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| | Nombre de messages : 2977 Âge : 34 Localisation : Tokyo Pensée du jour : Oden. Date d'inscription : 15/11/2009 | Mitsu / Powerpuff girl Ven 23 Sep 2011 - 18:52 | |
| Vous pouvez - et vous êtes même fortement encouragés à - poster ici des extraits de votre prose écrite pendant cette demi-nuit JE.
- Les extraits ne doivent pas dépasser 500 mots. - Poster un extrait vous oblige à commenter ceux des autres, c'est donnant-donnant !
Pour que ce sujet reste lisible, postez vos commentaires ici. |
| | Nombre de messages : 1360 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2011 | Pomcassis / Tentatrice chauve Ven 23 Sep 2011 - 22:18 | |
| Voici 495 mots de mon roman Trafiquants d'âmes. - Citation :
Je me lève et m'habille sans un bruit au beau milieu de la nuit. Ma chemise s'est perdue quelque part entre les plis des couvertures. Tant pis. J'enfile mon blouson en cuir à même la peau. Les chaussures à la main pour éviter que les talons claquent sur le parquet, je tâtonne vers la poignée de la porte. Mon sac à main y est toujours suspendu. Je sors sans un bruit, sur la pointe des pieds. Les draps bruissent dans le silence ponctué de sirènes d'ambulances qui traversent les volets opaques et le double vitrage. Je me retourne. Une ombre s'éveille sur l'oreiller. -Lauren... murmure une voix émergeant du lit. -Je dois filer, chuchoté-je. -Reste... supplie Lucas. Dans les ténèbres, je sens son regard endormi se frayer un chemin jusqu'à la porte entrouverte où ma silhouette reste immobile. Ma main se faufile dans mon sac et y cherche les clefs de la voiture accrochées à un violoncelle en argent. Elles sont bien dans la petite poche du milieu, avec le portable et les clefs de mon appartement. -Je t'appelle, lui envoie-je dans un souffle avant de refermer la porte sur l'un de ses grognements. Dans l'ascenseur, ma descente étant interminable, je consulte mon téléphone qui m'indique huit appels en absence. Le dernier remonte à une heure à peine. Emma a tenté de me joindre jusqu'à trois heures du matin. Dans la rue, le calme est froid comme l'asphalte. Sur le bitume, les lampadaires versent une lumière encore humide de la pluie vespérale. Ma voiture est garée à quelques encablures de l'immeuble à la façade délavée et aux balcons fissurés. Je ne rencontre personne, à peine une ombre de chat qui, à ma vue, s'enfuit et se cache sous une camionnette. Un PV détrempé s'est glissé sous l’essuie-glace. Je réalise que mon ticket de parking a expiré en début d'après-midi. La leçon de violoncelle que j'ai donné à Lucas s'est éternisée des heures durant. Assise au volant, j'appelle ma messagerie. Sept messages. Dans les trois premiers, Emma me demande de la rappeler, puis me supplie dans les suivants, et dans les derniers, le ton monte. Au huitième appel, elle raccroche avant que mon répondeur ne lui propose de s'exprimer après le bip. Quand je rentrerai aux aurores, elle ne dormira pas. Elle m'attendra affalée dans le canapé, le plaid sur ses genoux et les yeux rouges de colère et d'inquiétude. Elle voudra sortir ses griffes mais elle se sera rongée les ongles toute la nuit. Alors elle ira se coucher sans dire un mot, m'ignorera peut-être, se contentera de me mépriser d'un unique regard. Le lendemain, elle partira, passera quelques jours chez ses parents dans le Sud, m'enverra ses humeurs par texto, puis reviendra, au bout d'une semaine, ou peut-être deux. La voiture arrive dans mon avenue. Je ralentis à la recherche d'une place, tout en jetant un œil à l'immeuble que je dépasse : le troisième étage est allumé. Elle ne dort pas. Elle m'attend. |
| | | Invité / Invité Ven 23 Sep 2011 - 22:42 | |
| Deux extraits de Gaza ce soir, choisis dans des passages où on retrouve Salim face à Mark au cours de ce long interrogatoire... - Citation :
