Quand je m'ennuie je peux y réfléchir, mais ça arrive de plus en plus rarement.
Avant, parfois je faisais comme Charles, au lycée. J'avais des heures à ne rien faire alors je cherchais des mots, une histoire.
Ou comme Nox, dans le métro, ou en marchant, une phrase me venait en tête et je la retenais, parfois je parle toute seule dans ma tête pendant des heures, j'ai des phrases qui viennent et qui ne veulent rien dire, le plus souvent j'ai tout oublié en rentrant.
Bon maintenant, j'ai plus le temps, ou je suis trop fatiguée pour penser, donc bref, je ne fais plus ça.

Mais pour moi, l'inspiration, ça a toujours été quelque chose de basique, je ne sais même pas si on peut appeler ça de l'inspiration.
Ca se résume à la phrase suivante:
L'inspiration vient en écrivant (exactement tout comme l'appétit vient en mangeant)

J'écris quelques phrases, souvent très banales, qui ne veulent rien dire, et je laisse les autres venir, s'aligner, et plus j'écris plus quelque chose se précise, un personnage, un décors, une histoire.
Ensuite il faut reprendre le début avec l'idée qu'on a en tête, ou remettre dans l'ordre le début qu'on a écrit à la fin.
Un chouette jeu de puzzle.

Bref, comme je suis pas une fille très inspirée, je me crée de l'inspiration.

Ah, parfois, il suffit d'une phrase, d'un bruit ou d'un mot, d'une personne qui marche dans la rue, dans ces cas là j'écris un mot sur ma main et dès que possible je couche ça sur un support plus approprié. C'est majoritairement d'où mes poèmes arrivent.

Autrement je procède aussi par écriture automatique quand j'ai beaucoup de choses en tête. Musique, papier, crayon, et les mots coulent. Ça fait souvent des grandes pages de mots trop grands pour leurs phrases et de phrases illogiques, mais ça me donne plein d'idées. Et je tisse entre tout ça, après.

Lire de la poésie, commençons par là, maîtriser les figures de style et se construire un style (im)propre.

Après, il faut se trouver un moteur, je suis freudien, ce sera donc mes frustrations, mes "refoulements" et construire un poème plus ou moins structuré avec des images, une logique. (en chercher peut prendre du temps, les agencer aussi)

En somme, une culture poétique est indisepensable pour produire un ensemble esthétiquement viable.

(et non, ne prends pas la première phrase qui te trotte dans la tête dans le métro ou en marchant dans la rue, essaie de ne pas reprendre un slogan ou une idée qui t'a interpellé à "l'extérieur" de ta sphère créative, trouve ton moi et écris! ce sera toujours pardonnable, tes amis te le pardonneront, les lecteurs intelligents aussi

tu éviteras ainsi toute effusion superficielle désastreuse et en te lisant, on te verra toi, pas un génome, sosie revisité sous ton pseudo)

oh insane, tu penses réellement qu'il faut une culture poétique pour écrire de la poésie, et une culture littéraire pour écrire?

tu ne penses pas qu'il existe simplement du "génie" du langage?

c'est une question qui me trotte dans la tête, ces derniers temps. toute langue doit être apprise, maîtrisée, la poésie aussi je suppose.

et pourtant.

ces poètes qui n'avaient jamais lu de poésie, ou presque, ils sont.

(je change le débat, la, mais...)

Y a toujours un mimétisme, des gens ici copient ou s'inspirent d'autres membres, par exemple, y a eu plein de carnets après que Auf der Suche ait présenté le sien.

Le génie du langage?

Je peux témoigner, moi-même, j'ai appris à lire, à écrire tout seul, je connais 23 langues, à vrai dire, c'est vraiment trop simpliste !

Non sans blague, les poètes que je reconnais, que j'estime compétents, sont ceux qui de constat sont issus d'un milieu bourgeois et ont eu la chance de recevoir le bagage culturel, l'initiation artistique qui s'additionne à leur talent. (Rimbaud, Verlaine, Pouckine ne sont pas vraiment des prolétaires, ils ont eu des précepteurs, des guides très influents)

Talent qui comme l'intelligence vient d'un héritage génétique, de l'environnement (enseignement, esprit autodidacte), environnement encore plus fondamental que l'héritage génétique d'ailleurs.

oui enfin, le concept du "carnet", c'est juste le nom de "carnet".
je tenais un carnet depuis des années, je ne l'avais juste pas posté

je suis pas mal d'accord avec toi pour le bagage culturel. La lecture enrichit. On s'inspire de ce qu'on lit, le style se forme par la lecture, la sensibilité s'éduque.

Pourtant, parfois, on croise des fous. Des gens qui ne connaissent rien à la littérature et qui écrivent des trucs à te couper le souffle. Surtout en poésie, où le style peut prendre des formes surprenantes. Des gens qui ont des choses à dire qui transcendent le langage.

Alors peut être y a t il un peu de deux. Hugo, c'était un génie, mais il connaissait tellement de grandes oeuvres par coeur que ça gâchait rien, on lit même son évolution à travers ses mots.
Mais il y avait un génie, au départ.

Y a-t-il des dons? Des dons qu'on éduque pas? Ou tout est il construction, éducation, apprentissage... je reste persuadée qu'il y a une part plus profonde, quelque chose qui tient de ce que nous sommes (plus profondément que la manière dont on a été éduqué).

J'étais en train de lire Rimbaud dans le T.G.V (car Insane préfère le T.G.V, surtout quand Rimbaud est sur toutes les vitres) et là oui, y a talent incroyable qui ne vient dont ne sait où .. on peut le dévaloriser en lui prêtant des amis, inspirations, il n'en reste pas moins que ses oeuvres sont fascinantes.

Moi, je fais avec ce que j'ai, j'ai eu la chance de rencontrer des gens poétiques, d'avoir les thunes pour m'acheter des recueils et ainsi obtenir un regard, je remarque que je reprends des concepts, des idées de poèmes qui m'ont parlés.

Je ne sais pas si je fais dans l'original, si je suis un précurseur, je ne pourrais jamais savoir si mes mots viennent de mes lectures où si j'ai un quelconque don, en tout cas, tu as tout à fait raison, des choses m'ont frappées, m'ont séduites, m'ont obnubilées, ce sont mes névroses, mes instincts et mes poèmes retraduisent je l'espère (ou du moins dans le futur car je suis il faut l'avouer encore assez médiocre) une personnalité, avec certes une éducation mais une substance qui ne tient qu'à moi.

Et quand je lis des gens sur ce forum, y a souvent cette substance, j'essaie d'imaginer la vie des gens, ce qu'ils aiment, je m'attarde sur cette matière inhérente à l'individu qui a publié une de ses oeuvres, chez les uns, c'est la mère, chez d'autres, c'est l'amour, l'ailleurs, l'espoir, l'attente, un idéal et j'en passe ..

Et je me surprends à apprécier même des choses pas très bien écrites du moment qu'il y a cette substance, cette matière vivante !

Bon, après, quand y a la matière plus un style efficace et séduisant ...

j'avais une idée
avoue faire passer
mais je l'ai oublier
avant de la noter