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 Vers un juste milieu ?

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Mélisande
   
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Mélisande  /  Petit chose


Bonjour !

Me voici face à un dilemme dont je souhaiterais vous faire part.

Lorsque j'écris, il me vient naturellement l'envie de tout raconter. Raconter tous les détails de la manière la plus exhaustive possible, narrer tous les événements, même les moins importants...

A la relecture, c'est trop lourd et peu intéressant. D'une part, il y a des scènes entières complètement inutiles (qu'il faudrait que je parvienne à faire disparaître sous forme d'ellipse, mais cela ne vient pas naturellement), et d'autre part, tout est toujours trop lourd de détails. D'ailleurs, inclure trop de précisions nuit au développement de l'image que le lecteur se fait de notre scène, voire pire: en étant trop complet, on devient aussi trop compliqué et cela embrouille complètement la personne qui nous lit... problématique, donc. 

Ainsi, je souhaiterais savoir si:
1) Vous rencontrez le même problème.
2) Si vous avez des méthodes pour lutter contre...

Je suis étonné de ne pas avoir trouvé de topics déjà ouverts sur ce sujet (ai-je mal cherché ?), parce que je ne pense pas être le seul à avoir ce genre de soucis.

Merci ! Smile
 
Arsenia
   
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Arsenia  /  Pippin le Bref


Salut Mélisandre =)

Alors je pense que c'est normal. 
J'ai le même souci. 

J'ai pas vraiment de solutions à t'apporter. Moi je laisse quelques jours passer, je continue à écrire si je suis inspirée, mais je laisse mon passage de côté, je ne le retouche surtout pas. Au final, tu auras pris suffisamment de recul pour retravailler ce qui ne te plait pas, te semble lourd, inutile. C'est un boulot de longue haleine de relire et corriger les erreurs.

Citation :
D'ailleurs, inclure trop de précisions nuit au développement de l'image que le lecteur se fait de notre scène, voire pire: en étant trop complet, on devient aussi trop compliqué et cela embrouille complètement la personne qui nous lit


Oui ça peut nuire, mais c'est nécessaire. Après il suffit de trouver le juste milieu, quitte à relire encore et encore et encore jusqu'à ce que ça te semble bon.

Ça n'est pas non plus évident d'avoir un bon recul sur son propre travail. 

J'ai déjà tout recommencé une fois parce que ça ne me plaisait pas, je ne te souhaite pas ça bien sûr ^^.

(S'il faut, tout ce que je te dis t'es déjà connu et tu le fais déjà. Mais bon, je te rassure, tu n'es pas le seul à qui ça arrive ^^.)
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Camp-Volant
   
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Camp-Volant  /  Homme invisible


Salute.
J'aime bien ce genre de problématiques, alors je vais tenter d'apporter mon humble avis sur la question. Bien sûr, tout ceci n'est qu'un pur produit subjectif de mon ptit cerveau, mais j'espère qu'il pourra t'aider comme il m'aide aujourd'hui.

1) Vous rencontrez le même problème.

Oui, tout le temps, tous les jours, que ce soit sous la douche ou à 4h du mat devant l'écran. C'est un des plus vieux problèmes générés par l'esprit du "constructeur" d'un récit. Tout paraît sain et clair dans notre esprit, parfaitement naturel et, dés que c'est le moment de coucher ça sur le papier, paf boum ! C'est un bordel inextricable.
En fait, ça ne se retrouve pas que dans l'écriture, n'importe qui voulant ériger quelque chose (un projet artistique, ou autres) sera toujours confronté à cet horrible processus de canalisation. L'oeuvre est une jungle cosmique délirante qu'il faut à tout prix dompter et classifier pour la rendre "compréhensible" par l'autre (et encore, parfois c'est carrément impossible). Sauf que c'est profondément relou, de castrer son propre imaginaire en le gribouillant sur du papier. Alors on balance tout, du poil de pied à la couleur des nuages, et on transforme son bouquin en annuaire (on tourne trois pages, et on décroche).

2) Les méthodes pour lutter contre.


