur façon de narrer l'aventure, pourtant je n'ai pas passé par des heures de réflexion. Je pense que les méthodes les plus simples peuvent être les meilleures. |
| | Nombre de messages : 78 Âge : 36 Localisation : Lille Pensée du jour : Rien ne sert de courir, il faut faire du vélo. Date d'inscription : 05/06/2013 | Nowell / Pippin le Bref Mar 9 Juil - 12:59 | |
| Si ta narration est de type subjective, alors c'est sur le focus des personnages qu'il faut travailler, comme tu l'as souligné. Il faut développer leur processus cognitif : à quoi font-ils attention et pourquoi ? Un peintre verra des couleurs et des formes très précises, un marchand verra des chiffres et fera très attention à sa propre situation dans la scène, un militaire verra des rapports hiérarchiques entre les gens, un pédagogue sera attentif aux savoirs de ses interlocuteurs etc... utiliser la déformation professionnelle de tes personnages est un des moyens les plus simple. C'est en tout cas ce que j'essaie de faire ^^
Bien sur, il faut faire entrer leur caractère en ligne de compte. Un militaire humaniste (sans dec, c'est possible ça ?) déplorera le manque de prise d'initiative de ses collègues ou subordonnés, et aura un rapport spécifique à la notion de hiérarchie etc...
En gros, je te conseille d'identifier une notion centrale, et de définir le type de rapport que ton perso entretient avec ! j'ai posté dans cette section un lien vers un site (anglophone) ultra détaillé sur "l'alchimie des personnages", je te le conseille.
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| | Nombre de messages : 54 Âge : 34 Localisation : Dans une autre saison en enfer Date d'inscription : 17/11/2008 | misia / Clochard céleste Mer 10 Juil - 19:16 | |
| Merci beaucoup pour vos réponses ! Ce qui est difficile, c'est que plusieurs de mes personnages viennent d'un milieu semblable et sont à peu près du même âge, mais j'avoue que leur personnalité varie et ils n'ont pas nécessairement le même job. Je vais donc dériver un champ lexical en fonction de leurs intérêts et leur emploi en un premier temps. Par la suite, ce sera établir qu'est-ce que chacun des personnages remarque, comment il réfléchit, comment il réagit aux choses... en faisant un gros retravail psychologique. Bien du pain sur la planche, au final ! Enfin, un gros merci à vous, vos conseils me sont très utiles ! |
| | Nombre de messages : 34 Âge : 28 Date d'inscription : 01/04/2013 | Eleonora P. / Petit chose Sam 13 Juil - 10:55 | |
| Tu peux leur donner des accents qui se ressentent dans l'écriture, par exemple dans Sacrées Sorcières, Rahl Dahl avait fait la chef des sorcières, elle roulait les "r" et disait "ou" à la place de "u", et ça il l'avait trrradouit dans l'écrritourre Sinon tu peux jouer sur le vocabulaire peut-être, Thierry de l'Amour est dans le Pré y va pas de main morte quand il dit quelque chose, par exemple (oh les références de malade xD). Sinon ben... si t'as des personnages étrangers ils peuvent ne pas connaître certain mots et se tromper. Après pour travailler le focus des personnages je sais pas trop... je t'aurais suggérer de faire des fiches pour tes personnages mais comme tu l'as déjà fait tu peux peut-être faire des fiches pour tes situations ? Pour une situations tu note tout les focus possibles et tu les raye dès qu'un de tes personnages en a utiliser un ou plusieurs ^^' |
| | Nombre de messages : 54 Âge : 34 Localisation : Dans une autre saison en enfer Date d'inscription : 17/11/2008 | misia / Clochard céleste Sam 13 Juil - 23:45 | |
| Ouais, le problème c'est que tous mes persos proviennent grosso modo d'un milieu semblable, alors pour les accents... cela dit, j'essaie d'utiliser un vocabulaire moins varié (tout en étant littéraire) pour les personnages moins instruits, mais encore là, j'ai l'impression que ma voix prend toujours le dessus...
Du reste, je n'ai pas encore fait de fiches de persos complètes ; j'en ai une très complète, 9-10 pages de questions, mais j'sais pas, j'ai la flemme... faudrait que j'm'y mette (tiens, ce soir j'en complète une !)
en tout cas, merci pour vos réponses ^^ |
| | Nombre de messages : 36 Âge : 32 Localisation : (ct,x,y,z) dans notre espace-temps. Pensée du jour : Un esprit sain dans un corps sain. Date d'inscription : 16/01/2013 | Mélisande / Petit chose Jeu 18 Juil - 14:45 | |
| Bonjour Misia,
J’ai rarement travaillé sur des projets polyphoniques, en revanche j’aime bien l’idée d’essayer de développer chacun des personnages.