Tu ne dis rien. J’ai terminé mon récit à bout de souffle, avec un filet de voix à peine audible. J’ai soif, je respire mal, j’ai mal à la gorge et je ne peux plus parler. Pas même te supplier de réagir, de faire cesser ce silence. J’entends ton stylo qui claque sur le formica de ton bureau, qui tambourine, marque la mesure, presque au rythme de celle que je ressens dans ma poitrine. Trop rapide. « Y’avait quoi dans ces caisses ? Elles venaient d’où ? » Tu veux savoir si elles venaient de Syrie ou d’Iran ? Si elles contenaient des obus de mortier ? Désolé, aucun tampon de la poste n'y avait été apposé pour en identifier la provenance et la seule que j’ai vue ouverte, après s’être fracassé au fond du puits, fort heureusement ne contenait aucune roquette ou explosif. Je ne serais pas là pour t’en parler si cela avait été le cas. Je n’y connais rien en mécanique, mais au milieu de tous ces débris, je n’ai ramassé que des pièces métalliques qui auraient très bien pu servir à réparer une voiture. Mais je ne parviens pas à articuler ma réponse. Tu réitères ta question et je gémis pour la première fois depuis que je suis ligoté à cette chaise. Le gardien s’approche et appuie ses mains sur mes épaules. « Tu réponds ou quoi, le porc ? » Je ne peux pas ! « Tu as encore besoin d’un peu de gymnastique, peut-être ? » Tiré brutalement en arrière, je hurle de douleur. Mes fesses se soulèvent sur la chaise, mon dos racle le dossier, et je hurle malgré mes cordes vocales martyrisées. Au bout d’un temps interminable, alors que tout devient noir devant mes yeux, tu interviens. « Ça suffit ! » Mes fesses retrouvent le contact de l’acier. Je sanglote à nouveau tandis que tu reposes ta question ; je l’entends à peine, occupé à retrouver mon souffle. Et je lâche le seul mot qui me vient à l’esprit dans cet état, le seul que je peux encore articuler : « Maman ! – Tu appelles encore ta mère à cet âge ? » Cette voix familière… je tourne la tête pour tenter de l’identifier. « Je t’ai pourtant appris à ne pas pleurer devant eux. » Mon père… Debout devant moi, avec sa cigarette éternelle. Un trou noir au milieu du front. - Citation :
- « Comment vous êtes sortis du bâtiment ? »
Ta question, sans lien avec le sujet précédent, me surprend. Je ne comprends d’ailleurs pas dans un premier temps de quoi tu parles. Sortis du bâtiment ? Quel bâtiment ? Je te parlais de tunnels. « Avec Sara », me précises-tu, d’une voix patiente. Tu as changé de méthode. Plus persuasive. Tu me parles comme on s’adresse à un enfant fatigué et je me demande où est passé Médor. Je ne l’entends plus derrière mon dos, tandis que je me laisse enjôler par ta soudaine gentillesse. J’ai mal, j’ai froid, je perds pied avec la réalité, alors je me raccroche à la bouée réconfortante que tu me tends. Celle de notre amitié. Et je murmure, dans un souffle, en espérant presque que tu me tapes sur l’épaule comme tu le faisais des années plus tôt pour me consoler de ma séparation avec Liz. « Par la porte de secours… »
Dernière édition par Bighit le Sam 24 Sep 2011 - 3:14, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 670 Âge : 34 Localisation : Tours Pensée du jour : Mort-icole. Date d'inscription : 03/08/2011 | Ferreol / Hé ! Makarénine Ven 23 Sep 2011 - 23:32 | |
| Il s'agit de la suite directe de ce que j'avais écris lors d'une nuit fin-août. 475 mots de "Laseyl" (pour le moment). Juste par soucis de compréhension, pour la fin de l'extrait notamment : Laseyl est un petit garçon de 7 ans sans yeux. Dans la fin de l'extrait précédent, il se voit proposer d'être enduit de fluide par les ouvriers qui s'en mettent partout sur les articulations pour que leur travail à l'usine soit efficace. Il refuse et repart. - Parazzzzite a écrit:
- « C'était bizarre tout ça. J'veux dire, bon, d'accord, il faut que les usines fonctionnent pour que la ville rayonne, mais le fluide, quand même, c'est un peu malsain. C'est gras, c'est épais, et ça laisse des traces verdâtres sur les mains. Il y a même une Blouse Blanche qui a dit une fois que c'était à cause de lui, l'Epidémie. C'était quand Josha est mort. Et Josh aussi du coup. Maman m'a dit que c'était logique, c'est Josha qui m'avait offert Josh et que puisque je l'avais appelé comme ça à cause de ça, eh ben il étaient liés. Mais je n'y crois pas trop. »
La Blouse Blanche en question s'appelait Lilyan, elle était en poste au comité de Sûreté du Travail depuis quelques années. Sa mission consistait à faire le tour des usines et à examiner les ouvriers pour être sûr qu'ils pouvaient travailler. Ça permettait d'assurer la dynamique économique et de rassurer le gouvernement.