C'est là où ça devient intéressant. 
J'vais pas ressortir de vieux classiques usés, oui tous les écrivains sont différents, oui chaque univers, chaque style, chaque histoire à sa propre construction. Les récits sont nos bébés, et seul un taré arriviste ne verrait pas dans ses écrits une extension artisanale de soi, un truc dégoulinant de sueur et de crampes aux doigts. 
Alors non, y'a pas de solution miracle (bien sûr, sinon ce serait pas drôle), et tout dépend de ta propre personnalité, de ton ressenti face à la chose. Ça dépendra aussi énormément de ta "connexion" avec tel ou tel mouvement littéraire (un truc romantique 19ème aura pas la même méthode anti-lourdeurs qu'un machin post-moderne 21ème), pourtant il existe des livres d'une fluidité incontestable à toutes les époques de l'Histoire humaine.

Perso je suis abonné à l'école de Stephen King, dont le bouquin Ecriture, histoire d'un métier m'a apporté énormément dans la pratique de l'écriture au sens "je vais faire lire mon histoire à quelqu'un" (cela ne s'adresse pas du tout à ceux qui écrivent juste pour le plaisir).

En gros, il y a quelques points très importants à respecter si l'on veut que son texte soit clair, lisible, constant et, surtout, éditable (moneymoneymoney !). Certains de ces conseils sont de King lui-même, d'autres, je les ai adaptés à ma sauce :

A) La description est un luxe, pas un pilier de la narration. Elle est là pour parfaire la construction de l'histoire, l'étoffer, elle est parfaitement négligeable (beaucoup d'excellents bouquins ne comportent aucune description). Vouloir trop décrire, c'est vouloir foutre des béquilles en bois sous un château bancale, si les fondations (histoire, personnages, dialogues, mise en scène) ne sont pas de bonne qualité, elle ne fera que finir d'achever le récit.

B) Les scènes inutiles sont, par définition, inutiles. Si toi-même tu les trouves useless, alors elles n'ont rien à faire là. Une bonne façon de s'en rendre compte est de relire ce qu'on a écrit, si un paragraphe (ou même 10 pages entières) te gavent et que tu n'as pas envie de les lire, alors c'est le symptôme de la chiantise la plus aiguë, à réécrire (ou à virer).

C) Pour les précisions, pareil que les descriptions et tu fais très bien de le dire, le lecteur à sa propre image du truc, lui apporter trop de détails va le frustrer et l'empêcher de faire marcher la machine à coginette. Il est très important de savoir réaliser des portraits en pas plus de 4 coups de pinceau, donner les images les plus fortes dés le début (par exemple : tu veux décrire un type borgne qui porte une robe rouge et qui est baraqué comme un camionneur. Ces trois détails suffisent amplement pour se faire une idée du personnage, aucun besoin d'ajouter autre chose à moins que ce soit vraiment important).

D) Comme le disait très justement Aronofsky, on ne termine jamais une oeuvre, on l'abandonne. C'est terrible mais c'est ainsi, les écrits, c'est nos gamins, on est des mères/pères qui doivent un jour couper le cordon. Les gens qui n'abandonnent pas leurs écrits deviennent obsédés par eux, et les laissent croupir dans leur grenier à cause d'un perfectionnisme maniaque. C'est pas complet, c'est un peu bancal, y'a des scènes qui vont pas même après 200 relectures ? Alors laisse tomber, ça ne sera jamais mieux, passe à autre chose.

E) Pareil, en parlant de gosses, quand ils ressemblent à des trolls et qu'ils te supplient de les assassiner parce que tu les as fait ignobles, faut pas hésiter à mettre fin à leurs souffrances, c'est la réponse la plus humaine qui soit. T'as un chapitre qui ne colle pas du tout avec le reste, mais tu as l'impression qu'il vaut quand même le coup ? Tue le, tue le par le feu ! T'as un paragraphe avec trop de description mais tu es heureux de la manière dont tu as tourné les phrases ? Pareil. C'est pas parce qu'un gremlins à le don de la parole que ce n'est pas une erreur de la nature. Il faut savoir tuer ses bébés dans l'oeuf tant qu'il est encore temps (c'est peut-être la plus horrible des choses quand on est auteur, mais quand on trouve le courage de le faire, plus rien ne peut nous arrêter).

F) Les métaphores, très importantes, elles permettent d'aérer et même de faire rêver/rigoler le lecteur. Attention de pas trop en mettre, c'est une super soupape de sécurité, mais c'est pas non plus une rustine. Je suis grand fan des métaphores à la San Antonio, très imagées et originales, c'est la patte d'un grand auteur que de trouver des paraboles poétiques et intéressantes. A éviter aussi, les trucs genre "il s'est battu comme un lion" ou "Il a détalé comme un lapin", c'est terrifiant. 

