Lou, moi ce que je recherche, c'est le plaisir de découvrir à travers un homme. Après tout, je pourrais prendre un livre d'histoire-géo ou un guide du routard, ou encore un livre d'images photos prises par un globe trotter avec son appareil Canon 3000, mais il n'y aura pas l'homme, sa sensibilité, sa façon de prendre les choses. Et puis, aussi, si je lis des récits de voyage, c'est que j'aime réfléchir ma propre culture, prendre de la distance à son sujet. Les livres d'études scientifiques sont plats. La littérature est riche. En fins de compte, je compare ma propre sensibilité avec celle de l'auteur. Nicolas Bouvier est très bon pour ça.

Chips a écrit:

Lou, moi ce que je recherche, c'est le plaisir de découvrir à travers un homme.
(...)
En fins de compte, je compare ma propre sensibilité avec celle de l'auteur.

Dans un bon récit de voyage, l'auteur écrit donc avec toute sa sensibilité. Il parle avec ses émotions, évoque ses ressentis les plus personnels. Il va chercher au fond de lui et de son voyage ce qui le touche le plus. C'est surement pour cette raison qu’écrire un récit de voyage se révèle difficile : il faut aller chercher ce qu'il y a de plus profond en soi, exprimer sa sensibilité.

Exactement.

Exactement... Mais faut-il aller jusqu’à l'introspection ?

Lou a écrit:

Exactement... Mais faut-il aller jusqu’à l'introspection ?

Sans introspection, autant écrire un récit journalistique. Un reportage. Donc oui, il faut y aller.

Chips a écrit:

Sans introspection, autant écrire un récit journalistique. Un reportage.

Vu de cette manière, c'est intéressant ! C'est vrai que ce qui fait la différence entre un reportage et un récit de voyage, c'est surement cette introspection. Bien qu'il y ait aussi la durée du récit, l’évolution de l'auteur, le but du périple, la finalité du récit... L'introspection n'est pas le seul élément qui vient différencier le récit de voyage du récit journalistique.

Citation :

L'introspection n'est pas le seul élément qui vient différencier le récit de voyage du récit journalistique.

Certes non. Auxquels penses-tu ?

As-tu en tête d'autres éléments qui permettent de distinguer le récit de voyage du récit journalistique ?

Je pense tout simplement au style. Le journalisme est convenu. J'ai un cousin ayant fait une école de journalisme, qui m'expliqua que les passés simples étaient assez malvenus dans un article. Tu vois un peu.

Mais il y a aussi le déroulement, qui est convenu. Il faut absolument de la chronologie. Pas d'analepse (flash back).

Il y a enfin l'exercice, qui est convenu. Il doit tenir sur quelques pages maximum (pour le magazine Géo) ou tout bonnement une demi-page (pour une chronique) ce qui oblige à trier sévèrement. Le carnet de voyage littéraire, quant à lui, s'étale comme il veut.