Le gouvernement s'était baptisé LURSA. Labeur Unité Règles Silence Abnégation. Pour les ouvrier, c'était simplement « Ceux d'en haut ». Comme dans : « Ceux d'en haut veulent une multiplication par deux de la production » « Ceux d'en haut ont pris de nouvelles mesures quant aux retards dans les usines. Il était temps ! » « Ceux d'en haut acceptent la réouverture de l'usine de crayons, mais on n'a pas le droit de s'en servir, les mines, elles sont toxiques à long terme y paraît. »
- Dis, Josha. Tu ne crois pas que ceux d'en haut sont un peu des menteurs parfois ? - Peut-être un peu, mais ça, il vaut mieux juste le penser.
En fait, Lilyan avait montré les résultats d'une étude personnelle sur le fluide triglycérique à sa supérieure et elle n'était pas venue au comité le lendemain. Sa supérieure l'avait remplacée en deux heures. Une sage décision puisque Lilyan n'a plus jamais reparu. Il fallait bien que le comité de Sûreté assume ses fonctions pour que les finances tournent rond.
En réalité, tout devait glisser sans bruit et sans heurts dans cette ville. Laseyl l'avait compris. Comme il avait bien vite réalisé qu'il était bruyant et qu'il agrippait le regard des gens. Il y avait ces froissements de tissus quand il passait. Ils étaient souvent pressés, en forme de cercle au loin. Un détournement sonore courbé un peu imprécis, un peu vif, mais jamais hésitant. Ou parfois, les étoffes fredonnaient un frou-frou timide et discret, une esquive masquée, moins assumée. Des fois encore, les uniformes chantaient en choeur et en ligne droite. Les costumes restaient cois. Eux, ils le bousculaient.
Dernière édition par Parazzzzite le Sam 24 Sep 2011 - 17:27, édité 2 fois |
| | Nombre de messages : 2977 Âge : 34 Localisation : Tokyo Pensée du jour : Oden. Date d'inscription : 15/11/2009 | Mitsu / Powerpuff girl Sam 24 Sep 2011 - 1:28 | |
| Un extrait de mon roman Scalpel. - Citation :
- Mélie ne décolérait pas. Comment Madame Balcrowiak avait-elle pu oser lui faire cela sans même prendre la peine de la prévenir, alors qu’elle avait été une employée fidèle pendant des années ? Ponctuelle comme un métronome, capable de s’organiser malgré l’horreur que sa patronne avait des nouvelles technologies, toujours aimable avec les clients, même les plus étranges, elle avait supporté le caractère strict, presque acariâtre de sa patronne, sans jamais ne serait-ce que hausser un sourcil. Et il avait suffi qu’elle soit absente quelques jours, parfois en retard ces dernières semaines, peut-être un peu moins concentrée, pour être jetée et remplacée par une idiote qui n’avait pas la moitié de ses qualités. Madame Balcrowiak n’avait pas la moindre idée des relations qu’avait maintenant Mélie.
La jeune femme sortit ses clefs de son sac et les inséra dans la serrure de la porte de son immeuble, puis monta les escaliers en ruminant. Arrivée à l’étage, donc pied buta contre quelque chose. Une jambe. Au bout de la jambe, un corps d’homme, et au-dessus de ce corps, le visage de Nathan. Ils se regardèrent un moment sans prononcer un mot. Que faisait-il assis devant le pas de sa porte ? Et ouvrit et entra en laissant ouvert. Il se leva et la rejoint. La dernière fois qu’il était entré dans cette chambre lui paraissait si lointaine qu’il l’avait presque oubliée. Les souvenirs de Mélie allongée sur le lit, blottie contre lui pendant qu’il lisait un livre à la lumière de la veilleuse, le bruit de ses rires et son regard ensommeillé lorsqu’elle venait de se réveiller, tout cela lui semblait irréel. La jeune femme posa son sac et s’assit sur son lit, puis attendit qu’il s’explique. Elle n’avait pas l’air heureuse de le trouver ici. Nathan scrutait ses propres pieds avec tant d’attention que Mélie se décida à prendre la parole. — Les médecins t’ont laissés sortir ? — Pas vraiment, c’est que… — Tu sembles aller beaucoup mieux en tout cas, le coupa-t-elle, je suis contente pour toi. C’est juste que tu n’arrives pas au bon moment, j’ai des choses à faire. |
| | Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Sam 24 Sep 2011 - 1:41 | |