G) Les adverbes. Ils pullulent comme des oreilles mutantes sur des dos de rats albinos, "Dit-il, pensivement", "Il alla rapidement" et toutes ces choses m'hérissent. Bien sûr, c'est inévitable d'en mettre, comme il est inévitable de se remplir les godasses de grains de sable quand on court sur une plage. C'est incroyable comme ce sont des freins à la narration, ils cassent un rythme d'une façon si extrême qu'on se demande bien qui est le vilain garçon qui a pu les inventer (pour être poli). L'action à besoin d'une présence plus forte que ces "memement" délétères.

H) En parlant du rythme, il faut savoir le soutenir comme sur une vraie partition. C'est dur à croire, mais l'écriture est peut-être encore plus musicale et rythmée qu'une vraie musique. On doit jouer avec énormément de choses, les lieux, les dialogues, l'ambiance, les émotions, tout ça réunit, c'est encore plus captivant qu'une symphonie de Wagner ou j'm'connais keutz. La jonction entre les chapitres, le passage à la ligne des paragraphes, tout cela doit être "senti" (j'allais dire calculé, mais c'est un peu plus compliqué que ça), on doit savoir à quel moment le lecteur va piquer du nez ou à quel moment il va se dire (parfois de façon tout à fait inconsciente) "oulah, il me gave un peu lui". Les pavés, à proscrire ! Des pages aérées, des phrases courtes, choc.

I) Et ce sera mon dernier point, sinon je risque de devenir encore plus chiant. A propos des phrases courtes et du rythme, il faut se placer dans le contexte de notre époque. J'ai remarqué que beaucoup de jeunes auteurs aujourd'hui avaient ce que je pourrais appeler une sorte de "complexe d'infériorité" (à défaut de trouver autre chose) par rapport à des grands classiques. On a honte d'écrire de façon "simple", avec des mots d'argot ou familiers, on a honte de faire des phrases qui ne font pas 3km et qui n'expriment pas toute la complexité oestrogénique des sentiments de Madame Choucroute pour l'élégance printanière d'un matin d'avril 1756.
J'ai connu ce sentiment, ce complexe bizarre et anachronique (je vous ai compris !), et la seule façon de s'en sortir, à mon avis, c'est d'assumer complètement son propre style. Tu veux écrire comme au 17ème ? Grand bien te fasse, mais surtout ne le fais pas parce que tu as peur qu'on ne te prenne pas au sérieux. Dans l'autre sens, ne fais pas du Neo-Roman-Cynique pour te faire bien voir de ton cercle de potes fan de Houellebecq.


Voilà voilà, j'ai pas relu et c'est sûrement bourré de trucs bizarres, mais on va dire que l'essentiel y est. Le juste milieu, c'est très exactement ce qu'il faut rechercher, je pense qu'à partir du moment où tu remets en question la façon dont tu narres, c'est que tu es sur la bonne voie (comme un psycho, la première étape c'est de comprendre qu'on a un problème grave avec les chatons derrière l'église).


poutoux
 
Mélisande
   
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Mélisande  /  Petit chose


Wow !
Merci à vous deux, ça me donne un bon nombre de pistes à explorer !

Et merci aussi pour la référence de Stephen King: je n'aime pas du tout ses bouquins, mais je dois reconnaître qu'il sait écrire ! (Comprendre: je vais me procurer ce fameux bouquin !)

Merci encore Smile
 
QuillQueen
   
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QuillQueen  /  Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches


j'ai souvent ça aussi, voici un panel de trucs parfaitement techniques pour supprimer le superflu ou dire la même chose avec moins de mots, partout dans le roman :

1° les définitions bien cachées : plusieurs mots peuvent tout simplement signifier un seul.


Spoiler:

2° suppression d’actions évidentes
Y a des choses qu’on note, et puis il faudrait être capable de se dire que le lecteur a un cerveau.

