On ne peut pas séparer une oeuvre, le résultat d'une volonté et d'une activité humaine, de ce qui la conditionne : le contexte au sens très large, la personnalité de l'auteur, les évènements antérieurs et postérieurs, la réception aux différentes époques, l'histoire des supports eux-mêmes, dans une certaine mesure... La "pure interprétation" d'une oeuvre totalement déconnectée de ses racines ne donne rien de valable.
Par exemple, interpréter Platon ou Hérodote sans prendre en compte l'évidence, c'est-à-dire que ces textes étaient destinés à être lus en public, par petits bouts - et rarement en totalité - auprès d'un public intéressé mais qu'il fallait aussi convaincre et s'attacher, mais sans la moindre conception du droit d'auteur, de sacralité de l'oeuvre ou même de rétribution telle qu'on les connait aujourd'hui... une telle interprétation conduirait à de fausses vérités empruntes d'anachronisme.
Ce qui n'empêche pas de se faire une opinion contemporaine sur une oeuvre du passé. L'oeuvre ne s'arrête pas à la vie de l'artiste, puisqu'elle est souvent une "communication" - donc tournée vers les autres. Elle peut atteindre une forme de vérité éthérée ou au contraire prendre une nouvelle signification, non prévue par l'auteur, sous un nouveau jour. L'oeuvre a une vie qui lui est propre.
J'aurais donc plutôt la démarche inverse de la tienne : d'abord contextualiser, ensuite universaliser, pour enfin atteindre une vision personnelle de l'oeuvre. Sans doute mon arrière-fond d'historien qui parle...