| 324 Mots de ma nouvelle en cours, toujours la même. Ceux-ci sont d'un premier jet. Pour ceux qui ne se souviennent pas de qui est "Mon Inspiration" (ou qui n'ont pas participé aux nuits précédentes) c'est dans le spoiler, mais ça ne fait pas parti de l'extrait. - Spoiler:
J'ai aimé un oiseau tombé du nid, nu comme un poulet, avec un bec en fleur de primevère. Je l'avais mis dans une capsule de Kinder et je l'appelais « Ma Conscience », comme Jiminy Cricket dans Pinocchio. La nuit qui a suivi, Ma Conscience est morte dans son œuf. De faim, de soif, mais plus probablement étouffée. J'ai scellé l'œuf avec du gros scotch et je l'ai baptisé « Mon Inspiration ». Je l'ai gardé sur moi jusqu'à mon entrée à l'internat, où une sœur l'a ouvert puis me l'a confisqué en priant les saints. La nuit qui a suivi notre séparation, Mon Inspiration est venu me voir et m'a dit « Je rentre en toi ». Depuis, j'ai de très bonnes idées, mais une sacrée boule au ventre. - Citation :
- Les chinois achetaient mes œuvres et s'appliquaient à vouloir prononcer mon nom à la française, ce qui avait un côté comique et pitoyable. Des « Mosseu Delano-hi » des chinois je passais ensuite aux Guerma Delanão brésiliens, les premiers pas m'avaient beaucoup coûtés mais ma réputation se faisait mondialement dans les milieux privilégiés. J'ai exposé à New-York et à Tokyo avant que mes fantaisies me rattrapent et que l'intelligentsia des hautes sphères y voient une occasion immanquable de me tourner en ridicule, de me renvoyer de la fange d'où je sortais à peine, tous jaloux de mon succès fulgurant ; jaloux, simplement, de mes fulgurances.
Contre cette coalition d'hommes puissants, je n'étais pas assez fort et ils parvinrent à me rabaisser au stade de caprice mondain. Je me retrouvais bientôt sur les pavés de Pigalle à peindre au fusain des portraits d'individus à la beauté contestable ou insipide, juste pour pouvoir m'alimenter. Cette déchéance brutale avait suffit pour déchaîner Mon Inspiration, plus tyrannique encore qu'elle ne l'avait jamais été. Je n'avais plus de temps à lui consacrer : je devais peindre utile, à la portée des mauvais. Il n'était pas d'accord. Ses moignons d'ailes sans plumes battaient dans mon ventre et m'ordonnaient de me sacrifier s'il le fallait. Je refusais. Il me torturait. Je résistais. Il prit alors l'initiative de me supprimer, je devais le devancer. Pour m'anesthésier je plongeais dans le seul vice que la vie au sommet m'avait épargné. Désormais, c'était à grande larmes d'alcools que je calmais mes douleurs au ventre. Whisky sec, principalement, de mon réveil jusqu'au coma, en boucle libre. Il s'endormait puis se réveillait au moindre manque, alors, je buvais de plus belle. Un jour, il bougea moins vite, plus par soubresauts. Les jours suivant, je l'entendais à peine ronronner, et quelques temps plus tard, sans surprise, j'y étais parvenu. J'ai retrouvé les reste de Mon Inspiration baignant dans la cuvette des toilettes, au beau milieu d'un étron. |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 24 Sep 2011 - 6:42 | |
| Quelques mots de Clovertwo (titre provisoire), dans un passage explicatif. Je pouvais difficilement faire pire. - Citation :
- Le peuple élit le premier Empereur, nommé pour la superbe Auguste-Joseph-Phillipe De Sépinal A La Rapière Dansante, mais qu’on appelait en général par son patronyme. Sitôt que l’aristocrate monta sur le trône, il entreprit de balayer les poussières qui l’empêchaient de posséder un pouvoir absolu. En langage diplomatique, cela sonnait comme : ‘’ écarter les désagréments qui menacent le bien être et la sécurité des honnêtes citoyens de mon royaume’’. Une belle illusion.
Il fit néanmoins ce qu’on attendait de lui et nettoya le pays, plaine Morbide incluse. Pour cette dernière, il doubla de prudence et envoya non pas une, mais deux cohortes, qui se débarrassèrent avec rapidité des derniers bandits. Un message de paix circula à travers l’empire, et les citoyens acclamèrent leur bon souverain.
