Personne n'a lu Gens de Dublin? Si les nouvelles devaient obligatoirement posséder une chute, pourquoi parlerait on plus spécifiquement de "nouvelles à chutes"?

Je m'inscris contre le dogme d'associer obligatoirement l'un à l'autre, même si j'aime lire ou écrire avec une petite surprise finale. J'écris rarement mes nouvelles en vue d'une chute spectaculaire. Le corps doit être l'objet principal pour moi, comme pour tout texte.

Une nouvelle n'est pas une blague...

Pasiphae a écrit:

Ce n'est pas qu'une nouvelle sans chute apporte quelque chose de plus, mais une nouvelle doit se suffire à elle-même, et ce, dans son intégralité, alors utiliser une chute est parfois le moyen simpliste de colmater une écriture déficiente, un univers absent.
Bref, une bonne nouvelle n'a pas besoin de chute, et une nouvelle à chute doit être considérée avec méfiance (ce qui n'exclut évidemment pas qu'une nouvelle chutée puisse être très bonne). Heu, j'espère avoir été claire!

Parole de parole...
"Une nouvelle doit se suffire à elle-même" --> quel est le rapport avec ton propos ? Au contraire, quand il y a une chute, le reste de la nouvelle prend de l'ampleur soudain (je pense à La parure de Maupassant) et la nouvelle est alors un tout avec son début, son point final et son contenu mis à la lumière de la chute. Une nouvelle à chute est je trouve bien plus puissante qu'une nouvelle sans chute, car elle permet de revoir toute la nouvelle sous un jour différent de celui sous lequel on l'a lue la première fois.

Et qu'est-ce qu'un écriture déficiente ? Comme le dit Le_conteur, la chute fait partie de la nouvelle et n'est pas là pour colmater je ne sais quoi.

Après, je me souviens tout aussi bien (ou mal) de nouvelles à chute que de nouvelles sans chute. Tout dépend de la nouvelle, de l'histoire que l'n veut raconter.

Revan a écrit:

Franchement, certaines nouvelles fonctionnent grâce à la chute sans laquelle elles sont assez banales. D'autres nouvelles n'en ont aucune ; elles se suffisent à elles-même. Bon après qu'il y en ait une ou non, franchement là n'est pas le souci. Il vaut mieux qu'elle soit bien écrite avant tout. La chute est pour moi un bonus. D'autant qu'il est nécessaire que la chute soit originale et inattendue. Dans le cas contraire, mieux vaut s'en abstenir.

Encore une fois, une nouvelle qui se suffit à elle-même parce qu'elle n'a pas de chute, ça ne veut rien dire. La chute fait partie de la nouvelle. Vraiment absurde ce que tu dis.

J'aimerais être dans votre tête durant 1 minute juste pour comprendre comment vous voyez le monde.

Qui a écrit:

Après, je me souviens tout aussi bien (ou mal) de nouvelles à chute que de nouvelles sans chute.

Et

Qui a écrit:

La chute fait partie de la nouvelle

Citation :

Vraiment absurde ce que tu dis.

Là, on est peut être d'accord...

Mais Qui, tu es pénible...
Une nouvelle doit se suffire à elle-même, ça ne veut pas dire que la chute doit être un élément externe, mais que la nouvelle doit être coule dans son intégralité (l'univers qu'elle installe, le style d'écriture).
Alors si, parfois, la chute colmate parce qu'en créant un effet de surprise, elle fait oublier que l'écriture est globalement médiocre.

(Tiens j'avais loupé ce sujet).

Je vais un peu répéter ce qui s'est dit çà et là (Hobbes, aboutperl, Toby).

La chute n'est pas un élément essentiel/suffisant/caractérisant le format "nouvelle". C'est tout. Ca ne veut pas dire qu'une nouvelle avec chute est mauvaise.

Prenons par exemple les plus grands nouvellistes de ce siècle :

Borges (avec ou sans) et Carver (avec ou sans).

Ca floode pas mal ici. On ne cherche pas tous la surprise a la lectture d'une nouvelle. Caler une ambiance, susciter la reflexion, c'est tout aussi jouissif. La chute obligatoire ? J'en connais qui tombent dans le piege du canevas. Definitivement : la chute est un pied de nez, on est pas oblige de faire le malin, on peut aussi capter le temps et l'espace dans un texte

J'ai toujours appris qu'une nouvelle se terminait par une chute, mais lire des nouvelles sans chute n'est pas choquant. Je me pose une question : s'il n'y a pas de chute, qu'est-ce qui distingue une longue nouvelle d'un roman court ? Et puis je ne comprends pas trop l'expression "une nouvelle doit se suffire à elle-même", parce qu'un roman ne se suffit pas à lui-même ?!

Fut un temps où je ne lisais que des nouvelles à chutes, idem pour les films, car vraiment, j'adore ça.

Après, est-ce carrément un genre en soi, parfois je me pose la question. Pour reprendre quelques commentaires, en relisant certains textes et en connaissant déjà la chute donc, je me dis que vraiment, c'est un bel artifice final qui fait de suite oublier à quel point on pataugeait dans l'écriture, ou à quel point on pouvait s'ennuyer, etc...
Pas de généralités non plus, il y a des nouvelles excellentes dont la chute ne fait pas oublier la qualité du récit.

Après, je rejoins Bosie : tout dépend de l'effet voulu par l'auteur, et de l'attente du lecteur : tout le monde ne cherche pas à être surpris, ému, etc...

J'écris une nouvelle qui s'appelle La peau de banane et je ne sais pas quoi mettre comme chute.

Le mec colle un procès au supermarché. Quoi c'est déjà fait en vrai ?

La peau de banane

Un clodo fouillait dans une poubelle en plastique vert, déchirant les sacs à la recherche de nourriture ou de quelque trésor caché, une peau de banane choit, le clodo n’y prête guère attention, il s’éloigne vers sa prochaine proie, la peau de banane gît sur le trottoir, M. Lechat passe par là, son pied se pose sur la peau de banane, il glisse, fait un double saut périlleux, et retombe sur ses pattes, M. Grosminet passe à son tour, et son pied glisse aussi sur la peau de banane, il fait un quadruple salto, et retombe sur ses pattes, et c’est au tour de M. Grosmatou, qui fait un triple lutz arrière, mais retombe lui aussi sur ses pattes, M. Poivrot s’approche, il louvoie, et au dernier moment bifurque, passe un unijambiste, qui fond tout droit sur la peau de banane, sa jambe manquante se pose dessus, et il continue son chemin, la peau de banane est toute triste que personne ne veuille la caresser.


La banane a la banane, devant elle se tortillent Ingrid Alexandra Nathalie et Natacha

- Oh la belle banane ! disent elles
- Regardez ici ! il y en a une encore plus grosse

La banane est toute triste que personne ne veuille la caresser.

La nouvelle EST une chute.

Une nouvelle d'espionnage en sourdine doit se terminer par un secret et donc par un chut... !


Une nouvelle niagaresque doit forcément se terminer par une chute.


Une nouvelle érotique doit se terminer par une chute de rein.

Et comment doit se terminer une nouvelle alpine alors, et une nouvelle capillaire ?

On peut continuer longtemps comme ça...

Martial a écrit:

Et comment doit se terminer une nouvelle alpine

Par un cheval.

Martial a écrit:

et une nouvelle capillaire ?

Par un shampoing aux oeufs.

Martial a écrit:

On peut continuer longtemps comme ça...

Ca peut durer très longtemps, si on ne fait pas d'omelette avant.

http://www.poesie.net/enfandes.htm

(Ce poème pourrait aussi figurer dans le topic sur les adverbes.)