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| | | Invité / Invité Lun 4 Juin 2012 - 13:24 | |
| Bonjour à tous, Une question me taraude au fur et à mesure que je prends connaissance de certains recits et des commentaires parfois virulents qui l'accompagnent au sujet du style, de l'orthographe et même de la grammaire, tiens. C'est pourquoi je vous la soumets dans l'espoir de faire naitre un débat constructif dans les règles de l'art. Jusqu'à quel point peut-on prendre des libertés d'écriture? Un exemple précis: Prenons l'histoire où l'aventure est contée à la première personne à travers les yeux et le point de vue d'un enfant de douze ans. Peut-on se permettre d'employer un vocabulaire simple, peut-être pas accumuler mais être plus conciliant vis à vis des formules de style et de certaines idées lancées? Reprendre plusieurs fois les verbes classiques, faire répéter des mots et volontairement accomplir des fautes qu'un récit différent éviterait sans nul doute? Peut-on prendre le risque de créer une histoire au contenu volontairement limité dans un soucis de rendre réaliste son texte? Un autre exemple: un récit dans le même style raconté par un adolescent moyen peut-il se permettre l'emploi d'un vocabulaire non-soutenu et un phrasé disons plus en accord avec la communication moderne (à base de mots pas toujours réels et de sous-entendus parfois grossiers ou absolument pas fins). J'ai plusieurs fois eu l'occasion de m'en rendre compte sur certains forums dont celui-ci et vous soumets donc la question.
Cordialement JM |
| | | Invité / Invité Lun 4 Juin 2012 - 13:41 | |
| Sujet posté au mauvais endroit, faudrait demander à un modo de le déplacer...
Sinon... Mis à part l'orthographe et la grammaire qui doivent être respectés pour rendre le tout intelligible, tout peut être tenté dans un roman. A la seule condition que cela reste agréable à lire. des romans écrits selon le point de vue d'un gamin, il en existe des tas. J'en ai un qui m'est passé dans les mains, y'a pas longtemps. ca reprenait le phrasé, le vocabulaire de certains jeunes de banlieue. Et ça rendait bien.. Mais faut un talent certain et une bonne maitrise de sa plume pour y parvenir. Suffit pas d'imiter la réalité, faut avoir un réel travail d'écriture derrière. |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Lun 4 Juin 2012 - 13:50 | |
| Salut, Normalement, les questions de ce genre, c'est plutôt ici. Ou dans l'agora, lorsque tu sors du domaine question. (Sinon, je suis pratiquement sure qu'un sujet du même style a déjà été ouvert)
Pour moi (je dis bien pour moi), tout dépend du contexte et du point de vue, le contexte s'apparentant plus au caractère du personnage et de l'histoire, que le contexte spacio-temporel en lui-même. Adapter son style à l'âge d'un personnage, pourquoi pas le faire, mais il reste certaines limites : un point de vue externe ou omniscient ne nécessite pas forcément ce genre d'adaptation, parce que, en dehors du personnage, c'est plus l'auteur qui impose son style et qui transparait à travers les lignes. Par contre, au niveau du point de vue interne, oui, c'est déjà une meilleure question à se poser. J'avoue que voir un écrit interne qui met en scène les pensées d'un enfant de dix ans d'une manière très soutenue a tendance à mes déranger - sauf si, comme je viens de le dire, le contexte s'y prête, c'est à dire que l'enfant en lui-même, impose une certaine retenue dans le choix de ses mots. Dans tous les cas, je ne vois pas l’intérêt de commettre des fautes d'orthographes exprès, ou des coquilles dans le style, à moins, justement, de vouloir apporter un effet de style. D'ailleurs, les deux styles, qui - je trouve - se prêtent bien aux points de vus enfantins et internes, ce sont les styles directs et/ou poétiques. Après, le style aura toujours une manière de faire passer la chose : le dosage se joue à pas grand chose, entre le niais et le style, entre l'innocence et le naïf. Il faut savoir le prendre. Parce que, par soucis d'être réaliste, on peut justement en oublier la réalité et faire quelque chose de fade - je crois. Après, le deuxième cas que tu évoques, il serait plus sur la base d'un style oral que d'un style écrit, mais là encore, il faut savoir l'adapter et le peaufiner. Par contre, les sous-entendus grossiers, c'est sans doute un poil exagéré. Encore une fois, il vaut mieux trouver un moyen de diluer la fadeur dans le style, sinon, j'ai toujours tendance à refermer le livre... Raconter tout comme un adolescent lambda, c'est pas forcément la meilleure piste à emprunter.
Après, je trouve que les fautes d'orthographe et de grammaire exprès, c'est pas terrible. Quelques-unes parfois pour donner de l'effet, mais de toutes petites quelques-unes. Après, il faut parvenir à maitriser le style, et ne pas le laisser s'échapper - et ça, c'est plus difficile. (Mais, encore une fois, je parle pour moi et ce que j'aime lire même si je n'ai pas d'exemples sous la main)
Edit : En fait si, je pense à Mathias Malzieu, ou un truc du genre. Ses histoires sont un peu naïves, mais le style, et tout, et tout, ça s'y prête bien, c'est un peu enfantin, et le résultat est chouette. |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Lun 4 Juin 2012 - 16:50 | |
| J'ajouterais même que : - ilham a écrit:
- Mis à part l'orthographe et la grammaire qui doivent être respectés pour rendre le tout intelligible
On peut même passer outre cela, tel "Des Fleurs pour Algernon" qui montre ainsi l'évolution des capacités intellectuelles de son personnage-narrateur. Au point que pendant sa décadence, on guette la réapparition de la première faute avec un noeud au ventre... |
| | | Invité / Invité Lun 4 Juin 2012 - 17:10 | |
| pourtant je l'ai lu ce roman. Je ne me souviens pas des fautes, de la syntaxe balbutiante oui... mais si tu le dis. Mais attention, forme de narration particulière, je crois : un journal intime. C'est vrai que j'avais oublié cette possibilité ( pareil dans un roman épistolaire d'ailleurs, du coup ) |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Lun 4 Juin 2012 - 17:15 | |
| Je me trompe peut-être, les balbutiements ont peut-être ajouté des fautes dans ma mémoire o/ Mais il me semble pourtant, j'essaierai de penser à vérifier ce soir...
