Nous recevons régulièrement des messages de jeunes écrivains qui -et c'est bien normal- s'inquiètent ou s'impatientent du fait de nos délais de lecture, qui peuvent paraître excessifs.
En tant que petite maison d'édition, nous faisons appel à des membres bénévoles pour constituer ce comité, avec les aléas que cela comporte. D'un côté, cette solution présente l'avantage de pouvoir réunir un panel de lecteurs issus de "la vraie vie", et ainsi assez fidèle au lectorat potentiel des ouvrages. De l'autre, les membres du comité disposent de leur temps comme ils le souhaitent, et même si notre comité éditorial accomplit également sa part du travail de lecture, le nombre de manuscrits que nous recevons est tel que les délais d'attente dépassent souvent une année, voire davantage. Comme nous nous attachons à lire tous les manuscrits qui nous sont envoyés, contrairement à la plupart des maisons d'édition, cela est particulièrement long, notamment pour les romans (alors que moins d'une heure suffit souvent pour un album jeunesse, plusieurs jours sont souvent nécessaires à la lecture d'un roman).
Dans ces conditions, pourquoi, me direz-vous, continuer à demander aux auteurs de nous envoyer de nouveaux manuscrits ? Tout d'abord parce que pour trouver des "pépites", il nous faut lire énormément d'ouvrages. Ensuite parce que certaines catégories d'ouvrages nous sont trop rarement proposées.
Comme notre politique éditoriale, en partie motivée par des nécessaires choix budgétaires, nous conduit à ne choisir que des ouvrages de qualité (nous ne sortons que quelques romans chaque année, que nous allons désormais systématiquement présenter à des prix littéraires à partir de 2013), nous préférons ne pas accélérer les choses afin de ne pas nuire à la qualité du choix de nos publications. C'est ainsi que nous allons prochainement sortir, lors de la fin de l'année, plusieurs romans dont les auteurs ont patienté depuis deux ans ; mais au vu de leur talent, cette attente en valait la peine.
Nous sommes parfaitement conscient de la gêne ainsi générée auprès des écrivains. En contrepartie, nous essayons de travailler "à l'ancienne" et de réellement privilégier la qualité de nos relations avec "nos" auteurs. Nous effectuons également, sur chaque ouvrage sélectionné, un important travail de relecture / correction, toujours en collaboration étroite avec les écrivains, afin de publier des ouvrages qui soient à la hauteur de leur talent. Et cela, peu de maisons d'édition le font, se contentant souvent de publier un produit brut et souvent insuffisamment retravaillé.
Pour l'heure, dans un contexte ultra-concurrentiel, cette manière de travailler nous pénalise. Nous parvenons toujours à équilibrer notre budget, mais les salaires sont bien maigres. Mais nous nous tenons à cette manière de travailler. D'abord par passion, et ensuite parce que nous avons l'espoir qu'à long terme notre labeur portera ses fruits, et que certains des nouveaux talents en lesquels nous croyons tant parviendra à acquérir une notoriété suffisante pour rayonner sur l'ensemble de nos collections. Mais cela demande bien du travail... et bien du temps !