Le temps passa, les mentalités changèrent. Auguste I s’enivra du pouvoir et fermait sa conscience à tout ce qui était étranger à son règne. Les premiers signes de sa folie se manifestèrent après qu’il eut rédigé quelques lois absurdes. Certains citoyens s’alarmèrent, mais se turent : les prisons n’avaient pas été fermées à la fin de la dictature… C’est lorsque le roi abolit la noblesse, certifiant que seul lui et sa descendance pouvait s’élever au-dessus des autres êtres humains que le doute titilla les esprits, et la germe de la révolution fut semée. Mais elle n’arriva jamais à maturité puisque, quelques mois plus tard, l’Empereur, attint de fièvres de plus en plus fortes, expira.
Les soldats désertèrent, et les Marges, qu’on pouvait qualifier de nécromanciens même s’ils refusaient ce terme, s’emparèrent de la plaine, attirés par les ossements enfouis dans la terre. Ils rasèrent les quelques villages qui se trouvaient là, et seule une bourgade subsista : Orells. Elle traita avec les meurtriers et ils trouvèrent un commun accord : si les habitants leur ‘’offraient’’ une dizaine de cadavres par mois, ils les laisseraient tranquilles.
Dix siècles plus tard, la plaine n’était plus que mines à cadavres.
Liliane se fichait de toutes ces histoires, à peines plus réelles que d’anciens mythes. Qu’un Marge l’envoye donc sous terre ! Sa vie avait dépassé la date de péremption depuis trois ans, et désormais elle était bonne à jeter. Elle attendait uniquement qu’une poubelle miséricordieuse la ramasse. Elle se dirigeait vers Orells. Avec un peu de chance, elle croiserait le chemin d’un des nécromanciens. Et fin. Si elle arrivait jusqu’à la ville, elle aviserait. Enfin, elle ferait comme d’habitude : elle volerait des provisions au fermier le plus riche et repartirait comme elle était venue, ombre fugace ne laissant de son passage que des empreintes fugaces. |
| | Nombre de messages : 435 Âge : 36 Localisation : Melun (77) Date d'inscription : 17/02/2011 | Skaar / Pour qui sonne Lestat Sam 24 Sep 2011 - 10:35 | |
| Voici un extrait de mon maigre travail d'hier. Cela se passe au début. Daryn est le premier personnage présenté. Il souffre entre autres d'hypermnésie, une mémoire absolument parfaite et parfois envahissante. Extrait de l'Odyssée du Lucky Bird, Chapitre I - Citation :
- Le métro.
A cette heure matinale, il était presque vide. Mais c’était généralement en cours de journée que Daryn devait prendre le métro, le plus souvent pour se rendre au spatioport.
La rame était alors pleine à craquer, remplie de voyageurs en route vers une journée de travail en tout point semblable à la précédente. Une perspective qui l’ennuyait à mourir. Jamais il ne pourrait supporter cela. Revivre sans cesse la même journée, travailler au sein des mêmes locaux, voir les mêmes visages, résoudre les même problèmes.
Sans doute ce point de vue venait-il de sa mémoire inhabituellement parfaite, à même de se rappeler du moindre détail de chaque journée, de chaque minute vécue. A moins que ce ne soit une forme d’arrogance, une manière de se détacher du commun des mortels condamné à vivre dans le confort d’une vie heureuse et monotone.
Tu ne seras jamais comme eux, lui avait un jour dit son grand-père.
Il avait un peu plus de sept ans à l’époque. C’était une journée d’hiver pluvieuse. Il s’était battu.
Monstre. T’es un monstre. Tels avaient été les mots douloureusement honnêtes que lui avait adressés un autre élève à la sortie des classes. Il avait été interrogé par sa professeure et lui avait récité sans hésitation, au mot près, la leçon de la veille.
Comme d’habitude.
Mais ce jour là, l’autre l’avait appelé Monstre. Il ignorait toujours pourquoi. Pourquoi ce jour là.
Il n’avait pas répliqué. L’autre avait insisté. La colère était montée. Il l’avait fixé dans les yeux. Des yeux bruns clairs, légèrement globuleux. Puis il l’avait frappé. De toutes ses forces. Droit au ventre.
Il l’avait ensuite poussé en arrière. L’autre s’était étalé en gémissant, et lui était parti en prenant soin d’éviter les surveillants.
Il s’était réfugié dans sa chambre. N’avait pas bougé jusqu’à ce que son grand-père le rejoigne, une heure plus tard.