Spoiler:

3° tout est relatif… : c’est… qui…
Parfois, les phrase débutant avec « c’est » et un « qui » au milieu nous viennent à l’esprit, sans songer qu’ils s’annulent presque.
Spoiler:
De manière générale, on emploie trop de qui-que-quoi dans un premier temps, il faut les remettre après en question. Souvent, vous avez vu, ils sont superflus. Une seule phrase, avec plusieurs pronoms relatifs, devient vite lourde. A employer avec parcimonie.

Spoiler:

Autre suppression du « qui » ou « que », avec les verbes.
Spoiler:

4° les compléments qui ne complètent rien : Temps, forme, lieu… Il est parfois inutile de rappeler que le personnage est dans une cuisine alors qu’il goûte un plat, ou de mettre, comme j’ai eu la bêtise de le faire ;

Spoiler:

Il faut toujours se souvenir qu’une précision n’est nécessaire que si elle sort des archétypes du lecteur. On ne va pas dire qu’un ballon est rond, le lecteur se l’imagine tel quel quand on dit « ballon », mais on va préciser s’il est plat. Si votre personnage est africain, inutile de dire qu’il a la peau noire, dans un premier temps le lecteur associe « africain » à noir, et si ce n’est pas le cas, alors on dit que sa peau est d’une teinte particulière. Les pléonasmes se cachent parfois mieux que le « petit nain ».

5° Etre ou ne pas être… : Nous abusons du verbe être. Et d’autre verbes « ternes » aussi : faire, avoir… M’enfin, « être », c’est le plus vicieux. Il est tellement petit, tellement passe-partout. Voyez, je n’avais même pas songé à cela :

Spoiler:

6° Vous en reprendrez peut-être une couche ? : Quand on veut faire peur, rendre triste, enfin les émotions bien vives, les superlatifs ne sont pas juste des « très » « un peu » « trop » en trop. Il y a aussi l’art de répéter l’émoi sur plusieurs phrases, instant où le lecteur se dira sans doute « bon ça, j’ai compris hein ! », mais pas nous… nous, nous bichonnons notre lectorat rempli de triple débiles.

Spoiler:

7° oh mince ! Vous avez dû oublier ! : On aime bien dire un truc que le lecteur a vécu. On ‘sait jamais, en deux chapitres, il a sans doute oublié le contenu de l’un d’eux ! Mais oui ! Bon, c’est un peu exagéré, non ? Mais on ne peut pas s’en empêcher, on veut tellement faire retenir tous les détails de son scénario trop bien ficelé !
Spoiler:

8° tourne la phrase sur son meilleur profil : Un même passage, avec une tournure à laquelle on pense d’abord, peut être réduit simplement en changeant les dispositions.
Spoiler:

9° deux phrases pour le prix d’une : On aime tellement mettre des points, faire court, des phrases qui font pas une ligne sur word… mais parfois, cela engendre des verbes inutiles.
Spoiler:

10° Mais pourquoi pour ? : Parfois les « pour » sont un inutile réflexe.

Spoiler:

d'autres ont complété ces données, par exemple :

11° Ne soyez pas passifs... :
Utiliser le minimum de tournures passives pour favoriser au contraire la voie active quand c'est possible
Spoiler:


si ça peut t'aider... je suis comme toi, je détaille, mais comme je suis une lectrice qui RAFFOLE de détails (je hais les livres qui n'en contiennent pas assez !) je ne cherche pas à vider tout, cela serait en contradiction avec mes propres attentes. J'allège un peu pour faire plaisir.
 
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Invité  /  Invité


Tiens c'est excellent tout ça Smile

Je suis une maniaque des détails et j'ai tellement peur d'étirer inutilement des descriptions que parfois j'ampute mes textes de passages qui sans ajouter au récit son agréable à lire et ajoutent une couche de confort à une lecture trépidante.

Faut savoir juger dans tout ça j'imagine!
 
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Float  /  Tapage au bout de la nuit


Question essentielle en effet (même si je ne comprends pas le titre du sujet).

Certains points intéressants déjà évoqués mais je ne suis pas d'accord sur certains.

Les adverbes, c'est vrai qu'il faut s'en méfier, mais dans les phrases données, ils apportent réellement quelque chose. Là où les adverbes sont lourds, c'est quand ils n'apportent rien de ce qui a déjà été dit. Ouvrez un bon bouquin n'importe où et des exemples du type sujet verbe adverbe complément il y en a plein. Là où c'est lourd c'est quand la phrase se complique. Et comme toute chose, il y a... un juste milieu (ah d'accord^^) il n'y a pas d'interdit : si on a une chose à dire, on la dit telle qu'elle nous vient naturellement. Le problème c'est quand y a quatre ou cinq fois par page la même chose qui là passera pour un manque de maîtrise, une facilité...