Mais, oui, c'est façon journal intime, ou en tout cas narration à la première personne. Et il faut faire comprendre d'une façon ou d'une autre au lecteur que c'est bien fait exprès... "Monsieur Daniel Keyes, le comité de lecture n'a pas terminé votre manuscrit suite au trop grand nombre d'erreurs rencontrées dans les 10 premières pages." |
| | | Invité / Invité Lun 4 Juin 2012 - 17:42 | |
| non, tu dois avoir raison. Ca remonte à vingt ans, ma lecture... |
| | Nombre de messages : 1360 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2011 | Pomcassis / Tentatrice chauve Lun 4 Juin 2012 - 17:46 | |
| Le style qui colle au plus près du narrateur, j'ai envie de dire que c'est ce qu'il faut si le narrateur est à la première personne - ou lorsque, dans une narration à la troisième personne, le point de vue se focalise sur un personnage en particulier.
Il ne faut pas que les erreurs de syntaxe, ou les fautes puissent être assimilées à une faiblesse de l'auteur, ou à des facilités.
Quant à l'intelligibilité du texte, ce n'est pas un critère qui tient la route, parce que ce qui est intelligible pour un lecteur ne le sera pas pour un autre - et parfois, un texte devient intelligible si on le lit une deuxième fois, ou de manière plus posée, ou si on a la clef pour comprendre.
Quant à bousculer la grammaires ou la syntaxe, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire, tant que c'est justifié - cf dans Ulysse de Joyce, les phrases qui ne se terminent pas et qui collent au plus près de la pensée des personnages : ce serait absurde d'y relever toutes les "fautes" de syntaxes...
Ceci dit, il y a, comme l'a dit Ilham, un piège : pour que ce soit crédible, il faut éviter d'imiter la réalité (suffit de voir les dialogues dans les films, la plupart du temps, c'est crédible, pourtant, personne ne parle comme ça) |
| | | Invité / Invité Lun 4 Juin 2012 - 17:50 | |
| Je n'ai rien dit sur la syntaxe, pomcassis... et mis à part certaines formes de narration qui peuvent le justifier, le non respect de l'orthographe, et de la grammaire ( de façon peut-être moindre... ), me semble vraiment peu envisageable. Sauf si on veut faire dans le conceptuel... quant au fait qu'un texte soit intelligible, je n'ai pas précisé à la première lecture, ni à tous ( mais bon, les romans à la forme tant qu'au fond obscurs me laissent de marbre. Si je veux me casser la tête à lire quelque chose, je lis le reflet d'un roman dans un miroir... mal de crane garanti.) |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Lun 4 Juin 2012 - 18:05 | |
| Je confirme, il y a des fautes au début, je cite : "Je peu ètre osi un télijen." |
| | Nombre de messages : 1360 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2011 | Pomcassis / Tentatrice chauve Lun 4 Juin 2012 - 18:08 | |
| - ilham a écrit:
- Je n'ai rien dit sur la syntaxe, pomcassis...
et mis à part certaines formes de narration qui peuvent le justifier, le non respect de l'orthographe, et de la grammaire ( de façon peut-être moindre... ), me semble vraiment peu envisageable. Sauf si on veut faire dans le conceptuel... quant au fait qu'un texte soit intelligible, je n'ai pas précisé à la première lecture, ni à tous ( mais bon, les romans à la forme tant qu'au fond obscurs me laissent de marbre. Si je veux me casser la tête à lire quelque chose, je lis le reflet d'un roman dans un miroir... mal de crane garanti.) Oui effectivement, c'est très conceptuel - pour un roman classique, vaut mieux éviter. Tiens, j'ai jamais essayé de lire le reflet d'un roman dans un miroir |
| | Nombre de messages : 137 Âge : 37 Localisation : Longueuil, Québec Date d'inscription : 10/04/2012 | Laska / Barge de Radetzky Jeu 7 Juin 2012 - 23:09 | |
| Je pense aussi que c'est possible, mais difficile. Je pense à The Catcher in the Rye, de Salinger, où il écrit même "sonuvabitch" pour "son of a bitch" (exemple de "mauvaise" orthographe). - Citation :
- I don't hate too many guys. What I may do, I may hate them for a little while, like this guy Stradlater I knew at Pencey, and this other boy, Robert Ackley. I hated them once in a while — I admit it — but it doesn't last too long, is what I mean. After a while, if I didn't see them, if they didn't come in the room, or if I didn't see them in the dining room for a couple of meals, I sort of missed them. I mean I sort of missed them.
Ou bien Bohumil Hrabal... J'ai juste une traduction anglaise sous la main, par exemple : - Citation :
- Then the doctor handed me that typewriter, it was tiny and all the keys folded in, like a sacramental tome, and when I glanced at the pages I noted the machine's German make, Perkeo, a deco typewriter without Czech diacritics, and the doctor's text was loaded with typos, and little wonder, I told myself, when in a few short minutes the doctor had hammered out everything pouring through that head of his...
(Il y a des phrases qui font une page.) |
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