Je pense que pour varier le ton des personnages et leur expression, il faut d’abord avoir une bonne idée de qui ils sont. Pour ma part, j’utilise assez peu de fiches de personnage, en revanche, j’aime bien leur inventer un passé, des passions, des phobies. Créer une histoire sur ton personnage te permet de relier beaucoup de parts de leur caractère à des événements marquants.
D’autre part, quand tu te mets à travailler tes personnages comme de la pâte à modeler, au début, cela ne ressemble pas à grand-chose. Les premiers jets sont caricaturaux, très souvent. Mais pour te les approprier, il est intéressant de les plonger dans plein de situations et de les faire agir. Cela a plusieurs effets : 1) C’est efficace pour donner un trait de caractère. Si tu veux créer un personnage courageux, mettre dans sa description « il était courageux » est relativement peu efficace. En revanche, si tu le mets en situation d’agir courageusement, alors il le deviendra effectivement aux yeux du lecteur (et à tes yeux au passage) 2) Plus tu multiplies les situations, et plus ton personnage s’affine. J’ai pour habitude de toujours privilégier le caractère des personnages à l’intrigue (pour moi, l’intrigue est avant tout un outil pour faire évoluer les personnages). Sur mon premier projet, au bout d’une quarantaine de pages, mes personnages m’apparaissaient tous assez clairement. En pratique, quand je les plongeais dans un nouvel environnement, je ne pouvais plus les faire agir n’importe comment, parce que leurs caractères étaient suffisamment précis pour qu’ils aillent instinctivement dans une direction. C’est très étonnant, cette relation aux personnages. Comme s’ils étaient vraiment vivants, indépendants de nos choix.
Pour construire un personnage, il est intéressant de jouer sur les contradictions. Un aventurier qui a peur des araignées, c’est toujours amusant quand il est dans la jungle. Et tu peux être sûre que ça a déjà existé.
Pour construire des personnages, je n’hésite pas à mélanger plusieurs références qui sont en quelques sortes des « muses ». Clairement, mon personnage principal féminin a des éléments de ma sœur, de ma copine, de personnages de cinéma que j’affectionne et de personnages mythiques grecs (Antigone, Ismène…). Inspire toi de ce qui t’entoure pour leur créer des habitudes, des tics de langage, des passions, des références, et finalement, une culture qui leur est propre. Un physicien verra de la physique partout.
Attention néanmoins à ne pas tomber dans des préjugés. Il faut trouver des détails (car tout se joue dans les détails) qui rendront ton personnage unique. Je ne sais pas quel âge ont tes personnages, mais en gros, je pense que tu peux varier l’expression par : 1) Des tics de langage, des manières de s’exprimer différentes (champs lexicaux, type d’élocution). Clairement, dans « Ensemble, c’est tout » d’Anna Gavalda (désolé pour cette référence, c’est la première qui me vient à l’esprit), les deux personnages principaux sont très différents, mais c’est aussi parce qu’ils s’expriment différemment.
2) Tu peux évoquer leurs passions, leur passés. Clairement, ils vont faire des choses différentes. Dans une même situation, des personnages bien construits réagiront différemment. D’où l’intérêt de placer plusieurs personnages face à la même situation.
3) Pour forcer le contraste, tu peux placer les personnages dans une même situation, face à face, et alterner les points de vue. Comment réagissent-ils ? Par exemple, dans le métro, une femme fait une crise d’épilepsie. Un premier personnage peut s’écarter, apeuré par cette personne gisant à terre et bougeant dans tous les sens. L’autre peut réagir complètement différemment, parce sait que c’est vraiment grave et qu’il faut intervenir d’urgence. Si tu cherches des méthodes efficaces pour le changement de point de vue, je te recommande les pièces de Roland Schimmelpfennig (Push-Up, Une nuit Arabe). C’est vraiment un maître en la matière.
4) Encore une fois, un physicien voit le monde à travers la physique (je suis bien placé pour le savoir). Quand il regarde la Seine, il pense probablement aux volutes de Von Karman introduits par les piliers du pont. Quand il va à Notre Dame, à un moment ou un autre il fait une estimation de la masse totale du bâtiment (et donc du poids propre). Un historien songera peut-être à l’époque ou les maisons autour étaient en bois et à l’importance politique que représentait un tel bâtiment, un romancier aux scènes qu’il pourrait y introduire, un photographe aux heures du jour ou l’éclairage est optimal…
5) Tes personnages parleront probablement de ce qui leur plait et de ce qu’ils haïssent. Tu peux le souligner par des exclamatives (… et ainsi différencier un personnage flegmatique d’un personnage sanguin, un curieux avec un blasé…). Tu peux aussi marquer leurs références avec. (un personnage qui se réfère toujours à Napoléon, c’est crédible et facile à mettre en œuvre)
6) Enfin, il faut réussir à le faire tout en douceur. Avoir des personnages-préjugés c’est souvent assez désagréable (la fillette-la prostituée-la grand-mère-le trader-le barman…).
Il resterait beaucoup à dire, mais je manque de temps...
Bonne journée, et bonne continuation ! |
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