Dans l'exemple de QQ sur "il est difficile de l’approcher de près", la phrase initiale me semble bien mieux compréhensible et moins lourde que celle proposée. L'inversion du sens éloigne le verbe du début de la phrase, or le verbe donne le sens aux phrases, et là, on est en apnée avant de le comprendre. C'est pas deux mots comme "il" et "de" qui vont poser problème à la compréhension d'une phrase.



Dans l'exemple sur le verbe être, je suis pas convaincu. Je suis d'accord qu'il vaut mieux trouver un autre verbe (mais si on s'interdit à utiliser un auxiliaire qui va aussi apporter des images claires, on a l'effet inverse) mais dans ton exemple, ce qui me gêne, ce n'est pas l'emploi du verbe être mais plutôt le surplus d'information non essentielles : il faut faire un choix entre porte-fenêtre et "tasse à la main" par exemple. Il peut y avoir répétition entre "être" et "guetter" bien sûr, mais on pourrait tout aussi bien préférer ici le verbe "être". L'idée qu'elle était à la porte-fenêtre suggère déjà qu'elle guette, donc ça suffit, et/ou le fait qu'elle soit à la porte-fenêtre pour guetter fait un peu pléonasme. Et l'idée de la tasse apporte encore une nouvelle image. Selon ce qu'on veut dire et selon son "style", il y aura donc une manière plus simple et plus efficace de le dire, en choisissant parmi les termes proposés. Et à mon avis, le problème ne vient pas du verbe être.



Pour le premier "spoiler" la phrase malgré tout encore compliquée. Ce n'est pas seulement la phrase d'ailleurs, c'est l'idée même qui paraît tarabiscotée. 


Pour l'exemple 9 de deux phrases pour le prix d'une. OK, sauf que là encore c'est une question de choix. Pour le coup, le "pour leur bien" est inutile. Triturer nos phrases permet justement de voir ce qui est essentiel au récit. Logiquement ici en en faisant qu'une phrase tu aurais dû te rendre compte que la fin de la phrase n'apportait pas grand chose. Et si ça apporte réellement quelque chose à ton récit, pour le coup, deux phrases seraient plus efficaces. En plus le "pour leur bien" est un commentaire : soit il faut le lecteur en juger par lui-même, soit ça trahi une volonté de l'auteur de s'immiscer un peu trop dans le récit. En tout cas pour moi, c'est bien ce "pour leur bien" qui est inutile. (Resterait à voir le contexte).


Ensuite, le meilleur conseil, c'est toujours celui qu'on trouve en lisant des romans de qualité. Les lire sans être lecteur, choisir une page au hasard et regarder comment c'est construit. Et les grands auteurs sont toujours efficaces : une phrase, une idée. Quand on arrive à écrire le plus souvent ainsi, quand ça devient naturel, alors seulement on peut s'autoriser de temps en temps des digressions, des descriptions, parce que ça ne passera plus pour une faiblesse mais pour un choix. Et c'est bien la question du choix qui permet de voir un auteur. L'erreur pourrait être de vouloir être à fond à chaque ligne, être précis, s'attacher à chaque détail... Quand on est toujours à fond, on n'a plus les moyens de se garder de la marge pour insister sur un événement, un détail qui là devrait être pertinent dans le récit. Il y a ce qu'on appelle le "medium" en chant et au théâtre. Une voix placé, naturelle, ni trop aigu, ni trop grave ; un milieu où on est alaise et où on a une marge pour aller dans toutes les directions. Pour l'écriture c'est pareil. Il faut trouver son medium. Une écriture sans forcer, sans éclat, sans détail, qui va droit au but, sans intelligence mais sans grossièreté, sachant montrer des événements anodins mais significatifs, plaçant gentiment le lecteur dans un univers. Et puis quand le récit le permet, quand vous le décider pour mettre en évidence quelque chose de marquant, on change de vitesse. C'est pour ça par exemple qu'il ne faut pas négliger les auxiliaires : ils sont très utiles pour dire des choses simples, sans chichis -- faut juste pas en abuser.
 
