Nombre de messages : 2977 Âge : 34 Localisation : Tokyo Pensée du jour : Oden. Date d'inscription : 15/11/2009 | Mitsu / Powerpuff girl Ven 21 Oct - 20:27 | |
| Vous pouvez - et vous êtes même fortement encouragés à - poster ici des extraits de votre prose écrite pendant cette demi-nuit JE.
Les extraits ne doivent pas dépasser 500 mots. Poster un extrait vous engage à commenter ceux des autres.
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| Invité / Invité Ven 21 Oct - 23:12 | |
| Bon voilà un extrait d'interrogatoire où, privation de sommeil aidant, Salim hallucine. note pour ceux qui ne connaissent pas le roman, salim s'adresse à Mark l'en quêteur quand il dit "Tu" - Citation :
« Tu n’as pas grossi depuis la dernière fois qu’on s’est vu, frangin ! » Je bondis sur ma chaise. Enfin, j’exécute plutôt un soubresaut et m’arrache quelques morceaux de chair autour de mes menottes. Je croyais en avoir terminé avec ces visites morbides, mais non. Sur le béton, Mahmoud me sourit. Je hurle devant sa tête décapitée. Derrière elle, un corps obèse, démembré, s’ennuie tout seul. De longs boyaux sanglants s’étalent entre ce qui avait été des cuisses. Yeux gris me cogne dessus pour me faire taire, mais cette fois-ci, mes cris ne se calment pas. Je ne supporte pas la vision de cette tête souriante qui déblatère, joviale, comme si elle ignorait le sort fait au reste de ce qui a été mon ami d’enfance. Je hurle, me débats. Le sang coule sur mes poignets, mes chevilles. Mahmoud. J’avais été convoqué par le Shin Bet pour interrogatoire après sa mort. Un rendez-vous qui avait à peine duré deux heures. Après m’avoir un peu secoué en me décrivant les effets d’une ceinture d’explosifs sur un corps humain, l’enquêteur avait très vite compris que je n’étais au courant de rien. J’étais ressorti des locaux, très pâle, avec l’image de la tête de Mahmoud volant en l’air comme un grain de pop-corn cuit à point, de ses intestins en guirlande sur son ventre ouvert et de son sexe arraché comme une brindille d’herbe. Si j’avais jamais voulu entamer une carrière de kamikaze, cette description chirurgicale y avait remédié sans retour possible. Mahmoud me parle, commente mes jambes épaisses comme des quilles, mon ventre creux, mes flancs maigres. Je n’ai pas engraissé à Gaza. J’ai gardé cette carrure, celle de mon père, sèche et nerveuse. Sa tête coupée roule jusqu’à mes pieds. Je hurle de plus belle, me pisse dessus. Les claques de Yeux gris n’y font rien. Tes ordres, non plus. Je suis ailleurs, dans une autre dimension. Avec un crane bavard devant ma chaise. « MAMAN !!! » Tu me rejoins devant le bureau et me parle doucement, sans élever la voix. Je ne t’écoute pas, hypnotisé par cette vision sanglante. Mais tu continues, sans t’énerver. Et tu parviens à capter mon attention. Tu me demandes ce qu’il m’arrive et je sanglote : « F-fais-le p-partir ! – Qui ça ? Salim… dis-moi. » Tu me cajoles, me réconfortes comme un enfant réveillé par un cauchemar au milieu de la nuit. J’entends encore un chat ronronner et je me calme peu à peu. Mahmoud, je vois Mahmoud. Tu n’as pas l’air surpris et, d’un geste très doux, me lisses les cheveux en arrière. Ils sont trempés de sueur, encore englués de crasse malgré la douche, mais cela ne semble pas te dégouter. Tête baissée, la morve au nez, je te laisse faire et reprends mon souffle. « Qu’est-ce qu’il te dit ? » répètes-tu. Cigarette à la main, tu m’arraches un à un les détails de mon hallucination : le sourire matois de Mahmoud, ses remarques sur tout et n’importe quoi : ta bedaine, ta gourmette en or, mes poignets en sang, la dégaine de Yeux gris.
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Nombre de messages : 435 Âge : 36 Localisation : Melun (77) Date d'inscription : 17/02/2011 | Skaar / Pour qui sonne Lestat Sam 22 Oct - 13:05 | |
| Un bout de passage de l'Odyssée du Lucky Bird. C'est l'une des premières scènes où je décris un bâtiment au sol, et je trouve que pour un premier jet, c'est pas mal du tout. - Citation :
- Capitaine de frégate Natalya De Saag, du Ghost, veuillez entrer.
Comme pour appuyer l’ordre du haut-parleur, la large porte blindée de la salle d’audience s’escamota face à elle. La jeune femme inspira profondément, rectifia sa tenue et s’avança. Malgré l’importance des décisions qui y étaient prises, rien ne différenciait l’aile du haut-commandement de la SallSec du reste du bâtiment. Les murs étaient les mêmes, lisses, d’un pastel discret souligné d’ombres courbes irrégulières. Le sol était une immense pièce de marbre blanc veiné de bleu qui couvrait l’étage entier.
L’architecture était la même, mais le nombre de gardes armés qui étaient présents à l’avant dernier sous-sol du siège de l’amirauté sallastienne n’avait rien à voir. L’identité de Konor avait été contrôlée au moins trois fois depuis son arrivée, et un membre de la sécurité assurait son escorte. A leur décharge, il fallait tenir compte du fait qu’elle n’était pas ici pour recevoir des félicitations. Les remises de médailles avaient plutôt sous le dôme du dernier étage, à la lumière du jour. Non, les auditions préliminaires du tribunal de l’amirauté se tenaient ici, au onzième sous-sol.
La salle dans laquelle elle entra était baignée de lumière. Comme dans le couloir, le plafond luisait sur toute sa surface d’une lueur solaire naturelle, relayée depuis l’aiguille de la tour via le noyau cristallin, lequel servait également de réseau informatique.
Elle ne s’attendait pas à une salle aussi grande. Les locaux ne lui étaient pas très familiers – elle n’avait jamais eu de poste sur Sallast – mais elle avait déjà visité l’un des étages supérieurs, le bureau de liaison avec Kaesan Ind, le principal constructeur d’appareils militaires du secteur.
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