Tu ne seras jamais comme eux, lui avait-il dit. Ils naissent, vivent et meurent pour la plupart sans même réaliser quelle influence formidable ils peuvent avoir autour d’eux. Ils se satisfont des joies et des douleurs simples que l’univers leur offre. Ils s’en plaignent, s’en félicitent, mais ne cherchent pas à voir ce qui se cache derrière le rideau.
Certains, par volonté ou par nature, choisissent pourtant d’être plus grand, d’une manière ou d’une autre. Ils guident les autres vers un futur qui correspond à leur vision, les utilisent pour atteindre un objectif égoïste, voire les ignorent. Ils s’offrent le choix.
C’est à toi de choisir, Daryn, si tu veux te fondre parmi eux ou non. Mais quoi que tu entendes, saches que tu n’es pas un monstre. Les monstres n’existent que dans la peur et la jalousie. En réalité, nous ne sommes tous que des hommes.
Les mots de son grand-père, cette nuit là, avaient une sonorité étrange. Prophétique, d’une certaine manière. Ce sera à retravailler et à approfondir, mais au moins la base est posée. |
| | Nombre de messages : 5683 Âge : 42 Localisation : En confinement dans moi-même. Pensée du jour : La solitude est la patrie des forts. Date d'inscription : 23/04/2010 | Orcal / Déesse du foyer à la retraite Sam 24 Sep 2011 - 11:47 | |
| L'Envol des Cendres, partie II, chapitre V.Lieth ignore encore pourquoi il est soumis ainsi à l'odeur qui émane de la mystérieuse jeune femme; pour tenter de le découvrir, il va jusqu'à pénétrer dans ses appartements. Il manque de se faire surprendre par les suivantes. - Citation :
A l’abri derrière la psyché, Lieth ne perdit rien des éclats de voix et du monologue fébrile de la vieille femme. L’estomac au bord des lèvres, il avait à peine eu le temps de s’engouffrer dans le passage secret et de rabattre le pan de mur ; à travers le bourdonnement de ses tempes, des mots étouffés dans une langue inconnue lui parvenaient. Les sonorités liquides et fricatives coulaient en une harmonieuse musique et, tandis que le Voyageur les recevait dans son esprit embrumé, leur signification surgissait, hésitante d’abord, puis de plus en plus instantanée lorsque les mots atteignaient ses oreilles. Après s’être assuré que ni sa présence, ni la porte dérobée n’avaient été découvertes, Lieth s’éloigna et parcourut en sens inverse les galeries sombres. Ses pensées restaient engourdies, déconnectées de son corps après une trop vive douleur. La puissance de l’odeur n’avait pas réussi à percer la cautère impénétrable qui barrait l’accès à ses souvenirs. Soit. Plus tard. Le parfum de la jeune femme la situait dans la grande ville, en bas de la vallée. Lieth, guidé par son instinct, s’aventura donc dans les souterrains et prit le chemin que les enfants royaux empruntaient pour se transformer en Moineaux. Il poussa même jusqu’aux égouts ; mais le grondement des chariots, les cris des animaux domestiques et le piétinement de la foule le figèrent, aussi sûrement que la plus solide des barrières. A travers une grille percée au plafond du tunnel visqueux, des ombres fugitives découpaient la lumière en morceaux agressifs ; les scènes fantomatiques qui se dessinaient en ombre chinoise sur la paroi de pierre des égouts semblaient pleines de violence. Lieth resserra les pans de son manteau sur ses jambes – ou plutôt ses membres velus de canidé géant. Dans une foule aussi dense, son manteau constituerait une protection dérisoire. Sa silhouette trop voûtée et sa démarche étrange attireraient l’attention ; or, rien ne lui inspirait plus grande répulsion que la simple idée d’être observé. Non. Le mutant rebroussa chemin et préféra attendre à son emplacement favori, sur la Corniche, avec les chutes à ses pieds et la vallée qui s’étendait jusqu’à l’horizon. La nuit s’épaissit, puis reflua sous les rayons du soleil. La jeune femme ne revenait toujours pas.
Il fallut patienter jusqu’au surlendemain. Alors qu’il somnolait au creux de son buisson, la senteur désormais familière se densifia et l’éveilla, plus réelle qu’une main sur son épaule. Lieth s’ébroua ; il était près de minuit. Les indigènes allaient entamer leur période nocturne de repos. Le Voyageur s’élança à travers la forêt, retrouva l’arbre creux et disparut sous la dalle. Quelques minutes plus tard, il se trouvait à nouveau dans le palais, derrière la psyché. Elle était dans sa chambre. |
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