Nywth
   
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Nywth  /  Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur.


Retirer systématiquement le superflu dans de la littérature pour des pseudos questions de lourdeurs revient parfois à écrire le manuel d'utilisation d'une machine à laver version fantasy. Fais attention.
 
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Float  /  Tapage au bout de la nuit


Tout dépend de ce qu'on jugera comme superflu en fait. Personne n'aura la même vision de la chose. Et encore heureux, sinon tout le monde écrirait de la même manière et tous les lecteurs auraient les mêmes attentes. Toujours le choix de l'auteur. A lui d'imposer sa vision, peu importe sa méthode. On peut retrouver des "règles" générales, mais on trouvera toujours l'exemple qui confirme la règle. Le charme peut aussi être nourri de ces petites imperfections qui permettra à un récit ou un style d'être efficace pour certains lecteurs. C'est quand c'est bourré de maladresses et que l'essentiel (l'histoire, les personnages, le sens) est naze que ça pose problème. Des auteurs ont toujours prétendu vouloir utiliser un style télégraphique et on voit bien dans les faits que le lecteur ne le perçoit pas comme ça. Ce qui est inintéressant dans un manuel de machine à laver c'est pas le style mais bien, avant tout, que c'est un manuel de machine à laver. Le style, la méthode, la technique, c'est mieux quand on ne les voit pas.
 
Taliesin
   
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Taliesin  /  Tapage au bout de la nuit


Pour ma part cher Mélisande, je ne ferais que te réécrire ce que je te disais au téléphone: l'importance du "hors champs". 
Tout les amateurs de cinéma (autre que de l'hollywoodien pure et dure avec explosions, grosses bagnoles et nichons dans tout les coins de la pellicule) te dirons a quel point ce qui n'est pas a l'écran est important. Le hors champ c'est l'imagination du lecteur qui galope, c'est son petit cerveau qui trépigne et, in fine, c'est son implication qui, de mollement titillé, passe au stade suivant: une attention tendue, proéminente et de longue durée. 
Bref, l'ellipse et l'allusif c'est bon pour le lecteur.
Un peu comme la pudeur qui ne consiste pas tant a se cacher qu'à cacher le strict minimum.
 
Mikaroman
   
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Écrire beaucoup, pour le plaisir d'écrire, et élaguer beaucoup, pour le plaisir d'être lu.
http://romainmikam.free.fr/
 
Lourinki
   
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Lourinki  /  Barge de Radetzky


Personnellement, si j'ai un doute sur ce "juste milieu" j'écris tout ce qui me passe par la tête, sans censurer quoi que ce soit dans un premier temps, y compris des digressions qui me semblent un peu lourdes ou ridicules. Après j'élague bien sûr, mais parfois je garde certaines phrases "inutiles" parce que j'ai l'impression - à tort ou à raison - que ça ajoute quelque chose, par exemple sur le caractère du personnage. Comme dans la vie où on a parfois des idées bizarres à des moments inattendus, où on remarque un détail insignifiant alors que tout autour il y a des éléments beaucoup plus importants, etc.

Après bien sûr il faut trier sérieusement pour ne pas perdre le lecteur dans des détails inutiles ou même vers des fausses pistes, mais je pense que parfois il faut faire confiance à son subconscient : si il nous "dicte" des mots qui nous paraissent bizarre il y a peut-être une raison !
 
Orcal
   
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Orcal  /  Déesse du foyer à la retraite


Ce fameux équilibre est purement une question de mode.

Au XIXe, plus il y avait de détails et de précisions (tant au niveau des mots que de la narration) et plus la littérature était de qualité.
Aujourd'hui, on est dans le courant inverse.
 
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Invité  /  Invité


Pourquoi je me sens à ce point concerné par ce post ? :mrgreen:
 
DODARIUS
   
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DODARIUS  /  Petit chose


Après, une longue description n'est pas forcement lourd dans un roman. Comme le disait Orcal, cela depant de l'epoque, mais aussi du type de livre que tu désires écrire : plutot réaliste ? Plutôt fantastique ? Les description ne seront pas autant détaillées dans l'un ou dans l'autre. Une description peux faire deux pages et être très interresante, si elle est bien écrite. Regarde des auteurs comme Balzac ou Maupassant,  qui ont des description très très longue, sans que cela retire le plaisir de la lecture Smile
 

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